Passion Parfums

Comme chaque moi, j’ai choisi arbitrairement quatre parfums que j’ai essayé pour me faire peut-être des envies mais surtout pour venir vous en parler. Je n’ai pas beaucoup de doses d’essai donc je me suis promené en parfumerie et dans les grands magasins afin de poser sur ma peau des créations que je ne connaissais pas en me laissant guider par ce que j’avais lu ou tout simplement sous l’impulsion du moment. En tout cas, je suis très content de ce que j’ai découvert ou redécouvert et je vais tenter, en quelques mots, de vous donner mes impressions sur ces quatre fragrances. Alors me serais-je fait des envie ? Il suffit de me suivre pour avoir une petite idée de ce que j’ai trouvé.

« Solaire, irradiant, sa sève résineuse nous mène au pied d’une pinède peuplée de cigales. Là, dans ce paysage aride résonne sans fin les stridulations de ces insectes aux élytres d’or : cri-cri-cri-cri-cri-cri-cri-cri-cri… Le dernier cri de Paris des filles en aiguilles de pin ! "Fille en aiguilles...de pin. De la résine, du soleil, des cigales et de l'ombre sous les grands pins. Elles piquent le dessous les pieds et pourtant sur le sable, on aime tant la pinède !" Serge Lutens ». J’étais un peu passé à côté de « Fille en Aiguille » (visez un peu le jeu de mot !) créé par Christopher Sheldrake pour Serge Lutens en 2009 et j’ai eu l’occasion de sentir la dernière version qui figure dans la très onéreuse collection Gratte-Ciel. Il est sans doute l’un des parfums les plus résineux que je connaisse avec des notes de pin, de poivre noir, de prune, de benjoin, de patchouli, d’ambre, d’encens, de myrrhe, de cèdre et de sapin baumier. Il ne possède pas vraiment de notes de tête et nous rentrons tout de suite « dans le vif du sujet ». Pour moi, il représente une promenade dans des bois de résineux après la pluie. C’est une nature onirique, très étonnante et presque mystérieuse. Je trouve que l’avoir transcrite dans un parfum est un tour de force artistique et je sais très bien en apprécier toute la beauté mais il m’emmène un peu trop loin de ce que je pourrais porter même si certaines notes fumées me séduisent facilement. Il n’en reste pas moins que « Fille en Aiguilles » est un merveilleux parfum il faut bien le dire.

Dans un esprit toujours boisé mais dans un univers très différent, tout en transparence et en légèreté, « Bois Impérial », créé par Quentin Bisch pour Essential Parfums est vraiment une réussite absolue je trouve. « Les feuilles d’un basilic thaï épicé fraîchement écrasées rencontrent les facettes poivrées, pétillantes du pamplemousse et de l’absolu de poivre de Timut népalais. Une combinaison brillante qui contraste parfaitement avec la signature boisée audacieuse du parfum. Une huile de vétiver haïtienne verte, riche et terreuse fait écho à Georgywood – une molécule exclusive aux puissantes tonalités de bois de cèdre. Cette association boisée vibrante est illuminée par l’aspect floral du Petalia. Le majestique Akigalawood signe vraiment le parfum. Cet ingrédient naturel exclusif est recyclé à partir du patchouli grâce à un processus biotechnologique. Son caractère boisé épicé unique est rehaussé par une riche essence de patchouli indonésienne et une note puissante et durable d’Ambrofix ». Ce parfum existe également sous forme de bougie et de savon liquide. Je trouve que chaque déclinaison est très proche de la fragrance originale. Quentin Bisch a voulu utiliser ce bois d’Akigala plutôt rare en parfumerie et qui offre vraiment beaucoup de facettes surtout associé au poivre de Timur, au vétiver et au patchouli. C’est un vrai boisé avec des notes épicées. Sur la peau, il est très atypique et très attirant. Je ne suis pas un fan des parfums boisés mais celui-ci pourrait être celui qui confirmerait la règle. Je le trouve à la fois élégant et ethnique. Il me plait vraiment beaucoup. Je l’avais déjà essayé et je me suis fait plaisir à recommencer. Il me fait un peu moins envie l’hiver mais le désir pourrait renaitre au printemps. Wait & see.

