Retour sur Zoologist (2ème partie)
« Le soleil scintillait sur les vagues ondulantes, sa danse matinale sur l'océan Indien réveillant les dodos de leur sommeil insouciant. Trébuchant ivres sur le sol de la forêt, ils se sont régalés de fruits trop mûrs là où ils se trouvaient, déposés pour eux par l'île paradisiaque luxuriante qui les a nourris. Pendant des générations, les rivages abondants et sans prédateurs les ont bercés dans un tel état de complaisance que leurs ailes sont devenues inactives et que le vol a été perdu - même pour la mémoire. En fin de compte, l'évolution les trahirait, mais tant qu'elle a duré, les dodos ont connu une existence marquée par la facilité et le confort ». Je n’avais pas senti la version de « Dodo » de 2019 créé par Joseph DeLapp mais je suis content de découvrir l’édition 2020 composée par Yves Cassar. C’est un parfum très agréable encore une fois, il est très réconfortant. Il s’ouvre sur des notes de bergamote, de petitgrain, de poivre rose et de romarin. Puis le coeur se fait épicé et fruité avec des notes de cardamome, d’ananas qui sont rehaussé d’un absolu de cassis. Le fond est complètement atypique, il se fait aromatique avec des notes de sauge sclarée, de basilic, de lavande et de lavandin, un peu mentholé avec le géranium, épicé avec le cumin, et très végétal avec des mousses d’arbres et du patchouli arrondi par les muscs blancs et la fève tonka. Je lui trouve même un côté un peu poudré. C’est un très joli parfum et je le trouve à la fois séduisant et facile à porter. Pour moi, c’est un fruité aromatique. Je sais, ça a l’air étrange mais il y a une vraie cohérence dans son développement. Je pourrais tout à fait me l’approprier mais j’ai des coups de coeur peut-être plus nets dans la marque.
J’échange beaucoup avec Isabelle de la chaîne YouTube Espace Passion Parfum qui nous vient du Québec et, depuis plusieurs semaines, elle me conseille d’essayer « Cardinal » créé en 2022 par Rosendo Mateu et elle est persuadée qu’il va me plaire. Elle a bien raison. C’est un coup de coeur. Je savais très bien ce qu’était le cardinal, un passereau qui doit son nom à son plumage rouge et que l’on trouve surtout sur le continent américain si je ne m’abuse. Je trouve qu’il est particulièrement spectaculaire et j’attendais de voir comment Rosendo Matteu allait interpréter son habitat dans un parfum. Vraiment, je suis conquis. « Les branches se dénudent sur un ciel gris. La gaieté de l'été a fait place au marasme de l'automne, et à mesure que l'hiver s'installe, les troupeaux prennent leur envol, comme les invités d'une fête qui s'amenuise. Mais une paire de fêtards s'attarde, lui en parure cramoisie, elle dans des tons sages. Parmi des banderoles en lambeaux de feuilles de cuivre, ils gazouillent un joyeux duo. Autour du nid des cardinaux, les glaçons de guirlandes ont peut-être remplacé les fleurs de roses vibrantes, mais alors qu'ils se régalent de baies écarlates qui parsèment le paysage enneigé, l'esprit festif de cette couvée à plumes refuse d'être refroidi ». C’est un chypre moderne et flamboyant qui, après une envolée de citron, de bergamote, de mandarine et de galbanum nous conduit sur un coeur de rose, de sauge sclarée et de cuir puis sur le fond classique de l’accord chypré, patchouli et mousse de chêne adouci par les muscs blancs et une très belle et discrète vanille. Sur ma peau, il matche aussi bien que « Panda » qui est mon autre préféré dans la marque. C’est un parfum qui pourrait tout à fait me convenir.
J’ai peu également sentir « Sacred Scarab » créé par Sultan Pasha (?) en 2022 et qui est ainsi décrit par la marque : « Le prospecteur obstiné trouve de l'or. Après avoir découvert une charge utile riche en nutriments, le scarabée rentre chez lui. Face contre terre, guidée par le soleil, elle propulse les excréments serrés vers un terrier tapissé de sphères sombres. Sous terre, il creuse un tunnel dans la balle pour déposer un précieux œuf. Avec le temps, la larve éclot et se nourrit, jusqu'à ce qu'elle émerge, complètement formée, et son instinct la pousse sur le même sentier poussiéreux pour répéter le cycle ». Je trouve la présentation quelque part un peu tarabiscotée mais elle est ce qu’elle est et le parfum est très intéressant. Il s’ouvre sur des notes de citron rehaussées par un accord civette et des aldéhydes très présentes et un peu fraîches puis vient un coeur construit sur un accord vin, un versant prune et une molécule synthétique reprenant l’odeur du lotus. Le parfum se fait à la fois très dense, presque liquoreux et à la fois aquatique sans jamais être salin. Je trouve qu’il est très original. Après une assez longue évolution, il se pose sur un fond d’encens et de myrrhe rafraichi par des notes de galbanum très vertes, de raisin, de genièvre et de mousse de chêne et arrondi par un accord cuir, benjoin, ambre, styrax et muscs blancs. « Sacred Scarab » est une très belle création et j’aime beaucoup le sentir. Il est très enveloppant. Je ne suis pas certain de pouvoir l’assumer même si la dualité entre notes profonde et fruitées avec celles, plus vertes et fraîche est très belle.
