Promenade dans mes doses d'essai
Il y avait longtemps que je n’avais pas remis le nez dans mes doses d’essai. J’avais un peu de temps et je m’y suis attelé. J’ai donc réessayé quatre parfums et je vais essayer de vous livrer mes impressions. J’ai opté pour des familles olfactives très différentes, tant qu’à faire, autant varier les plaisirs. Attention, je le répète à chaque fois, je n’ai absolument pas la prétention d’écrire une critique de parfums. Ce serait absurde car il n’y a pas plus délicieusement subjectif que notre perception olfactive. Je dois dire que j’ai plutôt retenu des fragrances qui me plaisent et que je vais paraître plutôt consensuel dans cet article. Il n’est nullement question de langue de bois mais plutôt d’affinités. Je dois dire que j’espère, comme toujours, vous donner envie de sentir, d’essayer et qui sait, peut-être vous ferez-vous des envies.
Le mot du parfumeur, Jean-Claude Ellena : «Visitant la Cité interdite à Pékin, je fus saisi par une odeur exquise qui me mena par le bout du nez jusqu’au Palais impérial, où fleurissent les osmanthus. En novembre, malgré leur taille minuscule, leurs fleurs exhalent des senteurs d’abricot et de freesia très présentes. De les imaginer associées à un thé du Yunnan, la plus belle province de Chine, naquit l’idée du parfum.» J’ai vraiment une attirance pour les notes d’osmanthus ainsi que de thé et je possédais un grand échantillon de « Osmanthe Yunnan » créé en 2005 par Jean-Claude Ellena pour les Hermessences. L’envolée de thé noir et d’orange nous emmène sur un coeur à la fois abricoté et très cuiré d’osmanthus et un fond délicatement boisé. C’est un jeu de cache-cache entre le thé, le cuir, les fleurs et les fruits. Le parfum est vraiment facetté, inédit et il offre une interprétation de l’osmanthus particulièrement étonnante. Sur ma peau, « Osmanthe Yunnan » est d’un équilibre parfait. Il me plait mais c’est vrai qu’il reste dans mes notes de prédilection. Il me fait penser à un sac en cuir dans lequel on aurait laissé quelques heures des fruits et une brassée de fleurs. L’impression est très naturaliste et j’aime beaucoup la fusion avec ma peau. Je ne suis pas toujours séduit par les Hermessences mais celle-ci me plait beaucoup et je pourrais tout à fait la porter. Je la trouve toute en finesse et en élégance.
Avec l’ouverture de la boutique Pierre Guillaume à Lyon, j’ai eu envie de redécouvrir plusieurs de ses parfums et j’ai remis mon nez sur « Un Crime Exotique 12.1 » que le parfumeur a lancé en 2006 et que la marque décrit ainsi : « Pierre Guillaume a exploré pour la première fois le thème du thé chypré en 2005, avec « Hyperessence Matale« , en le texturant d’agrumes et d’accents de cuir. 12 ans plus tard, il retravaille ce thème avec « Un Crime Exotique » 12.1 où la structure chyprée se pare de notes épicées et gourmandes. « Un Crime Exotique » 12.1 joue sur l’union insolite de la résine d’Elémi et du Pain d’épices, au cœur d’une farandole truculente d’odeurs, mêlant vapeur de thé, cannelle de Ceylan et anis étoilé. L’Absolu de Maté et la poudre de cacao teintent le Santal d’Océanie d’un un quaintexotisme … ». C’est un thé noir encore une fois qui s’enrichit d’épices, de notes de chocolat, d’ambre, de fruits, de tabac et de vanille. Il dégage une certaine gourmandise sans pour autant se faire sucré. Je trouve qu’il a un côté à la fois résineux et doté d’épices douces et addictives. J’aime beaucoup le départ très fruité sur ma peau et je comprends la notion d’exotisme évoquée dans son nom puis, en me laissant aller, je sens l’évolution, plus dense, épicée et tabac avec ce petit côté ambré vanillé très addictif. J’aime beaucoup « Un Crime Exotique ». Il est parfaitement conforme à une facette de mes goûts que je ne soupçonnait pas il y a quelques années. Vraiment, il me plait bien.
Je ne suis pas toujours très attiré par le oud, c’est même plutôt rare mais, volontairement, j’ai voulu essayer « Alhambra Oud » créé par Ramon Monegal pour sa marque éponyme en 2019 car je le trouve assez accessible à mon nez. C’est un travail autour de cette matière première qui, depuis quelques années, gagne toutes les collections. Il s’ouvre avec le oud directement mais il est adouci par des notes de pomme verte et de fleur d’oranger et cela le rend moins animal que je m’y attendais. Au coeur, il est associé à un jasmin presque humide, très dense et à une rose légèrement poudrée puis la fragrance se pose sur un fond étonnant car il s’enrichit du côté sombre et goudronné du bouleau ainsi que de la douceur de l’ambroxan. Je ne vais pas vous mentir, je ne me vois vraiment pas le porter mais force m’est de constater que je suis agréablement surpris par son évolution qui reste presque fraîche sur ma peau. La sensation est loin d’être désagréable. Je ne suis pas rebuté (c’est déjà ça) et je le supporte bien. Je l’ai porté par petites touches tout au long d’une journée et, vraiment, il ne m’a jamais dérangé. On ne peut pas parler de coup de coeur mais il m’a assez plu.
Lorsque Julien Rasquinet parle de « Tabac Rose » qu’il a créé en 2020 pour BDK, le parfumeur Julien Rasquinet affirme : « L’addiction opulente du tabac, renforcée par la gourmandise de la prune et du chocolat, rencontre la sensualité de la majestueuse rose turque. Contrastée par les notes épicées de poivre rose et de cannelle, cette douce volupté est prolongée par les notes profondes et mystiques de patchouli et de labdanum » et je trouve que tout est dit. Avec un départ très rond de prune rehaussé, voire même épicé de poivre noir associé avec le citron, le coeur de rose, de chocolat et de cannelle, très chaud et opulent, s’exprime et s’enrichit d’un fond de tabac et de patchouli rendu encore plus cuiré par le labdanum. Je dois dire que, et même si on ne doit plus le dire, ce parfum est un peu trop oriental pour moi. Il est dense, capiteux, profond et particulièrement bien construit. J’ai un peu tendance à dire que je le trouve à la fois addictif et répulsif. La dualité de mon impression me ravit car je n’ai aucun avis tranché. Là, à l’instant T, sur mon bras, je le trouve génial mais je sais que, dans quelques minutes, je ne l’aimerai plus puis que mon attirance reviendra. En tout cas, je me suis fait très plaisir à le sentir et à le réessayer. C’est un parfum complexe et très intéressant.
Voilà, j’espère vous avoir donné envie de sentir ces quatre fragrances. Je trouve qu’elles ne sont pas quelconques du tout et elles ne m’ont pas laissé indifférent. En tout cas, j’aime beaucoup l’idée d’explorer un peu ce que j’ai l’occasion de sentir. J’ai pris beaucoup de temps pour refaire ces expériences olfactives et je ne le regrette pas du tout. Ce ne sont pas forcément des parfums pour moi mais je les trouve très réussis.
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