Promenade dans mes doses d'essai
Comme chaque mois, je me plonge dans mes doses d’essai et j’en tire un article. Cette fois, j’ai essayé cinq parfums très différents les uns des autres et je vais essayer de vous en rendre compte de mon mieux. En tout cas, je dois dire que je me suis fait vraiment plaisir car explorer des univers parfois opposés olfactivement est vraiment une charmante petite aventure à chaque fois. Alors, aurai-je un coup de coeur ou non ? Nous verrons bien et vous aurez la réponse à la fin de cet article. Je ne vous cacherai rien de mes impressions et de mes réflexions et j’espère que je vous donnerai envie de tenter votre chance vous-même en allant découvrir ces parfums.
Le tout premier parfum que j’ai essayé est signé Rodrigo Flores-Roux et Yann Vasnier et est sorti en 2015 dans la très belle maison Arquiste. « Janvier 1618, un Galion japonais dans l’océan Pacifique. En mission diplomatique vers l’Ouest, un galion japonais transporte une délégation de samouraï, défie les courants sombres de l’océan Pacifique. Ce galion transporte des objets précieux, du cuir espagnol, du poivre noir et d’autres épices exotiques. L’ambiance enivrante d’une expédition singulière et extraordinaire ». Sur le papier, cette création sophistiquée et élégante a tout pour me plaire. Jugez plutôt, il s’ouvre sur une envolée de poivre noire indien, de safran iranien et de thé noir puis arrive, au coeur, l’osmanthus, un accord de cuir, la myrre et un absolu de café avant que le socle d’encens argenté, de styrax ainsi que de bois de santal et de cade vienne poser la fragrance. En fait, je m’attendais à un parfum plus inédit. Je reconnais que son développement est très joli et qu’il matche bien sur ma peau mais, allez savoir pourquoi, j’en arrive à le trouver un peu convenu et mon avis est mitigé. Certes « Nanban » est un beau parfum mais je ne suis pas complètement convaincu. Je pourrais le porter car il revêt quelque chose de poétique et de très contemporain à la fois mais il n’est pas complètement un coup de coeur sans que je puisse dire vraiment pourquoi. Il n’en demeure pas moins une réussite évidente.
Il y a bien longtemps que je connais « Juniper Sling » créé par Olivier Cresp pour la British Tales Collection de Penhaligon’s en 2011 mais je ne l’avais jamais essayé sur la peau et voilà que c’est chose faite. La marque le décrit ainsi : « Si la maison trouve son origine à la cour anglaise en 1870, où William Penhaligon est le barbier du Shah de Perse, Juniper Sling est un bond dans le temps qui nous emmène dans les Années Folles et leurs fêtes décadentes. Une fragrance boisée et hespéridée signée Oliver Cresp en hommage au Singapour Sling, un cocktail fruité à base de gin, de cerise et citron, dont les notes nous montent à la tête dès que s’échappent les premiers effluves. Le juniper (« génévrier »), l’angélique et l’ambrox explosent en un bouquet de fraîcheur, rappelant la vitalité et l’effervescence de la jeunesse dorée de l’époque. Les notes épicées comme la cannelle, le poivre et la cardamone teintées d’une pointe de sucre évoquent son caractère hédoniste. Une fragrance étourdissante, entre gaité et désir, où la fougue et l’ébullition nocturnes se mêlent à la légèreté d’une mixture fraîche addictive ». Je dois dire que c’est un coup de coeur et que ce parfum se développe magnifiquement sur moi. Il s’ouvre sur des notes d’angélique, de baie de genièvre, de cannelle et d’orange ce qui lui confère quelque chose de très épicé qui se gorge de notes irisées, de cardamome, de poivre noir et de cuir en coeur pour se poser sur un fond d’ambroxan, de cerise, de vétiver et de muscs blancs. Alors là, c’est un parfum « so chic » que la marque propose. Il oscille entre une fragrance qui aurait pu être porté par les personnages des deux sexes des romans de Fiztgerald et un côté résolument contemporain. Je pourrais le porter et il est probable que je le réessaye dans les mois à venir, particulièrement en plein été. Je suis vraiment conquis alors que j’étais complètement passé à côté jusque-là.
Je redécouvre avec beaucoup de plaisir Essential Parfums depuis un certain temps et il est probable que je vous parle souvent des essais que je fais avec les très jolis parfums de cette marque à la fois éco-responsable, très claire et identifiable et fondamentalement réussie. Cette fois, j’ai pris des risques car c’est « Divine Vanille » créée par Olivier Pescheux en 2019 alors que je ne suis pas vraiment friand de cette matière première, exception faite de « Vanille de Tahiti » de Perris et « Couleur Vanille » de L’Artisan Parfumeur que j’aime particulièrement. Dès la vaporisation, la fraîcheur du parfum m’a surpris. Je ne m’attendais pas du tout à cela. Ce qui m’a frappé, c’est le côté à la fois un peu cuiré du départ avec ses notes d’osmanthus et de sauge, son coeur très naturaliste de vanille de Madagascar poudré par la fève tonka puis le fond de benjoin et de patchouli. Globalement, j’ai bien aimé l’évolution de ce parfum sur ma peau. J’ai eu l’impression d’être très connecté avec les matières premières naturelles voulues par le parfumeur. En revanche, je ne suis pas complètement séduit car le côté vanille est, et c’est une évidence, vraiment mis en avant. Je ne sais pas si je pourrais porter « Divine Vanille » tout seul mais j’ai imaginé qu’il pouvait être une base absolument enrichissante pour quelques superpositions. Je l’ai, entre-autres, porté avec « Orange x Santal » créé par Nathalie Gracia-Cetto pour la même marque et le résultat est super beau. Je garde donc « Divine Vanille » dans un coin de ma tête et je vais le réessayer seul ou accompagné.
