Qui est Delphine Jelk ?
Le nom de Delphine Jelk devient de plus en plus incontournable chez Guerlain. En effet, depuis quelques années, elle a signé de nombreuses nouveautés éphémères ou permanentes. J’avoue que je ne connaissais ni son parcours ni son travail mais que sa personnalité, très affirmée, m’intrigue. J’ai décidé de faire des recherches pour lui consacrer un portrait peut-être un peu différent de celui des autres parfumeurs car j’ai l’impression qu’il y a comme quelque chose sur le point d’éclore à la fois dans son travail et dans ses engagements pour une parfumerie plus équitable et plus axée sur les belles matières que précédemment dans la marque. En tout cas, je suis allé sur les traces de cette parfumeuse talentueuse et aux choix affirmés. Je vais essayer de vous donner mes impressions également sur son travail.
Delphine Jelk fait partie de ces créateurs qui ne se destinaient pas à une carrière dans la parfumerie sous cette forme. Elle a exploré d’autres pistes avant de se lancer. Le site Olfastory révèle : « Delphine Jelk ne se destinait pas de prime abord à intégrer l'univers de la parfumerie. Elle fit dans un premier temps des études dans la mode et acquit une expérience en marketing du parfum. C'est ainsi qu'elle fut séduite par cet univers peu commun. Elle se dirigea donc vers l’Institut de Parfumerie de Grasse, duquel elle sortit avec un diplôme en poche. Tout d’abord, elle occupa une place au sein de l'entreprise Drom. Cette entreprise est considérée comme étant le « Petit Poucet » du marché mondial de la parfumerie dominé par de véritables géants. Il s'agit d'une entreprise familiale allemande comptant seulement cinq unités de production dans le monde mais se dotant d'une créativité et d'une réactivité sans égale. C'est là que Delphine Jelk fit ses armes, développant une technique sans faille capable de faire naître les plus grands succès ». C’est donc au sein de la maison de composition Drom qu’elle a fait ses premières armes en créant des parfums tels « N°9 Posala » pour Odin, « Aubade » et « Anecdote » pour Aubade en 2013. Parallèlement à cela, elle compose, en 2009 la toute première version de « La Petite Robe Noire » qui sera adaptée à la maison Guerlain par Thierry Wasser dans une version plus commerciale et qui connaitra le succès que nous savons. C’est donc en 2013 qu’elle intègre la maison Guerlain et commence, petit à petit, à inventer de nouveaux jus et à en réinventer d’autres. Aujourd’hui, elle signe, seule ou avec Thierry Wasser, la plupart des créations et des éphémères de la marque et travaille pour toutes les collections de la maison. Je trouve qu’elle imprime vraiment sa marque et impose une signature radicalement différente de celle de son mentor même si elle reste dans la ligne fixée par la direction artistique de la marque. J’ai choisi deux parfums réalisés par Delphine Jelk que je trouve assez significatifs de son style.
Mon premier choix s’est porté sur l’une des plus récentes créations de la collection Aqua Allegoria, « Florabloom » lancée en 2024. « Florabloom, c'est l'explosion joyeuse d’un bouquet coloré comme un arc-en-ciel, illuminé en son cœur par une tubéreuse aussi vraie que nature. Autour de cette fleur blanche éblouissante, roses, notes d'iris et de violettes se mêlent sur fond de mousse et révèlent des facettes solaires et onctueuses. Une création inspirée par le spectacle éblouissant des superfloraisons du désert, phénomène naturel rare qui par des pluies intenses, donne vie à un parterre de fleurs aux mille couleurs ». C’est un floral et, même si je préfère la version Forte, je suis très client de ce genre de fragrances surtout l’été. En tout cas, c’est aux Galeries Lafayette de Dijon, lors d’un week-end dans la cité des Ducs de Bourgogne, que j’ai vraiment essayé ces deux créations. Delphine Jelk a donné sa version du bouquet floral, de la rose de Grasse et de la tubéreuse avec une très jolie touche fruitée, discrète, légèrement gourmande et particulièrement bien intégrée dans cette explosion de fleurs blanches. Je dois dire que je me suis vraiment fait plaisir à porter l’une et l’autre des versions qui sont assez différentes même construites autour de la même « colonne vertébrale ». Ces deux créations m’ont réconcilié avec la collection dont je m’étais détourné depuis très longtemps. Delphine Jelk, comme elle l’avait fait, dans un tout autre registre dans la version « Habit Rouge - Rouge Privé », une sortie éphémère, retrouver, à mon sens, l’esprit de la maison Guerlain de mon adolescence. Je pourrais parler de l’une et l’autre des versions.
Il me fallait quand même choisir un parfum de la collection L’Art et La Matière même si je ne suis pas complètement convaincu surtout avec la flambée des prix. Bien sûr, j’aurais pu revenir sur « Patchouli Paris » que j’ai découvert en début d’été et qui m’a vraiment beaucoup plu mais je n’ai pas voulu trop radoter. J’ai préféré mettre de côté mes goûts et tenter de trouver une création emblématique du style Delphine Jelk et j’ai finalement opté pour « Santal Pao Rosa » sorti en 2021. Ce n’est pas un coup de coeur comme le patchouli et je ne suis pas tellement fan du bois de santal donc, en le re-sentant, j’ai essayé d’être le plus objectif possible. « La Nature devient Art lorsque la force du santal s’enveloppe de tendres pétales de rose. Entre bois et fleur, une partition des contraires renforcée par une entrée fraiche et épicée de cardamome, et un fond plus sombre d'oud et de notes de myrrhe. Santal Pao Rosa emprunte son nom au patrimoine Guerlain : Pao Rosa était un parfum d'Aimé Guerlain de 1877 évoquant déjà la rencontre du bois et de la rose ». J’étais assez passé à côté de ce parfum et, en le réessayant, j’ai essayé d’avoir l’esprit ouvert. Je ne suis pas du tout un amateur de bois de santal et c’était globalement un défi. J’ai aimé le résultat que je trouve finalement très facetté et assez agréable à porter. Il y a un côté très élégant et on trouve quand même les petites notes un peu gourmande si je peux dire, que Delphine Jelk maîtrise royalement.
Delphine Jelk apporte à la maison Guerlain un souffle tout à fait moderne. Elle semble pourtant connaitre parfaitement les bases du patrimoine de la maison, preuve en est le très beau « Habit Rouge - Rouge Privé », hélas éphémère, qui nous a ramené, un an durant, aux origine de l’eau de parfum quand elle est sortie, avec une note davantage cuirée. Ça fait du bien. Delphine Jelk compose beaucoup de parfums pour Guerlain, sa signature s’impose de plus en plus et je me suis demandé si elle n’était pas en train de tourner la page Thierry Wasser et d’emmener la marque vers une nouvelle direction. En tout cas, son travail me semble significatif des orientations de Guerlain aujourd’hui. Je pense que l’évolution est inéluctable et il faut toujours essayer de voir comment elle se pratique.
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