Passion Parfums

C’est lors d’un petit week-end à Dijon que j’ai pu, grâce à Nathalie et Pascale, des Ateliers du Parfumeur que j’ai pu redécouvrir et essayer quatre parfums à côté desquels j’étais peut-être un peu passé ou que j’avais presque oublié. Ce sont donc quatre univers très différents que j’ai pu explorer bien à loisirs au coeur de ce petit écrin qui est devenue, en très peu de temps, le rendez-vous des passionnés de parfums en Bourgogne, qu’ils soient avertis ou débutants. L’ambiance de la boutique et les choix de Nathalie y sont pour beaucoup. Avec Les Ateliers du Parfumeur nouvelle version, les dijonnais et, par extension les bourguignons, découvrent de nouvelles maisons comme Essential Parfums ou encore La Manufacture mais retrouvent aussi des marques qu’ils avaient peut-être un peu perdu telles Parfum d’Empire, par exemple et mon petit doigt m’a dit que ce n’était pas fini. Pour ma part, ce séjour au coeur de la côte d’or m’a permis de remettre mon nez et de prêter ma peau à des fragrances vraiment très bien réussies et que je pourrais tout à fait m’approprier.

« Pétillant, zesté, aromatique, c'est un cocktail d'agrumes et de vetiver feel-good qui fait entrer le soleil de méditérannée dans votre journée », tels sont les mots de notre très chère Nathalie Feisthauer pour évoquer son inspiration lorsqu’elle a créé, pour L’Orchestre Parfum, en 2020 et qui a pour thème un cocktail d’été. « Terrasse en Méditerranée. Cocktail. Soleil couchant. Bulles électroniques, agrumes insensés et menthe canaille. Une Cologne électro. Pétillante, héspéridée et aromatique ». Je ne suis pas toujours un amateur de la marque mais force m’est de constater qu’il y a un parfum ou deux qui, vraiment, me font envie et c’est le cas de « Electro Limonade ». C’est un parfum frais, qui évoque la fête et l’été. Le départ est un mélange de douce bergamote, de citron très vif et d’aldéhydes qui lui apportent beaucoup de « pétillant ». Cela vient se confirmer, au coeur avec une menthe presque froissée, épicée de gingembre et le tout rendu un peu amer grâce au pamplemousse. Le fond de vétiver n’est jamais envahissant. Il s’avère seulement harmonieux. Pour moi » Electro Limonade » est l’une des belles réussites de la marque. Je lui adjoindrai « Thé Darbouka », « Cuir Kora ». Nous étions à Dijon pour un week-end ensoleillé et je dois dire que « Electro Limonade », me ferait envie.

 

 

Je ne suis pas un fou des parfums aromatique et il est probable que c’est pour cela que je suis complètement passé, depuis des années, à côté de cette merveille qu’est « Corsica Furiosa » créé en 2014 (et sacré FIFI Award du meilleur parfum d’une marque de niche en 2015), par Marc-Antoine Corticchiato pour sa maison Parfum d’Empire. C’est une composition unique, déroutante, terriblement bien construite et addictive. « Départ enflammé par une lampée d’eau-de-vie – parce que tout le monde là-bas a sa recette –, qui entraîne dans son sillage combustible le vert acéré de la nepita, menthe sauvage du terroir. La feuille de tomate au vert croquant, un peu potager, intensifie l’impression de naturalité. Avec le lentisque, l’affaire se corse. L’essence, fulminante, part sur un coup de tête. Poivrée, fruitée, aromatique, puis terreuse tendance champignon, elle s’enfonce jusqu’au cœur de Corsica Furiosa. L’absolu prend le relais. Verdeur plus suave avec ses accents de foin, tabac blond, miel, paille, qui s’assombrissent jusqu’à la réglisse. Un extrait inédit, obtenu par une technique particulière, aux puissants effluves résineux, épicés, cuirés, entraîne jusqu’au fond des massifs de montagne… C’est là que la course s’achève sur un lit de mousse ». En ces quelques lignes, la marque évoque la dualité, presque l’antinomie des ingrédients qui poussent mon nez à aller plus loin. Après une envolée très verte de citron vert, de lentisque et de menthe, le coeur épicé, inédit, de feuille de tomate et de poivre noir qui est, sur ma peau, il faut le dire, du plus bel effet. Enfin, le fond de mousse et de ciste apporte au développement de la fragrance une très originale, entre notes terreuses et accords frais. « Corsica Furiosa » est un ovni en parfumerie et tant mieux. C’est le genre de parfum qui fait que je ne me lasse jamais de découvrir.

