Promenade dans mes doses d'essai
Comme chaque mois, j’ai exploré plusieurs univers parfumés. J’ai retenu quatre créations et je vais essayer de développer mes impressions après les avoir vraiment essayées. J’ai retenu des compositions issues de familles olfactives différentes et je dois dire que je me suis fait très plaisir à essayer, porter et prendre le temps d’apprécier (ou non) tout ce que j’ai pu essayer. Ensuite, j’ai fait l’entonnoir non pas en prenant mes goûts comme références mais surtout la diversité de ce que j’avais pu sentir et mettre sur ma peau. Alors ai-je eu un coup de coeur ? Suis-je complètement séduit ou rebuté ? Vous ne le saurez qu’en lisant l’article et sa conclusion.
Nous avons enfin accès aux testeurs de la très belle maison de Clara et John Molloy Hermetica au Printemps de Lyon qui distribue la marque et je dois dire que, comme je l’ai rappelé, globalement, j’aime bien cette marque sans alcool construite avec un procédé unique et breveté qui leur donne une dimension un peu hydratante. Je lui consacrerai une nouvelle revue (j’en avais déjà écrit une quand j’ai découvert la maison mais il convient d’y revenir car, depuis, elle a évolué) quand j’aurais vraiment réessayé les parfums dont je veux parler en particulier. En attendant, j’ai choisi de vous parler de « Macomba » qui est, il faut bien le dire, la création la plus clivante de toute la collection. J’ai autant été dérouté par son top note que par son évolution. J’ai pris des risques et l’ai mis sur ma peau. Il s’ouvre sur des notes de combava, un petit agrume qui s’apparente un peu au citron, de mandarine et de petit grain de citronnier pour nous emmener sur un coeur de cardamome, de néroli et d’angélique puis un fond de maté, de vétiver et de cèdre. Curieusement, dès la vaporisation, le maté prend toute sa place et gomme un peu les facettes du parfum créé en 2022 par Philippe Paparella-Paris. Je sens même une note un peu animale et je dois dire que le côté thé matcha très amer peut être vraiment dérangeant. En revanche, lorsqu’il évolue, le parfum se pare des notes vertes de l’angélique qui ressortent beaucoup sur ma peau et du côté légèrement terreux du vétiver contrebalancé par la fraîcheur des agrumes. La marque le décrit ainsi : « La dimension vivifiante de l'essence de Mate, associée à des notes vertes et à un combava, enveloppé d'essence de vétiver, font de l’eau de parfum Macomba une senteur vibrante, végétale et vivifiante. Comme une bouffée d'air et de nature. Un bon coup de pouce pour la journée ». Le moins que l’on puisse dire est que « Macomba » est déroutant, changeant et particulièrement difficile à conseiller tant son départ est difficile. Pour ma part, j’ai aimé son évolution sur ma peau. Je trouve qu’il se calme, s’adoucit tout en restant un peu frais même si l’amertume du maté demeure. Ce ne sera pas une fragrance pour tout le monde mais il vaut vraiment le coup d’être essayé sur la peau.
« Nuit de Sable est inspiré d'une nuit d'été dans les jardins du Palais Royal. Pour retranscrire ce moment et ce lieu magiques, j'ai souhaité un parfum onirique, très texturé. J'ai travaillé un accord sable chaud, composé de santal bio d'Australie, de fève tonka, et d'une touche de cumin d'Egypte, qui lui confèrent une chaleur sensuelle. Pour le complexifier, et lui apporter un caractère sophistiqué et élégant, j'ai ciselé un cocktail d'épices (cardamome du Guatemala, cannelle de Ceylan et noix de muscade d'Indonésie) sur un absolu de rose de Turquie. C’est un parfum haut en couleurs, chaleureux et envoûtant, qui révèle sur la peau l'ampleur de ses nuances » tels sont les mots de Marie Schnirer pour décrire « Nuit de Sable » qu’elle a créé pour BDK en 2019 et je dois dire que j’étais complètement passé à côté. Il s’agit-là, je m’en rends compte, de l’un des parfums les plus singuliers de la marque et, encore une fois je le trouve tout à fait clivant. Il ne plaira pas à tout le monde tant il est marquant. Après un départ très épicé chaud de cannelle, de cardamome, de noix de muscade et de cumin, arrive un coeur de rose qui est du plus bel effet et se fixe avec un fond d’ambroxan, adouci par des notes de santal, de musc et de fève tonka. « Nuit de Sable » porte tout à fait bien son nom. Il m’évoque le côté presque minéral mais chaud du sable chauffé au soleil et qui commence à se calmer. Je ne peux pas dire si je l’aime ou s’il me rebute. Je sais juste que je ne pourrais pas le porter alors que, sur le papier, il est absolument dans mes goûts. Il y a quelque chose de très addictif dans cette composition sophistiquée et « ethnique » à la fois. Pour moi, il pourrait être le parfum d’un aventurier, homme ou femme d’ailleurs tant il m’évoque le soleil et les grands espaces. C’est un parfum vraiment très original et pourtant j’en comprends parfaitement l’inspiration. Il n’est absolument pas pour moi mais je comprends celle et ceux qui l’aiment et le portent.
