Retour à la boutique Richelieu de Nicolaï Parfumeur Créateur
Il y a quelques années, lorsque j’ai découvert ma maison Nicolaï Parfumeur Créateur dans la boutique de la rue Richelieu à Paris, j’avais donné une première impression sur les parfums sentis et essayés, notamment « Number One » qui est encore un un best de la marque. À chaque passage à Paris, je suis séduit par la qualité et la diversité des créations que propose Patricia de Nicolaï au sein de ses parfumeries parisiennes. C’est pourquoi j’ai voulu lui consacrer un second article en complément du premier. En effet, en 1989, avec le concours de son mari Jean-Louis Michaud, peu satisfaite des missions qu’on lui confie au sein de la maison Quest International (aujourd’hui Givaudan), elle crée sa propre maison, Nicolaï, qui regroupe ses premiers parfums tels « Number One » par exemple, dont la qualité n’a jamais varié. Je suis allé me replonger dans l’univers très élégant, terriblement parisien chic d’une maison de niche pas vraiment comme les autres car elle est surtout l’expression du talent de sa fondatrice et créatrice dont j’admire la ténacité qu’elle a développé pour être l’une des premières femmes parfumeur et surtout pour rester au top.
Qui est Patricia de Nicolaï ?
Elle est née le 5 décembre 1957 dans la famille Guerlain puisqu’elle est la nièce de Jean-Paul qui, lui-même travaille déjà çà la création de la marque. Après des études de chimie à l’université, elle intègre l’institut supérieur international du parfum à Versailles et devient parfumeur junior chez Florasynth puis chez Quest International avant de monter, en 1989, sa propre marque et d’installer son laboratoire près du Trocaéro dans la boutique Poincaré et son usine à La Ferté-Saint-Aubin. Elle est également, depuis 2008, la présidente de l’osmothèque. J’ai vu et écouté, voire lu nombre d’interview de Patricia de Nicolaï et ce qui m’a le plus frappé est sa simplicité, sa bienveillance et la passion qui l’anime pour continuer son travail coûte que coûte. Depuis 1989, elle a créé à peu près 70 parfums dont certains qui ont, c’est vrai, étés discontinuer. Sa marque de fabrique est le plaisir sans contrainte de créer de beaux parfums, avec de belles matières.
Patricia de Nicolaï
Pour ce qui est du packaging, il a légèrement évolué mais je le trouve épuré et élégant avec des codes couleur et des formes qui « font chic ». Il y a des pépites chez Nicolaï et j’en ai sélectionné quelques unes pour vous donner envie d’aller les découvrir. J’ai essayé de choisir des créations ont je n’avais pas ou peu parlé afin de ne pas trop radoter.
Quatre ou cinq parfums que j'aime
J’ai tout d’abord choisi l’un des bests de la marque. Il s’agit de New York que je connais bien et que Patricia de Nicolaï a créé en 1989. Il est, et c’est évident, un hommage assumé à « Habit Rouge » de Guerlain. Il ne ressemble pas totalement à la version originale mais c’est une variation autour du même thème. Il s’ouvre sur une envolée très hespéridée avec des notes de bergamote et de citron mais aussi aromatiques avec le petit grain de citronnier, le thym et l’armoise puis vient un coeur de poivre noir, de clou de girofle, de cannelle, de lavande et de camomille très frais qui prépare notre nez pour un fond de mousse de chêne de fève tonka absolue, de styrax, d’encens et de muscs. « A l’image de la ville qui ne dort jamais, la fragrance anime et pimente la vie de ceux qui la portent. Poivre, clou de girofle et patchouli sur un départ hespéridé composent cet oriental épicé plébiscité par la critique. Le parfum signature de Patricia de Nicolaï ». Entre hespéridé et oriental, « New York » possède une vraie identité. Je lui trouve quelque chose de très addictif. En 2014, Patricia de Nicolaï se décide à lancer un « New York Intense », plus profond mais avec sensiblement les mêmes notes. Je l’aime bien même si je le trouve plus baumé. « Patricia de Nicolaï retranscrit ici sa fascination pour la ville qui ne dort jamais avec sa «patte orientale» si enivrante : après quelques zestes fusants, poivre et clou de girofle pimentent le patchouli bordé de vanille, d’encens et de baumes. Il parfume les aventures de San Antonio, dont l’auteur Frédéric Dard, était l’un des premiers aficionados ». Cette nouvelle interprétation de l’oriental un peu masculin mais surtout très « sixties » est un peu plus sophistiquée et elle plaira, je pense, autant aux amateurs de « New York » qu’à celles et ceux qui préfèrent des parfums plus complexes et plus capiteux.
J’ai décidé de rester un peu dans le même thème en utilisant le fond de mon échantillon de « Sacrebleu Intense » créé en 2008 : « Son nom, une ancienne injure, est à la hauteur de ce grand floral poudré, autour des fleurs blanches -jasmin, tubéreuse- bousculées d’oeillet et de cannelle. Un lyrisme olfactif qui s’épanouit dans un fond de baumes, de santal et de vanille ». Avec ce parfum, Patricia de Nicolaï donne une lecture très complexe et assez inédite du parfum oriental en associant la colonne vertébrale habituelle du départ un peu hespéridé avec la bergamote et la mandarine qui sont associée d’une manière presque incongrue aux fruits rouges et qui nous ouvre la voix un coeur très floral et épicé avec des notes de tubéreuse, de jasmin, d’oeillet mais aussi de cannelle et de coriandre. Le fond, très profond de vanille, de fève tonka, de benjoin, de bois de santal et d’ambre est du plus bel effet et je trouve qu’il apporte au parfum une profondeur très « classique » qui peut constituer un refuge pour les déçu des grands parfums orientaux de la parfumerie traditionnelle qui auraient un peu trop changé. « Sacrebleu » est un modèle d’équilibre. C’est un faux classique car il offre quelques twists à la fois inédits et parfaitement surprenants. Je l’ai mis sur ma peau pour écrire et, même s’il est assez éloigné de mes goûts habituels, je le trouve totalement agréable et très réussi. Je suis content de l’avoir réessayé pour écrire mon article car il est une vraie réussite.
