Passion Parfums

Lorsque, il y a quelques mois, j’ai découvert quelques parfums de la maison canadienne Zoologist, j’ai été tout à fait convaincu. Originalité, inventivité, tout y est. En plus, la tenue est remarquable et, bien souvent, les parfums que j’ai essayé ont matché avec ma peau. C’est donc chaleureusement que je remercie Fabien qui me permet aujourd’hui de poursuivre l’exploration de cette marque singulière, passionnante voire même fascinante très difficile à se procurer en France. Je vous emmène donc dans mes impressions après avoir essayé les habitats de ces animaux que je ne connaissais pas encore. Allez, c’est parti, allons sur le chemin naturalistes de cette si belle maison.

Créé en 2021 et composé par Mackenzie Reilly, « Macaque Yuzu» est un un drôle de parfum inspiré par ce petit singe malicieux et exotique et son habitat. La marque le décrit ainsi : « Dans le contexte d'un terrain montagneux, deux communautés partagent une coexistence pacifique. Pourtant, malgré leur proximité, les sociétés sont distinctement uniques. Les macaques gambadent parmi les arbres, savourant avec délice les plaisirs abondants de la nature. Depuis la solennité tranquille d'un temple voisin, leurs voisins humains les regardent, convoitant l'abandon ludique des singes. Les macaques sont presque inconscients, n'épargnant que le plus bref des regards curieux aux visages pensifs ci-dessous avant de s'abandonner une fois de plus à leurs réjouissances insouciantes. De douces notes de yuzu dansent à travers une forêt de pins, vous souhaitant la bienvenue chez le zoologiste Macaque. L'encens ajoute de la gravité avec des arômes de bois de Hinoki et de myrrhe. L'équilibre délicat entre le lourd et le léger donne un parfum boisé austère avec de légères notes de bois de santal crémeux. Le macaque est l'exubérance tempérée par le calme, la sublimité portée par la joie, une heureuse harmonie de bonheur méditatif.». Vert avec un départ de yuzu, de baie de genièvre et de mandarine, il évolue vers des notes de myrrhe, de bois d’hinoki dont nous avons déjà parlé puis, en fond, le thé et la mousse de chêne se parent de notes boisées et et d’encens particulièrement fines et addictives. Naturaliste sans doute mais surtout formidablement « vert et blanc », « Macaque Yuzu» est un vrai parfum vert comme je les aime. Je ne sais pas si je pourrais me l’approprier car on ne peut pas tout porter mais il me plait beaucoup.

J’avais, depuis que j’ai mis mon nez dans la marque, eu envie de découvrir « Seahorse » qui était l’une des nouveautés de cette année 2021. Cet hippocampe m’intriguait. Créé par Julien Rasquinet, c’est un parfum particulièrement agréable et étonnant à la fois. Je m’attendais à un marin voire un salin et il est beaucoup plus complexe que ça au bout du compte. La marque le décrit ainsi : « La douce lumière du soleil traverse les vagues turquoise, envoyant des auréoles ondulantes dans les profondeurs de coraux . Au fond du lagon, anémones et algues dansent à l'unisson, se balançant au rythme du courant. Planant parmi les branches de corail, un groupe d'hippocampes observe timidement la scène. Le rythme palpitant les appelle, un couple se forme et leurs queues s'enlacent dans une valse délicate. Bientôt leur passion est épuisée, mais le souvenir de la danse perdure. Car la poche de l'hippocampe mâle berce tendrement une précieuse couvée d'œufs. Seahorse de Zoologist vous invite à découvrir un jardin de corail animé. Ce parfum unisexe bouleverse les attentes. Avec des couplets aussi surprenants que tubéreuse et algue, sauge et néroli, fenouil et vétiver, cette délicieuse mélodie vous emportera dans une vague de joie et d’abandon ». Au départ, il ne me plaisait pas du tout avec cette envolée de fenouil très anisé, de cardamome et de graine d’ambrette puis le coeur de tubéreuse enveloppé d’une sauge très aromatique et d’un néroli un peu doux-amer a su me séduire. Le fond d’algues, d’ambre gris et de vétiver soutient le parfum et lui donne quelque chose de salé sans être salin. Je ne sais pas vraiment comment l’exprimer mais j’aime bien l’effet produit sur ma peau. Il est vraiment très original et très plaisant à la fois. C’est un coup de coeur.

