Quelques découvertes durant un petit séjour à Paris
Quelques jours à Paris et j’ai eu l’occasion de faire quelques découvertes. Certaines m’ont surpris, d’autres m’ont déçu mais, heureusement, d’autres encore m’ont séduit. Il y a les fragrances que j’avais envie de sentir tant j’en avais entendu parler et celles qui m’ont plu juste comme ça, le temps d’une rencontre ou d’un échange avec un autre passionné et celles que je pensais être pour moi. Je vais essayer de faire le tri dans toutes ces impressions pour vous expliquer ce que je j’ai pu ressentir en essayant d’être le plus sensitif possible et le moins technique aussi. Je n’ai pas forcément été attiré par des fragrances d’été (à part quelques exceptions) car inconsciemment, je prépare peut-être un peu déjà la saison suivante.
Il y a quelques temps, j’ai consacré un article à Unum, la marque de Filipo Sorcinelli (enfin l’une des deux il me semble) mais je n’avais pas découvert, dans le kit d’échantillon l’un des deniers « Io non ho mani che mi accarezzino il volto »… Ouf, j’ai réussi à l’écrire ! C’est un chypré très moderne, très unisexe qui se présente dans un flacon métallique surmonté d’un capot orné d’une cape style cuir très originale. C’est avec une certaine liberté que j’ai pu redécouvrir toute la collection à « L’éclaireur », rue de Sévigné dans le Marais. Ce parfum m’a pas mal séduit. Les notes de tête d’absinthe et de clou de girofle sont tout à fait étonnantes et le coeur de rose vient l’arrondir très vite. Le fond d’encens, de cuir et de patchouli entourent des notes de tabac et surtout d’ambre gris. Ce n’est pas un parfum rond. Je le décrirai presque comme froid, voire métallique malgré cette rose « à l’ancienne » qui lui donne toute son âme. J’ai adoré ce parfum. Je pense que, si je me décidais pour une référence de cette marque, ce pourrait bien être celle-ci. La marque le décrit de la manière suivante : « Pour cette sixième fragrance Unum, le parfumeur Filippo Sorcinelli rend hommage au photographe Mario Giacomelli. Le nom de la fragrance tire son nom d'un poème italien, " Io non ho mani che mi accarezzino il volto " (je n'ai pas de mains qui me caressent le visage) qui fait écho au voeu de solitude de jeunes séminaristes que Giacomelli a photographiés. ». Quant à moi, il m’a beaucoup plu.
C’est aux Galeries Lafayette du Boulevard Haussmann que j’ai découvert (enfin !) « Rose Milano », créé par Marie Salamagne et Daphné Bugey et lancé cette année, en 2020 dans la collection privée de Giorgio Armani. J’avais énormément lu sur ce parfum et vraiment son succès n’est pas usurpé. Il est, pour moi, l’une des plus belles roses (et je pèse mes mots) que j’ai pu sentir dans ma vie. C’est un chypré fleuri, translucide, fascinant, frais et tendre à la fois. J’ai adoré son côté « seconde peau » et vraiment je suis complètement sous le charme. On ne peut pas tout porter mais il sera immanquablement non seulement mon prochain parfum d’été mais aussi, c’est certain, mon premier parfum à dominante de rose dans ce style. J’avais été un temps attiré par « Rose Ivoire » de Caron mais vraiment en sentant « Rose Milano », je l’ai vite oublié. Toutes les notes sont admirablement travaillées. L’ouverture de bergamote est légèrement adoucie par des notes de poire et nous emmène sur l’un des plus beaux coeurs de rose et de jasmin que j’ai pu sentir dans ma vie. Le fond, chypré, classique, s’équilibre entre un patchouli plein d’élégance et une mousse de chêne reconstituée mais qui semble criante de naturel. « Rose Milano » fait partie de mes gros coups de coeur de cette balade olfactive. Je suis tout à fait certain que je le porterai prochainement.
