Quatre autres créations de Pierre Guillaume
Découvrir les parfums de Pierre Guillaume pour sa marque dans les différentes séries est assez titanesque et, de temps en temps, je vais mettre mon nez dans des créations que je ne connais pas. J’en ai senti quatre de la collection Numéraire et donc, petit à petit, je progresse dans cette univers très important. Pierre Guillaume est très prolifique et je dois dire que, parfois, je trouve qu’il est un peu étourdissant de découvrir ses parfums tant on ne sait pas par où commencer. C’est donc en tâtonnant un peu au hasard que je mets mon nez sur certains parfums auxquels j’ai accès facilement. J’en profite pour remercier, une fois encore, Anne de la Mûre Favorite à Lyon qui est toujours disponible pour et m’aider à étancher ma curiosité en me guidant à travers cet univers foisonnant et impressionnant. J’ai donc fait quatre nouvelles découvertes dont je vais essayer de vous parler en développant mes impressions. Je dois dire que je pars un peu, parfois, dans tous les sens et que je ne hiérarchise pas vraiment mes découvertes. J’ai donc senti quatre parfums et autant d’univers olfactifs très différents même si, bien souvent, avec Pierre Guillaume, une facette gourmande, plus ou moins développée, est présente.
Le premier parfum que j’ai senti est « Djhenné 22 » lancé en 2012 qui est, pour moi, assez idéal pour entrer dans l’hiver. Il décrit ainsi sa création : « L’abandon au soleil. Oasis luxuriante, Djhenné est une ombre chaude. Fourreau de Cuir à la blondeur de Blé et de Myrrhe, protégeant du linceul de sable brûlant, les délicates feuilles de Menthe Argentée et la blancheur capiteuse des Seringas… » et je dois dire que c’est assez bien résumé. C’est un parfum très surprenant, à la fois aromatique avec des notes de lavande et de fève de cacao, baumé avec la myrrhe et même un peu cuiré et ambré. Je le trouve très clair obscur comme une promenade d’Alice dans la forêt déroutant du Pays des Merveilles. C’est un parfum ultra facetté et qui vous trimballe d’un univers à l’autre sans beaucoup de transition. Écrit comme ça, on pourrait penser à une création un peu incohérente et qui part dans tous les sens mais il n’en n’est rien. Il y a un fil conducteur, les notes boisées et, elles démarrent très en fraîcheur avant de s’arrondir et de se densifier au cours de l’évolution. Je le trouve tout à fait singulier et il a quelque chose de très puissant et de très doux à la fois. C’est une dualité permanente entre les impressions. Je ne porterais pas nécessairement « Djenné 22 » car il est peut-être un peu trop boisé pour moi (quoi que…) mais je le trouve très intéressant. La myrrhe apporte vraiment une profondeur à ce parfum presque ethnique voire parfois chamanique (si l’on peut dire) et, à la fois moderne et urbain. J’ai beaucoup aimé le découvrir.
« Le Musc et la Peau 4.1» est l’un des fleurons de la collection Numéraire et j’avais lu pas mal de choses avant de le découvrir il y a quelques mois. J’avoue que j’étais complètement passé à côté lors de ma première impression mais j’en ai lu et entendu tant d’éloges que ça a suscité un regain de curiosité. Lancé en 2014, c’est un cocon tendre et doux, à la fois poudré, lacté, légèrement gourmand et doucement animal. À son sujet, la journaliste Sarah Bouasse écrira : “Le Musc & La Peau de Pierre Guillaume, cela sent nous mais… en mieux !”. Je trouve que c’est très bien résumé car ce parfum m’évoque assez l’odeur de la peau après la douche. Pierre Guillaume le décrit ainsi : « Un assemblage de sept différents muscs évoquant la peau humaine se pare d’Ylang-Ylang, de Fève Tonka, d’Ambre, de Cèdre, de Romarin et de touches de Vanille. Un élixir de peau à porter seul ou comme base, pour personnaliser son parfum habituel ». Construit autour des muscs blancs sans jamais donner une impression de linge propre, avec des notes de lait de romarin et d’ylang-ylang, je dirai que c’est un parfum parfait pour ceux qui veulent une fragrance pour eux, avec un petit sillage mais sans plus. C’est un parfum très évolutif et je trouve qu’il faut vraiment insister pour en découvrir toutes ses facettes ou tout au moins un maximum. La marque précise qu’il peut être une base à superposer pour créer son propre parfum mais je ne sais pas si je m’y aventurerai. Pour ma part, même vous allez trouver ça bizarre, je pense qu’il m’évoque un peu les cocons du ver à soie. C’est la douceur d’une écharpe légère. Il est idéal après l’été et j’ai bien fait d’insister et de le redécouvrir.
