Quelques parfums de Jovoy (la marque)
Je n’avais jamais vraiment senti la marque Jovoy Paris fondée par François Henin en 2007 malgré mes visites répétées à la boutique parisienne. Depuis sa création, la marque a lancé 31 parfums. À l’heure où j’écris, 16 fragrances sont commercialisées. François Henin s’est adjoint les talents de plusieurs parfumeurs dont Oli Marlow, Marie Schnirer, Michelle Saramitot, Vanina Muracciole, Bertrand Duchaufour, Marc Fanton d'Andon, Jacques Flori, Amelie Bourgeois, Marie Schnirer, Cécile Zarokian, Anne-Sophie Behaghel, Sidonie Lancesseur, Amandine Clerc-Marie, Jérôme Epinette, Daniel Moliere, Richard Ibanez et Andrea (Thero) Casotti. Je suis loin d’avoir tout senti mais je vais essayer de transcrire mes avis et mes émotions à travers cinq créations. J’ai choisi des parfums très différents les uns des autres pour offrir un éventail varié et j’espère que je vous donnerai envie de sentir, d’essayer… de porter. Une fois de plus je le rappelle : mon avis n’a absolument pas valeur de critique, ce n’est qu’un ressenti personnel car rien n’est plus subjectif que notre manière d’appréhender le parfum.
Après un départ frais d’agrumes, « Psychédélique », créé par Jacques Fiori en 2011, nous emmène sur un vrai coeur de patchouli mis en valeur par des notes de géranium, de rose, de ciste et un accord ambré puis un fond de vanille et de muscs. C’est un parfum tranché, très net et une mise en avant d’une matière première bien travaillée, facettée et particulièrement élégante. Bien sûr, le parfum porte bien son nom. Il révèle un côté vintage, très seventies, qui peut soit déranger, soit envoûter. J’aime beaucoup l’idée de la marque : « Peace and love forever… Un parfum « revival » en hommage à des seventies qui ont fait du patchouli l’étendard mythique de la liberté. De Wight à Woodstock, son opulence boisée et mystérieuse a chanté en chœur l’esprit rock des ex-fans des sixties dans tous les festivals. Aujourd’hui, il se réinvente plus hippie-chic que jamais. Idole boho-glam par excellence, il est devenu un classique hors du temps sans rien perdre de son audace. La rétro-nostalgie n’a jamais été aussi moderne » et je trouve le rendu tout à fait réaliste. C’est un parfum très marqué, doté d’une belle identité. Pour ma part, il est peut-être un peu trop vintage et franc. Ce ne sera sans doute pas le parfum avec un beau patchouli travaillé en majeur que je préfère mais il n’empêche qu’il est vraiment très bien réalisé et ravira les amateurs de cette note interprétée à la manière des hippies chics de cette époque.
« Encore un chef d'œuvre pour les amateurs de boisés opulents. Assemblage de santal sensuel, de cèdre lumineux, de patchouli accrocheur, de vétiver fumé et terreux ainsi que d'absolu de papyrus, Private Label est la référence absolue du parfait boisé ». J’ai aussi retenu « Private Label » créé par Cécile Zarokia en 2011. C’est un boisé un peu « pétrole », très original et dont l’évolution est à la fois un peu ethnique et très chic avec un départ bois et eau de papyrus, un coeur de vétiver et de patchouli puis, après quelques temps, un fond de santal assombri par des notes cuirées et goudronnées de ciste et de bois de bouleau puis un peu « illuminé » par le bois de cèdre. « Private Label » est un beau clair obscur. Pour moi, c’est un peu un coup de coeur quand même. Il est vraiment très addictif. Il ne ressemble à rien de ce que j’ai senti. Sur ma peau, il est un peu humide et presque synthétique par moment puis il se fait sec et boisé à d’autres. Je pense qu’il plaira beaucoup aux hommes comme aux femmes désireux de porter un parfum légèrement fumé, un peu original et également très bien construit. Pour moi, il a presque un côté végétal qui me plait. Je ne l’identifierai pas aussi clairement dans une famille olfactive mais il est à la fois boisé et légèrement aquatique et vert. C’est un parfum libellule, un peu aérien et pourtant doté d’une belle tenue et d’un sillage tout à fait suffisant.
