Quelques trouvailles
Je n’arrête pas de faire des découvertes (et des redécouvertes) cette année et je revois mon avis sur certaines marques. J’ai eu l’opportunité de faire quelques trouvailles et j’avais envie de vous en parler avant la fin de l’année même s’il y a quelques nouveautés qui feront peut-être partie de mon top 2022. En tout cas, je me suis fait plaisir en mettant mon nez dans des créations récentes et plus anciennes durant mes pérégrinations parfumées réalisées durant une journée de congés. Je dois dire que je suis toujours émerveillé par les belles créations que les parfumeurs peuvent imaginer et je ne peux m’empêcher de partager mes impressions avec vous.
Je croyais avoir un peu fait le tour de cette matière première qu’elle soit utilisée en majeur ou en fond d’une construction chyprée mais je dois dire qu’avec « Mon Patchouly », qu’il a créé pour sa marque éponyme en 2009, le catalan Ramon Monegal m’a déstabilisé et séduit à la fois. Il le décrit ainsi : « Catégorique et provocateur. Séduction rusée, impulsion de liberté. Bois moussu et craquant. ». Le parfum s’ouvre sur une envolée de notes aquatiques et vertes, sans doute un accord galbanum, et de yuzu et vraiment il retient mon attention immédiatement. Le coeur, construit autour d’un patchouli très vert associé au côté torréfié du maté et floral du jasmin et le fond de mousse de chêne, de muscs légèrement arrondis par la vanille et la fève tonka ont achevé de me convaincre. C’est indéniablement un chypre vert comme je n’en n’avais jamais senti. Il est élégant et inédit. Plus je le sens sur ma peau, plus je l’aime. Je n’avais pas été tellement séduit par les parfums de la marque mais, depuis que j’ai découvert « Cuirelle » (qui semble avoir disparu du catalogue), je me dis que je suis passé à côté de pas mal de parfums que je voudrais découvrir. Quand j’aurai un peu avancé, je tenterai d’écrire une revue un peu complète. En tout cas, je suis vraiment attiré par « Mon Patchouly ». En plus, il est présenté dans un flacon de toute beauté. C’est un petit bijou.
Parmi les nouveautés que je n’avais pas encore plus découvrir « 1986 Eclectique », créé par Bertrand Duchaufour pour Les Bains Guerbois et décrit ainsi par la marque : « Il fait nuit, ballet de taxis. Phares jaunes. Portières qui claquent. Au pied du perron des Bains, on s’anime, on se regroupe. Blousons de cuir, costards croisés, robes du soir échancrées, jeans déchirés, dix-huit ans, trente ans, soixante ans. Dominant du haut des marches, Maryline décide. Qui va-t-elle extraire de la rue, ce soir, pour composer l’éclectique tribu du club le plus fou de Paris ? Le cœur bat. « Entrez, oui vous. Bonne soirée. Vous ce soir ça ne sera pas possible. » On grimpe les marches, on descend dans l’arène. Effleurements. Sillage de Cardamome, Poivre Noir, tabac, musc, patchouli, ambre, girofle, géranium, miel. Euphorie. La nuit est à nous », a retenu mon attention. On y retrouve tout l’art de Bertrand Duchaufour dans un parfum complexe, sophistiqué et, c’est vrai, un peu ancré dans les années 80. Le départ de davana est acidulé par la mandarine et arrondi par la pomme avant d’être associé à des épices telles le poivre noir et la cardamome puis nous évoluons sur un coeur miellé de clou de girofle et de géranium pour le moins surprenant. La marque parle même de genêt mais je dois dire que je ne l’identifie pas. Le fond de tabac blond est plein de petites facettes et s’associe au maté un peu grillé, à des notes musquées, au patchouli et à la mousse de chêne mais aussi au côté presque cosmétique de l’ambre et de l’opoponax. Il en résulte un parfum extrêmement nuancé, élégant en diable et qui m’a beaucoup plu. Je pense que je pourrais tout à fait me l’approprier. C’est une belle nouveauté et nulle doute qu’elle figurera dans mon top de l’année 2022.