J’avais, en entendant Aliénor Massenet dans une vidéo que j’ai publié dans l’article que je lui ai consacré, tout de suite eu envie de découvrir « Cuir Tassili » qu’elle a créé en 2019 pour la très belle et confidentielle maison Rebatchi. Tel Frédéric Malle, Mohammed Rebatchi a voulu remettre le parfumeur au centre de sa création et a lancé une très très jolie maison à laquelle je souhaite un grand succès. « Cuir Tassili » est mon préféré. Il est à la fois classique et parfaitement étonnant. Cette balade dans le désert, en Algérie, qu’a voulu transcrire Aliénor Massenet est dépaysante au possible. L’ouverture de romarin, de graine de carotte et de myrrhe est particulièrement originale et le coeur de violette, de sauge sclarée et de thé vert lui donne un côté aromatique, presque fougère et pourtant, le fond de cuir et de patchouli est vraiment ce qui le caractérise le plus. J’aime énormément la dualité de ce « nouveau classique » et je suis super content de l’avoir découvert au rayon parfums rare du Printemps Haussmann où nous avons, comme toujours été accueillis délicieusement (mention spéciale pour la responsable du rayon Perris Monte Carlo, pour Marie-Ange qui se reconnaitra et pour la vendeuse des marques exclusives qui est super compétente ainsi que pour la responsable des stands Le Labo et Creed) et je retournerai tourner autour je pense. J’y retrouve tout le talent d’Aliénor Massenet et vous savez combien j’apprécie son travail.
« Un duo surprenant de noisette et de vétiver au sillage plein d’audace et de générosité. Le vétiver d’Haïti, surdosé à 10% dans la formule, exprime toute sa complexité grâce à un assemblage de trois essences exceptionnelles. Associée au vétiver, la noisette chaleureuse et boisée infuse au vétiver une addiction irrésistible. Une vraie débauche de belles matières premières pour un sillage opulent, d’une élégance absolue. ». Tel sont les mots de la marque pour décrire la dernière création, masculine cette fois, de Jean Jacques, le nouveau nez de la maison Caron. J’en avais pas mal entendu parler et je savais que la nouveauté serait lancée en 2020 mais je pensais devoir attendre la rentrée. Nous sommes passés aux deux boutiques de la marque, celle de la rue François 1er et celle de la place Bauvau et nous avons pu sentir « Aimez-moi Comme Je Suis » tout à loisir. Une ouverture de coumarine et de citron, un coeur de noisette et un fond de géranium, de cannelle et de vétiver, ce parfum avait tout pour me séduire et pourtant j’avoue que j’ai été assez déçu dans l’ensemble. C’est un boisé aromatique tout ce qu’il y a de plus mainstream et c’est dommage. Je n’ai pu identifier ni son caractère ni une quelconque singularité. D’autre part, je cherche encore le fond de vétiver. C’est une déception (il en faut bien une) mais peut-être que j’en attendais trop. En ce qui concerne la maison Caron et les parfums masculins qui ont survécu, j’en resterai à « Yatagan » et « Pour un Homme ».
Je vais revenir sur les parfums d’été pour vous parler de « Megamare » le dernier né de la seconde marque d’Alessandro Gualtieri (après Nasomatto), Orto Parisi lancé en 2019. Le moins que l’on puisse dire c’est que cet aromatique iodé est surprenant et qu’il ne plaira pas à tout le monde. La marque le présente de la manière suivante : « Brillante, inaccessible et froide, la mer se dévoile dans cet extrait de parfum avec un mouvement pur et immatériel. Sa transparence et ses formes se succèdent à perte de vue, embrassant notre esprit. Megamare est une douceur salée, aux notes vertes d'algues et aux notes iodées. ». Le départ, très citron et bergamote pourrait avoir un côté « déjà senti » mais le coeur très très alé, marin et iodé avec des accents d’algues renforcés par les molécules d’hédione et de calone. Le fond de cèdre, de muscs blanc et d’ambroxan rend le tout cohérent. Comme ça, sur le papier, on pourrait penser qu’on va trouver une fragrance marine très commune et pourtant non. C’est un parfum transparent, intéressant, attirant et addictif même. Alessandro Gualtieri a réussi avec une déconcertante facilité à sortir du côté « années 80 » des marins pour en créer un vraiment original et qui ne tend pas vers les salins qui semblent fleurir dans toutes les maisons de niche depuis deux ou trois ans et qui me plaisent beaucoup. « Megamare » est clivant, soit on accroche soit il nous rebute. Moi j’aime.
J’avais un peu oublié « Jannat » de Memo même si je l’avais déjà senti je pense. Créé en 2008 par Aliénor Massenet, il est à la fois très frais et hespéridé et floral. Très linéaire avec une ouverture de bergamote, de citron overdosé, de mandarine et de petit grain, il évolue sur une fleur de frangipanier et un néroli qui renforcent sa fraîcheur. Le fond très aromatique de muscs blancs, de sauge sclarée et de liatris, il est arrondi par la fève tonka. J’en avais envie dans l’idée mais j’avoue qu’il a presque une facette « encens » qui ne me convient pas forcément. En revanche, il est rafraîchissant et très agréable à sentir. J’ignorais que Memo avait sorti, un temps, des conditionnement en 30 ml appelés les Échappés qui permettaient de découvrir certains parfums avant de franchir le cap des 75 ml, assez onéreux dans cette marque. Une fois de plus, Aliénor Massenet a pu imposer sa marque en modernisant un grand classique de la parfumerie, soit un hespéridé, en le rendant à la fois complexe et très élégant. Je trouve qu’il est idéal par ces jours de pic de chaleur. Ceci dit, je l’ai essayé et j’avais l’impression de porter le parfum de quelqu’un d’autre. C’est en fouinant chez Marie-Antoinette, dans le Marais, que j’ai découvert ce petit flacon vintage. Depuis, il existe chez Memo un nouveau "Jannat" qui met la fleur d'oranger à l'honneur mais c'est une autre histoire.
