Passion Parfums

Je ne peux pas dire que je sois un adepte des parfums hespéridés ou encore des Cologne et pourtant, lorsqu’il fait très chaud, il m’arrive d’avoir envie de mettre mon nez sur des parfums dans lesquels les agrumes sont travaillés en majeur. Je ne dis pas que j’en porte très souvent, je vais, l’été, souvent préférer des floraux légers ou encore des eaux chyprées comme « L’Eau Guillerette » d’Anatole Lebreton qui est mon coup de coeur cette année. Ceci dit, vous êtes nombreux à me demander une sélection de parfums hespéridés ou esprit Cologne pour l’été. Loin de moi l’envie d’être objectif donc je me suis laissé guider par mes goûts et j’en ai choisi cinq que je trouve particulièrement réussis voire même que j’ai pu porter même occasionnellement ou même plus régulièrement. En tout cas, ils me plaisent sans doute grâce à la finesse du travail réalisé ou encore, parfois, à une certaine originalité. Je vous emmène donc au pays des agrumes et j’espère vous donner envie de vous rafraîchir un peu.

Pour moi, la marque lyonnaise Institut Très Bien excelle dans l’esprit Cologne avec deux collections et notamment la première qui reprenait les codes de cette famille à la fois hespéridée et aromatique. Sur les trois créations que compte cette série, proposées en concentration eau de parfum, j’ai un coup de coeur indéniable pour la « Cologne à la Russe » lancée en 2004 et créée par Frédéric Burtin qui est également le fondateur de la marque. « Élégante, chaude et affirmée. Cologne à la Russe, c’est l’incroyable histoire d’une formule retrouvée dans un vieux livre de parfumerie. Celle-ci est déjà touchante par sa simple lecture, comme la promesse d’une expérience sensorielle incomparable. Une merveille de poésie qui n’attendait que son nouvel interprète. Une histoire emprunte d’émotion. C’est la rencontre avec un parfumeur talentueux, et la formule se met à revivre à travers son oeil aguerri. Elle lui parle, elle lui parle d’essences naturelles et rares, d’une combinaison mystérieuse mais incroyablement équilibrée, qui aboutit à cette perfection dans la senteur la plus subtile et intemporelle qui soit : l’Eau de Cologne. Plus qu’un parfum, la Cologne est un geste, un contact personnel avec le corps, une recherche d’intimité. Un thème éternel et l’un des exercices de composition les plus difficiles qui soient. Un travail méticuleux se met en place par la recherche des essences naturelles les plus belles, le respect des méthodes de la parfumerie traditionnelle, et en fond, le souhait d’être le plus fidèle possible à l’esprit d’origine ». Dès la vaporisation, une profusion de notes d’agrumes, du citron, du citron vert, du cédrat et de la bergamote s’enveloppent de notes de verveine, de romarin, de néroli mais aussi de lavande pour nous entraîner sur un coeur d’iris et de graine d’ambrette posé sur un fond de benjoin. Je pense que ce que j’aime vraiment dans ce parfum c’est l’idée qu’il est très construit et pas seulement frais, il se fait parfois rond et presque enveloppant tout en restant un peu pétillant. Bien sûr, la « Cologne à la Russe » est très agréable l’été mais je pense qu’elle peut se porter tout au long de l’année tant elle se développe différemment suivant la température ambiante. Pour moi, c’est une vraie réussite.

S’il est bien une marque qui m’a réconcilié avec le travail des agrumes, c’est Jo Malone. Je trouve que chaque création s’avère d’une grande finesse et d’une élégance apportée par un twist toujours inattendu. Pour moi, vraiment, c’est un univers à découvrir bien évidemment parce que les parfums se superposent très facilement mais aussi parce que, utilisés seuls, ils sont à la fois simples, élégants et souvent quand même originaux. J’avais plein de possibilités car j’ai porté « Grapefruit » qui met en valeur le pamplemousse, bien évidemment « Orange Bitters » qui sort chaque année pour les fêtes de Noël mais aussi plusieurs autres éphémères à base d’agrumes. J’ai choisi de développer mon avis sur « Earl Grey & Cucumber » car, vraiment, c’est l’illustration parfaite de mon propos. « Une tradition Britannique... L'heure du thé. Un parfum associant un éclat de bergamote, caractéristique du thé Earl Grey, à la fraîcheur succulente du concombre croquant. Équilibré par un fond sucré de cire d'abeille, de vanille et de musc. Vivifiant et raffiné ». Créé par Christine Nagel en 2011, cette association de notes simple, je dirais même limpide, est aussi vraiment rafraîchissante. Il s’ouvre sur une très belle bergamote qui, c’est vrai, rappelle le thé Earl Grey que j’aime boire autant chaud que glacé et le coeur de concombre donne un côté vert et « croquant » qui, l’été, est non seulement original mais aussi vraiment rafraîchissant. Puis le parfum se pose sur un fond de cire d’abeille et de muscs blancs vraiment singulier qui lui donne toute son identité. J’ai beaucoup porté « Earl Grey & Cucumber » pendant plusieurs étés car sa tenue sur ma peau est vraiment étonnante mais j’ai fini par renoncer car je pense qu’il a été reformulé et je suis moins attiré pour la version actuelle que je trouve presque boisée. Elle n’en demeure pas moins vraiment réussie et agréable.

