Passion Parfums

 

 

Et si on parlait de violette ? Florale, poudrée ou végétale c’est toujours la feuille que les parfumeurs utilisent et il est vrai que la matière première seule en absolu ou en essence est vraiment difficile à sentir mais la note, dans une composition peut-être du plus bel effet. Souvent associée à l’iris, elle peut revêtir des aspects très différents. J’ai beaucoup porté « Grey Flannel » de Geoffrey Beene dans lequel, plus encore que poudrée, elle est presque poussiéreuse, le très classique « Après L’Ondée » de Guerlain et j’ai opté, depuis quelques années pour « Violette de Parme » d’Institut Très Bien qui se révèle plus verte et plus florale. J’ai choisi cinq parfums très différents pour illustrer les différentes facettes de la violette. J’avais déjà écrit un article dans ce sens au début de ce blog mais j’ai décidé d’y revenir car, bien évidemment, mes goûts se sont élargis. J’ai toujours une petite prédilection pour son association poudrée avec l’iris mais je vais tenter d’explorer d’autres beaux parfums construits complètement différemment.

Le premier parfum qui me vient à l’esprit est « Sissi Impératrice » créé par Nicolas de Barry et Eddy Blanchet pour la collection des parfums historiques de la marque et je dois dire que je le trouve vraiment très élégant quoiqu’un peu déroutant. « Sur une base de Vanille, qui laisse à fleur de peau une sensation tactile de velours, Nicolas de Barry a ajouté une note florale distillée par la Violette, un peu facétieuse, et l’Iris, avec pour note de tête une Bergamote fraîche et légère ». Pour cette créations, Nicolas de Barry a repensé une crème et une lotion utilisées par l’impératrice pour soigner son abondante chevelure plus que des parfums qu’elle utilisait. On y retrouve donc bien évidemment une violette de parme ultra florale à l’envolée et qui se charge de notes de vanille et sans doute d’une liqueur légèrement gourmande. Je dois dire que je suis mitigé quant à ce parfum qui m’inspire un peu un alcool de violette très suave et vanillé, très texturé avec presque un côté whisky. Sur la peau, les huiles essentielles qui le composent évoluent beaucoup. Sur moi, le parfum est presque trop gourmand et extrêmement profond. Je lui reconnais de très belles qualités mais je ne pourrais pas le porter car le côté poudré et presque miellé est un peu trop opulent pour mon goût. Il n’en demeure pas moins que « Sissi Impératrice » est à découvrir absolument.

 

 

 

Difficile pour moi de parler de cette note sans évoquer « La Violette » Créé en 2001 par Isabelle Doyen et Camille Goutal pour Annick Goutal. Il est l’un des rares parfums de la marque que j’aime sentir mais que je ne pourrais absolument pas porter pour une simple raison : son côté acidulé ne matche pas du tout avec ma peau. La marque le décrit ainsi : « Pour certaines, c'est l'odeur rassurante des bonbons que leur grand-mère leur donnait lorsqu'elles étaient enfant ; pour d'autres, c'est une fleur douce et suave. Pour Camille Goutal, c’est aussi le nom de la maison de son grand-père en Aveyron et l’odeur de sa confiserie. Un souvenir d’enfant qui, sublimé d’une pointe de rose, nous révèle une violette coquette et savoureuse… ». Après une envolée de violette, le coeur se fait très acidulé et presque régressif avec des notes de rose de Turquie et de framboise qui me dérange sûrement un peu puis le fond, poudré de feuille de violette le rend plus boisé. En général, je suis très client de la signature des parfumeuses de la maison mais « La Violette » est l’exception qui confirme la règle. Autant j’aime le sentir sur d’autres peaux, autant il n’est absolument pas à son avantage sur la mienne. Je fais ressortir des notes sucrées et acide à la fois qui doit être la molécule reproduisant la framboise et, de ce fait, je ne peux pas le porter. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit-là d’une très belle interprétation de la violette.

