Rancé 1795, quelques féminins de la collection impériale
La maison Rancé est ancienne, très ancienne puisqu’elle a été fondée à Grasse vers 1600 par Louis Rancé puis, en 1795, elle devient officiellement une maison de parfum avec l’avènement de François Rancé. Depuis lors, et c’est absolument exceptionnel, les générations se sont succédées jusqu’à aujourd’hui. Fleuron de la parfumerie fine française, la maison Rancé est installée à Milan en Italie depuis 1902. J’avoue que j’avais croisé les flacons de cette marque historique chez Jovoy à Paris mais que je n’avais pas senti les parfums. C’est grâce à Florence de la parfumerie Arcane Majeur à Vichy que j’ai vraiment découvert le travail des parfumeurs de la maison et les collaborations qu’elle a pu avoir avec d’autres créateurs dont Luca Maffei et chacun sait à quel point je suis sensible à son univers olfactif. La septième génération de Rancé est aujourd’hui aux commande et l’aventure humaine semble aussi importante que les parfums proprement dits. À ce jour, 38 parfums répartis en quatre collections ont vu le jour. J’en ai sélectionné quatre, tous issus de la collection classique, que je connais et que j’aime beaucoup pour essayer de vous donner envie de découvrir cet univers vraiment historique qui m’a touché et dont je suis content de parler aujourd’hui.
Créé en 2006 par Jeanne Sandra Rancé en hommage à l’impératrice, « Eugénie » est un grand floral fruité qui, pour moi, demeure un des très beau féminins de la marque. « François Alexandre Rancé, le petit-fils de François, a montré son admiration pour l'Impératrice Eugénie, la femme de l'Empereur Napoléon III: La beauté discrète, délicate et pénétrante ... la beauté qui conquiert. Le parfum correspond à l'Impératrice Eugénie, qui a gagné la France et toute l'Europe avec son charme, son sourire et son élégance. Seules les essences les plus raffinées et délicates ont été réunies. Les fruits d’eau juteux font s’épanouir le charme impertinent d’Eugénie, et révèlent un cœur délicat et sensuel ». Quand je sens ce parfum, je suis vraiment impressionné par l’envolée de mandarine et de melon presque suave renforcée par un accord pomme très profond qui nous entraîne sur un coeur qui est, pour moi, une explosion de jasmin, de magnolia, de rose et de violette contrebalancé par des notes aquatiques d’eau douce. J’ai le parfum sur une touche pendant que j’écris et je dois dire que le plaisir s’intensifie lorsqu’il arrive sur un fond à la fois discret et très rond d’ambre, de muscs blanc et de vanille souvenu par le bois de santal. « Eugénie » est vraiment un intemporel. J’avais peur, lorsque j’ai découvert le flacon, qu’il ait un côté un peu trop vintage mais finalement non. C’est un floral fruité qui, s’il sortait aujourd’hui, rencontrerait son public facilement.
Créé en référence à l’héroïne de L’Iliade je suppose, « Hélène » a été composé par Giovanni Rancé en 2010. « Des notes fruitées et des fleurs blanches enchanteresses : Hélène est une invitation à une île de rêve. En tête, une délicieuse poire côtoie des touches fruitées pétillantes. Le cœur débute par un délicat bouquet floral parfumé de rose, de magnolia et de fleurs blanches. En fond, un ambre envoûtant dévoile des notes chaudes de santal et de patchouli, qui donnent à Hélène une allure captivante » et je le trouve à la fois vraiment solaire et sophistiqué. Il s’ouvre sur une envolée de citron et de cassis très frais adoucis par une poire suave et très bien vue puis nous arrivons sur un coeur de fleur de pêche, de magnolia, de jasmin et de néroli rehaussé de traces de poivre rose puis le parfum s’arrondit en arrivant, au fond, sur des notes de fève tonka, de muscs blancs et de patchouli. L’ensemble est un floral très dense, un peu à l’italienne et, je trouve, très élégant bien qu’un peu « dans l’air du temps ». Il est sans doute moins original que le précédent mais j’aime beaucoup le côté à la fois dense et translucide comme de l’eau. « Hélène » me fait penser aux îles de la Méditerranée avec un entremêlement de senteurs de fleurs humides. Je crois que, bien qu’il s’agisse clairement d’un féminin, je pourrais tout à fait le porter.