« Les Jeux Sont Faits » est le troisième parfum que j’ai choisi de mettre dans ma sélection non pas parce que je l’aime mais plutôt parce que je le trouve artistiquement très intéressant. « Pas de demi-mesure… Ce jus puissant exalte une virilité assumée pour ceux qui jouent la vie à pile ou face, en rouge, impair et passe. Aussi à l’aise dans l’ambiance survoltée d’un combat de boxe que dans l’atmosphère feutrée d’un casino. Avec de subtils arômes de gin et de vieux rhums cubains, il évoque une masculinité élégante et rassurante au charme un peu voyou. Celle des héros du cinéma des années 50-60 qui n’hésitent pas à en venir aux poings pour défendre leur honneur ou celui de leur amour ». En le sentant, j’ai décelé la signature d’Amélie Bourgeois. Elle l’a, en effet, créé en 2012 et, comme souvent, elle casse tous les codes. C’est un parfum complexe, sulfureux, avec un départ d’angélique et de fruits secs avec une note de genièvre très sèche qui contrebalance le côté un peu gourmand. Le coeur de rhum, de tabac et de cumin est vraiment atypique et le parfum s’enrichit d’un fond cuiré de ciste labdanum, de patchouli, de santal et de vanille. Il est vraiment très liquoreux sur ma peau et je ne le porterai pas mais je reconnais qu’il est à la fois original et diaboliquement efficace. J’adore l’idée mais je trouve le parfum par trop « alcool fort ». Ceci dit, j’aime la dualité entre les épices et le côté liquoreux. « Les Jeux Sont Faits » est un parfum étonnant et élégant avec un côté un peu subversif. L’achat à l’aveugle est proscrit. Il faut vraiment le porter.
Créé en 2019 par Vanina Muracciole, « Touche Finale » est vraiment le parfum de la sélection que je préfère. Je le trouve absolument original et très addictif. Il s’ouvre sur une envolée un peu étonnante et pas forcément agréable de mimosa et de poivre rose mais très vite, le coeur de rose, de jasmin et de violette renforcé par le cèdre vient enrichir le parfum et il revêt un côté poudré et floral qui me plait vraiment beaucoup puis le parfum se pose sur des notes de fond amandées et musquées adoucies par un bois de santal très discret. J’ai beaucoup aimé ce parfum sur la peau. Il est bien plus intéressant que sur la touche. La parfumeure le décrit ainsi : « Un sillage poétique d'héliotrope, de mimosa, de baies roses sur un fond de muscs et de cèdre. Douceur poudrée relevée d'épices fraiches . Un accord divin ». C’est un parfum d’élégance qui revisite apparemment une création de 2006 que je ne connaissais pas. En tout cas, pour moi, c’est carton plein. Il y a quelque chose de vraiment addictif et d’un chic que l’on aime retrouver en parfumerie et que l’on voudrait croiser plus souvent. Vanina Muracciole a su vraiment réinventer le poudré et lui donner un côté contemporain et profond. C’est mon coup de coeur de la sélection. J’ai adoré l’essayer et je pense que je pourrais tout à fait le porter.
Bien sûr, je n’ai pas tout senti mais quand même une bonne partie. J’ai essayé d’écrire une revue basé sur des choix motivés par les différentes directions de la marque. Pas mal de parfumeurs ont collaboré à cette marque et, bien évidemment, je suis plus sensible à la signature de certains qu’à celle des autres ce qui est normal mais j’ai essayé de faire preuve, pour une fois, d’un rien d’objectivité pour vous rendre compte de mon mieux de mon ressenti mais aussi pour vous décrire le plus précisément possible ce que j’ai senti. J’espère avoir suscité votre curiosité.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 229 autres membres