Quelques découvertes et redécouvertes
Je sais que vous aimez bien mes petites promenades dans mes doses d’essai et j’avais un peu laissé tomber le concept mais, en ce moment, pour une fois, j’ai un peu de temps et je me suis remis à essayer des parfums que je connaissais ou à côté desquels j’étais un peu passé. En tout cas, j’en ai retenu quatre très différents les uns des autres et je vais essayer de vous donner mon ressenti. Je ne l’ai pas précisé depuis longtemps mais ce que je pense des parfums n’engage que moi et n’a absolument aucune valeur de critique. Je pense vraiment qu’il n’y a rien de plus subjectif que le parfum. D’autre part, je trouve complètement ridicule de tout décrypter car c’est impossible. Il vaut mieux, je pense, tenter de traduire par des mots, nos émotions. C’est le sens de mes échanges récents avec plusieurs d’entre-vous et je dois dire que je suis entièrement d’accord. Si, souvent, je détaille la pyramide olfactive ce n’est qu’un support informatif rien de plus. Un parfum, ça se sent et ça s’essaye. Le reste n’est qu’impressions personnelles. J’ai retenu quatre créations très différentes et j’espère que je vous donnerai envie de les sentir. Alors rejets, coups de coeur, indifférence, vous verrez en me lisant car je vous emmène avec moi.
Si « Lace Garden » créé par le regretté Jean-François Latty pour Téo Cabanel en 2015 était sortie dans une grande marque de luxe, il est probable qu’il serait devenu un incontournable parmi les grands fleuris et, j’ose le dire, les grands féminins. Pour moi, il est parfaitement réalisé. Le mot qui me vient est « impeccable ». Il s’ouvre avec une note de citron qui entoure un ylang-ylang très solaire puis le coeur de magnolia un peu aquatique, de jasmin et de tubéreuse presque vénéneuse mais très florale se pose sur un accord vanille, benjoin et notes poudrées. C’est un classique. Un must de la belle parfumerie à la française et je dois dire que je l’avais bien aimé quand je l’ai découvert. Caroline Ilacqua, fondatrice de la marque en décrit ainsi l’inspiration : « Composé par Jean-François Latty, Lace Garden se veut un hommage aux arabesques des jardins à la française. J’ai souhaité retranscrire dans ce parfum les doux souvenirs de promenades au Château de Fontainebleau avec ma grand-mère. Le labyrinthe, le jardin de Diane et les jeux d'enfants interminables entre les buis… Autant de lieux qui m’ont vu grandir et qui, associés aux effluves des parterres de fleurs blanches, ont marqué ma mémoire olfactive ». Pour moi, c’est une véritable ode à la féminité et je pense que, pour une fois, je n’arriverai pas à le porter mais je lui reconnais une rare élégance. Il est le seul parfum de ma sélection à demeurer quand même un peu difficile à aborder pour un homme mais il n’y a jamais de hasard, j’ai aimé son développement sur ma peau. Pour moi, il a tout d’un grand parfum et je trouve presque dommage qu’il soit aussi confidentiel.
« Création iconique de la maison Violet. Au flacon emblématique paré de feuilles rougissantes, Pourpre d'Automne fut le premier parfum de la collection historique à s'imposer comme un inévitable. A ce nom profondément ancré dans son temps, se devait de répondre un parfum à la lecture simple et moderne, respectant son passé riche et opulent. Cette démarche antithétique trouva une réponse évidente dans la rose. Une rose pourpre étreignant une violette irisée. Une atmosphère chyprée automnale aux notes légèrement sous-bois venant enclore l'union des deux fleurs. Cette vision donnait soudainement sens au parfum et au nom de l'époque. Une description s’étiole face au ressenti. Porté au nez Pourpre d'Automne se drape d'une mousseline de soie ». Il y avait quelques temps que j’avais envie de remettre mon nez dans « Pourpre d’Automne » créé en 2018 par Nathalie Lorson pour Maison Violet. C’est une violette poudrée classique. Je dois dire que j’ai très bien identifié les notes puisque le parfum s’ouvre sur des notes de feuille de violette pour nous conduire sur un coeur de mousse, de rose de Bulgarie puis un fond de benjoin et de musc. Sur ma peau, le parfum se fait doux, poudré, très cosmétique et, sur le papier, il a tout pour me plaire mais… Il y a bel et bien un mais. Il y a une note vraiment acidulée en tête que je n’identifie pas et qui me gêne un peu mais surtout, il ne me provoque pas du tout d’émotion. Je ne saurais vraiment pas dire pourquoi car il réunit tout ce que j’aime habituellement et que je reconnais qu’il est très bien fait. Subjectivité quand tu nous tient.
