Passion Parfums

Après quatre redécouvertes et du coup quatre coups de coeur dans le circuit sélectif, chose promise, chose due, j’ai décidé de faire de même avec des marques de niche. J’ai pris le même nombre de références qui m’ont interpellées et je vais essayer de vous en parler de mon mieux, surtout de celles qui ne m’avaient pas frappées lorsque je les ai sentis la première fois et qui, maintenant m’ont bien plus. Parfois, ce n’est pas le moment ou on cherche autre chose et on ne s’arrête pas sur certaines fragrances alors qu’elles nous plaisent au bout du compte. Allez, je vous emmène pour ces quatre redécouvertes :

« Une simple vaporisation suffit pour vous plonger dans l’atmosphère d’un monde figé dans le temps. Un univers de livres anciens, imprégné de l’odeur des reliures en cuir ornant les étagères en bois foncé. « Bibliothèque se révèle être la bougie de prédilection. Au vu de ce succès croissant, Bibliothèque se décline désormais en Eau de Parfum. » C’est ainsi que Ben Gorham, créateur de la marque parle de ce parfum qui existait d’abord sous forme de bougie et qui devient, en 2017, une fragrance pour soi. C’est un cuir fruité dans la lignée de « Féminité du Bois » de Serge Lutens. Le départ est une prune confite, profonde, que l’on va garder avec soi tout au long de l’évolution du parfum. Le coeur de violette et de pivoine vient enrichir le jus et lui donner une facette poudrée et le fond de patchouli, de vanille, de musc et de cèdre apportent un côté presque boisé à son évolution. Sur moi, « Bibliothèque » est vraiment intéressant. Je crois qu’il a été créé par Jérôme Epinette et, une fois encore, il coche toutes les cases de ce qui pourrait me plaire. Je le trouve à mi-chemin du « 401 » de Bon Parfumeur sans la note d’encens et de l’emblématique création de Christopher Sheldrake pour Lutens en plus cuiré. Objectivement, il me plait mais je trouve que son prix, qui ne cesse de grimper, est un peu surévalué. De mon point de vue, il n’est pas assez original pour susciter mon envie pour ce budget-là. Il n’empêche que je l’ai porté toute une journée et que j’y ai pris beaucoup de plaisir.

 

 

Créé en 2018 par Sonia Constant pour sa très belle marque Ella K, « Mélodie de l’Altaï » est aussi un cuiré mais qui m’évoque d’avantage une invitation au voyage. Sur le site de la maison, il est décrit ainsi : « Plateaux de l’Altaï, Kazakhstan : un coin reculé, niché entre Chine et Mongolie dont la dureté n’a d’égal que sa beauté sauvage. Ici la Nature est à l’état brut et l’exubérance de ses immensités réveille un sentiment de liberté enivrant. Au loin, un aigle fond sur sa proie, avec dans son sillage, une chevauchée Kazakhe majestueuse ». Avec un départ de cuir très profond, un coeur d’ambre et un fond de vétiver, de styrax et de patchouli rehaussé d’une note de safran, cette fragrance avait été sans doute l’un de mes coups de coeur de la marque lorsque je l’ai découverte et j’ai envisagé longtemps de me l’approprier. Ces volutes de cuir et d’ambre peut sembler classique au premier abord mais le twist apporté par le styrax et le safran lui donne toute son identité. J’adore le sentir mais il m’a fallu accepter que ce n’était pas un parfum pour moi. En effet, au contact de ma peau, une sorte de réaction chimique se produit et il devient un peu trop ambré et presque sucré. Je dois dire qu’il ne correspond pas à mes attentes. C’est ainsi. Il faut accepter que de très belle création qui nous plaisent ne sont pas pour nous. Je l’imagine peut-être porté sur une peau brune qui lui donnerait tout son relief. Sur moi, il est un peu plat. Ceci dit, la collection créée par Sonia Constant est tellement belle que je vais bien en trouver un qui me convienne parfaitement un de ces jours.

