Paul Guerlain, se faire un prénom
* Article entièrement réécrit
Il est l’héritier d’une illustre famille de parfumeurs. Il a travaillé pour plusieurs maisons de composition comme Firmenich ou IFF et il a beaucoup collaboré avec Anne Flipo. Vous l’aurez compris, je veux évoquer, dans cet article, le travail de Paul Guerlain qui est, pour le moins prometteur. Il a participé à la création de plusieurs parfums pour Bastille et il a signé quelques créations pour des marques niche telles, par exemple, maison Crivelli et il a travaillé aussi sur « Girl Blooming » de Rochas qui rencontre un beau succès. Paul Guerlain est un parfumeur à suivre et, bon sang ne saurait mentir, je suis certain qu’il va se faire un prénom et imposer sa signature dans les parfums qu’il va réaliser. J’ai décidé de revenir sur trois parfums dont une nouveauté de l’année 2023 que j’ai pu découvrir en avant-première il y a quelques semaines déjà grâce à l’une d’entre-vous. Paul Guerlain c’est aussi une certaine jeunesse et beaucoup de modernité. Je trouve qu’il a déjà une signature reconnaissable et j’aime bien l’idée de suivre le parcours d’un seul parfumeur.
J’ai d’ailleurs composé par « Neroli Nasimba », la nouveauté créée par Paul Guerlain pour Maison Crivelli et que la marque décrit ainsi : « Cette nouvelle création contraste la luminosité de l’huile essentielle de néroli de Tunisie avec la profondeur d’un accord cuiré. Découvrez la fleur d’oranger comme vous ne l’avez jamais sentie auparavant, à travers cette eau de parfum lumineuse, féline et résolument ». J’aime bien ce parfum alors que je ne suis pas fou de la fleur d’oranger et du néroli. Le départ est vraiment mandarine, petit grain et cardamome puis la fleur d’oranger et le néroli en coeur viennent donner cette facette fraîche et florale que je trouve très belle. Le parfum se pose ensuite sur un fond de cuir et de vétiver assez original et sec. Sur ma peau, il est particulièrement agréable et se développe parfaitement. J’ai bien fait de l’essayer car, sur le papier, il ne me parlait pas vraiment. Je le trouve bien plus intéressant que sur le carton et je remercie Diane, fidèle lectrice de ce blog depuis déjà longtemps, de m’avoir permis de le découvrir. Je l’ai trouvé très intéressant et je pense qu’il fait partie des mes préférés dans la collection des eaux de parfums de la marque.

Je vais revenir sur « Pleine Lune » créé par Paul Guerlain pour Bastille en 2020. J’en parle beaucoup en ce moment c’est vrai mais, à l’approche des beaux jours, je me souviens de l’an dernier quand je le portais. Il m’a accompagné de juin à septembre très souvent, parfois même quotidiennement et je le connais vraiment très bien. Je dois dire que je l’ai adoré et qu’il est fort probable qu’il m’accompagnera durant d’autres étés. J’aurais pu faire l’impasse car je sors légèrement du sujet mais, vraiment, « Pleine Lune » m’a séduit puisqu’il s’agit d’un travail autour de la tubéreuse et du thé matcha. Enfin, c’est tout ce que j’aime. « Si vous aimez les regards de défi qui sont aussi des invitations, Pleine Lune est fait pour vous. La tubéreuse, fleur sauvage et sensuelle, s'accompagne ici d'un thé matcha et d'une bergamote innocente. Velouté et séduisant, Pleine Lune a été créé pour fasciner ». Après une envolée de thé vert, de bergamote, de poivre rose et de maté qui restitue parfaitement l’effluve du thé matcha, amer et doux à la fois, le coeur de tubéreuse se pare de notes de jasmin, de néroli et de fleur d’oranger qui contrebalancent le côté un peu vénéneux de la fleur travaillé en majeur voire même son animalité. Enfin, le parfum se pose sur un lit délicat de fève tonka poudrée, de santal, de benjoin et de cèdre. Franchement, c’est un très beau parfum, clair obscur, un floral tout à fait addictif. Le seul bémol est, il faut bien le dire, une tenue un peu limitée mais je l’ai accepté et j’ai beaucoup aimé « Pleine Lune ».

