Promenade dans mes doses d'essai
Il y avait longtemps que je ne m’étais pas un peu promené parmi les doses d’essai que je n’avais jamais senties ou même portée et, afin d’écrire cet article, je m’y suis attelé. Je sais que vous aimez beaucoup ce type d’articles et je vais quand même le faire au moins une fois dans l’été. Alors je vous emmène avec moi. Vais-je trouver un ou deux parfums que j’aimerais porter ? Vais-je être rebuté par l’une ou l’autre des fragrances ? Vais-je rester indifférents ? La seule façon de le savoir et de peut-être avoir envie de sentir encore et toujours est de me suivre dans mes pérégrinations parfumées et surtout, si je vous ai donné une idée ou deux, d’aller en parfumerie sentir encore et toujours. J’ai retenu cinq parfums et je vais essayer de vous transcrire au mieux mes impressions.
J’entendais parler, sur YouTube, sur les blogs, depuis très longtemps de « Grand Soir » lancé en 2016 par Maison Francis Kurkdjian et composé par le créateur et fondateur de la marque. Le parfumeur en décrit ainsi l’inspiration : « L'eau de parfum Grand Soir Maison Francis Kurkdjian invite à se parer de ses plus beaux atours et à parfaire son allure. S’égarer dans une nuit sans fin et profiter, encore et encore, de l’éclat d’un grand soir parisien. Alors ponts et monuments brillent de mille feux. Ils s’affichent avec majesté dans un ciel crépusculaire porté par la douce chaleur vanillée du benjoin de Siam et de la fève tonka du Brésil bousculée par l’obscurité profonde du ciste labdanum d’Espagne. Ce parfum ambré habille la peau de notes vibrantes, pour vivre aux rythmes de l’énergie et des mystères de la Ville Lumière jusqu’à s’abandonner dans les méandres de la nuit ». Construit autour de l’ambre et du benjoin, c’est un parfum aux notes orientales très nette avec des accents cuirés par le ciste labdanum et poudré par la fève tonka. Je l’ai posé sur ma peau et je dois dire que, si je sais son succès, il me laisse un peu indifférent. Je ne suis pas un fou des parfums ambrés mais j’en attends un peu d’originalité voire d’élégance hors je ne retrouve rien de cela dans « Grand Soir ». Il m’est agréable sans plus mais il ne me provoque aucune émotion. Je lui préfère le côté sec par exemple de « Marienbad » de la collection des Olfastories de Prada et, bien évidemment, « Ambre Russe » de Parfums d’Empire. Je passe donc mon tour.
J’étais complètement passé à côté de « Granada » créé en 2011 par Aliénor Massenet pour Memo Paris. J’avais la dose d’essai en ma possession depuis très longtemps et, si j’avais du le sentir, je ne l’avais jamais essayé. « Il suffit d’arpenter Granada, de divaguer dans ses quartiers, pour être saisi par sa beauté cosmopolite. Elle attire, et très vite, touche au plus près du cœur. Granada sera donc un parfum d’abandon, de dévotion et de sentiment pur, où le jasmin se livre et où la fleur d’oranger renouvelle ses vœux. Un accord floral suave et délicat, autour de fleurs inséparables ». Le départ de bergamote est très doux et particulièrement fruité avec cette note de grenade si caractéristique puis, le coeur de jasmin est un peu rehaussé d’un très bel absolu de fleur d’oranger et d’une note amandée et poudrée d’héliotrope. Le fond m’a un peu moins plu. Je trouve que l’abondance de bois ambrés est un peu convenue. Il n’en reste pas moins que j’ai pris du plaisir à porter « Granada » pour l’essayer. J’ai une certaine attirance en ce moment pour le jasmin et je pensais que cette création pourrait vraiment me plaire et il est vrai que son développement sur ma peau, un peu floral, légèrement animal et assez mystérieusement boisé est très intéressant. C’est un parfum facetté, très élégant et presque un peu subversif mais je dois le dire, il y a un bémol. Je trouve le prix du flacon devenu un peu élevé par rapport à l’envie que j’ai de porter ce parfum. Il ne sera donc probablement pas mon prochain jasmin.
Je suis très client du travail de Sonia Constant notamment pour sa marque Ella K et, si j’ai toujours une préférence pour « Pluie sur Ha-Long » qui m’a énormément accompagné ces derniers mois, j’avais un peu oublié « Reflet sur l’Okavango » qu’elle a créé en 2019. J’étais donc content de pouvoir vraiment l’essayer d’autant qu’il ma énormément plu. Le départ de papyrus est vraiment très étonnant et le coeur d’acacia très miellé et d’iris un peu poudré est du plus bel effet et nous prépare à un fond musqué, vert et très exotique comme une liane ou l’effet qu’on s’en fait. La parfumeure décrit ainsi son inspiration : « Un voyage entre les bras du delta de L’Okavango, au Botswana, ce « fleuve qui n’atteint jamais la mer » donne à la région l’aspect d’un arbre couché sur le sable dont les innombrables racines tracent un labyrinthe aquatique redessiné quotidiennement par les caprices de l’eau. Sur les berges de ces nombreux cours d’eau pousse une végétation déployant toutes sortes de senteurs. Du papyrus à l’acacia en passant par les sycomores, cette flore est une source inépuisable d’inspiration qui nourrit l’imaginaire sans jamais le rassasier ». C’est un parfum atypique, frais et puissant à la fois et je dois dire qu’il m’a beaucoup séduit. Sur ma peau la dualité entre le départ presque racinaire et le coeur floral équilibré par un fond vert et « plein » est vraiment agréable et original. Attention, « Reflet sur l’Okavango » ne plaira pas à tout le monde, il mérite vraiment de faire partie d’une collection issue d’une marque de niche. L’achèterai-je ou non ? Je n’ai pas de réponse pour l’instant. Il est à réessayer à l’approche de l’été prochain pour voir si je vais en avoir encore envie.
