Passion Parfums

Tout comme Guerlain, la maison Yves Saint-Laurent multiplie les collections privées. En effet, le Vestiaire des Parfums se décline en deux autres séries, appelées Le Vestiaire des Parfums Édition Couture, Collection de Nuit et Oriental Collection. J’avoue que j’ai un peu de mal à m’y retrouver si ce n’est par la couleur des flacons. Il fallait commencer par un bout alors je suis allé découvrir les création du Vestiaire des Parfums « de base » si j’ose dire avant de me concentrer sur les autres. C’était déjà un travail assez important car j’ai tout senti et j’en air retenu cinq dont j’ai eu la chance de me voir offrir des doses d’essai et donc j’ai pu découvrir ce qu’ils donnaient sur la peau. Alors, coup de coeur, pas coup de coeur ? Je vais essayer de vous faire une revue subjective car encore une fois mes avis n’ont pas valeur de critique et vous indiquer ceux qui m’ont plu et ceux que j’ai moins aimé parmi ma sélection.

« Ensemble noir, satin brillant, grain de poudre mat : le smoking est une icône. Réinventé par Monsieur Yves Saint Laurent, il révèle une sensualité insolente et trace les contours faussement stricts d’un érotisme androgyne. Une allure éternellement impertinente. La texture mate du Patchouli éclairée par la brillance noire des Épices. Une élégance contemporaine twistée par une note d’impertinence ». Imaginé par la très talentueuse Juliette Karagueuzoglou en 2015, « Tuxedo » est le premier parfum que j’ai essayé vraiment car le côté chypré sans mousse de chêne m’intriguait au plus haut point. Alors ce qui est drôle avec ce parfum c’est que j’ai retrouvé un côté chypre vert au départ avec des notes de feuille de violette, de coriandre et évidemment de bergamote à l’envolée, un coeur de rose et de poivre noir très prononcé et un fond de patchouli et d’ambre gris. J’ai bien aimé le parfum sur quasiment toute son évolution. Il m’a évoqué un peu des grandes créations des années 50 et 60 et il m’a rendu un peu nostalgique car j’ai presque été gêné par le twist très ambré et moderne des notes de fond. Si j’essaye d’être subjectif, je pourrais dire que « Tuxedo » est un beau parfum mais qu’il n’est pas tout à fait pour moi même si j’adore l’ouverture et le coeur épicé. Finalement, le fond est trop ambré, trop oriental pour moi et ça me gâche un peu le plaisir.

 

 

Lorsque je l’ai senti sur le stand, j’ai eu un petit engouement pour « Saharienne » créé par Alberto Morillas en 2015. Il s’agit toujours d’un accord chypre sans mousse de chêne mais plus floral, plus aromatique et plus frais. La marque le décrit ainsi : « Aventure aux couleurs de sable, été sans fin, soleil de plomb : en toile de coton, la saharienne se fond avec le désert. Elle habille hommes et femmes partageant une même soif insatiable de voyages et de liberté. Monsieur Yves Saint Laurent transforme cette pièce iconique en un vêtement profondément urbain. La luminosité solaire du Néroli aérée par des Muscs blancs cotonneux. Un sillage d’aventure qui ensoleille la silhouette ». Pour ma part, je suis très séduit par le départ bergamote et petit grain mais un peu moins par le coeur de néroli qui sort un peu de mes goût et qui prend beaucoup de place. Je regrette aussi que, sur ma peau, le fond de vétiver et de patchouli soit complètement estompé par des notes de muscs blancs très « proprets » et un peu convenu. Résultat des courses, pour moi, « Saharienne » demeure une fleur d’oranger musquée comme il y en a tant sur le marché. C’est un parfum facile d’accès mais, très honnêtement, je suis un peu resté sur ma faim.

 

 

Le troisième parfum qui a retenu mon attention est « Caban » réalisé en 2015 par Carlos Benaïm et là encore, je n’ai pas été complètement convaincu. Présenté comme un oriental boisé, je trouve que, sur ma peau, « Caban » a plutôt un côté cuiré. Les mots de la maison Saint-Laurent à son propos sont les suivants : « Fait pour affronter la mer, le froid, la pluie, le caban offre aux marins un cocon protecteur d’épaisse laine brute. Monsieur Yves Saint Laurent l’urbanise pour en faire un manifeste de style. Sa coupe reste ample, son aspect authentique, chaud et confortable, mais des boutons dorés le parent d’un éclat de bijoux.Le confort d’une Fève Tonka enveloppante illuminée par les étincelles du Poivre Rose. L’aisance d’une distinction feutrée doublée d’une douce authenticité ». Sur ma peau, la résine d’élémi est très présente et je ne sens ni le poivre rose ni le poivre noir à l’envolée, le coeur d’osmanthus et d’encens a vraiment un côté cuir doux renforcé par un fond de fève tonka et de santal. Encore une fois, je trouve le parfum très réussi et intéressant mais il n’est pas forcément pour moi. Je suis toujours un peu déstabilisé par l’osmanthus qui oscilles entre notes cuirées et abricotées. Autant je peu l’aimer dans certaines compositions autant il peut presque me déranger dans d’autres. Là, ce n’est ni l’un ni l’autre. L’évolution du parfum sur ma peau me laisse un peu indifférent même si je sais apprécier le soin pris à sa création et la qualité de ses matières premières.