Vu qu’il y a eu plusieurs sorties chez Memo, je ne les avais pas toutes essayées sur la peau. J’ai donc redécouvert « Flam » lancé en 2021, il y a quelques mois et dont j’avais parlé un peu superficiellement. La marque le décrit ainsi : « Un parfum évoquant à la fois l'énergie magnétique des lumières du nord et la chaleur protectrice d'une douillette maison en bois. Une fraîcheur lumineuse fait irruption grâce à une alliance d'ingrédients naturels comme la bergamote, l'orange amère, la sauge sclarée aromatique et le jasmin sambac. Ils tourbillonnent autour des notes fluides et vibrantes du bois de cèdre. Une douce sensation de bien-être à la maison survient, à la faveur d'ingrédients alors généreux venus de la terre mère, tels que la fève tonka et les gousses de vanille, associées au réconfort de l'ambre minéral et à la douceur des muscs blancs ». Sur ma peau, je me suis rendu compte qu’il avait quelque chose de très enveloppant sans jamais être gourmand ni lourd. Après une envolée de bergamote, d’orange amère, de sauge sclarée et d’un accord de pétales de fleurs, le jasmin sambac d’Inde et de Chine se mêlent à un coeur de bois de cèdre très « crayon taillé » avant de se poser sur un fond ambré et vanillé saturé de fève de tonka. J’ai beaucoup aimé son développement sur ma peau et je me suis dit que j’étais un peu passé à côté lorsque je l’avais découvert. C’est un parfum très facetté, qui est, à mon sens, absolument de saison. Il sera idéal sur les cols des manteaux et dans les écharpes sans oublier la peau. Je n’arrive pas à en identifier l’univers car je le trouve vraiment original et je ne peux décrire vraiment mes émotions lorsque je le sens sur moi mais c’est vrai qu’il est vraiment à essayer.
Je n’avais pas de souvenir précis de « Eau pour le Jeune Homme » créé par Jean Laporte pour Maître Parfumeur et Gantier en 1993 et c’est Jessica, qui est l’une des fidèles lectrices de mon blog qui m’a intrigué et m’a donné envie d’y remettre mon nez. Après une envolée hespéridée de bergamote, de citron et d’orange, le coeur de néroli prend vraiment beaucoup de place et je ne sens pas vraiment les épices dont parle la marque, gingembre, noix de muscade et coriandre pas plus que le romarin qui lui confère certainement une note aromatique que j’ai vaguement senti. Le fond de muscs est légèrement adouci par le santal. Je dois dire que ce parfum, décrit ainsi par la marque : « Cette eau tonique personnifie la fougue et l'insouciance d’un jeune homme impertinent, intrépide et infiniment séduisant » n’est pas vraiment dans ma zone de confort car le néroli et autre fleurs d’oranger, même travaillées de manière un peu verte voire épicées, ne sont pas forcément dans ma zone de confort. « Eau pour le Jeune Homme » ne fait pas forcément exception à la règle et il n’est résolument pas pour moi mais je reconnais que c’est une très belle construction. Contrairement à ce que son nom laisse supposer, je le trouve assez mixte. En revanche, il est facile d’accès et peut parfaitement convenir pour un premier parfum lorsque l’on sort de l’adolescence et, pour cela, il est très bien nommé.
J’ai finalement essayé sur la peau « Zeste Patchouli Baie Rose» sorti en 2021 et créé par Corinne Cachen pour La Closerie des Parfums. La créatrice le décrit ainsi : « Dans Zeste de Patchouli que l’on peut traduire comme une infusion fraiche de patchouli il y a de la cardamome, des baies roses et du gingembre : un accord d'épices fraîches apportant vitalité fraicheur épicée et vibrant au patchouli. ». C’est un parfum vraiment très original dont la marque parle avec ces mots : « La baie rose, pétillante, est son premier partenaire. Puis viennent le gingembre et les agrumes. Enfin la feuille de thé, verte et tonique… Des rencontres étonnantes pour un embrun tropical, boisé et iodé, aussi vivifiant qu’envoûtant ». Après un départ comme un torrent de fraîcheur de bergamote, de citron et de gingembre, il évolue vers un coeur de baies roses, de résine d’élémi, de cardamome et de thé puis se pose sur un fond de patchouli et de muscs. Il se dégage de ce parfum à la fois un côté vert et très frais et vraiment patchouli. Je dois dire que je suis impressionné par la qualité des matières premières mais par contre, la concentration est un peu légère à mon goût et du coup, sa tenue est un peu limitée. C’est dommage car vraiment, j’aime beaucoup la création et j’aurais pu peut-être me l’approprier. Je le trouve plutôt intéressant à porter mais il n’est pas vraiment de saison. Je le réessayerai à la fin du printemps.