« Aomassaï 10 » a été lancé en 2006 et je dois dire que j’étais un peu rétif à le sentir car je ne suis pas vraiment fan des parfums dans lesquels la note de café est travaillée en majeur même si j’aime passer devant les échoppes des torréfacteurs. Je ne saurais pas trop dire pourquoi mais je n’ai pas de prédilection pour cette odeur sur moi. La marque le décrit ainsi : « L’évocation d’un bois polychrome, inspiré par l’Afrique Noire et l’Art des Baoulé, où notes gourmandes et amères s’entrechoquent dans la chaleur d’un feu rituel… Un souffle brûlant de caramel et de noisettes grillées corsé d’épices, attise la combustion du vétiver, du Tolu et de l’orange amère. D’envoûtantes volutes d’Encens mêlées de réglisse enveloppent un brasier de Wengué, d’herbes sèches et de résines ». Je dois dire que, des quatre découvertes que j’ai pu faire, ce parfum est le plus déroutant. Je suis un peu entre attirance et répulsion. Pierre Guillaume dit s’être inspiré d’un feu de brousse ou d’une cérémonie vaudou. Pour ma part, je sens surtout des notes très torréfiées, voire même grillées entre amertume et notes liquoreuses. C’est un parfum qui est, pour moi, vraiment sombre, pas forcément ethnique comme si je m’y attendais. Je le trouverais même urbain et très contemporain. Pour moi, il n’est pas très évolutif et même plutôt linéaire mais je n’ai pas réussi à l’essayer sur ma peau tant il me déroute. Je le trouve vraiment clivant. Il va sans doute en rebuter certains et en attirer d’autres comme un aimant. L’image qui me vient est celle, sans aucun doute, d’un café pris en plein été, le matin, à la terrasse d’un bar parisien beaucoup plus que celle d’une Afrique noire et mystérieuse. « Aomassaï 10 » est un ovni. Il est à découvrir, à aimer ou à fuir mais il faut vraiment se faire sa propre idée.
Lancé en 2007, « Cadjméré 18 » est indéniablement celui des quatre que j’avais sélectionné qui m’a apporté la plus belle émotion. Boisé, poudré, ambré et un peu exotique voire même légèrement gourmand, il est ainsi décrit par Pierre Guillaume : « Délicat et Raffiné, la rencontre d’un précieux Bois de Rose, floral épicé, et d’un Santal doux et chaleureux…Une harmonie crémeuse, un parfum tendre et caressant comme le cachemire ». Très enveloppant, il mêle rameaux de myrthe, résine de cyprès du Kenya, écorce de santal, graine d’ambrette et une vanille aromatique que je ne sens pas vraiment. Il est décrit comme un oriental boisé mais je serais bien en peine de le faire entrer dans une case. Je trouve que c’est surtout un travail très enveloppant et facetté autour du bois de rose. Il m’a évoqué un piano droit du début du XXème siècle sur lequel toute la famille aime se retrouver pour écorcher une valse de Chopin. Je ne sais pas pourquoi j’ai pensé à ça mais vraiment je ne pouvais pas m’enlever cette musique de la tête alors que je le découvrais. Très honnêtement, il m’a donné l’impression de confort d’un pull en cachemire au plus froid de l’hiver et sa facette légèrement gourmande ne m’a pas du tout dérangé. Je ne sais pas pourquoi mais « Cadjméré 18 » m’a rappelé ma propre enfance, ma propre histoire, souvenirs d’une période heureuse et insouciante. Ce pense que c’est probablement pour ça qu’il m’a plu. Il n’est pas, pour autant, un parfum qui s’adresse seulement à un jeune public, il est élégant et très agréable. Je l’ai trouvé vraiment facile à porter en dépit d’une certaine originalité. Pour moi, c’est carton plein. Il coche toutes les cases de ce que j’aime et pourtant ce n’est pas complètement un coup de coeur peut-être parce que, dans la marque, la concurrence est rude.
Pierre Guillaume est prolixe, il invente des jus sans arrêt et il n’a probablement pas fini de m’intriguer même si j’ai une prédilection pour « L’Eau de Circé » qui a été un énorme coup de coeur, j’ai eu et j’aurais encore d’autres engouements dans la marque et les diverses collections. En tout cas, c’est un travail très dense que de découvrir petit à petit ces fragrances même si, sur le nombre, je n’aime pas tout loin de là et c’est normal. En tout cas, je suis content car, cette « session » m’a emmené dans des univers olfactifs éloignés les uns des autres même si, et je m’en rends de plus en plus compte, il existe, bien souvent un fil conducteur qui est la signature du parfumeur.
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