Pierre-Constantin Guéros, le classicisme en héritage
Pierre-Constantin Guéros est un nom qui revient souvent depuis quelques années lorsqu’on parle de parfumerie. Je ne m’étais jamais vraiment penché sur son travail mais, il y a quelques temps, j’ai découvert qu’il avait composé plusieurs parfums qui me séduisent. Il travaille merveilleusement les fleurs blanches entre-autres. Il est également capable de remettre au goût du jour le classicisme en parfumerie et d’utiliser des matières premières rares avec beaucoup de subtilité. J’ai donc eu envie de vous parler des créations que j’ai préféré parmi celles que j’ai pu découvrir. Pierre-Constantin Guéros a du talent, c’est un parfumeur à suivre et je crois que j’ai un petit faible pour sa signature.
« The Other side of Oud révèle l'inattendu du oud. Cette fragrance explore le contraste entre les facettes torréfiées et fraîches du oud. Inspirés du café à la Cardamome typique du Moyen-Orient, les Parfumeurs ont imaginé ce Oud comme une infusion de bois. Le cocktail épicé sur le dessus est mis en scène comme une rencontre surprenante entre la cannelle chaude, la cardamome fraîche et le gingembre juteux. Le cœur révèle un mélange de Oud fleuri avec un bouquet de Géranium et de Fleurs de Café. Le sillage est aussi vibrant que le café torréfié et aussi moelleux que l'absolu de vanille ». Avec moi, le oud, ça passe ou ça casse et « The Other Side of Oud » créé par Pierre-Constantin Guéros et Maurice Roucel pour Atkinson en 2019 faisait partie des doses d’essai que l’on m’avait offert à l’occasion d’un achat. J’ai donc pu l’essayer et j’ai curieusement beaucoup aimé. Le départ est résolument épicé avec des notes de cannelle, de cardamome et de gingembre, il attrape directement mon nez et lui donne envie d’aller plus loin. Le coeur, construit autour du bois d’oud, revêt des accents à la fois mentholé et aromatique avec une note de géranium et gourmand avec la fleur de café. Le fond de café torréfié et d’encens est arrondi par un très bel absolu de vanille. J’ai beaucoup aimé son développement sur moi. Le oud n’est ni trop présent ni trop animal. Il s’adresse à un public plutôt anglo-saxon et je trouve que, contrairement à ce que j’ai pu croire en lisant le descriptif, il est surtout épicé et chaud. Il est très subtil et je l’aime beaucoup. Il s’en dégage une élégance à l’anglaise mais moderne et un peu sulfureuse. C’est un parfum qui serait formidable pour les soirée très habillées londoniennes. Vraiment, je le trouve très chic.
« Barcelone. Nuit électronique. 3:12 du matin. Ones techo irrésistibles. Rythme fluo dans lumière noire. Adrénaline collective. Un floral amplifié. Sensuel, charnel et addictif », tel est la description de « Bouquet Encore » faite par la marque créée par Pierre-Constantin Guéros en 2020 pour L’Orchestre Parfum. J’avoue que j’étais complètement passé à côté à sa sortie et c’est Jessica, fidèle lectrice de ce blog qui me l’a fait découvrir. Je trouve que la présentation de la marque est assez trompeuse car on s’attend à une tubéreuse très moderne et contemporaine voire très complexe mais il n’en n’est rien. Le parfumeur renoue avec les parfums ambrés fleuris d’après-guerre pour mon plus grand plaisir. « Bouquet Encore » est vraiment vintage et il a tout pour devenir un grand classique à l’instar de « Fracas » créé par Germaine Cellier pour Robert Piguet dans les années quarante. Un départ de jasmin, un coeur de tubéreuse et de poivre noir enrobé d’une vanille très délicate et un fond d’ambroxan et de muscs blancs donnent à ce parfum une certaine opulence mais beaucoup d’élégance. Pour moi, pas de musique techno derrière ce parfum mais plutôt une « Gnossienne » d’Érik Satie ou encore d’une chanson de Cole Porter interprétée dans un de ses films par Marlene Dietrich. « Bouquet Encore » est, dans mes références olfactives, synonyme d’un chic à l’ancienne et la quintessence d’une féminité incarnée par les robes de Balenciaga ou d’Elsa Schiaparelli et un fume-cigarette. Je trouve que « Bouquet Encore » est d’un chic suprême. J’aime beaucoup ce parfum car la tubéreuse n’est ni trop médicinale ni trop solaire. Elle est juste élégante.
