Passion Parfums

« Rock n'Roll & Intemporel. Quand Andy Warhol cherche à s’installer du côté des Hamptons, il avouera avoir choisi Montauk pour l’architecture décalée et un peu kitsch du Memory Motel (toujours en activité) avec son côté Tiki, Tudor et très Motel 6.Warhol devient un point d’ancrage, le phare de toute une génération de créateurs, louant même un été sa grande maison aux Stones pour les répétitions de leur tournée et le pré-enregistrement de ce qui sera l’un de leurs plus grands albums ‘Black and Blue’, dans lequel restera gravée à jamais la mélancolique ballade ‘Memory Motel’. Avec ce parfum éponyme, c’est un hommage brûlant que nous rendons à ce vernis vintage d’une époque agitée, toute en ébullition. Un parfum androgyne où le tabac s’enroule dans une feuille de patchouli, transpercée d’un trait de vanille. Il y a quelque chose d’hier, de rock n’roll et d’intemporel. » Telle est la description que donne la marque de ce parfum créé par Annick Ménardo et lancé en 2017 par la marque Une Nuit Nomade. C’est l’un des parfums que je découvre aujourd’hui en fouillant dans mes doses d’essai. Chypré, boisé, élégant, il a pour lui de ne ressembler à rien d’autre. Je n’avais pas encore découvert de parfum dans lequel le tabac est conjugué avec l’accord chypre, le cuir et le géranium, tout du moins pas sous cette forme-là. « Memory Motel » a donc tout pour me plaire. Il est moderne dans sa conception et la note d’iris vient encore renforcer son originalité. Au départ, l’envolée de bergamote pourrait me faire penser à un parfum frais un peu banal mais il faut l’attendre. Très rapidement, il devient profond, surprenant. Je ne dirai pas que c’est un parfum élégant dans le sens classique du terme mais plutôt qu’il est une véritable plongée dans un monde où se croisent noctambules qui rentre chez eux et matinaux pour lesquels la journée commence. Personnellement, je le porterai très facilement dans les deux circonstance. Je le trouve idéal pour une soirée, un spectacle, un concert car son côté atypique viendrait bien compléter une oeuvre artistique. Ceci dit, tout en ayant sa petite pointe d’extravagance, il reste facile à porter, il surprendra mais ne dérangera pas. Je le trouve assez idéal pour cette inter-saison. Je l’avais découvert l’an dernier mais je ne m’y étais pas penché à nouveau. C’est un bel essai et un petit coup de coeur dans une famille olfactive que je porte déjà beaucoup mais, à réessayer avant de décider si ce sera un top.

 

 

En règle générale, je n’aime pas tellement les parfums boisés ou tout du moins pas pour moi, pourtant, lors de sa sortie en 2017, j’avais eu un coup de coeur pour « Wood of Life » créé par Michel Roudnitska pour la marque franco-britannique Anima Vinci. Le départ déjà ne ressemble à rien d’autre. Outre les agrumes (pamplemousse, mandarine, bergamote), on sent très distinctement des notes de gingembre qui me plaisent beaucoup. Puis la cannelle vient s’ajouter aux notes déjà épicées du bois de piri piri et du palo santo. J’aime énormément le fond du parfum qui s’enrichit d’une note cuirée et d’autres bois comme le santal et le vétiver ainsi que d’une facette clairement patchouli. Dans cette création très complexe, Michel Roudnitska a su vraiment restituer tout le côté spirituel que la marque a voulu donner à ce parfum comme objet de méditation. « Wood of Life » est singulier, atypique, très original et (même si je suis peut-être conditionné par l’esprit de la marque), je trouve qu’il apporte un certain bien-être lorsque je l’essaye. Remettre mon nez dedans m’a permis de me rendre compte que je le trouvais toujours aussi réussi. Michel Roudnitska s’est un peu éloigné du milieu de la parfumerie mais, ponctuellement, il invente des parfums afin de participer à des projets qui lui tiennent à coeur. En 2016, il avait aussi créé « Agua Nativa », dans un esprit un peu voisin pour la marque Parfumeurs du Monde qui tablent sur des parfums très concentrés mais uniquement composés de matières naturelles. J’avais bien aimé mais je suis plus attiré quand même par « Wood of Life » qui, tout en m’emmenant très loin de ma zone de confort, me plait, me séduit complètement. Moi qui ne me reconnais pas pas vraiment dans la plupart des parfums boisés, je suis complètement sous le charme de celui-ci. Il est tellement différent de tout ce que j’ai pu sentir jusque-là. Je voudrai faire une parenthèse en évoquant un peu la marque. Je l’ai fait quelques fois déjà mais je trouve que toutes les créations qu’elle a sorti sont vraiment des réussites. Anima Vinci est vraiment, pour moi, un label de qualité. Si je parle souvent de « Sésame Chân » ou encore de « Jasmin Yang », c’est que ce sont ceux qui sont les plus proches de mes goûts mais toutes les créations sont vraiment magnifiques. Mais revenons à « Wood of Life », c’est pour moi véritablement une magnifique découverte et je ne vous apprendrai rien en vous disant que c’est un top.