« Les vents violents de l'hiver secouent la forêt sibérienne. Les grands arbres aspirent au retour de l'été, si court soit-il. Mais à la base de plusieurs troncs nus, des mots d'amour invisibles appellent un futur partenaire. Les missives parfumées sont des sécrétions laissées par le cerf porte-musc mâle. Les longs crocs donnent au mâle une apparence démoniaque, mais ils jouent également un rôle dans le rituel de l'accouplement - des armes dans la lutte avec des rivaux pour l'amour d'une biche. Le rêve d'un partenaire soutient le cerf musqué solitaire alors qu'il cherche des morceaux de lichen et de mousse parmi les racines froides et stériles. Pendant des siècles, le cerf porte-musc a été chassé jusqu'à l'extinction, convoité pour ses gousses musquées parfumées. Le zoologiste respecte cette créature majestueuse, recréant magistralement le parfum distinctif à travers un mélange de muscs synthétiques et de oud naturel et de fleurs. Le résultat évoque le désir animal d'un cerf musqué vigoureux au milieu du froid séduisant d'une forêt hivernale, le tout capturé sans un soupçon de menace ». J’avoue que j’étais un peu effrayé à l’idée de découvrir ce cerf porte-musc complètement réinventé. J’ai parfois un peu peur des parfums très musc tonkin qui peuvent me heurter avec des notes trop animales mais me voilà rassuré. C’est un cerf tout en douceur qui a été créé par Pascal Gaurin en 2020. Je dois dire que, dès la vaporisation, je me suis senti enveloppé d’une effluve un peu suave avec la cardamome, l’huile de calamus dont je ne connaissais pas l’odeur mais que je suis allé sentir depuis et la rose. Le coeur, construit autour d’un très bel absolu de jasmin sambac très opulent est contrebalancé par des notes de cèdre de l’Atlas, du patchouli et un labdanum doucement cuiré. Le fond, malgré la présente de oud du Laos, est très doux avec l’ambrette, le santal australien et l’absolu d’iris. C’est un parfum tout en subtilité, tout en nuances. Pascal Gaurin a interprété un musc animal fleuri et légèrement cuiré très inspiré. Personnellement, j’aime beaucoup. C’est un petit coup de coeur parmi ces nouveaux animaux que je découvre pour écrire cet article.

Le moins que l’on puisse dire est que « Bee », créé en 2019 par Cristiano Canali figure parfaitement l’idée que je me fais des odeurs d’une ruche. La marque le décrit ainsi : « La journée de printemps semble calme et paisible. Pourtant, sous la toile sauvagement éclaboussée d'une prairie fleurie, des milliers de personnes se lancent dans une course désespérée pour la survie. Les abeilles ouvrières travaillent à un rythme effréné, transportant une précieuse cargaison de nectar et de pollen pour la déposer dans des alvéoles exiguës, où elles nourriront des faux-bourdons et des larves sous l'œil d'une reine royale. Dans la ruche claustrophobe, un bourdonnement assourdissant témoigne du dévouement des abeilles au devoir, pas une seule ouvrière ne s'arrêtant pour remettre en question son rôle dans le train-train perpétuel de la vie dans la reine. Comme l'agitation frénétique de l'abeille à travers un labyrinthe de parfums aux multiples facettes, Zoologist Bee offre une expérience surréaliste. Le riche arôme du miel captive, tandis que les fleurs séduisantes, la gelée royale, la cire d'abeille animale et l'encens royal s'unissent pour créer un buzz, offrant de l'excitation et les douces récompenses de la vie ». Une envolée d’orange, de sirop de gingembre construite autour d’un accord gelée royale, un coeur d’héliotrope, de mimosa et de fleur d’oranger pour imaginer les pollens et un fond de benjoin, de labdanum, de muscs, de bois de santal, de fève tonka et de vanille confèrent à « Bee » le côté rond, enveloppant, fleuri et en même temps bien évidemment miellé de l’habitat des abeilles. Je le trouve hyper réaliste. Pour ma part, il est quand même un peu « too much » et je ne me vois pas du tout le porter mais, pour les amateurs, il est vraiment une audience devant la reine des abeilles !

« Leurs journées sont passées isolées dans un camouflage, le motif complexe de leurs ailes les déguisant sur un fond grossier d'écorces et de rochers. Quand ils s'agitent enfin, même leur vol est caché, enveloppé sous le couvert de la nuit. Le clair de lune ondule une fine couche de poils minuscules tandis que leurs antennes à plumes les guident dans leur recherche d'un partenaire. Une seule tentation peut les attirer hors de leur quête. S'ils succombent à l'attraction de la flamme, leur envie de procréer peut être étouffée dans un filet de fumée et un nuage de cendres. Au premier contact, le parfum riche et gothique du zoologiste Moth peut surprendre, mais il hypnotise rapidement. Une forte dose d'épices noires ébranle vos sens avant de se fondre dans un saupoudrage de rose miellée et de fleurs poudrées. Lentement, il teste ses ailes, s'envolant pour un voyage exotique de nagarmotha, de bois de gaïac et de patchouli. Sous tout cela persiste une nuance de fumée qui rappelle constamment le danger dans la flamme alléchante ». C’est un papillon de nuit qu’a imaginé Tomoo Inaba en 2018. Je dois dire que ce parfum m’a dérouté. Il est particulièrement original et addictif avec une ouverture épicée de cannelle, de poivre noir, de clou de girofle, de noix de muscade et de safran avec une note citronnée. On s’attend à un épicé classique et non. Le coeur amandé d’héliotrope, poudré d’iris et de mimosa et floral avec la rose et le muguet nous surprend, nous attire. Quand le parfum se pose sur un fond de résines, d’ambre gris et de bois de gaïac avec des accords de oud et de fumée, et une toute fin boisée de vétiver et de patchouli, il devient dense, « avec du corps ». Pour moi, plus que l’habitat du papillon de nuit, le parfumeur réinvente les parfums des années 20, les dépoussièrent. C’est une création très contemporaine mais empreinte de tradition de la parfumerie. J’aime beaucoup « Moth ». Je pense que c’est l’un de mes Zoologist préféré.