À sa sortie, j’avais évoqué « Hazy Rose » créé en 2022 par Ramon Monegal pour sa marque éponyme et ainsi décrit : « A l'aube, lorsque l'obscurité commence à s'estomper avec la lumière naissante et que la chaleur du soleil gagne en intensité, la silhouette de la rose sauvage se brouille à contre-jour. La rosée qui mouille ses pétales s'évapore dans la chaleur des rayons du soleil et crée autour d'elle une aura qui bouge capricieusement dans la brise matinale. La curiosité inhérente à mon métier me pousse à approcher et à savourer cette reine juste au réveil et son parfum est unique. Mon instinct me guide jusqu'au moment où le cœur de la reine se découvre pour entrer, entre rosée et ténèbres, lui voler sa raison d’être ». Je l’ai réessayé récemment et je dois dire que je suis assez impressionné par ce parfum très étonnant tournant autour de la rose. C’est un faux floral, puissant, inattendu et sophistiqué. Déjà l’envolée est étonnante avec des notes de pin, d’armoise mais aussi de fraise et de cassis puis vient un coeur d’oxyde de rose épicé de clou de girofle et de cannelle et enveloppé de jasmin et de bois de cèdre qui se pose sur un fond cuiré aux accents de oud et de mousse de chêne adouci par un accord ambré. Dit comme cela, le parfum peut sembler partir un peu dans tous les sens mais, sur la peau, il revêt une très belle cohérence. Je le trouve d’une grande élégance et il me plait beaucoup même s’il m’éloigne tout à fait de mes goûts habituels et si les molécules de synthèse et les accords sont parfois curieux. Je pourrais tout à fait porter ce parfum qui me semble original mais, curieusement, assez simple à aborder et pas aussi déroutant tant la composition est bien réalisée. J’aime décidément bien « Hazy Rose », il fait partie des parfums de la marque que je préfère. Il se situe entre cuir et chypre, floral et épicé… C’est un parfum inclassable.
Avec la sortie de « Shining Moon » dont je vous ai déjà parlé, j’ai eu envie de me replonger dans la Collection Or de Perris Monte Carlo qui est peut-être celle que je connais le moins alors que la marque est vraiment l’une de celles que je préfère et j’ai réessayé « Essence de Patchouli » qui est vraiment très différent de « Patchouli Nosy Be » dont je parle souvent et qui est issu de la Collection Noire. « Le patchouli pousse en Indonésie, Chine et Inde. L'huile essentielle a une forte odeur boisée, camphrée de mousse humide. La meilleure qualité a une odeur de chocolat amer. L’Essence de Patchouli, un parfum de luxe, une émotion terreuse et exotique qui stimulera vos sens en laissant derrière vous une belle aura nostalgique ». Créé en 2012 par Gian Luca Perris, c’est une interprétation très originale du patchouli avec un départ très épicé de clou de girofle rendu rond et poudré par l’amande et la rose mais aussi mentholé par une très belle note de géranium qui nous emmène sur un patchouli presque en transparence au coeur qui se corse avec un fond doux amer de santal et de labdanum rendu presque gourmand par des notes ambrées et vanillées ainsi que par la présence d’un bois de gaïac magnifiquement travaillé. J’ai posé le parfum sur peau et je l’ai beaucoup aimé. Il est moins franc et net que « Patchouli Nosy Be » mais je lui trouve quelque chose de très addictif. C’est un compromis parfait pour les amateurs de cette matière première qui cherchent un parfum à la fois rassurant et quand même original. Je pourrais tout à fait me l’approprier. Il me plait beaucoup. Il ne correspond pas forcément à mon envie du moment mais j’y reviendrai sans doute un jour.
Voilà, sans vraiment avoir eu de coup de coeur, j’ai aimé les quatre créations que j’ai choisi d’évoquer dans cet article. Je trouve qu’il y en a vraiment pour tous les goûts. Je me suis laissé guider par leur originalité qui est complètement le trait commun entre tous. J’espère vous avoir donné envie de les sentir et de les porter. En tout cas, ce sont trois belles découvertes ou redécouvertes à ne pas rater.
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