C’est grâce à Isabelle de la chaine YouTube Espace Passion Parfums qui nous vient du Québec et que je suis régulièrement que j’ai eu envie de remettre mon nez dans « Songes » créé en 2006 pour Annick Goutal (devenu Goutal Paris) par Camille Goutal et Isabelle Doyen. Il existe en eau de parfum et en eau de toilette et je les trouve assez similaires si ce n’est la concentration. J’aurais peut-être une légère préférence pour l’eau de toilette que je trouve plus subtile. C’est un parfum solaire avec une association de fleur de frangipanier et de tiaré rehaussé de jasmin sambac et d’un absolu d’ylang-ylang. Le coeur est épicée avec des notes de cannelle, de cumin et de poivre noir et un fond de benjoin, de vanille bourbon et de patchouli. La marque le décrit comme ainsi : « C’est pour elle-même que Camille Goutal compose Songes, son premier parfum, qui immortalise l’un de ses souvenirs olfactifs les plus marquants. À l’Ile Maurice, lors d’une balade nocturne sur la plage, elle s’est laissée envoûter par les effluves délicieusement solaires des fleurs de frangipanier : douces et capiteuses, légères et voluptueuses ». C’est un parfum exotique, « très Goutal » et je l’ai trouvé vraiment agréable sur ma peau. Il fait, bien évidemment, partie de ma zone de confort et je pourrais le porter assez facilement même s’il est plutôt estampillé féminin. Je le trouve à la fois vraiment solaire et élégant. Je reconnais vraiment la signature d’Isabelle Doyen car, au cours de son évolution, « Songes » se révèle complexe, parfois inattendu et très facetté. Je lui préfèrerais sans doute « Passion » mais j’ai beaucoup aimé le réessayer car je ne l’avais pas senti depuis des années.
J’ai toujours eu un rapport assez particulier avec « Ce Soir ou Jamais » créé en 1999 par Annick Goutal et Isabelle Doyen et je ne l’avais pas senti depuis des années. Il tire son nom des circonstances de sa création puisqu’il est le dernier parfum initié par Annick Goutal alors qu’elle allait partir. Elle l’avait pensé depuis longtemps et sans cesse retravaillé et il lui fallait le sortir comme une urgence. Cela m’a toujours mis mal à l’aise. La marque s’en explique : « Comme une pièce maîtresse, Ce soir ou Jamais est le fruit d’une obsession, celle d’une rose idéalisée, rêvée, adorée. Pendant quinze années de passion, Annick Goutal a sans cesse retravaillé ce parfum et s’est laissé le temps d’atteindre la perfection qu’elle souhaitait : une rose séductrice, naturelle et sauvage ». La marque ne communique pas sur la pyramide olfactive de ce parfum créé autour de la graine d’ambrette et de la rose de Turquie mais évoque « plus de 160 ingrédients secrets ». Il en résulte un parfum complexe, floral, plein de mystère et de sophistication. J’en ai négocié une dos d’essai que je porte intégralement en écrivant et je mesure combien ce parfum est un chef-d’oeuvre même s’il a peut-être un peu changé depuis sa création. Pour moi, il demeure, c’est vrai, l’une des pièces maîtresses de la marque et il me provoque énormément d’émotion. Je ne sais pas si c’est son histoire qui me touche ou son effluve mais je pense que c’est les deux. C’est un parfum d’exception qui mérite d’être essayé sur la peau et pas en cinq minutes sur une touche. Vraiment je le trouve magnifique mais, si je n’aime pas trop genrer les parfums, je le trouve sans doute un peu trop féminin pour moi mais il ne faut jamais dire jamais.
Voilà pour cette série d’essais. J’espère vous avoir donné envie. Je suis très content de ces découvertes ou redécouvertes car j’ai mis mon nez dans de très belles créations et c’est aussi ce qui me motive à continuer la rédaction de ce blog. Je suis complètement séduit bien souvent et on ne peut pas tout porter donc ces trouvailles ne sont pas toujours pour moi mais elle peuvent peut-être vous plaire aussi.
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