J’avais trouvé que la maison de parfums française Headspace nous offrait la possibilité d’une mise en avant de belles matières premières de manière très originale. J’ai découvert ces création il y a quelques mois et j’avais beaucoup aimé en parler. Je ne m’attendais pas à ce que la marque propose déjà une nouveauté et elle vient pourtant de sortir. J’ai pu découvrir « Kirsch » composé en 2023 par Paul Guerlain, un travail autour de la cerise : « Une cerise chic et dévorante, un cuir poudré fruité. La tension intrigante d’un premier rendez-vous Un parfum qui parle de temps en temps d'élégance, de saveurs généreuses et de passion dévorante, alternant délicatesse galante et animalité sous-entendue ». Je crois qu’il faut vraiment faire table rase de toutes les idées préconçues sur la note de cerise car, vraiment, dans ce parfum, elle est traitée de manière inédite. Le départ est très sec avec des notes de saké, de safran, de rhum puis le parfum, toujours construit autour de l’accord cerise évolue vers des accents d’iris, de cuir, d’absolu de mousse de chêne et d’ambroxan. Il en résulte un parfum sec, presque boisé et cuiré mais avec toujours le côté très fruité de la cerise. Je le trouve complètement inédit. Je l’ai essayé sur la peau et je ne retrouve ni le côté amandé du noyau de cerise ni le versant liquoreux qu’il m’est arrivé de croiser en parfumerie. C’est une cerise très sèche, droite, ambrée et boisée avec un côté cuir. Je trouve le parfum très élégant et très signé.

« L'addiction extrême de la gousse de vanille, colorée par le charme bucolique de la camomille ». Composé en 2024 pour Dries Van Noten par Julien Rasquinet et Paul Guerlain, « Camomille Satin » est tout en nuances. Il m’a bien plu aussi pour sa délicatesse. Le départ de camomille est assez atypique et, avec la fraîcheur du petitgrain de bigarade, il prend un côté un peu amer. Le coeur est franchement aromatique et floral à la fois, ce qui est assez rare. On y retrouve un absolu de lavande associé à de la fleur d’oranger et de la rose de Turquie. Le fond de gousse de vanille, de musc et de galbanum, s’il arrondit la fragrance, lui assure une certaine rondeur, ce qui n’est pas désagréable du tout. J’ai eu l’impression d’un jardin qui s’éveille au début du printemps. Vraiment, « Camomille Satin » est « confortable » et original à la fois. Il m’a bien plu mais j’avoue que ce n’est pas un coup de coeur. Il m’évoque beaucoup les couleurs jaunes, orange, or et argent du flacon. Le contenant et le contenu vont très bien ensemble. Ce n’est pas toujours le cas d’ailleurs.

J’étais un peu passé à côté de la nouveauté de La Petite Madeleine, « Le Figuier du Mas Sabat » créé en 2024 par Paul Guerlain mais, lors d’un séjour à Dijon, je l’ai redécouvert autrement et j’ai beaucoup aimé. « Le Figuier du Mas Saba est une fragrance verte et lumineuse signée par le parfumeur Paul Guerlain ». La « colonne vertébrale » de cette eau de parfum très épurée est simple, un départ amer de pamplemousse, un coeur de figue un peu vert et un fond de vétiver très racinaire. Vraiment, il m’a bien plu mais il faut le mettre sur la peau car, sur touche, il n’est pas très passionnant. La figue se fait fraîche, légère très agréable à porter. C’est une création toute en transparence et en subtilité qui, je trouve, se porte facilement en hiver comme en été. La tenue et le sillage sont vraiment très suffisants et je trouve qu’il y a quelque que chose de presque floral comme une fleur de figuier qui contraste avec le côté laiteux de beaucoup de créations autour du même thème. « Le Figuier du Mas Saba » est à redécouvrir. C’est un très joli parfum, tendre et facile à porter.
À travers ces cinq parfums, Paul Guerlain affirme déjà une signature olfactive. Une fraîcheur rafraîchissante, une délicatesse et plein de nuances, voilà ce qui me vient à l’esprit si je veux décrire ce que je sens dans chacun de ces parfums. Je pense que c’est un nom qui marquera les prochaines années en parfumerie. Il se démarque par un certain naturalisme et une très belle délicatesse. J’ai hâte d’en découvrir plus.
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