« Deira. Souks aux parfums. Légende musicale contée par un apothicaire sublime. Histoire d’un musicien nomade, virtuose de génie. Notes de violoncelle divines. Magie indicible. Effluves transcendantales & veloutées flottant dans le désert ». C’est aussi pour L’Orchestre Parfum que Pierre-Constantin Guéros a créé cette année, en 2021, « Ambre Cello » que j’ai pu découvrir il y a quelques temps alors que j’explorais la marque. C’est un ambré épicé encore une fois comme un classique revisité avec un départ de bergamote épicée de cardamome et de safran, un coeur de musc et de fève tonka et un fond d’ambroxan enveloppé de vanille et de benjoin. Je n’ai pas vraiment un amour immodéré pour les parfums ambrés (hormis « Ambre Russe » créé par Marc-Antoine Corticchiato pour Parfum d’Empire) mais j’ai bien aimé celui-ci même s’il n’est pas pour moi. Je trouve que la bergamote est présente tout au long de l’évolution du parfum en tout cas sur ma peau et c’est son originalité. Je le trouve très intéressant mais il est un peu atypique et il ne plaira pas à tout le monde. La marque l’associe à une composition musicale un peu déroutante de Javier Martinez interprétée entre-autres par le violoncelliste Gautier Capuçon. À réécouter ce morceau, je me dis qu’il est assez adapté au parfum ou, en tout cas, à l’idée que je m’en fait en le sentant. Je trouve que Pierre-Constantin Guéros a bien réinterprété le style ambré avec une fragrance orientale et opulente.
« Pétillant, inspiré par l’Asie, Owari est un parfum imaginé par le concept-store new yorkais Odin. Dans la mythologie nordique, Odin est le dieu de la victoire et du savoir. Owari est une fragrance qui évoque les mandarines de la province japonaise du même nom. Les différentes notes de la fragrance donnent un esprit frais et de cologne. Owari est ‘un philtre de joie et de fraîcheur’ venu d’Extrême Orient. Fragrance hespéridée pétillante, Owari débute sur une note fraîche de mandarine et de feuilles de pamplemousse. En cœur le néroli se mêle aux notes épicées du poivre. La fragrance évolue vers un accord cédré et musqué ». Je me suis rendu compte que « 02 Owari » que Pierre-Constantin Guéros a créé était le seul parfum de la maison Odin que je connaissais. C’est un travail autour de la mandarine japonaise. Il s’ouvre sur une envolée de bergamote, de mandarine et de pamplemousse avec un accent vert et le coeur de poivre, de bois d’amyris et de néroli confère à ce parfum quelque chose de très épicé et profond. Le parfum se pose sur un fond de cèdre de l’Atlas, de muscs blancs aux accents de linge propre et d’ambre. Je l’aime bien. C’est une fragrance très fraîche, très singulière entre hespéridé et boisé. J’aime beaucoup ce parfum. Il est très agréable à porter et à sentir. J’ai beaucoup aimé l’essayer mais je ne peux pas dire qu’il soit vraiment pour moi. Il est peut-être, pour le coup, un peu trop vert sur ma peau. Ceci dit, cela n’empêche pas que ce soit une très belle création, très qualitative.
Le travail de Pierre-Constantin Guéros est empreint d’une grande tradition de la parfumerie élégante à la française. Je trouve qu’il est vraiment le digne héritier des créateurs les plus emblématiques de l’après-guerre et des années 60 et 70. J’ai un coup de coeur pour cette signature à la fois rassurante et élégante. Je trouve qu’il n’y a rien de plus réconfortant que cette patte-là. J’ai été content de remettre mon nez dans ces créations pour écrire cette revue. J’espère qu’elle vous donnera envie d’aller découvrir ces parfums.
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