Promenade dans mes doses d'essai
En ce mois de novembre, je suis allé redécouvrir des parfums que j’avais aimé au « premier nez » pour me rendre compte si mes goûts avaient évolué. Deux des quatre parfums que j’ai choisis, me sont connus depuis plusieurs années et je dois dire que je les ai redécouverts avec beaucoup de plaisir. Alors, comme chaque mois, aurai-je un coup de coeur ? Vous le saurez, comme toujours, dans la conclusion. Ma sélection est particulièrement éclectique et je pense que je suis un peu partie dans tous les sens mais c’est aussi cela la parfumerie dite de niche. En tout cas, j’ai pris du plaisir à porter ces quatre parfums. Je vous emmène donc sur les traces de quatre créations très différentes.
Quand j’ai découvert la collection Serpent de Stéphane Humbert Lucas, c’est à dessein que je n’ai pas parlé de « Sand Dance » lancé en 2022. Je voulais le réessayer pour me faire une idée plus précise. « Sand Dance s'inspire des mouvements de danse les plus sensuels des danseurs Kalbelia, un peuple nomade du Rajahstan, terre des rois du nord de l'Inde et porte d'entrée de l’Orient. Les femmes, vêtues de sublimes robes noires et multicolores parées de bijoux, ondulent avec grâce et souplesse comme des serpents. Elles virevoltent au son des musiciens qui les suivent dans leur inspiration jusqu'à atteindre un état de transe qui provoque une grande émotion. Sand Dance est un spectacle sensationnel au cœur du désert, où le vent brûlant emporte dans son sillage un souffle d’épices. Un parfum captivant, composé de notes chaudes et sucrées de Cacao, avec une beauté et un charme hypnotiques ». Sur ma peau, « Sand Dance » revêt une facette vraiment gourmande. Il s’ouvre sur un accord crème de whisky, rendu plus acidulé par la mandarine et la coriandre puis vient ce coeur très « chocolat au lait » de cacao, de bois de santal et de cashmeran, puis le parfums se corse et évolue sur un fond très oriental et poudré de benjoin, de fève tonka et de cèdre qui est rendu plus profond grâce au styrax et au patchouli. L’évolution est assez belle alors que le départ me laisse un peu indifférent. C’est un chocolat, crémeux, gourmand dont il m’éloigne de mes goûts mais je dois admettre que je le trouve assez addictif. Reste le flacon… Il m’apparait comme peut-être encore plus hideux que ceux qui ont des couleurs différentes. On ne s’approprie un parfums pour son flacon mais quand même… Le bling-bling poussé à ce point-là; c’est dommage.
Le second parfum de ma sélection est très « romantique » mais il demeure résolument moderne. Il s’agit de « Duo des Fleurs » créé pr Euan McCall pour la marque franco-japonaise Senyokô en 2019. Je dois dire qu’il est, pour moi, un vrai coup de coeur et il m’a permis de mettre le nez sur le travail de ce parfumeur écossais dont le talent n’est pas à démontrer. Je remercie chaleureusement Fabien de Yuuminoki de me l’avoir fait découvrir car, je n’ai pas peur de le dire, c’est un chef-d’oeuvre sur lequel je n’aurais pas forcément mis mon nez de moi-même. « «Sous la danse canopée où le jasmin blanc se mêle à la rose rouge… Échappez-vous avec moi, j’entends Sarasvatī apostropher au loin !» Une chaotique aventure de fin de siècle au terme du XIXème: deux amants s’échappent de l'Empire britannique des Indes. Le Duo des Fleurs, qui représentait la genèse de la tragédie, devient la source de félicité » et je dois dire que j’entends, lorsque je le sens, les voix de Lakmé et Malika dans l’opéra français de Léo Delibes qui est sans doute l’une des oeuvres que je préfère. Il s’ouvre sur des notes de rose centifolia associées à un absolu de jasmin sambac, ainsi qu’à des notes de davana et de feuilles de datura. Le coeur, construit autour d’huile et de pétales de rose ainsi que de bourgeons de jasmin nous conduit sur un fond de santal et de muscs divers. Ce parfum est très opulent, presque trop pour moi, mais il est comme une invitation à une promenade au milieu des fleurs exotiques dont l’agencement est diablement agréable. Je pourrais le porter sans problème et je ne le trouve pas aussi féminin que ça.
