Quelques généralités sur ce que j'aime
Le parfum peut-être parfois une invitation au voyage. Je l’ai souvent dit lorsque j’ai évoqué « Ylang-Ylang Nosy Be » de Perris Monte Carlo par exemple car, j’ai l’impression, lorsque je le sens et, encore plus lorsque je le porte, de me retrouver en Polynésie. Il m’a d’ailleurs évoqué depuis le début « Les Marquises », la chanson de Jacques Brel. J’imagine des fleurs exotiques dont les pétales sont alourdies par la pluie dans une alternance de nuages et de soleil chaleureux. Je crois que nos impressions olfactives, tout comme notre mémoire, associe ce que nous sentons à des émotions, des actions ou encore à des moments de notre vie plus ou moins agréables.
L’un de mes exemples précis est « L’Eau d’Hermès », créé en 1951 par Edmond Roudnitska. C’est un parfum que j’aime particulièrement car, pour moi, il est la quintessence de ce que peut-être un cuir de Russie à l’ancienne mais avec un twist résolument moderne apporté par la note de cumin à l’envolée. On aime ou on déteste mais elle fait l’identité de ce parfum. Et bien pour moi, il est lié à ma rééducation après une fracture de la tête de l’humérus de mon épaule droite il y a deux ans. J’ai du faire de très nombreuses séances avec un kinésithérapeute, au demeurant fort sympathique, et, comme il se tenait tout près de moi pour faire des exercices, il ne fallait pas que mon parfum l’incommode. C’est pour cela que j’avais choisi « L’Eau d’Hermès » que je trouvais un peu neutre mais pas trop et dont le sillage était plus que limité. C’était un effluve classique, élégant et sans vraiment de prise de tête. Je dois dire que, depuis que je suis passionné de parfumerie, je privilégie plutôt des créations un peu plus clivantes or « L’Eau d’Hermès » convenait à la situation et me rappelle vraiment les moments où j’étais très « douloureux ». J’aime toujours énormément ce parfum mais il est vrai que je le porte moins cet été. Je pense qu’il faudra que je l’associe à un autre souvenir.
Une autre situation se présente à moi quotidiennement, c’est le parfum que je vais choisir pour aller travailler sachant que mon bureau est fermé et difficile à aérer. Je déteste ennuyer mes collègues avec un parfum trop intense mais aussi doté d’un sillage trop puissant. La semaine, je vais donc plutôt privilégier certaines de mes signatures comme « L’Île au Thé » de Goutal ou encore « Sublime Balkiss » de The Different Company. Je me suis surpris à porter, pour le plus grand plaisir de deux personnes qui travaillent avec moi, « Abyssae » de la collection La botanique de L’Artisan Parfumeur qui m’a attiré de nombreux compliments. J’essaie de changer tous les jours mais parfois il m’arrive d’avoir des marottes et de privilégier un parfum ou un autre pendant plusieurs semaines pour m’accompagner. J’ai souvenir l’an dernier de « Feuilles de Tabac » de Miller Harris qui m’avait été offert et que je portais au moins un jour sur deux. Cette année, c’est « Nuit Étoilée » de Goutal que je porte vraiment très souvent. Je pense qu’il va beaucoup m’accompagner cet été. Je suis très content de l’avoir redécouvert.
Il y a aussi ce que j’appellerai « mes parfums d’humeur », quand je me sens fatigué j’ai un peu tendance à aller, l’hiver, vers « Ambre Russe » de Parfum d’Empire et l’été vers « L’Eau Guillerette » d’Anatole Lebreton. Je trouve qu’ils évitent la monotonie et les humeurs maussades. En tout cas, sur moi, ça marche bien. J’ai aussi tendance, lorsque j’ai envie de dégager un peu d’énergie, en ce moment, à porter « Fathom V » de Beaufort London et « La Couleur de la Nuit » de la maison Les voyages imaginaires. Ce sont mes envies récurrentes en ce moment alors que l’été dernier, je portais essentiellement « Lux » de Mona di Orio quand je voulais « un parfum bonne humeur ».
Enfin il y a les parfums que j’aime depuis toujours et que j’ai mis très longtemps à oser porter. Bien sûr, on peut toujours citer « Le Parfum de Thérèse » composé par Edmond Roudnitska et sorti aux Éditions de Parfums Frédéric Malles mais également « Petite Chérie » et « Ce Soir Ou Jamais » de Goutal qui sont autour de la rose et de la poire. Je les avais toujours trouvés trop féminins mais je les ai un peu mieux essayés et je les aime de plus en plus. Le premier est un cocon réconfortant. Le premier est vraiment très doux et agréable. Je l’ai beaucoup porté à l’occasion des 25 ans de sa sortie et je pourrais tout à fait me l’approprier. Le second s’avère complexe et pas très facile à aborder surtout que les notes de tête sont assez violentes mais l’évolution est, sur moi, une merveille.
Voilà, par ce petit article j’espère avoir répondu d’une manière un peu générale à quelques unes de vos questions. En tout cas, je m’y suis efforcé. Merci à tous pour cette fidélité qui est de plus en plus importante pour moi et pour les lecteurs car cela me motive à chercher, à trouver, à expliquer et à donner parfois des avis.
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