Quand on s'promène au bord de l'eau
Bords de Rhône, bords de Saône, bord de Loire, bord de Seine ou bord de Marne autant d’univers différents liés à la campagne, aux fleuves, à l’été voire même à l’époque révolue ou pas des guinguettes. J’ai cherché des parfums qui m’évoquent un peu les valses près d’une rivière, sous les lampions comme dans un roman de Simenon ou encore un tableau de Manet. Je vous avoue que ça n’a pas été facile et sans doute aurai-je plutôt du publier cet article fin août mais j’avais le désir de l’écrire alors je me suis lancé. Je vous emmène dans un univers suranné, parfois recréé et aussi frais et réconfortant.
La création qui m’est tout de suite venue à l’esprit a été lancée en 2017 et inventé par Fabrice Pellegrin pour L’Artisan Parfumeur et porte le nom évocateur de « Au Bord de L’eau ». À la fois poudré et hespéridé, c’est un parfum tout à fait agréable à sentir et à porter. L’envolée de fleur d’oranger, de bergamote et de citron m’a saisit immédiatement et je me suis régalé du coeur de violette et de muscs blancs rehaussé par le romarin. Le fond est boisé et très musqué. J’en ai un peu assez des parfums qui « sentent le propre » et, à la vue de la pyramide olfactive, je l’imaginais un peu comme ça mais, en le découvrant et en l’essayant, j’ai été agréablement surpris car il reste original et a sa propre identité. Je parlais des guinguettes du bord de Marne et des tableaux des impressionnistes mais vraiment, je trouve, même si je suis un peu influencé par son nom sans doute, que « Au Bord de L’Eau » est une parfaite traduction olfactive de ces images.
Créé en 1951 par Edmond Roudnitska, à la fois cuiré et aromatique, « Eau d’Hermès » m’emmène, plus sur les bords de Loire ou de Saône, dans une Bourgogne voisine que je connais bien. En tête, la lavande côtoie la bergamote, le petit grain, la sauge sarclée et le citron, le coeur est épicé et construit autour du jasmin et d’un délicat géranium bourbon pour évoluer sur un accord très cuir de Russie avec le bois de bouleau et la mousse de chêne. Loin des formules courtes et épurées qu’il a beaucoup affectionné, Edmond Roudnitska a créé un parfum à la fois tout en transparence et en complexité. Je ne le connaissais pas et je sais qu’il a été reformulé mais je l’ai découvert il y a quelques mois un peu par hasard et je l’ai trouvé très « promenade à cheval au bord de l’eau ». Je me suis laissé dire par Michel Roudnitska, le fils d’Edmond, lors de l’une des ses conférences, que son père se parfumait peu mais que, lorsqu’il le faisait c’était avec « Eau d’Hermès ».
C’est en Suisse que j’ai découvert la très moderne marque anglaise Thameen et, si j’avais surtout été impressionné par un cuir, j’ai le souvenir d’un autre parfum appelé « Rivière » lancé en 2016 que j’ai re-senti il y a quelques mois à Paris et qui oscille entre un départ poivré et épicé, un coeur aromatique et floral qui tourne autour de la rose de Turquie et un fond de cuir. J’avais eu un échantillon de cette création lorsque et je me suis remis à le sentir pour préparer cet article car je trouvais que son nom collait parfaitement avec la thématique. Là aussi, je suis au bord du fleuve, sans doute plus de la Tamise, le soir, dans un restaurant ou un pub plein de musique et de vie et je bois une Guinness ou une Stout dont la couleur sombre et l’onctuosité me plaisent même si une seule suffira car elle est épaisse, épicée et profonde comme le parfum. Je trouve que « Rivière » a quelque chose d’un fleuve en ville et je le trouve, alors que je le redécouvre, particulièrement réussi.
Créé par Domitille Michalon Bertier en 2014, « L’Eau Tropicale » de Sisley qui peut avoir, au premier abord un côté ultra exotique avec ses notes de fruits de la passion de fleur de gingembre et de frangipanier sur un coeur de violette, de rose et de tubéreuse et un fond d’ambrette, de patchouli et de cèdre, m’évoque curieusement aussi une soirée en bord de Rhône, sur une péniche, devant un cocktail fruité, dans un beau verre orné, comme dans les années trente, d’un petit parapluie. Je me suis peut-être un peu éloigné du sujet car je n’ai pas bu un verre entre amis sur une péniche depuis plus de dix ans et je ne suis pas un amateur de cocktails sucrés mais, je ne sais pas pourquoi « L’Eau Tropicale » m’a toujours évoqué ce genre de moment. J’imagine une promenade sur les berges de notre Rhône, le soir, alors que tout le monde fait la fête. Oui, décidément, ce parfum me fait penser au soir, au bord de l’eau et à un bon moment partagé.
Me voilà au bout de cette petite balade au bord des rivières et des fleuves dans plusieurs circonstances parfumées et différentes. Je vous l’avoue, cet article est un peu un prétexte pour explorer d’autres senteurs, d’autres univers qui me font envie à l’approche de l’été mais j’ai trouvé un peu romanesque de les aborder de cette manière. Alors chut ! Laissons-nous porter et allons nous promener au bord de l’eau, avec quiétude. Prenons un moment pour nous et parfumons-nous uniquement pour le plaisir.
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