« Ecorce d’Orange amère Corse, Bigarade et infusion de Myrte et de Ciste, macérées dans un alcool de blé biologique font de ce classique une Eau de Parfum d’une élégance fraîche et intemporelle… ». J’ai essayé « Eau de Corse », lancé en 2017 par Oriza L.Legrand et qui, si j’en crois la pyramide olfactive, avait tout pour me plaire avec son départ de citron, de mandarine et d’écorce d’orange, son coeur de menthe et son fond d’orange amère et de mousse de chêne. Il est vrai que j’avais envie de découvrir une orange pour l’été et bien ce ne sera pas celle-là. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai vraiment un problème avec la signature olfactive de la marque. En général, je peux avoir un engouement pour les notes de tête et, à quelques rares exceptions près, je n’arrive pas à supporter l’évolution sur moi. Je ne remets absolument pas en cause la qualité des parfums mais vraiment, et il me faut l’admettre, il ne sont pas pour moi. Je dois dire que, « Eau de Corse » a un petit côté de « L’Eau d’Orange Verte » d’Hermès que j’aime beaucoup dans son ancienne version comme dans celle revue par Jean-Claude Ellena et qui me convient très bien mais, allez savoir pourquoi, cette création ne me plait pas sur ma peau. Je vais passer mon tour et peut-être éviter de m’entêter avec cette marque qui n’est, il me faut l’accepter, absolument pas pour moi.
Lorsqu’on pense à Nasomatto, la maison d’extraits de parfums créée par le parfumeur Alessandro Gualtieri, on a en tête bien évidemment « Black Afgano », « Narcotic V » ou encore « Baraonda » (que j’ai porté d’ailleurs) mais on ne pense pas forcément à d’autres parfums comme « Blamage » que j’aime beaucoup et surtout « Pardon » que je viens de redécouvrir. Je dois dire que je l’ai trouvé particulièrement beau sur la peau. Créé en 2011 par Alessandro Gualtieri, il est plutôt présenté comme un masculin typique mais je dois dire que je le vois tout à fait et également porté par des femmes. « Pardon est le parfum d'un gentleman, élégant et luxueux jusque dans les détails. Vêtu de costumes parfaitement taillés, fraîchement rasé par son barbier, de délicats gants de soie ornant ses mains fines et douces. Il profite de toutes les richesses que peut lui offrir la vie. Il porte ce parfum, symbole de l'élégance masculine ultime ». Il s’ouvre sur une envolée d’aldéhydes, de cannelle, de cèdre et de chocolat noir qui sera le fil conducteur tout au long de la très complexe évolution. Au coeur, le magnolia, aquatique, très profond vient apporter quelque chose de différent, d’original et de presque floral qui est contrebalancé par un fond très complexe de de cèdre, toujours de chocolat noir, de notes fumées et musquées, de bois de santal, de fève tonka, de vanille et d’un accord castoreum. Alessandro Gualtieri ne communique pas sur les notes et ce sont des spécialistes, amateurs de parfums qui ont reconstitué cette pyramide. Pour ma part, il me semble également sentir une note de patchouli qui se mêle au chocolat noir mais je me trompe peut-être. Sur ma peau, il y a quelque chose également d’épicé, effectivement peut-être de cannelle car l’impression est plutôt enveloppante. Je trouve que « Pardon » est un très beau parfum, très complexe, très « niche » même si je n’aime pas beaucoup cette expression. J’aime Nasomatto. Je trouve que c’est une marque absolument originale. « Pardon » ne fait pas exception à la règle. J’ai eu la chance de le réessayer vraiment autour de moi et je l'aime beaucoup.

« Parfum de désirs - oriental épicé - conçu par Nathalie Feisthauer reprenant la recette du philtre d'amour diablotin, stimulants et habillé d'essences de mandarine, coriandre, clou de girofle, laurier, encens, géranium, patchouli, vétiver d'Haïti, de résine de benjoin, d'absolu de fève tonka, de ciste, castoréum animalis et de résines opoponax et styrax. Recette empruntée à un traité d'officine français du XIXème siècle » telle est la description de « Vapeurs Diablotines » que Nathalie Feisthauer en 2016 pour la très singulière maison « Sous Le Manteau ». Je ne reviendrai pas sur la pyramide olfactive car les notes sont détaillées dans le texte de la marque mais je vais plutôt vous faire part de mon ressenti. Il y a quelque chose d’à la fois épicé et spirituel dans ce parfum. Épicé car les notes de coriandre et de clou de girofle sont, sur ma peau, prépondérantes et tenaces. Spirituel car les résines, d’opoponax, de styrax rejoignent des notes animales et elles sont connectées. C’est un parfum clivant il faut bien le dire. Il ne ressemble à rien de ce que j’ai pu sentir et son évolution est vraiment très très longue. Pour une fois, j’ai de la chance, sur ma peau, « Vapeurs Diablotines » se développe particulièrement bien, jouant avec les épices très énergisantes et les notes plus suaves du benjoin et d’un cuir doux. Lorsque j’avais fait ma revue sur la marque, je m’étais un peu fait plaisir il faut le dire avec « Poudre Impériale » mais il est vrai qu’il n’est peut-être pas aussi joli sur ma peau que celui-ci. Comme quoi, en parfumerie, il n’y a aucune règle.
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