Créé en 2018, « Week-End in Normandy » fait partie des très belles redécouvertes que j’ai pu faire pour écrire mon article. Je l’avais un peu oublié et, vraiment, il me plait énormément. C’est un floral vert comme je les aime. « Une escapade en Normandie au retour des beaux jours… ici, on se promène entre les herbes coupées, les pommiers en fleurs et le muguet des bois avec un léger fond cuiré qui rappelle que les écuries ne sont pas loin ». Il s’ouvre sur un départ de bergamote, de citron, de galbanum mais aussi d’estragon, de basilic et de menthe pour s’enrichir d’un coeur de muguet, de jasmin, et de cardamome puis d’un fond de mousse de chêne, de cèdre, de cuir et de musc. En en lisant la pyramide, je me rends compte qu’il n’est pas étonnant qu’il me plaise. En effet, à l’instar de « Synthétic Nature » (ex « Synthétic Jungle ») des Éditions de Parfum Frédéric Malle, c’est un néo-chypré floral et vert à la fois même s’il est beaucoup plus doux et moins segmentant. Effectivement, Patricia de Nicolaï parle d’un séjour en Normandie et je dois dire que je comprends ce qu’elle veut dire. Sur moi, les notes de muguet et de mousse de chêne. Naturaliste, il est, pour moi, un choix tout à fait envisageable. Il est d’ailleurs très probable que je le porte un jour.
Il est des parfums sur lesquels, même si je les ai aimés dès la découverte, à côté desquels j’étais presque passé. C’est le cas de « Caravansérail Intense» créé l’an dernier, en 2023, par Patricia de Nicolaï. Le redécouvrir et le poser sur ma peau est une véritable révélation. En effet, non seulement il me plait comme je le pensais mais, bien au-delà, c’est un vrai coup de coeur. « Vers le Levant: l’aventure des sables débute. Trait d’union entre plusieurs contrées, Caravansérail Intense est une halte où se rejoignent la route du café et celle des épices. Lieu d’hospitalité historique non loin des déserts arides, explorateurs pionniers et âmes voyageuses sont les bienvenus autour d’un café traditionnel, brulant et addictif, dont les volutes révèlent les facettes fraîches des graines de cardamome. Des notes fruitées et liquoreuses réhaussent ce mélange divin. De la cannelle et des clous de girofle sont délicieusement saupoudrés tandis qu’un duo de coeur de patchouli et de santal apporte une intensité boisée. Enfin, un vent de sable puissant aux notes ambrées sèches souligne l’immortelle, la vanille et la fève tonka ». Avec ces mots, la marque décrit parfaitement l’univers de cette composition vraiment « faite pour moi ». Je me reconnais souvent dans le travail de Patricia de Nicolaï et, vraiment, « Caravansérail » est superbe sur ma peau. C’est quand même tout ce que j’aime : une envolée de prune qui prend le dessus sur l’absolu de café et l’accord framboise, un coeur de cardamome, de clou de girofle, de cannelle, de coeur de patchouli et de bois de santal puis un fond de vanille, de fève tonka et d’immortelle, tout y est. Il ne leur ressemble pas mais « Caravansérail Intense » est dans la lignée d’un « Noir Épices » créé par Michel Roudnitska pour les Éditions de Parfums Frédéric Malle ou encore un « Esprit du Tigre » de Heeley. C’est un oriental épicé parfaitement réussi, original et addictif. En tout cas, j’aime le sentir et je ne me gêne pas. J’utilise les échantillons qu’on m’a offert avec délice. Je suis sous le charme e « Caravansérail Intense » et je pense qu’un jour je le porterai. Il y a toujours des choix à faire mais celui-ci me fait déjà envie. C’est l’un des vrais coups de coeur que j’ai pu vraiment avoir lors de mon dernier séjour à Paris. En tout cas, quel plaisir de s’enthousiasmer encore !
J’aurais bien évidement pu évoquer « Number One Intense », « Patchouli Intense », « Cuir Cuba Intense », « Musc Monoï » ou encore « Baïkal Leather Intense » que je porte tous les hivers ainsi que « Iris Médicis » qui est un réel coup de coeur mais. J’ai choisi de me concentrer sur des parfums dont j’ai moins parlé ou sur lesquels j’avais un peu fait l’impasse pour ce second article sur les oeuvres de Patricia de Nicolaï. On oublie parfois combien c’est une pionnière de la parfumerie indépendante et comme elle a su rester au top. Je voulais, avec cette deuxième revue, saluer le travail d’une créatrice qui, vraiment, sait provoquer chez moi des émotions olfactives. Je suis content d’être retourné, grâce à ce court séjour à Paris, dans la boutique Richelieu où nous avons étés super bien reçu. Ça donne envie !
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