Quatre créations récentes pour Memo Paris
Il y avait un petit moment que je n’avais pas remis mon nez dans les parfums Memo Paris, la toute première marque créée par Clara Molloy et fondée en 2007 et, de ce fait, je n’avais pas eu l’occasion de me pencher sur les dernières sorties de la maison. Chez nous, à Lyon, c’est à l’Atelier Parfumé que nous pouvons découvrir et redécouvrir cette maison luxueuse et moderne qui se décline en huit collections : Art Land, Cuirs Nomades, Escales Extraordinaires, Graines Vagabondes, Les Échappées, The Flying Collection et Voyages Naturels plus deux parfums hors collection, « L’Eau de Memo » et « Jamal’s Palace ». A ce jour, la marque a lancé 49 parfums et je suis loin de tous les connaitre. Clara et John Molloy ont fait appel à Aliénor Massenet, qui a composé la plupart des jus mais aussi à Philippe Paparella-Paris, Sophie Labbé et Karine Vinchon Spehner. Aujourd’hui, j’ai choisi de me consacrer sur trois créations récentes et une, inédite, qui est une exclusivité boutique et que nous avons la chance d’avoir également à Lyon mais sur laquelle je n’ai trouvé ni photo ni infos. Je me fierai donc uniquement à mon impression pour vous la décrire.
Le premier parfum sorti cette année et à côté duquel j’étais un peu passé alors que je l’avais aperçu lors de notre périple parisien est « Sintra » créé donc en 2020 par Philippe Paparella-Paris dans la collection Art Land. Avec son flacon blanc, or et turquoise, il aurait du retenir mon attention et pourtant non, je viens de le découvrir. Clara et John Molloy, sur le site de la marque, le décrivent ainsi : « Comme une réminiscence de l’enfance avec sa note guimauve apportée par l’Absolue Fleur d’Oranger, le petitgrain, l’Absolue Vanille de Madagascar. À la fois moelleux et aérien, grâce à la présence de muscs, c’est un floriental très rond, à la douceur florale et fruitée. Gourmand tout en légèreté, résolument addictif ». Construit autour d’un absolu de fleur d’oranger, sur ma peau, « Sintra » garde cette note ostensiblement d’une manière assez soliflore. Je n’ai ni senti la guimauve, ni la vanille qui auraient pu m’entêter. Très honnêtement, je suis un peu mitigé. Certes, je sais identifier la qualité de la matière première principale très overdosée mais je dois dire que je ne vois pas vraiment l’intérêt d’un prix pareil pour une création sinon un peu simpliste, au moins simple. Alors je me dis que je ne suis pas objectif car je suis assez peu sensible à la fleur d’oranger et au néroli qui, pour moi, dans cette création, absorbent toutes les autres notes. Je ne suis donc pas la meilleure personne pour vous parler de « Sintra » et mon avis n’a absolument pas valeur de critique, ce n’est qu’un ressenti.
« Avec Ocean Leather, Memo décide de quitter la terre ferme pour aborder une destination majeure, un infiniment bleu, l’océan, et part à la recherche d’un cétacé majestueux, animal mythique qui a inspiré la littérature et désormais l’imaginaire d’un parfum. Une fraîcheur océanique apportée par l’huile de mandarine et l’essence d’élémi rencontre les profondeurs des essences d’accord cuir, de vétiver et de cèdre. » et Aliénor Massenet nous entraîne dans un univers à la fois marin, salin mais sans tomber dans l’écueil de l’overdose de calone, une molécule de synthèse très utilisée dans les parfums de cette famille notamment dans les années 90. Comme d’habitude, elle ne cherche pas la facilité et va la contourner en utilisant beaucoup de notes aromatiques pour ce nouveau parfum de la collection Cuir Nomades sorti également en 2020. Après un départ d’essence de mandarine très douce, un coeur de violette et d’absolu de sauge sclarée, le parfum se pose sur un fond cuiré très élégant avec, il me semble une note de noix de muscade. S’il ne m’a pas forcément surpris comme le font souvent les réalisations de cette créatrice dont j’aime beaucoup le travail, je reconnais qu’il est pour le moins impeccable et que la dualité des notes faussement marines, presque salines mais finalement très aromatique avec la facette poudrée de la violette et l’utilisation d’un fond de cuir « très Memo » est vraiment bien réussi. Je ne sais pas si je pourrais le porter mais j’avoue que je l’essayerai bien en été pour voir ce qu’il donne dans un contexte qui lui est plus favorable qu’un jour de pluie de décembre.
