Passion Parfums

Avec la fin du mois d’août, les parfumeries ont rouvert leurs portes à Lyon et je dois dire que j’en ai déjà profité pour faire des découvertes. Il y a de nombreux parfums à côté desquels je passe parfois sens les sentir. C’est inépuisable. J’avais envie de mettre mon nez dans des fragrances plutôt conformes à ce que j’aime ou à ce qu’apprécie mon entourage direct. Certains ds parfums que j’ai pu sentir sont connus du public ou des amateurs, d’autres moins. En tout cas, j’avais envie de faire un article sur cinq créations qui me plaisent et que j’ai pu découvrir ou redécouvrir récemment. Je vous emmène donc une fois encore dans mes pérégrinations parfumées en espérant vous donner envie de sentir et pourquoi pas de porter de belles choses à côté desquelles j’étais un peu passé.

Le premier parfum dont j’avais envie de parler est un best de la marque. Il s’agit de « La Chasse aux Papillons » lancé en 1999 et créé par Anne Flipo pour L’Artisan Parfumeur. Bien évidemment, je l’avais déjà senti dans sa version originale comme dans sa re-création en extrême par la même parfumeure la même année et qui est assez différente mais je crois que je préfère l’eau de toilette comme bien souvent quand les deux concentrations existent. La marque le décrit ainsi : « La Chasse aux Papillons est un souvenir d'enfance inspiré par les jeux de chasses aux papillons sous un ciel d’été. Signé par le Maitre Parfumeur Anne Flipo, le parfum s'ouvre sur une fraicheur épicée de bergamote, de fleurs de citronnier et de baies roses. Le coeur est un bouquet floral composé de fleur d'oranger, de jasmin et de tilleul, délicieusement envoûtant et solaire. La gaze des ailes de papillons et les filets fins font écho à la nature délicate de ce parfum. Le résultat, doux, lumineux et pur, est un écho à l'innocence bucolique des jours d’été ». À la fois pétillant, floral et apaisant « La Chasse aux Papillons » s’ouvre sur des notes de fleur d’oranger et explose avec un coeur à la fois opulent de jasmin contrebalancé par la douceur du tilleul qui perdure jusqu’à la fin de son développement. Je trouve que « La Chasse aux Papillons » est un l’un des bests de la parfumerie à côté duquel on a un peu tendance à passer rapidement lorsqu’on s’y intéresse et c’est dommage car il y a quelque chose de très élégant qui s’en dégage. Je suis content de l’avoir redécouvert. Je le trouve « réjouissant ».

Avec la sortie de la nouvelle création de Christine Nagel pour la collection des Hermessences, j’ai eu envie de remettre mon nez dans certains parfums cuir et violette. C’est une marotte comme une autre me direz-vous. En tout cas, et même si je ne suis pas un grand fan de la maison Oriza L.Legrand, j’ai eu envie de découvrir « Violettes du Czar » créé par Hugo Lambert et lancé en 2014. « Parmi les parfumeurs de France, seule la Maison Oriza L. Legrand eut l’honneur de se voir concéder le diplôme de Fournisseur de la Cour de Russie et c’est en témoignage de sa reconnaissance qu’elle composa une série de produits fins et délicats, aux Violettes du Czar, que leur incontestable supériorité a fait adopter par les hautes personnalités mondaines et dans toutes les Cours d’Europe. La violette de Nice, infiniment plus fine, plus douce, plus distinguée, mêlée aux accents racés des Cuirs Russes, des Baumes et des Ambres, se révèle moins sage que le langage qu’on lui prête. Violettes du Czar est bien le parfum audacieux qui convient aux élégants et élégantes comme il faut ». Plusieurs variétés de violettes, une facette poudrée par l’iris et amandé par l’héliotrope et un fond cuiré ont étés utilisés pour composer un parfum vintage, comme un cuir de Russie des années 20 avec cette note de violette très présente. « Violettes du Czar » est peut-être moins « cuir » que je n’aurais cru mais son évolution est vraiment très belle. Je la trouve d’une élégance très évidente. J’aime beaucoup le côté complètement vintage et assumé de ce parfum qui a su me séduire.