 

 

Il est impossible, lorsque l’on parle d’agrumes, de faire l’impasse sur la collection italienne de Perris Monte Carlo intégralement composée par Gian Luca Perris et qui, pour le coup, m’a vraiment donné envie de porter des parfums hespéridés tant ils sont réussis et d’un naturalisme vraiment étonnant. Je les trouve tous plus réussis les uns que les autres et j’en ai quand même utilisé trois sur les cinq proposés par la marque. Faire un choix m’a donc été très difficile. J’ai décidé d’opter pour « Arancia di Sicilia » créé en 2019 car il a été le premier que j’ai vraiment porté intensivement. « Arancia Di Sicilia célèbre les saveurs et les odeurs de la Sicile en créant l'atmosphère chaleureuse des matinées siciliennes, la saveur du jus d'orange revigorant et la douceur du bonbon ». Pour moi, ce parfum est une évocation de l’orange dans tous ses états, de la fleur, au jus en passant par le zeste voire même le fruit confit. Il est tellement facetté qu’il m’a fallu vraiment le redécouvrir avec la pyramide olfactive sous les yeux pour vraiment tenter d’en faire une description évocatrice. Il est bien complexe qu’il n’y paraît. Il s’ouvre sur une envolée d’orange et d’orange sanguine puis vient un coeur rond et épicé chaud de cannelle et d’amande avant de se poser sur un fond de muscs blancs et de labdanum légèrement corsé par des notes de café et arrondi par les muscs blancs, l’iris et un accord ambré. Quand je porte ce parfum, je me sens vraiment rafraîchi mais il n’est pas un banal agrume, c’est une vraie construction olfactive complexe et élégante. Je ne sais pas s’il est mon préféré de la collection mais c’est celui avec lequel j’ai commencé à l’apprécier.

 

 

Créé par Annick Goutal en 1981, « Eau de Monsieur » se voulait être un masculin mais force m’est de constater qu’il est autant apprécié par les femmes que par les hommes. C’est un esprit Cologne classique et pourtant jamais convenu. Je dois bien admette que je suis passé à côté pendant des années. Il a été revu par Isabelle Doyen en 2013 pour coller à la norme Ifra et je trouve qu’elle a bien su en conserver l’esprit élégant et intemporel. « Son élégance n'a d'égale que sa sensualité et son assurance n'a nul besoin d'être sur-jouée. Eau de Monsieur enveloppe cet homme au charme discret et naturel de ses notes chaudes de patchouli et de santal ». En outre, je pense que les utilisateurs de cette si belle création ont aimé la retrouver même un peu modernisée et revisitée. Le départ de bergamote et de mandarine est très doux, jamais trop fusant et il prépare notre nez à un très beau coeur de menthe, de baies de genièvre, de cèdre et de géranium qui renforce le côté un peu mentholé pour nous conduire sur un fond de patchouli, de bois de santal et de vétiver. Je pense qu’il s’agit-là de la première eau chyprée vraiment hespéridée et aromatique que j’ai pu sentir. J’aime beaucoup la construction de ce parfum qui, sur ma peau, finalement, matche mieux que « L’Eau d’Hadrien » qui, avec la merveilleuse « Eau du Sud », ont tendance l’éclipser un peu dans mon esprit. C’est une merveilleuse redécouverte et je pense qu’il est aussi beau sur une peau féminine que masculine. Il y a un bémol toutefois pour les amateurs de longues tenues. En effet, il semblerait que la sienne soit limitée mais je ne l’ai pas essayé assez pour l’affirmer. En tout cas, j’ai adoré le redécouvrir et je pourrais tout à fait le porter.

 

 

Je devais me limiter à cinq et il faut bien dire que, si les quatre premiers m’ont semblé évidents, faire le choix du dernier parfum m’a posé un certain questionnement car il y avait plein de possibilités. J’aurais pu choisir l’une des créations de Lyn Harris pour Claus Porto par exemple ou encore, un traditionnel Acqua di Parma dont on parle beaucoup sur les réseaux sociaux cette année. Pour résumer, il y avait plein de possibilités et il m’a fallu faire un choix. J’ai opté pour une création de James Heeley car je trouve que le parfumeur excelle dans les parfums hespéridés et, vraiment, je ne savais lequel choisir. J’avais déjà évoqué « St Clements » et son côté néroli et citron alors je me suis tourné plutôt vers « Zeste de Gingembre » créé en 2020 car il s’avère être une autre proposition dans cette famille olfactive. « Le zeste énergisant du gingembre frais. La vivacité pétillante du gingembre naturel commence par un instantané de fraicheur avec zestes de citron vert et agrumes. Paillettes de baies roses et cardamome infusent équilibre et profondeur à cet accord rafraichissant ». Il est construit comme un hespéridé avec un départ très doux de citron vert et d’orange qui vient s’enrichir d’un coeur de gingembre pour se poser sur un fond de cardamome et de baies roses. Je trouve que les épices et les agrumes qui se répondent vraiment donnent quelque chose de super original et également offre une alternative aux esprits Cologne classiques. James Heeley a vraiment su réinventer le style. J’avais adoré cette sortie en 2020 et je l’ai redécouvert pour mon article avec toujours le même plaisir. Attention, « Zeste de Gingembre » est le parfum le plus clivant de ma sélection. Il faut l’assumer et le porter mais… pourquoi pas ?

 

 

Voilà pour ce petit tour d’horizon tout personnel. En tout cas, j’ai pris du plaisir à porter ces cinq parfums sur la peau pour vous en parler de mon mieux. J’espère avoir éveillé votre curiosité et vous donner envie, entre classicisme et originalité, d’aller rafraîchir votre nez en découvrant ou redécouvrant ces belles créations.