Lancé en 2022, « Eternal Lily Amber » est peut-être le plus consensuel de mes choix. En effet, il revêt quelque chose de plus classique. Il est peut-être celui sur lequel j’ai le plus hésité car je le trouve beaucoup moins moderne et pas tellement représentatif de l’esprit Bohoboco. La marque le décrit ainsi : « Eternal Lily Amber est le symbole de l’abondance, de la fertilité et de la croissance. Souvent utilisé lors des cérémonies funéraires, le lys est pour le fondateur de Bohoboco, Michał Gilbert Lach, un symbole d’adieu à son pays natal, la Pologne. Comme une expression de la solitude de l’artiste, cette fragrance représente « la volonté métaphysique de s’épanouir ». Alors que la richesse de la pomme Granny Smith et la fraîcheur de la mandarine se mêlent au lys, celui-ci réapparaît en cœur, comme un signe de prospérité. En fond, l’abondance est exprimée par la vanille gourmande, l’ambre réconfortant et le patchouli profond. Un jus qui offre un bonheur saisissant nous laissant désireux d’explorer l’existence ». Déjà, il s’avère plus naturaliste avec un départ de mandarine italienne et de lys et malgré un accord pomme verte puis, le coeur est franchement floral puisque s’ajoutent des notes de jasmin et de rose de Turquie et enfin, le fond très patchouli ambré garde un côté un peu gourmand contrebalancé par la facette aromatique de la vanille de Madagascar. Je l’ai bien aimé mais il est, il faut bien l’admettre, un peu moins original que les deux premier et que le quatrième à venir. Il n’en demeure pas moins que c’est un joli floral qui tire un peu vers le chypre et qui sera, sans doute, l’un des plus faciles à porter.
J’ai déjà parlé de « Aleksandr » à plusieurs reprises mais je ne me voyais pas faire une revue de la marque sans attaquer avec le parfum que j’ai préféré dès que je l’ai découvert. Créé, en 2012, par Yann Vasnier et Rodrigo Flores-Roux, c’est un cuir de Russie (bois de bouleau et mousse de chêne) comme je les aime. Il est à la fois sombre et goudronné avec une belle facette violette fraîche et poudrée. Je le trouve absolument irrésistible. La marque le décrit ainsi : « Janvier 1837, Saint Petersbourg, Russie Aleksandr, sous son épais manteau de fourrure qui laisse échapper la fraîcheur de sa peau aux notes de néroli et de violette, s'élance à travers les allées de bouleaux, transperçant l'air glacé de l'hiver. D'un pas décidé, il s'apprête à affronter son destin dans un duel fatal avec d’Anthès ». Je trouve que les parfumeurs ont vraiment su recréer les cuirés que les parfumeurs tentaient de créer depuis la fin du XIXème siècle avec un twist moderne. Il s’ouvre sur une envolée de néroli aldéhydée assez fugace, le parfum se pose sur un coeur feuille de bouleau, feuille de violette, iris poudré, cognac et déjà une note de cuir pour se poser sur un fond de fir balsam, de résine de bouleau et de mousse de chêne. C’est un parfum d’une grande élégance, un peu suranné mais tout de même moderne avec la légère touche de cognac. J’ai adoré ce parfum. Pour moi, il est celui que je pourrais porter si je franchissais le pas d’une référence de la marque/
Si j’aime bien les quatre parfums que j’ai choisi pour cette chronique, celui qui me plait vraiment est « Duo des Fleurs » de Senyoko. Je l’avais vraiment apprécié quand je l’ai découvert et je remercie Fabien de Yuuminoki pour m’avoir fait découvrir cette maison peu distribuée. Une fois de plus, je trouve que Euan McCall sort des sentiers battus et c’est souvent ce que je recherche dans un parfum.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 220 autres membres