 

 

 

Comment évoquer la note de violette sans aller mettre mon nez dans « Love In Black » créé en 2008 par Erwin et Oliver Creed pour leur marque éponyme et qui est l’un des bests depuis déjà longtemps. « Love In Black évoque l'apparition d'une femme mystérieuse, camouflée sous une casquette en velours et des lunettes de soleil noires et habillée d'une élégante robe noire, raffinée et chic. Love In Black réunit des ingrédients venant de lieux appréciés dans le monde entier, comme la violette, le cèdre de Virginie, l’iris florentin et le cassis. Une fragrance audacieuse et florale cachant de mystèrieuses épices. Love In Black est aussi puissant que mystérieux, il est présenté dans un magnifique flacon noir mat ». Avec cette création, la marque joue la carte du parfum vintage par excellence avec l’accentuation de notes très poudrées. Le parfum s’ouvre sur des notes de poivre rose, de bergamote, de cassis et de mandarine puis arrive un coeur, construit autour de la violette et de la framboise et rehaussé de clou de girofle ainsi que de notes d’iris et de rose qui renforce le côté très poudré encore accentué par un fond de cèdre et de muscs blancs. Je dois bien le dire, c’est une composition iconique dans la plus pure tradition de la parfumerie du XXème siècle et « Love In Black » est inspiré et inspirant. Pour moi, il est quand même la quintessence d’une certaine féminité avec son côté « boudoir » et je ne pourrais pas le porter mais il est parfait pour les amateurs de notes poudrées presque cosmétiques.

 

 

 

« Création iconique de la maison Violet. Au flacon emblématique paré de feuilles rougissantes, Pourpre d'Automne fut le premier parfum de la collection historique à s'imposer comme un inévitable. A ce nom profondément ancré dans son temps, se devait de répondre un parfum à la lecture simple et moderne, respectant son passé riche et opulent. Cette démarche antithétique trouva une réponse évidente dans la rose. Une rose pourpre étreignant une violette irisée. Une atmosphère chyprée automnale aux notes légèrement sous-bois venant enclore l'union des deux fleurs. Cette vision donnait soudainement sens au parfum et au nom de l'époque. Une description s’étiole face au ressenti. Porté au nez Pourpre d'Automne se drape d'une mousseline de soie. Ses couleurs douces ». Quand je lis la description que fait Maison Violet de « Pourpre d’Automne » créé par Nathalie Lorson en 2018, je me dis que je ne peux pas vraiment en rajouter. Je dirais juste que le départ de feuille de violette est particulièrement tendre et poudré, le coeur de mousse et de rose de Bulgarie vient renforcer le côté cocon puis le fond de benjoin et de muscs parachève l’évolution d’un cocon de bien être à l’ancienne. Réconfortant et volontairement très désuet, ce parfum est également une réussite et je crois que c’est l’un des parfums de la marque que je préfère.

 

 

J’avais envie aussi d’évoquer, pour finir, un cuir de Russie qui fait la part belle à la violette. J’avais pensé, bien évidemment à « Baïkal Leather » de Nicolaï Parfumeur Créateur que je porte mais j’en ai déjà pas mal parlé alors j’ai plutôt opté pour « Aleksandr » lancé en 2012 par la maison Arquiste et que j’aime également beaucoup. « Un après-midi d’hiver glacé, un gentleman termine sa toilette par un mélange de néroli et de violette. Il tire ses manchettes, enfile une lourde fourrure et sort à grands pas, botté de cuir poli. Alors que son traîneau s’élance, le parfum vert et boisé des bouleaux emplit l'air. Là bas, derrière les arbres chargés de neige, dans une clairière nimbée d’ambre, un duel fatidique l’attend ». Typique du style des parfums du début du XXème siècle, l’accord cuir de Russie peut-être associé soit aux agrumes soit à la violette comme dans « Aleksandr » qui est d’une grande finesse et se veut absolument intemporel. Il s’ouvre sur des notes de néroli, d’aldéhydes et de feuilles de bouleau rehaussées par un accord vodka puis, au coeur, on retrouve la feuille de violette et de l’iris pour le côté poudré rendu plus profond par des accents cognac et cuir. Après une longue évolution, le parfum se pose sur un cuir de Russie typique (bois de bouleau et mousse de chêne) enveloppé d’un accord musc animal et de sapin baumier. « Aleksandr » est mon parfum préféré dans la marque et je pourrais tout à fait le porter. Il est, pour moi, indémodable et, comme hommage aux cuirs de Russie classiques, il est absolument incontournable.

 

 

 

 

 

 

 

 

Je crois que, finalement, je suis moins attiré par la note de violette sur moi que sur les autres même si elle est à l’honneur dans plusieurs parfums que j’aime porter. Je trouve, en revanche, que les possibilités qu’elle offre sont très grandes, du plus vintage au plus moderne et contemporain. En tout cas, les quatre parfums que j’ai développé dans cet article sont de très belle qualité et il faut vraiment les découvrir.