Passion Parfums

Phaedon est une marque née en 2011 et reprise par le parfumeur Pierre Guillaume. Je l’ai découverte il y a quelques années grâce aux trois « drôles de dames » de la parfumerie Sens Unique en plein coeur du marais à Paris. Je voudrais donc remercier au passage Renata, Victoria et Daria pour leur passion et leur collaboration toujours fructueuse. Outre Pierre Guillaume, les créations sont signées par Gerard Bertrand, Anne-Cecile Douveghan et Danielle Maniquant. J’aime beaucoup l’esprit un peu diversifié des différentes créations et j’ai trouvé intéressant d’en choisir quatre qui me plaisent particulièrement ou encore que je trouve représentatives de cet esprit à la fois élégant et très contrasté. En tout cas, j’ai pris beaucoup de plaisir à remettre mon nez sur chacune des créations et à essayer très consciencieusement celles dont. Je voulais parler. Je vous emmène donc dans le charme discret et élégant de Phaedon qui compte à ce jour 28 parfums et une gamme pour la maison.

Mon premier coup de coeur a été créé en 2017 par Gérard Bertrand et a pour nom, vous n’en serez pas surpris, « Ilanguara ». « La rencontre de l’ylang-ylang de Madagascar et de l’amande Guara d’Alicante. Les fleurs d’ylang, (ou Fleur des Fleurs en Malais) ont beaucoup été utilisées dans les alcôves des harems pour leurs vertus aphrodisiaques. Leur parfum est floral, suave, jasminé et épicé. Ce caractère particulièrement sensuel, le parfumeur Gérard Bertrand l’a dompté sans le gommer en l’habillant des notes suaves et gourmandes de l’amande Guara d’Alicante. La chaleur des baumes y côtoie les notes boisées de cèdre, de Gaïac et de vétiver pour composer un parfum-cocon, enveloppant et rassurant au cœur floral et poudré ». Vous l’aurez compris, je suis pile dans mes goûts avec ce parfum enveloppant, très solaire et exotique. Il s’ouvre sur des notes très poudrées avant de s’envelopper d’un coeur floral d’ylang-ylang très proche de l’huile essentielle de cette fleur jaune très tendre et belle, invitation perpétuelle au voyage, avant de se poser sur les bois de cèdre, sec et doux à la fois et de gaïac presque gourmand et rehaussé de vanille. J’ai beaucoup aimé « Ilaguanra » dès que je l’ai posé sur ma peau. Certes, je possède déjà des fragrances composées autour de l’ylang-ylang mais, celle-ci est vraiment parmi les plus solaires et son côté poudré lui donne quelque chose de très chic. Pour moi, « Ilanguara », c’est toujours et encore carton plein.

« Tabac Rouge est une composition dans le plus pur esprit Art Déco. L’absolue de tabac turc et l’encens constituent l’accord central, dépouillé, sec, rigoureusement équilibré.  Telle une toile de Tamara de Lempicka, la palette des «couleurs» est courte et chatoyante: gingembre, cannelle et touche de miel. En fond, les muscs soutenus par la note poudrée et chaude du benjoin de siam viennent lier le parfum à la peau. Androgyne, stylisé et luxueux ». Je crois que « Tabac Rouge », composé en 2013 par Anne-Cécile Douveghan est l’un des bests de la marque et je dois dire que je le comprends parfaitement car il a l’élégance des grands parfums des années 20 supposés couvrir et se mêler aux effluves de tabac blond mais avec un twist ultra contemporain qui lui confère une élégance urbaine tout en restant pour le moins « hollywoodienne ». Il aurait pu être le parfum de Garbo ou de Gary Cooper à la fois s’il avait existé à l’époque de l’âge d’or. Après une envolée de bergamote et de gingembre, la cannelle vient épicer ce parfum au coeur de son évolution avant de s’enrichir d’un socle de tabac et de benjoin. Il y a, dans « Tabac Rouge » quelque chose d’un peu gourmand et de très addictif. C’est le parfum de dandy ou de « dandie », si le terme existait, par excellence. Androgyne, envoûtant, il est, à mon sens, une parfaite réussite et je comprends bien son succès même s’il est peut-être un peu trop opulent pour que je puisse le porter.

