Quelques succès de la parfumerie de niche que j'aime
Ils sont devenus incontournables et ce sont des succès de la parfumerie de niche. Je dois dire que, si je cherche quelques parfums qui font la quasi-unanimité chez les amateurs et ont projeté les marques dans lesquelles ils sont sortis sur le devant de la scène olfactive depuis de nombreuses années. J’ai décidé, à la demande générale, de faire une sélection de ces fragrances qui, enfin je trouve, méritent vraiment leur succès et ont participé à faire de maisons un peu oubliées ou confidentielles, ce qu’elles sont aujourd’hui.
Le premier qui me vient à l’esprit est bien évidemment « Mûre et Musc » créé par Jean-François Laporte pour sa marque L’Artisan Parfumeur en 1978. Mélanger un départ de citron, un coeur de mûre et un fond très propre de muscs blancs addictifs, il fallait y penser et le parfumeur a cassé tous les codes avec cette formule qui, sans jamais être simpliste, demeure courte et va à l’essentiel. Je ne suis pas du tout un adepte des parfums dans lesquels les fruits rouges ou noirs sont travaillés en majeur. Je trouve qu’il y a toujours quelque chose de chimique, sucré et dérangeant mais ce n’est absolument pas le cas de « Mûre et Musc ». Il y a quelque chose de très délicat, de très élégant et qui interpelle dès la vaporisation et franchement, pour l’avoir redécouvert récemment, j’ai découvert à quel point il n’avait pas pris une ride. Il est complètement contemporain et n’offre aucune facette vintage. Bien sûr, aujourd’hui, plusieurs d’entre-nous l’ont beaucoup senti et, pour moi, il est la signature du mari d’une de mes amis or j’aurais du mal à le porter mais il reste quand même vraiment une merveille il faut bien le dire. Je le préfère d’ailleurs à la version extrême créée par Jean-Claude Ellena qui est belle mais peut-être moins délicate.
Le moins que l’on puisse dire c’est que « L’Eau d’Hadrien » créé par Annick Goutal et Francis Camail en 1981 fait partie de ma vie depuis plus de trente ans puisque la version eau de toilette accompagne mon papa depuis autant de temps et il faut bien dire que c’est, pour moi, un incontournable particulièrement intemporel et qui rompt complètement avec la tradition des colognes à la française ou à l’italienne avec un côté complètement citron, décalé et moderne. « Une signature fraîche et élégante devenue légendaire. En 1981, Annick Goutal fonde sa Maison de Parfums de niche et crée l'avant-gardiste Eau d'Hadrien, en souvenir de ses lectures des Mémoires d’Hadrien, en Italie. Parfum signature de la Maison, l'Eau d'Hadrien livre une vision amoureuse de la Toscane, de son soleil et de ses terrasses bordées de cyprès. Dans ce parfum hespéridé, un cocktail de citron et d’agrumes éclatants pétille à l’ombre du bois de cyprès ». Jugez plutôt, une explosion de citron, de cédrat, de pamplemousse, de bergamote et de mandarine verte dès l’envolée, un coeur d’ylang-ylang et un fond de cyprès. Ce panier d’agrumes n’est absolument pas aromatique, il est juste comme une coulée fraîche et élégante sur la peau. Il y a quelque chose de singulier et d’intemporel pour cette création qui est devenue, il faut bien le dire, un vrai classique de la parfumerie contre toute attente car il était complètement dans un esprit inverse à ce qui se faisait ces années-là.
Je ne suis pas très fan des ambrés fleuris et « Teint de Neige » créé en 2000 par Lorenzo Villoresi pour sa marque éponyme avait tout, sur le papier pour ne pas me plaire en dépit de son succès inégalé qui a initié la création d’un autre parfum « Alamut » mais aussi de toute une gamme de produits dérivés. Il s’ouvre sur une envolée de jasmin et de rose légèrement aldéhydée pour nous conduire sur un coeur amandé de tonka et d’héliotrope rendu lumineux par une très belle qualité d’ylang-ylang puis un fond basé sur un accord ambre, musc et poudre de riz. Le parfumeur le décrit ainsi : « Sensuel et délicat, Teint de Neige est un rappel sophistiqué à la couleur des poudres parfumées pour le visage. Un voile doux et agréable se déposant au fil du temps sur votre peau, sublimé par les notes de rose et d'ylang ylang. Un arôme délicatement imprégné par la richesse des extraits naturels du jasmin. Une fragrance aux notes poudrées qui évoquent la pure féminité de la Belle-Époque ». Curieusement, il évoque une certaine quintessence de la féminité mais, pour ma part, je le trouve aussi formidable sur les hommes que sur les femmes. C’est un parfum riche, opulent, doté d’un incroyable sillage. Il devient vite signature et le plaisir que j’ai à le sentir est toujours le même. Je ne sais pas si j’oserai le porter car il prend beaucoup de place mais c’est un jus vraiment splendide à mon goût.
