Promenade dans mes doses d'essai
En ce mois d’août, j’ai eu envie de me replonger dans des parfums que je n’avais pas senti depuis très longtemps. Certains sont emblématiques, d’autres plus confidentiels, en tout cas, je suis, comme toujours, allé tous azimuts. J’ai bien aimé les redécouvrir. Alors ai-je eu un coup de coeur pour un parfum à côté duquel j’étais passé ? Vous le saurez dans ma conclusion.
Mon premier essai, je le dois à David de Blitzz à Lyon qui m’a gentiment offert la dose d’essai de « Jasmin et Cigarette » créé par Antoine Maisondieu et lancé en 2006 par État Libre d’Orange. Je l’ai déjà évoqué dans mon article sur les parfums à base de jasmin et je l’avais re-senti à cette occasion mais je ne l’avais pas vraiment porté. Aujourd’hui il m’a fait envie et je me suis dit que ça allait être une expérience tout à fait inédite. En demandant à Antoine Maisondieu de créer ce parfum, Étienne de Swardt a voulu rendre hommages aux actrices sophistiquées des années trente à Hollywood telles Marlene Dietrich, Greta Garbo ou encore Carole Lombard, ce qui lui a donné l’idée de mêler le tabac au jasmin. Je trouve que c’est assez bien vu. J’imagine des élégantes dont les cigarettes sont le prolongement de longs tubes. Le départ est vraiment fleuri. Le jasmin est très présent et il le restera durant la très longe évolution du parfum mais il s’enrichira de notes de jasmin, d’épices (du curcuma apparemment), de fève tonka, d’ambre et d’abricot. L’ensemble est « tenu » par une très belle note de bois de cèdre. Sur moi, « Jasmin et Cigarette » a quelque chose de très étonnant. Je le trouve tout à fait déroutant. Son côté fleuri ne peut que me plaire mais il y a quelque chose d’étrange qui fait que, après plus d’une heure, je le remarque encore très nettement autour de moi. Il est à la fois assez frais et profond. Je lui trouve une élégance légèrement décalée qui me plait bien. Parfois, je suis un peu perplexe devant les créations de la marque et, si je reconnais une grande originalité dans la création comme dans la conception de chaque fragrance, peu sont faites pour moi. « Jasmin et Cigarette », je ne sais pas. J’aime bien et j’aime l’aimer mais est-ce que je me vois le porter régulièrement ? Je suis bien incapable de répondre à cette question. Entre coup de coeur et surprise, il me déroute beaucoup. J’aime énormément certaines notes, surtout ce mélange entre un absolu de jasmin relativement vert et un tabac blond assez sec, presque froid. Si je devais lui donner un qualificatif, ce serait « étonnant ». En fait, il ne me déplait pas et il demande à être essayé encore… et encore.
Lancé en 2009 et créé par Jérôme Epinette à qui l’on doit également « la Tulipe » dans la même marque et que j’aime bien, « Aventus » est un boisé fruité très complexe, innovant, qui démarre avec des notes fruitées et fleuries très agréables pour ce renforcer avec une note, je pense de violette et de cyclamen avant de laisser la place à un fond boisé et orange amère très original. En le portant, je suis frappé par son côté inédit alors que je trouve que l’envolée est assez classique, il a évolué sur ma peau d’une manière très très agréable et il me plait bien. Je le trouve assez idéal en cette saison, trop profond pour l’été et trop léger pour l’hiver, ses notes fruitées, florales et boisées se marient parfaitement avec le petit matin frais et le soleil de printemps. Je suis content de l’avoir essayé maintenant. Je ne connais pas grand-chose de la marque Byredo sauf que je sais qu’elle est une maison de luxe suédoise créée en 2006 qui a commencé à explorer les senteurs par ses bougies avant de faire créer des parfums pour soi et pour la maison. Je trouve que « Bal d’Afrique » fait partie des créations assez originales et « à la française » de cette marque. Les autres fragrances que j’ai découvert sont souvent, quoi que bien réalisées, assez modernes mais aussi relativement consensuelles. Très franchement, je comprends le succès tout à fait incontesté de « Bal d’Afrique », malgré une certaine originalité, il est très facile à porter pour tous ceux qui veulent se démarquer des sempiternelles fougères ou des gourmands convenus qui sortent à la pelle dans les marques du sélectif. Il est un excellent compromis si l’on ne veut pas porter quelque chose de trop excentrique mais néanmoins une création vraiment originale. Je ne sais pas si j’achèterai « Bal d’Afrique » car, si je le trouve agréable à porter, je ne suis pas suffisamment emballé par la création pour franchir le cap. J’aurais l’occasion de le réessayer car je dispose de plusieurs échantillons. Peut-être que je changerai d’avis mais pour aujourd’hui, je dirai que le premier contact est agréable mais pas tout à fait en accord avec mes goûts.