Ancien médecin en Russie, Yanina Yakusheva a lancé sa marque que l’on trouve en exclusivité chez Sens Unique dans le Marais à Paris. Je n’ai pu en découvrir que deux mais l’un d’entre-eux est un beau coup de coeur. « Gideon » est un coup de coeur aussi. C’est un cuir intense, épicé, presque poudré avec une ouverture à la fois hespéridée avec la bergamote et le pamplemousse et aromatique avec la lavande. Le coeur d’oeillet, de géranium, de narcisse, de tabac, de poivre de Sichuan et de cèdre entoure un accord cuir très présent. Le fond poudré par l’iris et les muscs blancs est aussi un peu animal avec un ciste omniprésent et un accord de civette qui m’a rappelé de très anciens parfums de mon enfance. J’en ai beaucoup profité pendant le séjour et j’ai adoré. Je pense que Yanina Yakusheva, dont la marque est distribué en exclusivité chez Sens Unique, est très douée et que sa reconversion après un apprentissage du métier de parfumeur est une vraie réussite. J’ai eu un coup de coeur pour la marque autant que pour ce parfum cuir que je trouve particulièrement beau et intéressant.
Retournons chez Memo pour nous pencher sur « Ocean Leather » créé par Aliénor Massenet et sorti en 2020 car je n’avais pas eu le temps de le sentir jusque-là. C’est un « cuir marin » si l’on peut dire et je trouve qu’il est très joli même s’il m’a sans doute moins surpris que les autres fragrances de la collection Leather. Son ouverture de violette et de mandarine est aussi aromatique avec une note basilic. Le coeur d’élémi et de cèdre est relevé par la sauge sclarée et le fond de vétiver et de noix de muscade repose sur un accord cuir. Curieusement, et même si je suis influencé par le nom du parfum, je lui trouve des facettes marines voire même salines. C’est un très joli parfum même si, par rapport aux autres fragrances de cette collection de Memo, il est un peu plus « classique ». Il va plaire durant cette période de chaleur car, malgré une certaine fraîcheur, il est très puissant et capiteux. Une dualité qui ne peut que me plaire beaucoup. J’ai pas mal été séduit par cette découverte faite au nouveaux magasin Galeries Lafayette sur les Champs Élysées grâce à une vendeuse tout à fait passionnée et compétente.
Je n’ai jamais été très fan de « Spice Bomb » ou du « Bonbon » de Viktor & Rolf aussi ne m’étais-je jamais pensé sur la collection privée appelée Magic et peut-être avais-je eu tort. Nous avons découvert, au Printemps Haussmann, « Dirty Trick », un très joli oriental à la fois discret, original et tout à fait bien vu créé par Marie Salamagne en 2017. L’ouverture est la reconstitution d’une note d’encre un peu amandée. Au coeur, on retrouve un iris à la fois poudré et fleuri et le fond de daim et de cèdre est soutenu par une délicate vanille. J’ai trouvé cette création très singulière et très élégante. Le flacon en verre transparent dans lequel l’air a incrusté des bulles est présenté dans un écrin comme un objet précieux. Le jus est très bien imaginé, tenace et son sillage qui pourrait faire un peu peur se révèle finalement assez discret. J’aime beaucoup son côté oriental et délicat à la fois. C’est une très belle surprise. Je n’ai pas découvert le reste de la collection mais nul doute qu’elle doit recéler de beaux jus qu’il faudrait découvrir.
Il y a eu plusieurs re-découvertes telles « Secrète Datura » de Maître Parfumeur et Gantier mais aussi « Plum Japonais » de Tom Ford et sans doutes d’autres parfums qui auraient mérité de figurer dans cet article mais j’ai choisi de vous parler seulement de ceux qui m’ont beaucoup marqué dans le bon comme dans le mauvais sens. Ces quelques jours à Paris ont été fructueux tant au niveau olfactif que humain car nous avons aussi fait, au cours de nos pérégrinations, de belles rencontres.
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