Le troisième parfum dont j’avais envie de parler, je le connaissais déjà, je l’avais bien évidemment essayé mais je l’avais un peu oublié même si, contre toute attente, il m’avait vraiment séduit dès que je l’avais posé sur ma peau. Dans la collection des Portraits de Penhaligon’s, je suis vraiment très fan de « The Revenge of Lady Blanche », « Roaring Radcliff » qui a été discontinué et « Much Ado About the Duke » mais je suis moins sensible peut-être aux autres créations sauf une qui, sur le papier, ne devrait pas pas me plaire du tout. Il s’agit de « Changing Constance » créé par Juliette Karagueuzoglou en 2018. En voici donc l’inspiration : « Sœur de Lady Blanche, Constance est définitivement ce qu'on pourrait appeler une femme moderne. Signe des temps, et que voulez-vous, « the times they are a Changin' » ! (Bob Dylan ? N'exagérons rien, la mode est encore aux corsets !) Bien sûr, le progrès, c'est le progrès. Mais tout de même, finira-t-elle par se marier ? Pourquoi travailler ? Qu'est-ce qui cloche avec notre Gouvernement ? Et pourquoi, pourquoi diable a-t-elle tant d'opinions ? Malgré tout cela, les hommes tombent à ses pieds, Les enfants l'adorent, et les domestiques sont aux petits soins pour elle. Ciel, on l'entend vociférer jusque dans le salon ! Qu'est-ce qu'elle réclame donc là ? Le droit de botte pour les femmes ? Pas très « lady » comme attitude... Très préoccupant. Bientôt, elle voudra se mettre en pantalon ! (Grands Dieux, et que restera-t-il aux hommes si les femmes portent la culotte ?) ». Équilibré mais subversif, avec une envolée de cardamome et de piment, un coeur de caramel salé et un fond de tabac et de vanille, ce parfum est un peu, je trouve, le pendant de « Roaring Radcliff » et pourrait prendre la suite sur ma peau. Je le trouve particulièrement réussi, très intéressant à porter et vraiment agréable. Dandy au féminin ou au masculin, celle ou celui qui porte « Changing Constance » devra être audacieux et aimer casser un peu les codes de la parfumerie. J’aime énormément cette création.

J’ai eu l’occasion de découvrir et redécouvrir plusieurs créations de la maison « Le Galion » cet été et, très récemment, « Aesthete » de la maison Le Galion créé par Vanina Muracciole en 2015. « Derrière chaque parfum Le Galion, il y a un poète, un magicien, un musicien. Un parfum ne se compose pas comme un bouquet. Il ne suffit pas de mêler les fleurs aux épices et aux bois. Il faut aussi un peu de magie. Paul Vacher était ce magicien. Dans son hôtel particulier à Neuilly ou les flacons s’alignaient le long des boiseries, il composera des parfums comme d’autres des poèmes ou de la musique. Grand Ami des arts, et pianiste, ses proches amis seront des artistes à l’instar de Maurice Ravel. En hommage à cet esthète et Parfumeur de la Maison, Le Galion crée Aesthete, un cuir persan, de caractère, raffiné et élégant. Aesthete s’ouvre sur des notes de Mandarine d’Italie, d’essence de Davana, d’encens hyperessence et de safran, développant un coeur de cuir, bois de gaïac, castoréum, … ». C’est un cuir à l’ancienne, franc, épicé et boisé. Il s’ouvre avec des notes de mandarine, d’armoise, de davana, d’encens et de safran qui lui confèrent quelque chose d’à la fois classique et un peu inédit. Le coeur de cuir, de bois de gaïac, de castoreum et de oud est enveloppé d’un jasmin qui apporte une facette à la fois douce et opulente puis, le fond de bois de santal, de vanille et de muscs blancs casse un peu le côté un peu abrupt du parfum. Il n’est résolument pas pour moi mais je reconnais que c’est un très beau parfum, une création d’un grand chic et qui pourra plaire autant aux hommes qu’à des femmes très audacieuses.

Je dois reconnaitre que je ne connaissais pas vraiment « Eau Noire » créé par Francis Kurkdkian pour la collection privée de la maison Christian Dior en 2004. Avec sa réédition dans un format 40 et 125 ml, la marque a voulu revenir aux fondamentaux de la collection mais aussi de la parfumerie en remettant à l’honneur les ingrédients emblématique de l’art olfactif. « Ce parfum à l'allure d'une silhouette nocturne renaît dans un nouvel élan, signé par un trio d’absolus et d’essences de lavande d'une grande qualité qui dialoguent avec la note de myrrhe et d'autres notes, gourmandes et justement dosées, lesquelles lui confèrent un effet troublant et chic ». Le départ de ce parfum est résolument aromatique mais demeure très différent de ceux des aromatiques fougères classiques. On y retrouve des notes de sauge sclarée et de thym qui conduit sur un coeur de lavande, de cèdre, de bois de réglisse et de violette puis un fond vanillé. Avec cette composition à la fois très aromatique, un peu orientale et épicée et profondément originale, Francis Kurkdjian signe un parfum très difficile à décrire. Je ne peux que vous donner mes impressions quant à ce à quoi il ressemble sur ma peau. Je trouve que le bois de réglisse ressort beaucoup et j’aime bien cette sensation à la fois dense et fraîche. Globalement, et même si je suis souvent hermétique à l’univers olfactif de ce parfumeur, j’ai bien aimé « Eau Noire ». Le porterais-je ou pas je ne le sais pas mais j’ai bien aimé le sentir.

Je dois dire que j’ai pris beaucoup de plaisir à aller sentir et essayer ces cinq parfums. Je les ai trouvés tous intéressants même si j’en reviens, très curieusement à « Changing Constance » tout le temps. En tout cas, je me suis amusé à sortir de mes goûts, de mon confort olfactif pour tenter de découvrir des parfums qui, au départ, ne me plairaient pas et qui, pourtant, me séduisent. J’espère une fois encore vous donner envie d’aller y mettre votre nez.