J’avais en ma possession une dose d’essai de « Volutes », créé par Fabrice Pellegrin en 2012 pour Diptyque. C’est lorsque je cherchais un « tabac » (que finalement je n’ai pas acheté) qu’on me l’avait conseillé. J’avoue que je l’avais un peu laissé de côté car, dans la marque, il y a d’autres créations que j’avais plus envie d’essayer même si les notes de tête m’avaient toujours bien plu. J’ai donc décidé de tenter de le porter et je ne le regrette pas car je le trouve plutôt intéressant. « Volutes », est classé par Diptyque dans les parfums boisés mais pour moi, il est résolument un tabac blond comme celui que mon père sortait de son paquet et fumait dans sa pipe quand j’étais enfant. Autant, je n’aimais pas le sentir brûlé autant brut, il avait un côté miellé que je retrouve parfaitement ici. Difficile, sans aller sur le site de la marque, de trouver les éléments de la pyramide olfactive car je trouve que le tabac et le miel sont vraiment des notes dominantes (en tout cas sur ma peau) et je dois dire que je suis assez séduit par l’ensemble. Je lui trouve également une facette légèrement épicée, tout dépend comment je le sens. Ce qu’il m’évoque est un salon avec des fauteuils en cuir dans une maison à la campagne légèrement humide mais réchauffée par le soleil d’un automne encore clément. Je lui trouve un côté enveloppant, confortable, élégant certes mais pas du tout suranné. Il y a dans « Volutes », une certaine modernité. Pour ce qui est de la tenue, elle est impeccable comme souvent dans la marque (en tout cas parmi les créations que je connais) et le sillage est largement suffisant. Je crois que « Volutes » n’existe plus qu’en eau de parfum et je pense que la version eau de toilette m’aurait suffit. Ensuite, il suffit de savoir le doser et de n’avoir pas la main trop lourde lorsque l’on décide de le porter. En le sentant autour de moi, je me dis que c’est un parfum idéal pour ce jour de printemps un peu froid. Je ne l’aurais peut-être pas tenté si j’avais du sortir car il est assez différent de ce que j’aime porter et il me surprend quand même un peu. Je pense qu’il faut que je l’apprivoise mais j’arriverai assez facilement tout de même à me l’approprier. « Volutes » est sans doute l’une des créations les plus éloignées de l’univers de la marque car on y retrouve bien les codes d’une parfumerie plutôt masculine certes, élégante voire même un peu atypique mais sans le côté végétal et floral que l’on aime retrouver chez Diptyque. Ceci dit, j’aime bien et je suis content de le découvrir. Je dispose de plusieurs doses d’essai et je le retenterai sans doute dans les prochaines semaines.
Mon essai du jour est « Bengal Oud » créé dans 2019 par Pierre Montale pour sa marque éponyme. J’avais cet échantillon en ma possession depuis très longtemps. Lors d’un séjour à Paris, j’ai découvert la boutique de la rue Pierre Charron, tout près des Champs Élysées que je ne connaissais pas. Nous avons été très bien reçu par un jeune responsable, très érudit et passionné de parfumerie qui m’a donné envie de découvrir quelques créations des deux marques distribuées, Montale et Mancera. J’ai été un peu dérouté par l’esthétique de la boutiques, des flacons comme des tubes métalliques de l’une des marques et des sobres bouteilles de verre de l’autre et des packagings que j’ai trouvé peu en accord avec ce que l’on a l’habitude de découvrir en parfumerie. Une fois ma surprise passée, j’ai senti plusieurs fragrances qui m’ont plu même si le oud et la rose, énormément employés dans ces deux marques ne sont pas mes familles olfactives de prédilections. J’ai retenu plusieurs parfums et notamment « Bengal Oud » qui est un travail autour du cuir et du vétiver, très intense, dont j’ai pu obtenir une dose d’essai. Je ne l’avais jamais testé et du coup, je profite de ce nouveau jour d’enfermement pour m’y pencher. En tête, le mélange oud et agrumes est tout à fait bien vu d’autant que ces notes sont parfaitement éphémères et font place, très rapidement à un coeur à la fois boisé, avec des notes de patchouli très finement travaillées, et cuiré. Je crois déceler un accord très sombre de bois de boulot comme un cuir de Russie. Les notes de fond sont résolument boisées avec des accents un peu poudrés et viennent seulement s’ajouter au côté cuir. L’ensemble est une très belle création dotée d’un sillage amplement suffisant et d’une tenue impeccable il me semble. « Bengal Oud » possède un côté animal qui n’est pas du tout dérangeant car il est contrebalancé par des notes cuirées omniprésentes et un jasmin qui vient, en se mêlant avec le patchouli et le vétiver, le rendre doux et un peu addictif. J’ai bien aimé « Bengal Oud » une fois sur la peau. Je ne le trouve ni « too much » ni trop oud pour mon goût. Attention, ce n’est absolument pas un compromis mais une très belle et originale création somme toute facile à porter à conseiller. Simple, c’est un parfum qui plaira aux amateurs de cuir sans aucun problème. Je le trouve réussi.