Créé par Céline Barel, « Squid » a été lancé en 2019. La marque le décrit ainsi : « Le vaste océan se gonfle et se contracte sous l'influence inévitable de la lune. Sous la surface, un banc de calmars émerge. Des formes étranges et élastiques sortent des profondeurs dans une quête effrénée de nourriture. Ils ne sont pas seuls. Leurs prédateurs se jettent sur eux, pour être repoussés par d'aveuglants jets d’encre. La chasse se termine brusquement lorsqu'un monolithe se matérialise, engloutissant tout sur son passage. L'énorme cachalot replonge, laissant une paix temporaire vaciller dans son sillage. Des décennies plus tard, les reliques de la bataille refont surface. Des morceaux d’ambre gris, expulsés par la baleine et polis par les courants salés, s’échouent à terre. Un déchet flottant ? Pour le parfumeur, cette substance insaisissable n'est rien de moins qu'un trésor. Squid de Zoologist Perfumes chante une chanson de la mer, un récit mélancolique raconté à travers une eau salée acidulée, de l'encens craquant et une encre douce et trouble, tous unis par le parfum de l'ambre gris. À l'instar des profondeurs sans fin qui l'ont inspirée, cette odeur élégante est empreinte de mystère ». C’est un calamar plutôt doux, épicé et fort original que Céline Barel a créé avec son envolée de poivre rose et d’encens, son coeur basé sur un accord d’encre noire, de sel de mer et d’opoponax et son fond d’ambre gris et de benjoin avec des accents musqués. Plus salin que marin, c’est un parfum qui m’évoque les vacances dans de lointaines île des Caraïbes avec ce mélange d’épices et de calone. Je trouve que cette molécule, que je n’aime pas tellement d’habitude, est particulièrement bien travaillée. Le résultat est un parfum atypique et élégant. Je pense que je pourrais le porter.

Composé en 2021 par Pia Long à qui l’on doit « Terror & Manificence », le dernier opus de Beaufort London, « Chipmunk » est le dernier animal que j’ai testé de cette série Zoologist. Il est ainsi décrit par la marque : « Le vert luxuriant de la canopée se teinte doucement mais surement de reflets dorés. Ce qui semble être un changement paisible de saison déclenche en fait une alerte retentissante pour la faune du dessous, le temps presse. Depuis des générations, les puissants chênes ont toujours tenu leurs promesses, et ne se contentent pas de déposer uniquement des feuilles sur le sol de la forêt... Les écureuils se précipitent parmi les détritus dans leur quête pour dénicher les glands les plus dodus. Ils ramassent avec impatience ce qu'ils peuvent et, les joues gonflées de noix, rentrent chez eux pour remplir leurs terriers douillets avant que les feuilles qui tombent ne cèdent la place à la neige mordante. Chipmunk de Zoologist capture une forêt d'automne regorgeant de noix mûres. Des coings juteux, saupoudrés de cardamome et de muscade, se présentent de manière alléchante parmi les notes boisées dans un coeur vert et laiteux. Chipmunk vous fait grimper dans l'arbre, offrant un point de vue éblouissant pour profiter des riches teintes dorées et rousses du changement de saison ». Traduction d’un rongeur que je ne connaissais pas, le tamia, « Chipmunk » est absolument addictif. Après un départ de coing épicé par le poivre rose, la cardamome et la noix de muscade, le parfum nous emmène dans un univers très boisé, au milieu des tamias, avec des notes de chêne, de sapin baumier et de noisette. Le fond, très baumé, avec la présence de différentes résines, est construit autour du vétiver et du patchouli qui viennent renforcer le bois de gaïac, très doux et enveloppant. Je sens aussi comme une note terreuse que je retrouve souvent chez Zoologist et que, bizarrement, j’aime beaucoup. « Chipmunk » me fait vraiment l’effet d’une promenade en forêt avec mes chiens au début de l’automne. Réminiscence de l’enfance, des rares week-ends à la campagne ? Peut-être. En tout cas, si je suis certain qu’il n’est pas pour moi, j’aime énormément sentir ce parfum incroyable. Je trouve que Pia Long a vraiment sur réaliser ce que pourrait être l’habitat des tamias. C’est une création attirante et à découvrir absolument.

Voilà, j’en ai fini avec les échantillons très gentiment offerts par Fabien que je remercie chaleureusement. Enfin quand je dis fini, ce n’est pas tout à fait vrai car il me reste à tester « Dragonfly » nouvelle version et à la comparer avec celle que je connais déjà. Cela fera l’objet d’un article à part entière mais nous en reparlerons. Il me reste aussi à remettre mon nez dans « Panda » et « Nightingale » qui étaient parmi ceux, des deux premières « salves » que j’avais préféré. En tout cas, je suis toujours autant dérouté et attiré par cette maison canadienne dont je trouve la démarche passionnante !