Passion Parfums

Découvrir une marque est toujours, pour moi, quelque chose d’assez stimulant car cela me permet de rentrer dans l’univers de ses fondateurs et de ses parfumeurs. Il y avait plusieurs années que j’entendais parler de la maison italienne Meo Fusciuni lancée en 2010 mais je n’avais jamais eu l’occasion de sentir voire d’essayer les créations du parfumeur Giuseppe Imprezzabile. Aujourd’hui, la marque compte 14 compositions réparties en trois collections Trilogy of Journey, Cycle of Poetry et Mystic Trilogy. Les maîtres mots, sont, si l’on veut exprimer l’esprit de Meo Fusciuni s’avèrent être sensualité, promenades et poésie. J’ai trouvé les parfums que j’ai pu sentir et ceux que j’ai posés sur ma peau vraiment très délicats et surtout plein de nuances. Je ne connais pas encore bien la marque mais je vais essayer de partager avec vous mes premières impressions à travers un parfum par collection. J’y reviendrai dans quelques mois pour vous écrire une revue complète lorsque je maîtriserai un peu mieux les créations.

Giuseppe Imprezzabile

Le premier parfum que j’ai posé sur ma peau appartient à la collection Note di Viaggio. Il s’agit de « 3# Nota di Viaggio (Ciavuru d’Amuri) » lancé en 2019. Tout de suite, je suis frappé par la complexité de cette création qui début sur une envolée de feuilles de figuier, d’armoise et de bergamote pour nous amener sur un superbe coeur floral de jasmin et d’ylang-ylang puis sur un fond de bois de santal, d’encens, de benjoin et de cèdre associées à des notes de talc très poudrées. C’est un parfum vraiment solaire décrit ainsi par le parfumeur : « La bergamote et le parfum vert de la feuille de figuier sont accompagnés de notes florales, de chaleur maternelle. Enfin, plus enveloppantes, durables et vibrantes, les notes de fond chaudes ». Il fait beau et il est vrai que je suis assez attiré par les parfums solaires cette année. Cette création ultra complexe ne pouvait que me séduire car, sur ma peau, elle exhale tout un enchevêtrement de petites notes qui jouent entre-elles. Le côté vert du départ devient vite très élégant et très dense pour se terminer sur un fond vraiment enveloppant et élégant. Je dois dire que je me suis vraiment fait plaisir à essayer ce parfum sur la peau. Je pense d’ailleurs qu’il ne se développe pas autant sur la touche.

 

« Odor 93 » lancé en 2015 fait partie de la collection Mystic Trilogy et il est la seconde création de Giuseppe Imprezzabile que j’ai pu sentir longuement. Je dois dire que nous changeons complètement d’univers. « Second chapitre du "Cycle of Mysticism", Odor 93 perce les mystères de l'âme de la fôrêt. Une fable merveilleuse entre une tubéreuse, un bouleau, un papillon et un chat, un conte olfactif où l'animal et le végétal ne font qu’un ». Le point commun avec la première composition est sans conteste sa complexité. En effet, j’ai été dérouté dès que j’ai senti ce parfum dont l’envolée très sombre et épicée de feuille de bouleau, de cumin et de clou de girofle m’a vraiment impressionné. Le coeur est tout aussi déroutant car le parfumeur a associé la tubéreuse au côté cuiré de narcisse et aromatique de la sauge pour nous emmener sur un fond de tabac, de patchouli, de bois de gaïac, de vanille, de vétiver et de bois d’agar (oud). « Odor 93 » est vraiment un parfum corsé au bon sens du terme. Il m’a un peu évoqué un cuir de Russie à l’ancienne, très goudronné mais avec, en fond, un twist d’une rare modernité. Pour moi, il est vraiment ultra contemporain. Je dois dire que je ne sais pas si je l’ai aimé ou s’il ma tellement dérouté que c’est surtout ma curiosité qui a pris le dessus. En tout cas, il faut le découvrir absolument. Il est tout à fait passionnant olfactivement.

Le troisième parfum est aussi plutôt très sombre et il s’intègre dans la collection The Cycle of Poetry. Il porte un nom qui m’a instinctivement amené vers lui puisqu’il s’appelle « Notturno ». C’est un extrait de parfum très sombre comme son nom l’indique et le Giuseppe Imprezzabile l’a créé en 2012. « Notturno ou la nuit, la réflexion intérieure. Chaud, intense, laqué, il s'étire mystérieux et saisissant comme une nappe d'encre noire sur une forêt humide. Dans le "Cycle of Poetry", Notturno précède Luce, couple paradoxal et indissociable ». Nous parlerons de « Luce » dans un prochain article mais je me suis consacré sur cette nuit profonde et sombre, presque un peu étonnante. Le parfum s’ouvre sur une note liquoreuse de rhum que je trouve très fugace pour laisser la place à un accord encre et cuir avec des touches d’oeillet au coeur. Le fond, sombre de bois de bouleau et de cèdre enveloppés d’encens et de muscs prend aussi un côté ambré. La concentration extrait de ce parfum lui confère une évolution très longue et parfois un peu déstabilisante. Je dois dire que, si je ne l’ai pas aimé tout le temps, j’ai trouvé les notes de fond vraiment très bien travaillées, un peu fumées. C’est une composition qui me rappelle un peu l’esprit de certains parfums de Naomi Goodsir ou de Beaufort London. Je l’ai beaucoup aimé mais je ne sais pas si je pourrais le porter. Je pense que, comme son nom l’indique, ce parfum est plutôt pour le soir. Il est très charnel pour moi mais nous avons tous des impressions olfactives différentes.

 

J’ai beaucoup aimé découvrir superficiellement Meo Fusciuni et j’espère pouvoir vraiment faire une revue complète de la marque qui est désormais distribuée à Lyon. Je pense vraiment qu’elle vaut le détour même si elle demeure très clivante. En tout cas, ma première approche est tout à fait passionnante et je souhaite vous avoir donné envie de vous plonger dans l’univers vraiment très particulier de ce créateur italien qui, vraiment, a construit des oeuvres olfactives artistiques et peu voire pas senties.