C’est lors d’une petite cérémonie du thé que j’ai découvert, il y a quelques années dernier, au Printemps Haussmann à Paris, la seconde marque créée par Clara et John Molloy. L’inspiration de Floraïku est résolument japonaise et tout, des jus au packaging, est pensé en ce sens. C’est une marque luxueuse et chaque flacon est un presqu’objet d’art tout comme la boite qui le contient est un écrin. J’ai découvert plusieurs des créations et le vendeur m’a gentiment offert plusieurs échantillons dont « Between two Trees ». Je dois dire que, lorsque, ce matin, je l’ai senti, je me suis dit que c’est celui-ci qui allait m’accompagner aujourd’hui. Comme son nom l’indique, c’est un boisé mais pas seulement. On y retrouve une note de tête absolument nette et un rien amère de pamplemousse qui annonce la couleur, voire même la senteur. La marque évoque des notes de vétiver et de maté que je n’avais pas vraiment identifié mais le fond est surtout un iris, très terreux, presque cuiré. « Between two Trees » n’est pas sans me rappeler « Italian Leather » de Memo, l’autre marque créée par Clara et John Molloy et également réalisé par Aliénor Massenet en 2017. Je trouve que ces deux fragrances ont des « liens familiaux ». Je pense que le côté plus « extrême-oriental » incarnées par une note florale impossible à identifier et celles, plus grillées, du maté lui confèrent réellement son identité « japonisante Globalement, pour revenir à la marque Floraïku, je dois dire que je n’ai été séduit qu’à moitié par les jus à part un ou deux de ceux que j’ai découvert. Je trouve certains très proches de ceux que j’aimais déjà chez Memo. De plus, je trouve le prix assez prohibitif. 255 euros pour 50 ml, même avec un packaging absolument superbe, c’est une somme. Je m’attendais donc à un peu plus de singularité. Dans le style, les jus sont beaux mais ne sortent pas vraiment des sentiers battus. La tenue n’est pas mal mais celle des deux que j’ai essayé n’est pas incroyable non plus. S’offrir un parfum de la marque s’apparentera plutôt à acquérir un bel objet parfumé qu’une fragrance réellement originale (en tout cas, de mon point de vue) et de se faire plaisir visuellement autant qu’olfactivement.
« Un tabac blond à la sensualité animale. Cette fougère prend son envol dans la fraîcheur de la lavande des barbershops anglais. Puis l’odeur sèche et chaleureuse du foin transporte au Bengale, jusque dans les plantations de thé d’Assam. Enfin, l’extrait de tabac blond adouci par la rondeur de la fève tonka se mêle aux saveurs de la savane indienne. Puissant et original, Fougère Bengale, une senteur sauvage pour voyageurs audacieux ». Créé en 2007 pour Parfum d’Empire, « Fougère Bengale » est un parfum à côté duquel j’étais un peu passé. J’avais du le sentir dans le tube à essai mais je n'y avais pas prêté attention plus que ça. C'est en le découvrant vraiment que je me suis rendu compte à quel point il me plaisait. Encore une création de Marc-Antoine Corticchiato qui me plait. C'est un "tabac", rond, épicé, aromatique, presque oriental. Il nous entraine dans des volutes épicées, vraiment envoutantes. Le départ est plutôt surprenant avec une note de thé et de lavande mais, très vite, le pauvre et les épices viennent se mêler au tabac, au patchouli et à un fond de fève tonka. Je lui trouve une certaine parenté avec "Tabac Tabou" même si les épices ont, dans cette création, une place plus importante. J’aime cette impression de parfum « tabac » un peu à l’ancienne, comme devaient les affectionner le femmes et les hommes de l’après-guerre. Il pourrait avoir des similitudes avec des créations de cette époque à mi-chemin entre chypré légèrement vert et cuirés enivrants. Je m'imagine dans un univers confiné et élégant d'un restaurant chic ou du foyer d'un grand hôtel. Son côté un peu "parfum ancien" ne pouvait que me séduire. Si je l’ai souvent senti, je ne l’ai jamais vraiment essayé et il me faudra y remédier car sans doute pourrait-il me plaire. « Fougère Bengale » fait partie des créations de Marc-Antoine Corticchiato autour desquelles j’ai pas mal tourné et, si je n’ai pas franchi le pas pour l’instant, dans l’avenir, rien ne dit que je ne craquerais pas…
J’ai choisi de développer mes impressions sur cinq parfums au lieu de quatre comme je le fais le plus souvent. J’espère que l’article n’est pas trop long. Ceci dit, je me suis fait plaisir à réessayer ces parfums. Celui qui me rend le plus dubitatif est « Fougère Bengale » car je le trouve vraiment réussi. C’est un parfum de la marque un peu oublié et peut-être est-il bon de remettre son nez dedans. Je ne sais pas si je porterai les créations de cette sélection. J’aime bien « Bal d’Afrique » mais je trouve que les prix que pratiquent désormais Byredo sont un peu prohibitifs par rapport à la qualité des parfums. Pour ce qui est des autres, j’ai aimé les sentir, les porter, mais je n’arriverai pas forcément à me les approprier.
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