Créé par Maurizio Cerizza en 2016, « Éléonore » est résolument gourmand et pourtant je l’ai retenu ! « D’une aventureuse histoire d'amour et d'évasion, un somptueux rêve de fruits, d'épices et de résines précieuses. D'une aventureuse histoire d'amour et de fuite, la Maison Rancé crée Éléonore, un rêve somptueux de fruits et d'épices. Rencontre entre un alléchant red velvet cake et un coffret de précieuses résines, la pyramide olfactive de la fragrance est un mélange gourmand de contrastes audacieux. Le pouvoir enivrant de la myrrhe vient bousculer la luminosité du citron de Sicile et de la pêche. En note de cœur, l'intensité absolue de la vanille se mêle au safran dans un jeu d'ombres et de lumières. À la base, la quintessence du précieux: patchouli, bois de santal, encens et une touche finale de fève de Tonka. Amour, fuite et une petite pincée de vanille, tel est le nouveau philtre d'amour Rancé 1795, créé en collaboration avec le nez Maurizio Cerizza ». L’ouverture est très complexe avec des notes de citron sicilien très juteux, de pêche, de myrrhe et d’hédione puis un coeur de vanille de Tahiti et de safran qui se pose sur un fond de patchouli, de bois de santal, d’encens, d’ambre, de fève tonka et de muscs. Pour moi, il est peut-être le plus « historique » de ma sélection car il me ramène aux parfums très opulents des années 20 avec une vanille persistante bien que naturelle et un côté poudré et, finalement, très oriental.
« L'allure sensuelle et intemporelle de Joséphine, la femme la plus aimée par Napoléon, est l'âme de ces notes chaudes, mystérieuses et passionnées, que François Rancé lui a consacrées. L'intensité des fleurs de printemps, la séduction de notes exotiques, l'accord pénétrant des fruits et des bois, tout cela crée une composition qui est une invitation à la sensualité, dans une atmosphère de luxe et d’élégance. François Rancé a dédié ce parfum à la femme que Napoléon aima plus que tout. Aujourd’hui, Joséphine renaît dans une fragrance fleur orientale, intime et mystérieuse. En ouverture, la douceur enveloppante de la rose de Bulgarie se marie avec la violette dans un bouquet sophistiqué de fleurs fraîches, avec des accents de groseille. Dans le cœur, la fleur de vanille, chaude et enveloppante, se mêle à l’opoponax et au poivre rose, dans un mélange épicé à la saveur légèrement terreuse. Le fond de mousses, modulé comme un velours, est réchauffé par les tonalités boisées et résineuses de l’encens de l’Oman. Joséphine: tout le charme d’une femme brillante, joyeuse et sensuelle ». Pour finir, j’ai eu envie de revenir sur un parfum dont j’ai déjà parlé à plusieurs reprises mais il est vraiment mon préféré des féminins. « Joséphine » a été créé en 2005 par Jeanne Sandra Rancé et, vraiment, c’est un des très beaux floraux que j’ai pu sentir dans ma vie et même mettre sur ma peau ! Il me séduit, m’intrigue et je le trouve parfaitement addictif. Il fait la part belle à la rose qui est présente dès les notes de tête où elle est associée à l’aubépine, à la groseille et à la violette ce qui donne déjà, à la vaporisation, quelque chose d’élégant et d’un peu inédit puis le coeur se fait plus résineux avec l’opoponax, la fleur de vanille et le poivre rose. Le fond, très discret d’encens d’Oman, de muscs blancs et d’ambre laisse toute sa place à ce coeur floral vraiment superbe. J’ai vraiment un coup de coeur pour « Joséphine ».
Je vrais réétudier les collections Les Étoiles et Rue Rancé dans les prochains mois car, le peu que j’ai pu découvrir m’a plu mais je suis moins sensible aux masculins de la collection impériale. Peut-être changerai-je d’avis mais pour l’instant, je vous reparlerai de la marque dans deux autres articles. J’ai été très séduit par l’idée d’une vraie marque historique, pas galvaudée, pas ressortie d’on ne sait où mais appartenant à la même famille depuis sa création. C’est l’histoire d’une dynastie et, en parfumerie, avec Floris à Londres, c’est l’un des rares exemples que je connais. En tout cas, c’est un beau travail, pas du tout vieillot et je pense qu’il faut vraiment ne pas s’arrêter au côté vintage des flacons mais s’intéresser aux créations en tant que tel.
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