Le parfumeur décrit ainsi sa création : « L’idée était de travailler un bouquet floral frais et lumineux, à l’image d’une femme délicate et romantique, en l’associant à des facettes juteuses, vertes et fruitées. Cassis et poire amènent pétillance aérienne au bouquet de roses et de jasmin, sur un fond doux et confortable musqué et ambré ». Je crois que « Bouquet de Hongrie » a été l’un des premiers parfums lancée par David Benedek et créé par Serge Majoullier pour sa marque BDK Parfums en 2016. Je l’avais découvert à l’époque et je n’avais jamais remis mon nez dedans or, j’ai eu, par hasard, un flacon entre les mains. « C’est une belle journée. Le ciel est bleu. Elle se dirige vers son dressing, choisi une robe légère.  Elle enfile une paire d’escarpins et serre sa taille avec une ceinture. Comme chaque matin, elle se dirige vers sa terrasse fleurie, qui surplombe les sublimes jardins du Palais Royal. Elle est heureuse et pense à sa journée en souriant ». Après une envolée de poire, de fraise et de cassis c’est un imposant coeur de rose et de jasmin qui vient s’imposer et se poser sur un fond de musc, de cèdre et d’ambre. Il en résulte un vrai floral élégant et classique. Je dois dire que cela manquait un peu dans la parfumerie de niche actuelle. Opulent, luxueux, très chic, « Bouquet de Hongrie », après un départ qui me dérange un peu, puis il se développe sur la peau et la dualité entre la rose et les fleurs blanches est vraiment équilibrée. Bien sûr, il n’est pas le plus original de la collection mais il faut bien dire que, qualitativement, il en supplante plusieurs. En tout cas, j’ai aimé l’essayer. Je pense que je ne pourrais pas le porter car il lui manque un je-ne-sais-quoi d’original. J’espère que vous aurez envie d’aller le sentir car il n’est pas le parfum de la marque qui remporte le plus de succès mais je le trouve très facile à porter et très intéressant.

En ce moment, j’ai un retour d’intérêt pour The Different Company qui est une maison que j’avais un peu mis de côté ces dernière années. Je porte beaucoup « Sublime Balkiss » et, de ce fait, j’ai remis mon nez dans les autres créations et je suis tombé sur « Pure eVe » que j’avais un peu porté il y a quelques années et qui a été créé par Céline Ellena en 2011. Je dois dire que je le trouve toujours aussi formidable. Je n’en n’ai pratiquement jamais parlé et c’est donc l’occasion. L’envolée d’aldéhydes est vraiment très fugace et nous amène sur ce coeur très étonnant de graine de lin, de mimosa et de rose qui donne un côté très poudré à la fragrance puis vient le fond, riche, complexe, presque gourmand avec des notes amandées, un accord de calisson posé sur du cèdre et des muscs blancs. « "Pure eVe est né d'une idée simple : créer un parfum sans artifice, confortable et frais. Un parfum de peau, doux et proche comme un vêtement de coton blanc. Pour elle comme pour lui, aussi élégant qu'une petite robe noire ou une chemise en seersucker. Céline Ellena utilise une belle qualité de Musc qui rappelle la sensation de la soie et du coton mélangés ». C’est une amande certes mais elle est à la fois gourmande et fraîche. J’aime beaucoup l’évolution comme si la fragrance « veloutait » la peau. Il a, dans « Pure eVe », quelque chose de vraiment agréable et cristallin. J’aime beaucoup ce parfum. Je pourrais le porter et d’ailleurs n’ai-je pas déjà possédé un format voyage ?

Voilà, j’ai fait le tour de ces quatre parfums que j’ai eu sous le nez ces dernières semaines. Cela valait bien une revue. En tout cas, je pourrais porter chacun d’entre-eux mais le coup de coeur absolu n’est pas vraiment là même si j’aime beaucoup « Pure eVe ». J’aime beaucoup le côté cocon de ce parfum que j’ai été content de redécouvrir.