J’ai essayé également «Virgile » de Sylvaine Delacourte. En lançant sa marque, cette ancienne directrice artistique des parfums Guerlain a décidé d’avoir une démarche un peu inédite. Elle a donc sorti à ce jour trois collections. Chacune d’entre elle tourne autour d’une matière première. Il y a eu les muscs, les vanilles et les fleurs d’oranger. « Virgile » fait partie de la seconde, a été créé en collaboration avec Irène Farmachidi et a été lancé en 2018. Il est décrit par la marque comme une vanille aromatique et le pari osé par Sylvaine Delacourte est d’associer cette matière première vedette en parfumerie avec la sauge, le romarin et le bois de cèdre.Voici le parfum tel qu’il est présenté par la marque : « Virgile, poète symbolisant à la fois la sagesse, la discrétion et la sérénité, avait souvent ses cheveux habillés d’une couronne de feuilles. J’ai voulu lui rendre hommage en imaginant une association inédite de la vanille avec des notes aromatiques qui calment les sens. Vous sentirez cette vivacité dès l’envolée du parfum qui vous transportera immédiatement, vivacité tout en contraste avec la vanille douce et tendre. » Le départ est, en effet, très surprenant et j’avoue que j’ai été plutôt séduit lorsque je l’ai senti. Je lui trouvais une certaine finesse et une originalité qui m’a plu. En revanche, sur moi, il tombe un peu à plat et je suis un peu déçu de ce qu’il m’a renvoyé. Tout d’abord, je me suis retrouvé avec une vanille très (trop) classique, voire même complètement solinote qui ne m’a pas vraiment emporté. D’autre part, je m’attendais à un peu plus de profondeur voire même de tenue et, finalement, je suis un peu resté sur ma faim. Je pense que, n’étant pas forcément attiré par la vanille, je m’attendais à être plus surpris. Pour moi, « Virgile » serait plutôt un flop même si je pense qu’il peut et qu’il va plaire aux amateurs de cette matière première qui a décidément beaucoup de succès en parfumerie.

 

 

En 2019, deux parfums en hommage au pays de Grasse ont été créés par Jean-Claude Ellena pour la maison Perris. J'ai particulièrement aimé "Jasmin de Pays". Je l'ai découvert dès sa sortie il y a quelques mois et j'ai été entrainé au milieu d'un champ de fleurs. Imaginez l'odeur caractéristique du jasmin mêlée de note vertes et d'autres plus amandées et vous aurez une idée de ce qu'est cette fragrance. Quand j'ai essayé "Jasmin de Pays", j'ai ressenti comme un souffle d'air et de soleil. Je pense que, lorsque les températures seront plus clémentes il va rencontrer un beau succès auprès des amateurs de parfums fleuris... et pourquoi pas des autres. J’ai décidé, il y a quelques jours, de le réessayer pour confirmer (ou infirmer) ce que je pensais. Pour ce qui est du jasmin, je suis vraiment accroc de « Madagascan Jasmine » créé par Michel Roudnitska pour Perris Monte Carlo mais j’admets bien volontiers que celui-ci soutient très bien la comparaison, mieux, qu’il est complémentaire. Je l’ai déjà évoqué dans mon article « Sa Majesté Jasmin » mais je trouvais qu’il méritait qu’on s’y étende un peu plus. Lorsque je l’ai senti autour de moi, j’ai eu l’impression d’un jardin au printemps, de quelque chose de très naturel, de caractéristique du jasmin de Grasse qui est très différent de celui qui pousse au-delà des océans. Jean-Claude Ellena a bien su, en mettant cette très belle matière première en valeur, être en osmose avec la démarche artistique de la maison Perris Monte Carlo. Je suis complètement sous le charme de ce parfum qui est, pour moi, l’une des plus belles sorties de 2019 avec « Aranja di Sicilia » de la même maison et « Acqua di Scandola » de Parfum d’Empire. Pour moi, « Jasmin de Pays » est clairement un top il n’y a pas de doute. C’est un bijou !