Il est « le » cuir le plus avant-gardiste de la parfumerie de niche car à sa sortie, en 2006, « Cuir Ottoman, inventé par Marc-Antoine Corticchiato pour sa marque, Parfum d’Empire, est une merveille et son succès n’est pas une surprise. Il est devenu l’un des musts de la parfumerie de niche et c’est vrai qu’il va plaire à la fois aux amateurs de la famille olfactive et aux autres car son apparente modernité cache quand même quelque chose de profondément ancré dans tout ce qui fait la belle parfumerie à la française : « Cuir puissant et irisé, concentré de sensualité orientale. Cuir embaumé d’iris, facetté par le ciste et réchauffé par le styrax brûlé, qui entraîne dans son sillage les notes enivrantes des parfums orientaux – baume de tolu, résine de benjoin et larmes d’encens… L’effluve devient opulent avec le jasmin d’Égypte, puis s’arrondit avec la vanille et la fève tonka. Et le cuir ottoman se fait chair alanguie offerte aux vapeurs du hammam ». À mi-chemin entre un parfum réellement cuiré et un oriental, il rompt avec la tradition des cuirs de Russie avec son départ irisé et poudré, son coeur très ciste labdanum et styrax et son fond un peu benjoin et encens. C’est un parfum vraiment atypique, tout à fait addictif. Je l’ai porté, je l’aime vraiment beaucoup même si je lui préfère « Ambre Russe » ou « Eau Suave » dans la marque, qui sont moins connus mais plus conformes à mes goûts. En revanche, c’est un parfum magnifique que j’ai toujours envie de sentir et de re-sentir.
Créé en 2009 par Jérôme Épinette pour Byredo sous l’impulsion de Ben Gorham, « Bal d’Afrique » remporte tous les suffrages et c’est bien normal. « Empreint d’une beauté féerique, Bal d'Afrique est une déclaration d’amour de Ben Gorham au continent africain. Une célébration de la portée et l'influence de l'Afrique à travers le temps, en particulier la façon dont ses myriades de cultures ont façonné la danse, l'art et la musique, l'idée d'un événement imaginaire ». Un départ de rose, de bergamote et de buchu, une sorte de bois de bouleau, un coeur de cyclamen et de feuille de violette, un fond de cèdre et de vétiver, c’est un parfum aux accents presque gourmand contrebalancé par un côté orange amère. Je suis loin d’adhérer à l’univers de la marque mais je reconnais que j’aime « Bal d’Afrique » même si j’ai un peu de mal à en comprendre l’inspiration. C’est un parfum qui évolue, qui se fond dans ma peau. Je l’ai essayé et réessayé. Il est complètement étrange et étranger à ce que j’ai l’habitude de porter et de sentir pourtant, dès que je l’ai découvert, il m’a paru évident comme une belle chose qui irradie et qu’on aime tous. « Bal d’Afrique », de mon point de vue, mérite son succès et je le trouve vraiment très intéressant, très beau et facile à porter à la fois.
Créé en 2010 par Christophe Herault, Olivier et Erwin Creed, « Aventus » sorti dans la collection des masculins de Creed, a rencontré un tel succès qu’il a été décliné dans une version féminine et, plus récemment, une cologne plus boisée. Je dois dire que ce parfum était aussi une petite révolution. Il a donné un coup de jeune terrible à cette maison qui avait quand même un côté suranné et un peu poussiéreuse (même si j’aime les anciennes créations). C’était un vent de modernité et d’une élégance ancrée dans la culture franco-britannique avec un départ d’ananas, de bergamote, de cassis, d’orange, de poivre rouge et de pomme enveloppé d’un côté galbanum, un coeur de baies roses, de bouleau, de cyclamen, d’hédione, de jasmin, de melon et de néroli et un fond d’ambre, d’ambroxan, de cèdre, de cuir, de mousse de chêne, de musc, de patchouli et de vanille. Puissant, chypré, « Aventus » est décrit ainsi : « Aventus a été créé par la sixième génération du maître parfumeur Olivier Creed pour commémorer le 250e anniversaire de la Maison Creed. La force, la puissance, la vision et la réussite sont toutes incarnées dans cette eau de parfum moderne pour hommes. Aventus est un parfum somptueux pour le gentleman traditionnel qui a juste ce qu'il faut d'élégance moderne. Les notes de tête d'ananas et de bergamote se mélangent discrètement à la fraîcheur de la pomme, tandis que les notes de jasmin agrémentent la profondeur du bouleau. Enfin, l'ambre gris et le musc offrent une sensation enveloppante. Inspiré d'un chevalier galopant avec le vent en poupe (du latin "ventus", vent), ce parfum a été conçu en 2010, comme un souffle d'air hespéridé sur un fond puissant de mousse de chêne ». C’est un classique et on le comprend tant il est réussi. Maintenant, il semble presque « trop senti » mais je continue de comprendre son immense succès et à l’aimer envers et contre toutes mes idées reçues.
Il est d’autres classiques de la parfumerie de niche qui remportent un grand succès mérité mais je dois dire que je suis très amateur de ceux que j’ai développé dans cet article. Je suis complètement séduit dans l’absolu et j’aime sentir chacun d’entre-eux même si je ne pourrais pas nécessairement tous les porter. J’espère vous avoir donné envie d’y remettre votre nez.
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