J’ai un peu ressenti la même chose pour « Musc Immortel » créé par Marie Salamagne dont j’aime vraiment beaucoup le travail par ailleurs et qui est une vraie ode à l’immortelle, une note qui m’est également chère mais, je dois bien le dire, il me laisse un peu sur ma faim. La marque le décrit ainsi : « Un parfum infusé d'Immortelle, de Bois et de Musc. L'immortelle est bien connue pour son parfum puissant et naturel, qui assure une fragrance chaleureuse, avec une tonalité légèrement caramélisé. Les muscs riches et les bois se combinent dans cette eau de parfum de prestige, créant une lueur somptueuse, comme réchauffée par la lumière d'un feu. Musc Immortel est un parfum addictif, intensément sincère mais également sophistiqué qui vous retient étroitement dans son étreinte olfactive ». L’envolée de pamplemousse rehaussée de sauge et poudrée par l’iris est très fraîche et originale et le coeur de patchouli, de vétiver et de cypriol donne au parfum quelque chose de très boisé léger puis le fond d’ambrette et de muscs blancs renforcent cette immortelle que, finalement, je ne sens qu’en filigrane. Peut-être est-ce là le sujet de ma frustration. En tout cas, si je reconnais que c’est un très beau parfum, il n’est pas forcément pour moi. La quête de l’immortelle idéale (hors « Sables » de Goutal qui rester hors-concours) passe par une multitude d’essais et j’y reviendrai bien sûr. « Musc Immortel » ne sera pas celui-ci mais il est très qualitatif tout de même et il est très agréable à sentir.
Je suis complètement dérouté par Orto Parisi la marque fondée par le parfumeur italien Alessandro Gualtieri qui avait déjà à son actif les très singulières créations de Nasomatto. J’avais écrit une revue quand j’ai découvert la marque mais j’ai décidé d’en réessayer quelques uns. C’est le cas de « Terroni » lancé en 2017 et qui semble, malgré le fait que le parfumeur ne communique pas sur les notes, avoir trois grandes lignes directrices : le vétiver, l’encens et le oud. Sa concentration extrait confère à ce parfum quelque chose de très dense. Il est intense, puissant et le parfumeur en décrit ainsi l’inspiration : « Hommage à cette région mythique qui borde la baie de Naples et sur laquelle on ressent un vertige mêlée de vénération pour le Vésuve. Terroni est un parfum puissant, fumé et imprévisible, comme la fureur du volcan. Il s'inspire des racines boisées et de la terre riche d'éléments sauvages et précieux qui se trouvent sur la légendaire caldéra ». Le départ m’a beaucoup plus plu que la première fois. Il a quelque chose de très vétiver dans sa facette un peu tourbe mais, au fur et à mesure qu’il se développe, il prend de l’ampleur et le oud ainsi que l’encens prennent toute la place jusqu’à franchement me déranger. Je dois dire que je n’ai pas vraiment adhéré à ce parfum et je comprends pourquoi. Les notes de fond me dérangent résolument. Je ne pourrais absolument pas me l’approprier même si j’en mesure la qualité artistique.
Vous l’aurez compris, je n’ai pas eu de coup de coeur dans ces trois essais même si je reconnais que, dans l’absolu, ce sont de belles créations. Je suis très content toutefois d’avoir remis mon nez sur ces fragrances atypiques, qualitatives et particulièrement travaillées. Je suis un peu toujours content de découvrir de belles choses même si elles ne sont pas du tout faites pour moi.
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