Passion Parfums

Comme chaque mois, je fais quatre essais en fouinant dans mes doses d’essai. J’essaye toujours de chercher des parfums très différents les uns des autres afin de vivre des expériences olfactives très variées. Souvent, c’est vous qui me donnez des idées. C’est beaucoup le cas ce mois-ci. J’ai choisi des compositions consensuelles ou plutôt clivantes selon mon humeur. Je vous emmène donc dans mes essais et mes impressions. Je le redis, ce n’est que du ressenti personnel et mes avis n’ont, comme toujours, absolument pas valeur de critique.

Il y a longtemps que je n’ai pas parlé d’un parfum de la collection Les Exclusifs de Chanel et c’est grâce à Emmanuelle, qui vient beaucoup sur ce blog, que j’ai eu envie de redécouvrir « 1957 » qui, je crois, plait beaucoup à Marion de la chaîne YouTube Des Paons Danse Cent Heures également. « En 1957, Gabrielle Chanel reçoit le Neiman Marcus Fashion Award à Dallas. Une consécration mondiale de son talent. Au cœur de ses créations, des matières rares, choisies, qu’elle révèle et magnifie. 1957 en est le reflet. Un accord sensuel de muscs blancs, délicatement facetté de notes fleuries, d’accents boisés, miellés, poudrés. Une signature lumineuse du style de Chanel. 1957 est un accord sensuel de muscs blancs, délicatement piqué de bergamote, d’iris et de néroli, facetté de notes cédrées, miellées et poudrées ». Composé par Jacques Polge, ce parfum est un exemple d’élégance, il faut bien le dire. Dans le plus pur style de la maison, il se porte comme un foulard ou une « petite robe noire ». Pour moi, et même si je n’aime pas trop dire cela, il est résolument féminin. Quand j’ai dit ça, j’ai un peu tout dit. Olivier Polge a signé, en 2019, ce parfum est vraiment une variation autour des muscs blancs présents dès l’envolée avec, il me semble, des notes épicées enrichies d’un coeur floral et un peu miellé. Dans le fond, je sens également d’autres notes plus irisées et vanillées avec peut-être un côté cashmeran mais je n’en suis pas certain. Honnêtement, j’aime bien ce parfum mais j’ai un peu de mal à le saisir. La marque ne communique pas sur la pyramide olfactive et je ne peux me fier qu’à mes impressions. Sur ma peau, il est très joli mais le côté musqué et miellé me fait dire qu’il serait sans doute plus joli sur une peau féminine comme je le disais précédemment. Il n’en demeure pas moins très chic et très joli. Ce n’est déjà pas mal.

 

« Mal Aimé ou l’éloge des mauvaises herbes Vous les voyez partout. Ne les sentez nulle part. Aucun parfum ne les honore. Inspiré par une plante commune à l’essence rare, l’inule odorante, et par tout le cortège des mal-aimés – chardons, orties, ronces et racines – ce parfum iconoclaste leur rend enfin justice ». Inule, ortie, chardon sur un lit d’iris, telles sont les notes principales de « Mal-Aimé », est parfum créé par Marc-Antoine Corticchiato pour la Collection Corse de sa marque Parfum d’Empire et sorti en 2021. Je ne savais pas ce qu’est l’inule alors j’ai fait quelques recherches à l’époque. Dans le Larousse, j’avais trouvé la définition brève et laconique suivante : « Herbe (composée) vivace rustique à fleurs jaunes ». Je pense que, à l’instar du chardon et de l’ortie, elle peut être considérée comme une mauvaise herbe. Chimiste et « explorateur d’odeurs », Marc-Antoine Corticchiato est un spécialiste des plantes à parfums mais insiste sur le fait que l’inule n’a que très rarement été utilisée en parfumerie et nous entraine, une fois encore, dans une effluve inédite. J’avais eu l’occasion de la sentir et même de l’essayer en avant-première et je vais essayer de vous donner mes premières impressions. Sur la touche, le départ est très vert mais une note très ronde voire un peu suave vient très vite compléter cette envolée étonnante. Je trouve que « Mal-Aimé » est très différent des autres parfums créés par Marc-Antoine Corticchiato. En fait, le parfum s’ouvre sur des notes d’inule odorante associées à un accord de ronces puis vient un coeur de chardon et d’ortie et un fond où l’inule est associée à l’iris. Sur ma peau, le parfum évolue beaucoup. Dans les premières minutes, il est très vert, très botanique puis se fait fruité et presque liquoreux pour finir à nouveau vert et un peu boisé. Je dois dire que ma première impression avait été un peu mitigée. Si j’aimais énormément le départ, j’ai été dérouté par l’évolution. J’ai eu l’occasion de le réessayer car j’ai retrouvé un échantillon et mon impression aujourd’hui est assez similaire à celle que j’avais au départ. La tenue est très suffisante mais le sillage semble un peu limité. Je ne sais pas si je porterai ce parfum. Je le trouve toujours très original, très bien travaillé mais il ne me semble pas tellement pour moi. Je pense qu’il ravira ceux qui veulent retrouver le soleil du maquis corse et se promener dans cette région où herbes folles et mauvaises herbes se rencontrent, se croisent et s’entrecroisent. Ce parfum me produit une impression un peu curieuse. C’est un peu attirance et répulsion. Trois ans après ma première approche, je ne sais toujours pas quoi en penser.

