Quelques idées adaptées au froid de l'hiver
C’est l’hiver, il fait froid et humide. Pluie, neige, vent, sont difficiles à supporter et le parfum, chaque année, s’il est adapté, apporte un peu de réconfort. Oriental, cuiré, épicés, boisés, fleuris opulents, on a envie de senteurs chaudes, enveloppantes, d’un cocon agréable et profond. Suite à des demandes de plusieurs d’entre-vous, j’ai eu envie de consacrer un article à cinq parfums qui me semblent complètement « de saison ». J’ai essayé d’en choisir de très différents afin qu’il y en ait pour tous les goûts et d’explorer un peu tous azimuts ceux qui pourraient être de bonnes options. J’ai donc cherché dans le circuit sélectif bien évidemment mais également dans la parfumerie plus confidentielle. J’ai essayé aussi de sélectionner des fragrances un peu pour toutes les bourses. Allez, c’est parti pour quelques suggestions d’hiver.
Le tout premier parfum qui m’est venu à l’esprit est un éphémère qui revient chaque année à cette époque chez Jo Malone London. Il s’agit, bien évidemment de « Orange Bitters » qui a été lancée pour la première fois en 2016 et dont le succès est tel que la marque le ressort chaque année. Elle le décrit ainsi : « Une somptueuse Cologne en Édition Limitée, inspirée d'un cocktail hivernal réconfortant. Le plus chaleureux des cocktails de l'hiver. Prenez un zeste d'Orange douce et un éclat de Mandarine mûre. Terminez avec une touche d'Orange amère qui révèlera une prune onctueuse sur un fond sensuel de Bois de Santal et d’Ambre ». Malgré une concentration eau de toilette, cet hespéridé se révèle avoir une tenue extraordinaire. C’est l’orange et la mandarine dans tous leurs états, à la fois zestée, confite, amère et juteuse la note d’agrumes est rehaussée par la prune suave et évolue sur un fond d’ambre et de bois de santal. Tout en douceur et en amertume, ce parfum duel a été, pour moi, un vrai coup de coeur dès que je l’ai découvert. Je le porte depuis sa sortie et, je dois le dire, il m’accompagne à toute saison. C’est un intemporel élégant et très réconfortant qui sait garder une certaine fraîcheur tout en ayant « du corps ». Son prix est dans la moyenne et, chaque année, il sort en conditionnement 30 ml et 100 ml comme souvent chez Jo Malone London. Je pense qu’on peut encore le trouver en boutique pendant quelques semaines. Il ne faut pas hésiter, c’est une merveille.
« Boisé-oriental, une composition qui marie un thème de bois oriental à des notes de fleurs, de fruits et d’épices. Parfum vigoureux et frais, une senteur originale à forte personnalité » tel est décrit « Égoïste » signé par Jacques Polge (même si l’on reconnais parfaitement la patte de Christopher Sheldrake qui a du participer à son élaboration) et sorti en 1990 chez Chanel. Il me fallait un bel oriental et je trouve que celui-ci est un vrai petit bijou. Après un départ boisé et hespéridé en tre mandarine, palissandre et acajou, un coeur de rose épicé de cannelle, il se pose sur un fond de santal, de tabac, d’ambre et de vanille qui est construit autour de l’accord cuir de Russie. C’est un oriental « à la sauce Chanel ». Il ne ressemble à rien d’autre (à part « Bois des Iles » dans la collection des Exclusifs de la même maison) et, s’il est estampillé masculin, je trouve qu’il est tout à fait portable pour une femme. En fait, c’était un parfum mixte avant l’heure. Sa tenue est absolument exceptionnelle. Attention à son sillage qui peut être un peu envahissant. Je lui trouve une modernité extrême et, s’il est devenu un parfum pour amateurs aujourd’hui, je suis sûr qu’avec une communication plus dynamique, il trouverait ou retrouverait un large public. Pour moi, il est lié à la fin de l’adolescence puisqu’il a été mon tout premier parfum « pour les grands » à sa sortie. Je l’ai toujours aimé et, quand je le re-sens, je me rends compte qu’il n’a pas pris une ride. Son prix est également dans la moyenne et il est très facile à trouver.
Complexe, légèrement suranné, absolument incontournable en cette saison, je l’ai dit souvent, « Cuir de Russie » de L.T. Piver est une très bonne alternative pour les mois froids. S’il est vendu dans une concentration eau de toilette pour un prix modique (moins de 60 euros pour 100 ml) sa tenue et son sillage sont impeccables. Il est l’archétype des cuirés de l’entre-deux guerres qui ont su traverser les décennies sans jamais lasser. Son départ épicé, miellé et hespéridé avec une bergamote très présente, son coeur complexe articulé autour d’un accord cuir de Russie avec des notes de patchouli et de cannelle et son fond de ciste, d’ambre, de bouleau et de bois de santal en font un must de l’élégance. La marque le décrit ainsi : « Créé à la fin du XIXème siècle, ce jus exceptionnel renaît aujourd’hui dans une version originale. Très "gentleman-farmer", cette composition s’inspire de l’odeur de cuir des bottes de cosaques, imperméabilisées avec de l’écorce de bouleau. La note cuir, envoûtante et d’une irrésistible élégance, s’accompagne d’accents toniques et hespéridés - mandarine et bergamote- qui déposent sur la peau un voile de fraîcheur. Mais aussitôt des touches boisées et épicées prennent le relais avant que le miel ne vienne distiller toute sa douceur. Cette fragrance complexe qui se livre discrètement, exhalant au fil des heures toute sa splendeur, s’épanouit dans un flacon très structuré, aux lignes robustes, inspirées par la période constructiviste Russe. Un univers convivial, raffiné, jamais ostentatoire. Le luxe absolu ! » Pour certains, il passera peut-être pour un peu désuet mais pour moi, il demeure complètement intemporel. Il est, et reste l’un des beaux fleurons de la parfumerie française. Il a existé également en lotion plus légère mais je crois qu’il n’est plus fabriqué sous cette forme. Best seller de la maison L.T. Piver qui a été précurseur dans l’utilisation des molécules de synthèse qui ont apporté beaucoup à la palette du parfumeur au XIXème siècle, « Cuir de Russie » est un classique. Son flacon art déco et son étiquette reconnaissable entre mille sont autant de petits détails qui le rendent attractifs. Le jus est beaucoup plus complexe que ceux que l’on trouve aujourd’hui et on n’est absolument pas dans une écriture épurée mais c’est sans doute ce qui le rend vraiment enveloppant et magique pour le froid de l’hiver.