Créé par Gérald Ghistlain en 2000, « Noir Patchouli » est l’un des grands succès de Histoires de Parfums et plus qu’une découverte, il s’agit là d’une redécouverte. En effet, je l’avais déjà essayé il y a quelques années mais je ne l’avais pas choisi. Je disposai d’un format voyage donc j’ai eu tout le loisir de le porter pour écrire cet article et je dois dire que je ne l’ai absolument pas regretté car c’est un coup de coeur. Attention, c’est un parfum très évolutif, il faut vraiment le porter avant de s’emballer. « Le Patchouli, cultivé en Orient, exhale de ses feuilles un parfum intense et puissant. Ténébreux, captivant, Noir Patchouli déploie ses multiples facettes, tour à tour aromatique, floral puis oriental. Dans un souffle de mystère chypré boisé cet élixir profond éveille les sens ». Avec une ouverture de patchouli rehaussé de bergamote et de coriandre, un coeur floral soutenu par le côté un peu « gin tonic » des baies de genévrier toujours la note de patchouli qui nous suit durant toute l’évolution et le fond musqué, cuiré, vanillé associé à l’accord chypre de patchouli (toujours), de mousse de chêne et de vétiver, ce parfum développe une effluve à la fois complexe, élégante et parfaitement inédite. Je dois dire que je suis très attiré par le travail du patchouli chez Histoires de Parfums. Il est toujours très bien réalisé et très original. Je pourrais parfaitement porter ce parfum et, d’ailleurs, il est fort probable que je le fasse un jour.
« J’ai l’air de ce que je suis ne se dévoile qu’à ceux qui osent s’approcher. Il incite à l’échange de vive voix, en aparté. Simple, frais, discret. Hespéridé, ténu, boisé. On ne le verra pas prêt à tout pour séduire. On ne le verra prêt à tout pour faire rire. Il a cette forme de retenue qui ne va pas avec son époque. Reposant, pour changer. qu’à ceux qui osent s’approcher. Il incite à l’échange de vive voix, en aparté. Simple, frais, discret. Hespéridé, ténu, boisé. On ne le verra pas prêt à tout pour séduire. On ne le verra prêt à tout pour faire rire. Il a cette forme de retenue qui ne va pas avec son époque. Reposant, pour changer », tels sont les mots qui décrivent « J’ai L’Air de ce que je Suis J.R. » lancé en 2020 par D’Orsay (anciennement Parfums d’Orsay). Je tourne autour de ce parfum depuis déjà plusieurs mois et je dois dire que j’ai adoré le réessayer. Je remercie d’ailleurs au passage Anne de la parfumerie lyonnaise La Mûre Favorite pour sa coopération toujours sympathique et renouvelée. Dès l’envolée, je suis séduit. Les notes de clémentines sont douces, la cardamome et le pamplemousse rajoutent un peu pep’s et nous entrainent dans le coeur du parfum, très frais avec le lilas et poudré par l’iris puis, le fond de muscs blancs est soutenu par le santal et le cèdre puis légèrement cuiré par une note de narcisse. J’ai beaucoup aimé ce parfum. J’ai plaisir à le porter et son effluve printanière pourrait tout à fait me plaire dans l’avenir. Je crois que je vais m’y pencher dès la sortie de l’hiver. C’est une très très belle redécouverte.
J’ai eu vraiment beaucoup de plaisir à découvrir ou redécouvrir ces parfums. J’ai été déçu par certains, surpris par d’autres et parfois conforté dans mon impression. Je dois dire que le « J’ai L’Air de ce que je Suis J.R. » de D’Orsay est vraiment beau. Mon avis est confirmé. Je le garde un peu sur ma wishlist jusqu’au printemps mais je pense que je pourrais tout à fait le porter. Il m’a complètement convaincu. Je dirai la même chose pour « Noir Patchouli » si ce n’est que, sur moi, la tenue est un peu limitée. Je peux le porter tout à loisirs et je le réessayerai bien évidemment lorsque les températures seront plus automnales. Il faut toujours faire l’entonnoir et ce sont les deux que je réessayerai dans les prochains mois même si « Reflet sur l’Okavango » est également très beau mais demeure peut-être moins un coup de coeur.
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