 

 

 

Lorsque j’ai décidé de reprendre « De Bachmakov » que j’avais porté il y a plusieurs années, j’ai eu l’occasion de redécouvrir « Sel de Vétiver » créé par Céline Ellena pour The Different Company. La créatrice le décrit de la façon suivante : « Une rencontre spectaculaire entre le Vétiver et le Sel de mer. Quelques grains de sel, un peu d'eau de pluie et des brins de vétiver séchés au soleil : voici l'histoire du Sel de Vétiver. « Image fugace aperçue un jour de pluie dans une boutique Africaine, parmi un joyeux désordre de sacs en toile de jute, de piles de tissus aux couleurs vives, et des pots en terre vernissée, d'où pointent des racines de Vétiver tressées en fuseaux. Je frotte les racines entre mes doigts et, un parfum amer sec, presque brûlant s'en échappe et imprègne mes mains. Je l'associe à l'odeur ambiante, celle humide de la pluie qui tombe, celle musquée des batiks vendus à l'état brut, raidis par l'amidon et les différents bains de teintures, celle enfin des épices et des fruits un peu mûrs, à l'odeur saumâtre. Je souhaite garder une trace de cet instant, et j'imagine une harmonie salée, âpre et douce à la foi, sensuelle et fraîche, qui évoque l'odeur de la peau après un bain de mer, lorsque les particules de sel restent prisonnières, et que l'eau s'est évaporée à la chaleur du soleil. ». Je dois dire qu’après l’avoir re-senti, entre les deux mon coeur a pas mal balancé. J’aime les parfums à dominante de vétiver et celui-ci est une parfaite réussite. L’ouverture de bergamote et de pamplemousse associé à la cardamome, le coeur de vétiver de Tahiti, de géranium bourbon arrondi par un ylang ylang très prenant nous conduit sur un fond d’iris, de sel de mer et de vétiver bourbon. Le résultat est un parfum à la fois un peu terreux et salé, très agréable, très subtil, avec une certaine originalité. Cette fois, j’ai opté pour « De Bachmakov » mais je pourrais très bien porter « Sel de Vétiver ». Pour moi, il rejoint les beaux parfums de cette famille et est en bonne place dans ma tête tant il est réussi.

L’écriture de « L’Eau d’Hiver », créé par Jean-Claude Ellena pour les Éditions de Parfums Frédéric Malle en 2003 est simple sans être simpliste, épurée et faite pour aller directement à l’émotion d’une « eau chaude ». La marque le décrit ainsi : « Murmure apaisant. Un nuage d’iris, d’aubépine et d’héliotrope, qui se dilue au fil du temps dans la transparence d’une mer d’hédione et de bergamote. Une sorte d’« eau chaude », une composition paradoxale. L’expression subtile et infinie du confort intérieur. La réconciliation de l’eau et du feu ». L’envolée de bergamote est semble-t’il classique mais très vite, le coeur d’angélique et le fond d’iris, aubépine et surtout héliotrope crée une alchimie absolument étonnante soufflant le chaud et le froid. Des notes hespéridées en tête à celles très amandées de la fleur d’héliotrope en fond, Jean-Claude Ellena nous emporte, nous surprend, nous fait explorer un univers olfactif aquarelle dont il est vraiment spécialiste et c’est avec sa virtuosité exceptionnelle qu’il crée, une fois de plus, un parfum tout en transparence et en apparente sobriété mais qui est, tout de même une vraie seconde peau qui porte bien son nom. Chic, « L’Eau d’Hiver » s’adressera vraiment à ceux qui aiment les eaux hespéridées et fraîches en été et qui cherchent un pendant en hiver. C’est un parfum étonnant, d’une rare délicatesse et d’une rare élégance. Je pourrais le porter je pense même s’il est assez éloigné de ma zone de confort. Ce n’est pas le plus connu des Éditions de Parfum Frédéric Malle et il mérite d’être redécouvert.

 

 

Si j’ai vraiment aimé redécouvrir ces quatre parfums d’auteurs, le seul que je pourrais m’approprier sans peine est « Sel de Vétiver » car, non seulement, il correspond à mes goûts dans l’idée mais, en plus, il se développe parfaitement sur ma peau. Il n’est pas dit d’ailleurs que je ne le porte pas un jour. C’est un très beau parfum à la fois classique et atypique et toujours très élégant. Les trois autre sont beaux mais me conviennent moi pour les raisons évoquées plus haut. Je suis très content, de toute manière de les avoir tous réessayés et tous portés pour écrire cet article.