Promenade dans mes doses d'essai
Pour ce mois de juin, je me suis penché sur des parfums plutôt légers, tendres voire un peu réconfortants. Je sais que vous aimez bien cette rubrique chaque mois et j’ai essayé de redécouvrir des parfums qui, je l’espère piqueront votre curiosité. Je me suis promené un peu en Europe mais surtout, j’ai exploré des marques dont je ne parle pas très souvent autant que d’autres qui sont dans mon paysage olfactif depuis fort longtemps.
Hyperborea est le nom d’une terre mythique du nord dans la mythologie grecque et Lorenzo Villoresi en a fait un parfum en 2010. Ainsi est né « Iperborea », un floral vert qui m’a vraiment beaucoup séduit. J’ai eu l’occasion de le réessayer il y a peu et j’y ai retrouvé toute l’élégance de la signature du parfumeur. « La légende d'une île heureuse et d'une jeunesse éternelle : là, au-delà du vent du nord, dans le printemps perpétuel, la brise fraîche du nord porte le parfum des fleurs épanouies à la recherche du premier rayon de soleil dans la rosée du matin. Un parfum vibrant de fleurs les plus fraîches avec des notes d'agrumes et de légères touches fruitées qui s'ouvre sur un cœur radieux de Muguet, Magnolia, Mimosa et Cyclamen ». À l’envolée de muguet et de cyclamen se mêlent des notes d’orange, de mandarine et de pêche puis vient un coeur de fleurs blanches telles le magnolia et encore le muguet associées au versant poudré du mimosa puis, en fond, le jasmin, et la fleur d’oranger se posent sur des notes de muscs blancs et de bois. « Iperborea » est un parfum à la fois printanier et particulièrement ciselé. C’est un coup de coeur. Je pourrais tout à fait me l’approprier. Je pense qu’il fait partie, à l’instar de toutes les créations de Lorenzo Villoresi, d’une certaine parfumerie italienne, florentine même, qui me réjouit à chaque fois que je mets mon nez dedans.
« Les baumes précieux et le patchouli se mêlent aux fleurs de frangipanier et aux senteurs de fruits confits », tels sont les mots de Delphine Thierry pour décrire son inspiration lors de la création de « Gajah Mada » pour la collection Aristia de Lubin. Il s’agit du second parfum que j’ai choisi en fouillant dans mes doses d’essai. Je ne l’ai pas regretté car je pense qu’il est quand même mon préféré de cette collection très luxueuse. Le parfum a été lancé en même temps que les autres en 2019 et j’avoue que j’avais plutôt bloqué sur « Condotierre » à l’époque. Il m’a fallu le réessayer plusieurs fois pour me rendre compte que je le trouvais vraiment addictif. C’est en discutant avec Nathalie, des Ateliers du Parfumeurs, lors d’un séjour à Dijon que j’ai eu envie de le redécouvrir. Elle m’a confié un échantillon et j’ai pu le porter tout à loisirs pour écrire mon article. Il s’ouvre avec une envolée très ronde d’orange sanguine, de coing et de prune puis vient ce très beau coeur de datte et de fleurs de frangipanier enveloppé de baumes. Le fond de patchouli, de santal et surtout de benjoin accentue l’impression de rondeur légèrement gourmande mais toujours vraiment chic qui représente bien l’aura de ce parfum. J’ai vraiment un coup de coeur pour « Gajah Mada » c’est indéniable. Il m’ouvre des perspective car je ne portais plus de parfums orientaux et, vraiment, celui-ci, je pourrais sans problème me l’approprier, alors plutôt en saison hivernale mais tout de même.