 

Il y a quelques temps, j'ai découvert "Spencer Hart - Palm Springs" de "Floris London" lancé en 2014 sur une demande du styliste londonien et j'ai beaucoup aimé. Mais je n’ai pas franchi le pas aussi je me suis pris l’envie d’utiliser la dose d’essai que j’avais en ma position. J’ai un peu de mal à le définir, un peu floral, un peu boisé, un peu épicé, très moderne par rapport aux autres créations de la marque, il a été inspiré par le créateur pour homme "Spencer Hart" qui doit avoir pignon sur Jermyn Street également il me semble. Je m'attendais à un parfum assez classique, fait pour s'assortir avec des costumes impeccables et "so british" mais il est bien au-delà de ça. Élégant et audacieux, faussement bcbg, très chic quand même, je pense qu'il peut se porter de bien des manières et y compris, pour les hommes qui ont un look plus jean baskets.Il me semble aussi qu'il serait ultra élégant sur une femme. C'est une réussite. Il me plait beaucoup. Je trouve qu’il est vraiment l’essence du chic à la britannique. Il m’emmène dans les rues d’un Londres cosmopolite et où se rencontrent une ambiance de traditions ancestrales percutées de plein fouet par une modernité et un avant-gardisme absolument indéniable. Je l’ai essayé à de nombreuse reprises et je le trouve toujours différent. Je lui trouve vraiment une élégance tout à fait agréable. C’est un oriental mais pas vraiment tel qu’on l’entend. Il a des notes aromatiques, fraîches et épicées, notamment le clou de girofle que j’aime beaucoup en parfumerie qui contrebalancent vraiment le côté ambré et vanillé des notes de fond. De plus, les muscs blancs mettent vraiment en valeur la composition. Comme beaucoup de parfums estampillés masculins, la lavande est bien présente mais elle est adoucie et délicate. J’aime vraiment beaucoup « Spencer Hart - Palm Springs ». Je crois qu’il va disparaitre du catalogue de la marque et c’est bien dommage. Il est pour moi, vraiment un top.

 

 

 

C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai pu remarquer que la marque Atkinsons était de nouveau disponible en France lors de mon dernier séjour à Paris. J’avais porté un parfum de la marque il y a une quinzaine d’années et elle avait disparu des grands magasins. Je crois qu’elle a été rachetée par un groupe italien et, entre créations anciennes et nouvelles, la revoilà. J’ai la chance d’avoir plusieurs doses d’essai. Mon premier test est « Love in Idleness », lancé en 2015 et créé par le très « frenchy » Fabrice Pellegrin. C’est un travail autour de la violette, de l’iris et de l’héliotrope mais traité de manière chyprée avec une ouverture de bergamote et de framboise ainsi qu’un fond de patchouli et de mousse de chêne. Rien que le nom est tout à fait évocateur « l’amour dans l’oisiveté », un humour à l’anglaise pour une délicieuse création toute en légèreté et en finesse. Attention, c’est un chypre fleuri et il n’est absolument pas poudré malgré l’association violette, iris et héliotrope. Il y a comme une rondeur, une douceur enveloppante et élégante à l’ancienne. Je vous accorde que « Love in Idleness » garde un côté suranné tout en restant complètement naturel. Non non non, ce n’est pas un parfum uniquement pour charmantes octogénaires aux cheveux mauves, il peut-être très sympa sur une jeune fille en jean un peu élégante ou sur un garçon à l’esprit dandy à l’anglaise. Personnellement, il n’est pas forcément pour moi mais j’adore le sentir et il reste un top dans l’absolu. Je vous engage, si vous passez par le Printemps du boulevard Haussmann à Paris, n’hésitez pas à aller découvrir les créations de cette marque britannique, vous pourriez bien avoir des coups de coeur.