Si vous voulez tenter l’extrait de parfum enveloppant, quoi de plus adapté au froid que « Baraonda » créé par Alessandro Gualtieri pour Nasomatto en 2016. La marque en parle ainsi : « Baraonda , c'est l'esprit d'un Whisky Single Malt marié à un Russian Red. Des notes chaudes et brûlantes comme une liqueur de fruit , puis un tourbillon sensoriel enveloppant ». En effet, quoi de mieux que de s’installer dans un fauteuil Chesterfield dans les effluves des alcools précieux et du tabac de prix pour lutter contre le froid ? Après un départ de cannelle, et de whisky, le coeur de datte et d’immortelle lui apporte une profondeur absolument incroyable dès le début de son développement mais c’est surtout le fond d’ambre, de baume du Pérou, de cèdre, de musc, de patchouli, de rhum, de fève tonka et de vanille qui lui donnent son identité. Dense, très tenace et doté d’un sillage impressionnant, « Baraonda » n’est pas le parfum de tout le monde. Il n’y a pas de commune mesure, soit on adhère à cet univers opulent et riche soit on est rebuté par les effluves quasi gourmandes sans jamais être sucrées de cette interprétation à l’italienne des clubs privés londoniens. J’avoue que je le porte avec parcimonie car sa puissance est très au-delà de mes habitudes. Dès que je l’ai senti, je l’ai voulu et pourtant j’ai attendu un an avant de me décider car je le trouvais très éloigné de ma zone de confort et un rien extravagant. Pour moi, il est peut-être un peu masculin mais sans doute parce que je ne l’ai senti que sur des hommes. Attention, c’est un parfum très exclusif et il ne plaira pas à tout le monde. J’insiste mais je préfère le dire avant de vous envoyer le sentir. Il est très très particulier comme souvent les créations d’Alessandro Gualtieri. Je le porte assez peu et il me faut attendre qu’il fasse froid pour en avoir envie mais vraiment je l’aime beaucoup. Son prix est assez raisonnable pour 30 ml d’extrait de parfum puisque je crois qu’il coûte moins de 130 euros. Compte tenu de la qualité et de la tenue, c’est loin d’être exorbitant.
C’est un autre cuiré que j’ai choisi pour clore cette sélection. « Cuir Fétiche est un accord intimiste, marquant une personnalité ultra féminine par la gourmandise de la mandarine rouge et de la vanille, le raffinement des fleurs d’ylang-ylang et de jasmin et la sensualité de l’accord cuir. » sont les mots employés par Maître Parfumeur et Gantier pour décrire l’un de ses fleurons créé par Jean-Paul Millet-Lage en 2011. J’ai toujours beaucoup aimé ce parfum. Je l’ai découvert il y a déjà plusieurs années et il n’a cessé de me trotter dans la tête. Pour moi, il est vraiment l’un des tops de l’élégance et de l’excellence. Portable à la fois par les femmes et les hommes, il est versatile, chic et particulièrement beau dans son évolution toute en légèreté. Peut-être le trouverez-vous un peu classique mais son départ de mandarine rouge, de bergamote, de géranium et de citron nous emmène très vite sur un coeur à la fois cuiré très classique, poudré par l’iris et la rose et fleuri par le Jasmine et l’ylang ylang. Le fond de patchouli et d’ambre gris le soutient et lui assure une excellente tenue même si son sillage est très modéré. C’est aussi un cocon, confortable et élégant qui s’harmonise avec n’importe quelle écharpe. Son prix est assez raisonnable puisque je crois qu’il se vent 132 euros pour 120 ml. Je regrette que la marque n’ait pas plus de points de vente en France mais, si vous passez par la place Vendôme à Paris, je vous suggère de vous arrêter découvrir « Cuir Fétiche » et les autres créations de la marque dans la boutique de la rue des Capucines. Vous y serez super bien reçus et je pense que vous ferez de belles découvertes.
Vous l’avez compris, j’aurais pu choisir nombre d’autres parfums mais, à l’instant où j’écris, ce sont ces cinq-là qui me viennent à l’esprit. J’ai essayé d’explorer des univers olfactifs très différents les uns des autres. J’espère que vous trouverez votre parfum cocon dans cette sélection ou qu’elle vous donnera des idées de découvertes à faire. En tout cas, j’ai bien aimé remettre mon nez dans ces parfums pour vous écrire cette revue. Je souhaite qu’elle vous inspire… Si vous avez des suggestions dans cet esprit pour affronter le froid, je suis preneur. N’hésitez pas à m’écrire.
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