 

Composé par Gökhan Smisek, un parfumeur que je ne connaissais pas, « Aïcan », sorti en 2024 est le seul parfum de la marque Kajal que j’ai pu essayer. Je me pencherai sur les autres, si j’en ai l’occasion et je vous en parlerai. « Äican by Kajal. Dans les profondeurs de l'obscurité, je peux chercher la lumière Face à l'impossible, je peux persévérer Si je suis entouré de négativité, je peux choisir l'amour. Nous pouvons. Vous pouvez. Äican. Äican, un magnifique terme arabe de signification profonde, représente l'or qui a été purifié de toutes les imperfections. Un morceau d'or peut rester pendant des années, caché sous des couches de terre et de pierre, et même à travers l'obscurité, son éclat n'est pas diminué. L'optimisme, la fortitude et un désir tenace d'amélioration peuvent éroder ces couches d'impureté, révélant une brillance véritablement étonnante. Le pouvoir de la positivité est à notre disposition. Nous avons tous le choix d'embrasser un nouveau départ et de briller à nouveau, révélant la magnificence qui a toujours résidé en nous. Nous pouvons. Vous pouvez. Äican a été créé à partir d'une croyance passionnée dans le pouvoir transformateur de l'optimisme. Il incarne une aspiration ardente à encapsuler la vibrance énergisante de l'énergie positive dans un parfum. Äican se déploie avec une fusion exotiquement séduisante de fruit de la passion, d'ananas et de mandarine, un fruit célébré comme un symbole de bonne fortune dans de nombreuses cultures ». Je n’ai essayé que très brièvement cette création mais j’avoue que j’ai été, contre toute attente, assez impressionné par la créativité du parfumeur. Le départ, construit autour d’un accord ananas et fruit de la passion associé à une mandarine juteuse accroche dès la vaporisation puis vient un coeur très épicé mais jamais lourd de gingembre et de poivre noir associé à une jolie qualité de jasmin. Le fond, très vanillé, me plait un peu moins. On y retrouve des notes de muscs, de patchouli, de vétiver et de santal associées à un accord ambre. Je trouve que, lorsqu’il évolue, il perd un peu du côté fusant et original des débuts et je le regrette un peu. Il n’en reste pas moins un joli parfum, très bien construit avec une certaine originalité. La tenue et le sillage ont l’air « atomiques ». Le prix est élevé mais j’ai trouvé ce parfum ambré fruité joli. Je ne suis pas certain que je pourrais le porter mais il m’a quand même plu.

 

« French Bouquet est un parfum inspiré des années 70, un floral frais, aldéhydé et chypré. Le bouquet de fleurs blanches, rose, jasmin et fleur d’oranger vibre sous l’impulsion de la coriandre et de la bergamote. La molécule Aldéhyde C12 MNA donne cette texture particulière, cette énergie blanche et lumineuse…molécule de caractère. Un classique affirmé, un parfum régressif à souhait, un hommage », tels sont les mots d’Amélie Bourgeois pour décrire « French Bouquet » qu’elle a créé pour la collection Matière de BDK en 2020. Je n’avais pas parlé de la marque, hormis pour vous donner mon ressenti sur les nouveautés depuis longtemps et j’ai eu du plaisir à remettre mon nez, et ma peau dans cette composition qui s’ouvre avec des notes d’aldéhydes assez pétillantes et douces avec la bergamote et la coriandre que je ne sens pas du tout. Le coeur de jasmin, de fleur d’oranger et de rose est, à mon sens, effectivement vintage. Le fond de bois de santal, de tabac, de vétiver, de labdanum, de tonka et de violette associé au patchouli lui donne presque un côté addictif. « French Bouquet est un hommage à l'héritage de la parfumerie française des années 1970. Il met en lumière un chic parisien authentique et les nuits ardentes de la capitale pour une élégance « à la française ». Créé par Amélie Bourgeois (Flair), French Bouquet est un chypre à l'ancienne où la bergamote, la rose, le jasmin, la mousse de chêne et le musc sont portés et emportés par les aldéhydes. Leur puissance, légèrement grasse et métallique, poudre, blanchisse et éclaire les fleurs de l’accord chypré ». Mon ressenti est à peu près le même que la première fois que je l’ai essayé. C’est un parfum facile, très bien réalisé, qui pourrait, si son prix était moins élevé, être un beau palier pour passer de la parfumerie grand public à des compositions plus segmentantes. J’aime beaucoup « French Bouquet ». Il fait partie des parfums de la marque que je préfère mais, dans le style, je trouve qu’il a des choses plus originales et peut-être un peu moins onéreuses. En tout cas, j’ai eu plaisir à vider mon échantillon et je trouve que c’est une très belle création.

 

De l’un à l’autre, de l’autre à l’un, j’ai exploré des univers très différents en ce mois de juin. Vraiment c’était un plaisir et, même si je le fais dans le but d’écrire un article, l’exercice m’amuse toujours autant. En tout cas, en juin, vous ne viendrez pas dire que je suis resté dans mes goûts. J’ai su en sortir très largement. Je ne peux pas dire que j’ai vraiment eu un coup de coeur mais j’ai trouvé que ces quatre parfums avaient beaucoup d’intérêt. Si vous les connaissez, je serais curieux de connaitre votre ressenti.