Comme ça, si l’on se fie à son nom, c’est « Odéon » sorti en 2020 dans la collection Art Land qui aurait du être mon coup de coeur et pourtant non. Je dois dire que je ne m’attendais pas à un oriental et j’ai été un peu déstabilisé par cette création. La marque ne communique pas sur le parfumeur qui l’a composé mais le décrit ainsi : « Au Coeur de Paris, Memo arpente un nouveau quartier avec une rose musquée, Odéon. Essence de rose, datte confite, Bois de Santal, Essence de patchouli, Muscs, Fève Tonka, Ambre. Toutes les nuances de Paris ». Je dois dire qu’au contraire de « Quartier Latin » que j’aime énormément, je ne sens pas l’ambiance parisienne dans cet oriental très dense, très musqué, très ambré, très rose, avec une note très présente en coeur de datte confite après un départ d’ambre et de rose et un fond de musc tonkin reconstitué et que je trouve, de ce fait, très animal. Il me semble aussi identifier des notes boisées ainsi que du patchouli et je dois dire que j’ai été un peu dérangé par ce jus qui plaira vraiment uniquement aux amoureux des orientaux très denses. Je l’ai senti durant des heures sur ma main et sur la manche de mon blouson et je l’ai trouvé très linéaire, sans vraiment d’évolution. Si vous me suivez, vous savez que je ne suis pas très amateur de parfums orientaux très profonds et boisés comme celui-ci et je dois dire qu’il est un peu difficile d’accès pour moi. En revanche, il se destine à des amateurs de fragrances sophistiquées, orientales et extrêmement tenaces. Je suis un peu timoré pour ce genre de création et du coup, je passe mon tour sur « Odéon ». Je lui préfère bien évidemment « African Leather », « Russian Leather » et « Quartier Latin » qui sont mes trois bests perso dans la marque.
La dernier parfum que j’ai découvert va être très difficile à trouver car je crois que, pour l’instant, il n’est vendu qu’à la boutique parisienne et à l’Atelier Parfumé à Lyon. Il est mon coup de coeur de la sélection d’aujourd’hui. Il s’appelle « Argentina » et a été créé cette année 2020. Je n’ai pratiquement pas d’info pas plus que de photo à vous proposer pour l’instant. La marque n’en dit rien, n’en parle pas et je pense qu’il faut seulement le découvrir. C’est un floral épicé et j’ai adoré ce parfum sur ma peau. Il s’ouvre d’une manière assez classique sur une note de bergamote il me semble, et je crois identifier, un bouquet floral musqué et très chargé dans une facette poudrée et cosmétique de la rose. Il pourrait bien se composer de jasmin sambac, de magnolia d’ambrette, de rose et de muscs blancs. Comme ça, sur le papier, il peut sembler un peu banal mais pas du tout. C’est un parfum très sophistiqué, très élégant et qui rappelle un peu l’univers des anciennes maisons de parfumerie et des créations des années folles. Il est un peu boudoir, un peu club de jazz, un peu salon de thé. Il risque de dérouter la clientèle de Memo Paris car il n’est dans l’esprit d’aucune autre création de la maison. Complètement atypique, il m’a énormément séduit. Son développement, son chic, m’ont impressionné. Je regrette vraiment de ne pas pouvoir vous montrer une photo du flacon et je suis un peu désolé qu’il soit, pour l’instant, aussi difficile d’accès. J’espère qu’il bénéficiera d’une plus large diffusion et soyez sûrs que je lui consacrerai un article à part entière si tel est le cas car, vraiment, je suis très emballé par la créativité du parfumeur et par le côté addictif du jus. J’y suis revenu tout l’après-midi alors qu’il se développait sur ma peau. Vraiment j’aime beaucoup « Argentina ».
Le risque avec une maison comme Memo Paris qui compte de nombreuses créations est de ronronner un peu après avoir surpris par l’originalité de ses fragrances et je crois que Clara et John Molloy, lorsqu’ils choisissent d’en sortir une nouvelle, prennent grand soin de ne pas être consensuels. Comme vous le voyez, je suis très tranché lorsque je les découvre et mon avis n’est jamais très nuancé car les parfums de la marque sont basés sur le ressenti, ils ne sont jamais ou du moins rarement convenus. L’utilisation de matières premières naturelles de très grande qualité en quantité importante et la parfaite maîtrise des parfumeurs des molécules de synthèse finement travaillées leur confère une originalité et une impression très luxueuse. Le prix est élevé et acheter un parfum Memo Paris est l’aboutissement d’un désir. C’est rarement sur un coup de tête que l’on fait un choix. Je n’adhère pas toujours à la création pour les porter car il y a beaucoup d’orientaux dans les collections et je ne suis pas fan mais je dois admettre que je suis souvent impressionné par les jus. Si vous ne connaissez pas la marque, je vous suggère d’aller les découvrir.
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