Quatre nouveautés de Maison Rebatchi
L’arrivée au Printemps de Lyon de Maison Rebatchi a été, pour moi, une très bonne nouvelle. J’ai un petit coup de coeur pour cette marque depuis que je l’ai découverte il y a quelques années à Paris et, notamment, je l’ai souvent dit, pour « Cuir Tassili » créé par Aliénor Massenet. Comme quoi, il n’y a jamais de hasard. J’ai pu donc découvrir quatre des cinq nouveautés sorties entre fin 2022 et début 2023. Je dois dire que j’ai été assez dérouté car chaque composition a une identité propre et s’avère un beau travail de parfumerie. Après, il y a les goûts de chacun et je ne peux pas vraiment être objectif. Je serai sans doute plus emballés par certains que par d’autres mais, d’un point de vue de la qualité et de la finesse de la réalisation, je suis content de ce que j’ai pu sentir et essayer. J’en profite pour remercier chaleureusement Céline qui s’occupe du rayon parfumerie du Printemps et qui, à l’instar de toute l’équipe, me réserve toujours un accueil chaleureux et m’offre toute liberté de découvrir. Au moins, aucune de mes visites n’est impersonnelle, c’est le moins que l’on puisse dire.
Le premier parfum que j’ai pu découvrir est celui qui, sur le papier, n’avait pas grand chose pour me plaire. Il s’agit de « Velvet Date » créé par Vincent Ricord qui a composé plusieurs parfums que j’avais eu l’occasion de découvrir. Le départ très vif avec des notes de citrus et de poivre rose puis vient un coeur hyper oriental de rose et de davana épicé d’un très beau safran puis le fond se fait rond, légèrement poudré avec la fève tonka, un peu oud grâce au bois d’agar et suave avec un accord de date qui, contre toute attente, m’a séduit. C’est un oud, un peu sombre mais avec une lumière qui vient le frapper par moments. C’est d’ailleurs ainsi que le décrit la marque : « Entre ombre et lumière, une datte envoûtante, ciselée comme une pierre précieuse. Un bijou serti de rose et de safran, ourlé de miel, d’ambre et de fève tonka, nimbé d’un sillage sombre aux nuances boisées ». « Velvet Date » est un parfum très oriental, il faut le souligner, et donc assez éloigné de mes goûts habituels mais il est si finement créé qu’il arrive à me plaire et que je me suis même dit que, lorsque les températures auront baissé, il me faudrait le redécouvrir et pourquoi pas l’essayer. J’ai beaucoup aimé ce parfum et je pense qu’il peut rencontrer un certain succès car, même s’il s’agit d’un travail autour du oud, il demeure facile à porter.
« Vanille Riviera met en scène le souvenir d’une vanille verte, aux accents fleuris, fraîchement récoltée à Madagascar. Sous l’envolée végétale, les nuances sombres et charnelles de la gousse rencontrent l’éclat solaire du jasmin. Quelques touches boisées et épicées exaltent la sensualité du parfum ». Avec un départ de bergamote et de galbanum, « Vanilla Riviera » s’ouvre d’une manière très verte et incisive qui a su attirer mon nez. Puis, au bout d’un certain temps, vient un coeur construit autour d’un absolu de jasmin et une note d’ylang-ylang qui se pose sur un autre absolu, de vanille planifolia celui-ci et des versants bois de cèdre. Je dois dire que j’ai beaucoup aimé le départ mais que le développement très vanille, assez gourmand, ne me plait pas plus que ça. Je ne peux pas dire que je sois vraiment un amateur de vanille en parfumerie, à quelques exceptions près. Je ne vais pas vous mentir, je n’ai pas aimé « Vanille Riviera » même si je reconnais que le travail de sa créatrice, Julie Massé, très bien maîtrisé et que les matières sont qualitatives. C’est un parfum un peu trop gourmand pour mon goût et peut-être aussi, légèrement trop classique. Je n’ai pas vraiment adhéré mais il s’éloigne trop de mes goûts habituels. Nul doute qu’il trouvera son public parmi les amateurs de vanilles suaves et gourmandes car, encore une fois, il demeure très qualitatif.
C’est le parfumeur d’origine grecque, Ilias Ermenidis, qui a créé « Myrrhe et Musc » qui a été ma troisième découverte parmi les parfums de la marque que je ne connaissais pas. Il m’a semblé vraiment très facile à porter malgré un petit côté inédit. « Un parfum magnétique, où les effluves sacrés de la myrrhe et de l’encens s’enveloppent d’une caresse soyeuse. Aéré de genièvre et de baies roses en tête, son sillage ondoie entre la douceur des muscs et la profondeur des bois. Addictif et mystérieux à la fois ». Après une envolée très épicée et fraîche de baies de genévrier et de poivre rose, le coeur de myrrhe et d’encens très résineux vient prendre le relai et donner à la fragrance, une épaisseur qui est loin d’être inintéressante. Je trouve que le parfum, à ce stade de son évolution, sait rester très frais et aérien et cela se confirme lorsqu’on arrive sur un fond de muscs blancs soutenu par le patchouli. Globalement, j’ai bien aimé la création mais je ne suis pas certain que je la sentirais beaucoup sur moi étant donné que je peux être anosmique à certains muscs. Je suis certain de rater certaines subtilités qui, si je les avais décelées, m’auraient sans doute plu. Je trouve que « Myrrhe et Musc » est un très joli parfum mais, je le dis, il ne sera pas pour moi.
Curieusement, c’est « Rougewood » créé par Emma Doghri qui m’a le plus impressionné et ce n’était pas gagné car il réunit tout ce que je n’aime pas du tout comme notes gourmandes et presque confites. Je n’aime pas l’envolée douce amère du pomelo mais, lorsque le coeur de cassis et de fleur de pêcher vient prendre la relève, je me rends compte que c’est un parfum dont la construction est incroyable. Le fond, très suave et gourmand de bois ambré et de caramel n’est pas ce que je préfère mais il assure une tenue de dingue à la création. « La gourmandise des fruits rouges rencontre la chaleur des bois ambrés dans un sillage vibrant, adouci d’agrumes, de pêche et de muscs. Un parfum ardent, qui décline le rouge avec passion et flamboyance ». Ce parfum n’est clairement pas pour moi mais il m’a dérouté et c’est ce que j’attends toujours de la parfumerie de niche. En tout cas, il ne laisse pas indifférent. Je ne pourrais pas le porter car les notes de bois ambrés en fond me dérangeraient autour de moi mais je dois bien dire que j’ai apprécié la maestria de la parfumeuse qui a su inventer une fragrance toute en subtilité avec une pyramide qui ne le laissait pas augurer. Qu’on aime ou pas « Rougewood », il est très intéressant à découvrir. Cela me donne envie de mettre mon nez sur d’autres créations d’Emma Doghri.
Voilà, il me manquera le santal mais je n’ai pas eu de testeur entre les mains. Vous me direz, ce n’est déjà pas mal d’avoir pu découvrir tout ça. Je suis un peu mitigé quant à ma faculté de porter ces trois parfums mais j’ai adoré les redécouvrir. J’en reste quand même à « Cuir Tassili » qui est mon coup de coeur de ces derniers mois.
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