 

 

Lorsque « Grain de Poudre » est sorti en 2019, je me suis dit « il est pour moi ! ». Créé par Quentin Bitsch, il coche toutes les cases pour me plaire. C’est un daim poudré et épicé au départ avec un coeur de violette et un fond de muscs blancs. « De ce tissu au toucher finement grainé emprunté aux tailleurs pour homme, Yves Saint Laurent a fait le symbole d'une allure plus féminine. Le grain de poudre devient une arme de séduction subtile et pleine de tension à la fois, mêlant autorité et grâce. Pour traduire en sillage la texture unique du grain de poudre, la délicatesse de la violette poudrée est enveloppée par la fraîcheur de la sauge. Grain de Poudre est un dialogue olfactif, auquel le charme épicé de la coriandre et du poivre noir ajoute une nouvelle profondeur. » Très doux, très enveloppant au départ, c’est une très très belle création dans la lignée de « Grey Flannel » de Geoffrey Beene que j’ai beaucoup porté. Ils ont en commun un côté « poussière de tissus » mais « Grain de Poudre » a quelque chose de très différent, il est poudré au sens cosmétique du terme et je dois dire que sa délicatesse m’a énormément séduit. Très androgyne, il va plaire aux hommes audacieux et aux femmes élégantes même en jean. C’est réellement un coup de coeur. J’ai adoré l’essayer mais mon regret est que sa tenue est un peu limitée en tout cas sur ma peau. Il s’estompe assez rapidement et cela m’a retenu de franchir le pas.

 

 

Mon coup de coeur de cette collection est né en 2020 de l’imagination de Juliette Karagueuzoglou et il s’agit évidemment de « Capeline » dont je vous ai déjà parlé. Plus qu’un beau parfum, je pense que c’est un grand parfum ! On pourrait le qualifier de « floriental ». La marque le décrit ainsi : « Autrefois portée par la bohème dorée, la capeline est l’accessoire idéal pour se protéger du soleil des garden-parties. Ce chapeau à larges bords confère une silhouette chic et spectaculaire. En 1962, Yves Saint Laurent s’en inspire et proclame ainsi son amour pour l’élégance sophistiquée, mystérieuse et nonchalante de la Parisienne. Pour traduire en sillage le grain feutré de la capeline, les accents chauds et orientaux de la vanille s’associent aux facettes douces et crémeuses du lys. Un bouquet floriental aux notes poudrées et suaves qui symbolisent l’élégance de la femme Yves Saint Laurent ». Ce travail autour d’un accord lys en note de coeur, rendu opulent par des notes d’ylang ylang vraiment magnifiques et un fond vanillé est de toute beauté il faut bien le dire. Après un départ de bergamote, le coeur floral est très bien équilibré car il est associé à un accord eau de mer et le fond vanillé, musqué, soutenu par le vétiver est tout en délicatesse. Plutôt présenté comme un féminin, « Capeline » est, sans aucun doute le parfum de la collection que je préfère à ce jour et je pourrais tout à fait me l’approprier. J’avais eu un coup de coeur lorsqu’il est sorti il y a quelques mois et, après l’avoir essayé, cela s’est confirmé. On ne peut pas tout porter mais peut-être qu’un jour…

 

J’ai bien senti et essayé la collection classique du Vestiaire des Parfums (je vous ferai prochainement une revue des autres) et je dois dire que je suis un peu mitigé. Il est normal d’avoir ses préférence et mes appréciations sont totalement subjectives. Si j’ai fait de très belles découvertes, je n’ai pas un coup de foudre global comme pour les Exclusifs de Chanel par exemple qui reste la collection privée qui me parle le plus. Ceci dit, j’ai vraiment un coup de coeur pour « Capeline » que je trouve tout à fait addictif et séducteur. Un parfum sur une collection, c’est déjà bien non ?

Outre la collection « classique » Le Vestiaire des Parfums, la maison Yves Saint-Laurent propose trois subdivisions constituées de parfums d’exception particulièrement luxueux, l’Édition Couture, la Collection de Nuit et l’Oriental Collection. Je suis allé au Printemps les découvrir intégralement avec en tête un challenge : en retenir un seul. Je n’ai été séduit que par la première aussi ferai-je l’impasse sur les autres.

Le Vestiaire des Parfums Édition Couture

Pour l’ancien germano-pratin que je suis, il était naturel de m’arrêter dans cette collection sur « 6 place Saint Sulpice » et, comme un fait exprès, il est le parfum que j’ai préféré. Créé par Carlos Benaïm en 2017, ce jus est défini ainsi par la marque : « Au cœur du quartier historique de la marque, Rive Gauche, le 6 PLACE SAINT SULPICE abrite une des plus anciennes boutiques SAINT LAURENT. La fragrance respecte l’identité graphique forte du lieu, habillé de tonalités noires et blanches tranchées évoquées par un labdanum fumé et un cuir sensuel ». Dès le départ à la fois très hespéridé avec une belle bergamote et aromatique avec des touches de lavande et de sauge, je suis rentré dans la création et j’ai eu envie de la sentir évoluer sur ma peau. Le coeur d’épices (safran, coriandre et muscade) ne pouvait que me séduire tout à fait. Le fond est résolument cuiré avec des accents de labdanum et de fève tonka. Je suis complètement sous le charme lorsque je le sens autour de mon cou et c’est vrai qu’il m’emmène dans les années cinquante dans les cabarets de Saint-Germain où tout semblait permis. Profond, dense, très luxueux, il est, de tous les parfums de ces trois collections, indéniablement celui que je préfère et sans doute celui sur lequel je craquerais si je devais acquérir un parfum d’exception chez Yves Saint-Laurent. C’est un magnifique cuiré fumé et épicé. Même s’il n’a pas une originalité de dingue, il est chic et même élégantissime. Je suis séduit.