C’est en découvrant les deux parfums de Francesca Bianchi sortis en 2023 que j’ai eu envie de réessayer « Etruscan Water » vers lequel allait ma préférence jusque-là et je dois dire que je n’ai pas été déçu car il me plait toujours autant. Pour moi, ce parfum est vraiment une réussite. Lancé en 2019, ce chypre aux accents aromatique plaira peut-être plus aux hommes qu’aux femmes, quoi que je n’en sois pas certain car en le sentant sur ma peau, je le trouve très androgyne. La parfumeuse décrit ainsi son inspiration : « L’inspiration de Etruscan Water vient de deux sources différentes. Le premier est mon souvenir personnel : étant nés et élevés en Toscane, nous pouvions aller à la plage au sud de la région, où vivaient il y a des centaines d'années nos ancêtres, les Étrusques. Afin d'accéder aux plus belles petites criques, bien cachées et offrant l'eau la plus transparente, il y a eu une marche de 30 minutes à travers les bois. Ces bois regorgent de merveilles ! L'odeur de la végétation typiquement méditerranéenne est charmante et, si vous avez de la chance (ou du malheur…), vous pourrez croiser un sanglier – voire quelques vestiges de la civilisation étrusque. L'odeur salée et rafraîchissante de la mer vous apaise de la chaleur du soleil qui réchauffe votre peau. La deuxième source d'inspiration est ma recherche personnelle sur les chefs-d'œuvre de la parfumerie, car j'ai récemment été intrigué par les eaux de Cologne masculines classiques aux agrumes – pas les plus légères, mais celles avec un fort caractère ». Il en a résulté un parfum en concentration extrait et aux facettes plutôt néo-chyprées (car je ne sens pas de patchouli) qu’hespéridées ou aromatiques. Après une envolée de bergamote, de tangerine verte, de pamplemousse, de petit-grin et de carvi vient un coeur d’immortelle, de jasmin, de racine d’iris et un fond de muscs, d’ambre gris naturel, de labdanum, de vétiver mais surtout d’une mousse de chêne qui prend énormément de place. J’aime énormément le développement de cette composition atypique sur ma peau. Elle évolue surtout sur un versant épicé et poudré avec ce côté irisé vraiment très élégant. Avec ce parfum, Francesca Bianchi s’éloigne un peu de la reconstitution des notes animales dans laquelle elle excelle vraiment pour donner une lecture très moderne du parfum chypré. C’est un coup de coeur absolu. Je porterai ce parfum un jour, j’en suis sûr.
« Je suis sans artifices, un parfum élégant et confortable. Je vous enveloppe de mon sillage de velours, une caresse délicieuse, tel un vêtement de coton blanc, intemporel et raffiné. Je suis un parfum de peau. Mon parfumeur a utilisé une des plus belle qualité de Musc pour recréer cette sensation de la soie glissant sur les courbes de votre corps. Soutenu par le Bois de Cèdre, mon sillage se fait alors plus rond et floral avec la Fleur de Lin, et enfin se délecte de douceur avec le gourmand Calisson. Je suis un contraste olfactif, vertueux et transgressif. Mes notes pures d’Aldéhydes et Rose Blanche cachent gourmandise et intensité. Je suis un luxe purement sensuel, je suis Pure eVe, Just Pure ». J’ai retrouvé une miniature de « Pure Eve » créé par Céline Ellena pour The Different Company que j’avais, contre toute attente, un peu porté il y a quelques années. Il s’ouvre avec des notes d’aldéhydes qui nous conduisent vers un coeur poudré de lin, de rose et de mimosa. Le fond amandé et musqué rappelle l’odeur des calissons d’Aix. C’est un parfum suave, très doux comme un cocon. Il plaira peut-être plus aux femmes mais je l’ai porté sans le moindre complexe. Lancé il y a plus de dix ans, en 2011, ce parfum m’a toujours fait le même effet, celui d’un cocon à la fois soyeux et très réconfortant. Sa concentration eau de parfum lui confère une très belle tenue et un sillage correct. Je me rends compte que je l’aime toujours autant. Il est un incontournable chez The Different Company.
Pour une fois, je suis convaincu par les quatre créations que j’ai choisi d’essayer pour écrire cet article de juin. Chacune des créations que j’ai pu choisir est à mon goût et je pourrais toutes les porter. J’espère que ce sera communicatif et que vous aurez envie de les essayer. Il est vrai que je me suis un peu cantonné à ma zone de confort. Après-tout, ça fait du bien parfois !
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