« Cendres de Thé » a été créé dès 2011 par Pierre Guillaume et je dois dire que j’en attendais beaucoup car il allie des notes que j’aime qui s’entremêlent tout à fait élégamment. La marque le décrit ainsi : « Parfum boisé délicatement épicé, Cendres de thé, s’ouvre sur un accord de notes fumées et de cardamome. En cœur, la rose poivrée se mêle aux tonalités florales et boisées du thé et du bois de hô ou «laurier du Japon». Le fond, voluptueux, se compose de cèdre et de muscs nuancés par la résine de myrrhe ». Contrairement aux deux premiers qui étaient des eaux de parfums, il fait partie de la très belle collection des eaux de toilette dont la transparence et le chic naturaliste ont su me séduire. Après une envolée de thé noir et de cardamome c’est un coeur de bois de rose à la fois frais et original qui vient donner un côté à la fois frais et fumé qui, aussi étrange que cela puisse paraitre, est vraiment harmonieux. Le cèdre et la myrrhe en fond, fixent le parfum avec délicatesse. Sur ma peau, « Cendre de Thé » est vraiment très agréable, je le perds et le retrouve sans arrêt tout au long de son évolution. Son sillage est limité mais sa tenue excellente et je dois dire qu’il a un rapport qualité-prix tout à fait imbattable. En tout cas, il me plait et je pourrais tout à fait le porter.

Je l’ai déjà évoqué mais il est véritablement mon coup de coeur dans la marque et je l’ai énormément porté. Je me dois de revenir sur ce que je considère comme l’un des fleurons de la collection des eaux de toilette. Il s’agit bien évidemment de « Rue des Lilas » que la marque décrit ainsi : « Un lilas au vent… Mêlant les discrètes facettes amandées du lilas blanc à la verdeur du lilas pourpre après une averse, Rue des Lilas est un soliflore sophistiqué. Il capture le parfum des grappes de lilas dépassant d’un jardin, saisi dans le vent printanier… Une infusion d’opopanax et de muscs soyeux vient connecter à la peau ce poème végétal impressionniste » et je trouve que tout est dit. C’est un lilas naturaliste, presque solinote, posé sur un fond boisé et musqué avec tout ce qu’il faut de notes vertes. C’est le bouquet cueilli dans le jardin des parents et qui mêle le blanc avec deux tonalités de mauve et de violet. C’est la branche que l’on sent et qui nous donne envie d'y revenir. « Rue des Lilas » m’évoque plein de choses. Le mois de mai, le glamour du festival de Cannes à la télévision tandis que ces fleurs de printemps enveloppent toute la maison, la musique de Chopin quand il va « parler la langue des anges » dans le salon de musique de Nohant pendant que George Sand fait la cuisine, un tableau de jeunesse un peu désuet de Claude Monet, une chanson de Barbara et j’en passe. Je l’aime et je l’ai souvent dit. C’est un parfum dont l’équilibre me provoque une douce émotion. Nulle doute que j’y reviendrai avec un plaisir non dissimulé.

Il y a plein de belles créations chez Phaedon et j’aurais pu en citer d’autres. Je regrette un peu que les collections et notamment celle des eaux de toilettes qui me plait particulièrement, ne soient pas plus diffusées. J’espère qu’avec la boutique Pierre Guillaume, ouverte récemment, nous pourrons y avoir accès plus facilement à Lyon même si je suis toujours content d’aller chercher mon « Rue des Lilas » rue du roi de Sicile lorsque je suis à Paris. En tout cas, la marque est vraiment à découvrir car elle recèle de bien beaux parfums.