 

 

Thomas Fontaine a créé « Itasca » pour la collection Les Évocations de Lubin. « Le lac Itasca, au cœur du Minnesota, là où le Mississippi prend sa source, est entouré d’une forêt profonde. C’est le territoire des indiens Chippewas, qui en connaissent tous les secrets. La senteur forestière des bois, du tabac et des résines s’y rafraîchit de baies sauvages et d’épices ». En redécouvrant ce parfum, je me suis vraiment dit que j’étais passé à côté de quelque chose. Il est complexe, élégant et ethnique à la fois avec une envolée amère et douce de pamplemousse, de baie de genièvre mais aussi de mandarine et de néroli. Le coeur est résolument aromatique et épicé avec le clou de girofle, la sauge sclarée mais aussi la noix de muscade et la fève de tonka. L’évolution sur ma peau est assez longue mais, finalement, vient le fond boisé et résineux de pin, de cèdre, de myrrhe, d’ambre et d’encens. Le résultat est un parfum ethnique, étrange mais finalement assez facile à porter. « Itasca » est un parfum dont on ne parle presque jamais et je le regrette car il a quelque chose de très attirant, d’à la fois atypique et particulièrement réussi. Quand je l’ai senti pour la première fois, je ne l’ai pas vraiment remarqué. Il m’aura fallu ce séjour à Dijon pour le redécouvrir et le mettre sur ma peau. J’aime beaucoup ce parfum même s’il est relativement éloigné de mes goûts habituels. Je devais attendre ce week-end bourguignon pour le redécouvrir.

 

* Ancien flacon

 

J’aime beaucoup la tubéreuse et il y avait une éternité que je n’avais pas senti « Do Son » eau de toilette (que je préfère à la version eau de parfum) créé en 2005 par Fabrice Pellegrin et qui est, il faut le dire, une très jolie composition dans laquelle la tubéreuse est travaillée de manière épurée et plus florale qu’animale. D’aucuns pourraient la trouver un peu sage et c’est vrai mais finalement pourquoi pas ? « Une tubéreuse au parfum emporté par les embruns, des notes de jasmin, fleur d’oranger. Comme une odeur d’été aux confins de la baie d'Along. L’eau de toilette Do Son est née d’un souvenir d’Yves Coueslant, un des fondateurs de la Maison, qui passait ses étés dans la ville côtière de Do Son. Une mémoire de fleur rafraîchie par la brise marine ». Je parle assez rarement de Diptyque car je ne connais pas la marque si bien que cela et, quand je fais une découverte ou une redécouverte, j’ai souvent une surprise. Là encore, le travail inspiré de Fabrice Pellegrin m’a surpris par sa fausse simplicité. Le bouquet de tubéreuses, de fleur d’oranger et de jasmin est rafraîchi par des notes plus aquatique (selon ce que je sens) que iodées comme l’affirme la marque. Je trouve qu’il y a quelque chose de vraiment très printanier voir estival dans cette interprétation limpide d’une fleur souvent louée pour sa sophistication. J’aime décidément bien « Do Son ».

 

 

Le passage à Dijon et aux Ateliers du Parfumeur sous un beau soleil m’a convaincu de remettre mon nez dans des créations que je trouve très « de saison ». J’en ai sélectionné quatre car je voulais parler d’univers vraiment différents les uns des autres mais j’en ai senti plus que cela. Peut-être que certains parfums pointeront le bout de leur flacon dans d’autres articles. Qui sait ? En attendant, peut-être aurez-vous envie de partager avec moi vous impression en ce qui concerne ces quatre-là.