Je continue l’exploration des parfums Zoologist que je ne connaissais pas avec « Cockatiel » créé par Sven Pritzkoleit en 2022 et qui est supposé recréer l’habitat de la très belle perruche calopsitte que je connais très bien pour en avoir approché pendant toute mon enfance. Il en résulte un parfum doux, agréable très élégant qui, après une envolée pétillante de champagne et de rhubarbe nous emmène sur un coeur poudré et enveloppant de bois de cachemire, d’acacia et d’un accord poudre de riz très « blanc » puis sur un fond de bois de gaïac, de patchouli, de vanille très présente et de muscs blancs. « Le printemps australien arrive, portant des robes éblouissantes de fleurs jaunes pour habiller les acacias dorés nus. Des nuages au doux parfum miellé, attrapés par la brise, portent une invitation à l'intérieur des terres, où un groupe de calopsittes reprend joyeusement la fête. Émergeant des nids poussiéreux, les oiseaux sont prêts à se lisser et à caracoler. Sur une scène bancale de branches, des crêtes vives vibrent au rythme de leurs chants joyeux. Après un rappel final, le troupeau prend son envol. Descendant dans un champ voisin, ils partagent un délicieux brunch, bourdonnant du frisson de leur récital époustouflant ». Je trouve que « Cockatiel » est sans doute un peu gourmand pour moi car la note très vanillée en fond me trouble un peu mais il n’en demeure pas moins que c’est un cocon enveloppant, presque amandé comme si on était caressé par le bec d’un oiseau plein de plumes. Tiens, « caressant » est le mot qui convient. Je ne m’en rends compte qu’en écrivant. C’est un doux parfum qui, au plus froid de l’hiver comme au printemps ou à l’automne, peut nous accompagner merveilleusement. Je pourrais le porter mais il ne m’attire peut-être pas autant que « Panda » ou encore « Koala » et « Cardinal ».
Créé par Luca Maffei qui est un parfumeur dont j’aime énormément le travail, « Harvest Mouse » est la nouveauté 2023 et doit figurer l’habitat d’un petit rongeur que l’on pourrait appeler la souris des moissons si l’on traduit littéralement mais qui est peut-être plus le mulot des champs en Europe. « Les vents d'automne sautent sur les champs de blé doré. Alors que les hautes herbes gonflent, le hochet des cosses bat une douce berceuse des prairies, signalant au soleil fatigué de se reposer. Dans la lumière déclinante, de minuscules souris des moissons s'aventurent, se précipitant pour cueillir des graines et des fruits. Car une fois que le soleil se couche complètement sous l'horizon, sa domination du ciel est accordée à un autre. Et quand le roucoulement de la chouette brise la nuit, les souris se précipitent, tremblantes, vers leurs nids ». Dès le départ, je suis séduit par les notes de bergamote, de cloud e girofle, de camomille et de fleur d’oranger qui, sans jamais être mièvres, viennent titiller mon odorat et le ravir. L’absolu de foin au coeur mélangé au benjoin très rond et baumé, à l’opoponax ainsi qu’à la rose et à une note de davana est du plus bel effet mais c’est le fond de « Harvest Mouse » que je trouve le plus beau. Les accents de sapin baumier, de mousse de chêne, de bois de cèdre, de santal, de vanille et de baume du Pérou sont absolument magnifiques et se mêlent et s’entremêlent pour donner un parfum à la fois élégant et naturaliste. J’aime beaucoup cette création qui se retrouvera sans doute dans mon top 20 2023.
Voilà, j’en ai fini avec la très belle sélection de Fabien en ce qui concerne Zoologist. Je crois que, depuis le début, j’ai tout passé en revue. C’est une marque fascinante, foisonnante, et qui nous entraine sur de très belles fragrances. Je pense qu’elle est trop peu diffusée en France et je suis content de les avoir découverts. Si je reprends tout ce que je connais, j’ai trois coups de coeur absolu. Tout d’abord « Panda » puis « Cardinal » et enfin « Koala » et j’aime plein d’autres créations. Vraiment, je vous engage à contacter Fabien si vous cherchez un parfum vraiment atypique.
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