Passion Parfums

Depuis quelques années, dans les concepts stores lyonnais, la maison Rose et Marius multiplie les points de vente et je dois dire que, si je n’avais pas été tellement curieux au départ, je suis de plus en plus intrigué par ce succès grandissant. Je suis donc allé découvrir les fragrances de cette maison fondée à Aix-en-Provence. L’univers est d’ailleurs très lié au sud de la France, aux paysages de l’intérieur des terres et à un atmosphère très identifiée. Je trouvais que ces quelques jours très chauds étaient propices à cette découverte. Lancé en 2017, cette marque compte aujourd’hui huit parfums dont une nouveauté. Le parfumeur qui a créé ces fragrances est Patrick Bodifee. Je vous emmène donc en Provence, découvrir ces effluves « de saison », sans prétentions et agréables à sentir et à porter. J’en ai sélectionné quatre et j’espère vous donner envie d’aller y mettre votre nez d’autant que le packaging est joli et qu’on les trouve de plus en plus facilement.

« Cézanne peint… » avait écrit Michel Berger dans les années 80 et j’aime particulièrement l’univers de ce peintre aussi me suis-je dirigé instinctivement vers « Un Rendez-Vous avec Cézanne » lancé en 2017 et ainsi décrit : « Une fragrance orientale, chaude qui reprend les notes de sauge, badiane d’absolue d’immortelle en notes de tête. Puis en notes de cœur, la cardamome, la chaleur de l’ambre, et en notes de fond la puissance des notes boisées du cyprès et des feuilles de tabac. Une fragrance exclusive issue de la Haute Parfumerie de Grasse dont le sillage envoûtant et élégant vous emmènera pour un voyage olfactif d’exception dans la chaleur d’un été, en Provence ». Sur le papier, ce parfum avait tout pour me plaire avec une envolée d’immortelle corse, d’anis et de sauge, un coeur de cardamome, d’ambre et de cuir et un fond de tabac, de cyprès de patchouli, de bois de gaïac et de pin. Je dois dire que, sur ma peau, il est assez joli mais je reste un peu sur ma faim. Certes, il évoque le soleil de l’été et l’atelier du peintre mais je m’attendais à quelque chose d’un peu « térébenthine » plus enveloppant. « Rendez-Vous Avec Cézanne » est un joli parfum mais il reste, il faut bien le dire, peut-être un peu consensuel. Il fait tout de même partie des quatre dont j’ai eu envie de parler car je le trouve très facile à porter et qu’il constitue un pas dans la parfumerie d’auteurs.

« Dans le boudoir de Rose, une fragrance gourmande et ensoleillée. L’opulence des brassées de jasmin, de roses, de fleurs d’oranger et de gousses de vanille. Un sillage envoûtant et solaire, comme une journée d’été en Provence ». Également lancée en 2017, « L’Eau Ensoleillée de Rose » est sans doute la création qui m’a le plus séduit. La construction un peu chyprée n’y est sans doute pas pour rien. Un départ très agrumes avec des notes de bergamote bien évidemment mais aussi la douceur de la mandarine et l’amertume de l’orange un peu confite nous emmènent sur un coeur floral de jasmin, de rose, de fleur d’oranger soutenue par un très beau patchouli et des muscs blancs. Certes, ce n’est pas le parfum le plus original que j’ai pu découvrir mais il est agréable à porter, facile à s’approprier et je trouve qu’il constitue une atmosphère vraiment très « Riviera » que je trouve élégante et bien construite. J’ai beaucoup essayé « L’Eau Ensoleillée de Rose » pour écrire cet article. Je ne sais pas si je peux vraiment parler de coup de coeur car, une fois encore, j’aurais préféré un peu plus de caractère mais le mot qui me vient lorsque je le sens sur ma peau est « impeccable ».

Je trouve que « Un Bain de Soleil avec Marius » est vraiment très représentatif de la marque : « Allongés à l’ombre des oliviers. Un chapeau de paille. Et les effluves épicées qui embaument l’air chaud et moite, à l’heure où la colline exhale les vapeurs de la terre. Une eau lumineuse qui signe les jours heureux d’un été en Provence ». J’ai adoré le départ de noix de muscade, de baies roses, de cardamome, de bergamote et de cannelle avec une pointe d’encens mais j’ai été moins séduit par le coeur de cèdre associé à la rose, la violette, le jasmin et le vétiver et par un fond de santal pourtant assez sec, de muscs, de mousses et d’ambre. J’aurais aimé garder le côté épicé mais je concède que c’est une création qui remplit parfaitement le cahier des charges et qui va très bien avec son nom. Très mixte, il est facile à porter, boisé et tendre à la fois. Il est à la fois très classique et très abouti il faut bien le dire. Je le trouve très emblématique de l’esprit de la marque, peut-être plus que les précédents.

Cette année, « Un Vin Rosé sous la Tonnelle » est la nouveauté et j’ai eu l’occasion de le sentir alors qu’il venait d’arriver dans la boutique mais je ne l’ai pas essayé sur la peau. J’avais déjà tenté plein de choses et je pensais que ce ne serait pas très constructif d’autant qu’il n’est pas du tout dans ma palette olfactive. Il s’ouvre sur des notes de fruits rouges que je ne trouve pas forcément très agréables. Elles sont associées au poivre rose, au citron, à l’orange et à la bergamote. Je ne sens, en revanche, pas vraiment, le coeur d’ylang-ylang, patchouli et jasmin et je retrouve presque immédiatement les muscs blancs. La construction est un peu étonnante, en revanche, cette note de fruits rouges très artificielle, m’a gêné pendant toute l’évolution sur touche. Je n’ai pas trop osé poser le parfum sur moi car je pense que je ne pourrais pas vraiment l’aimer. Ceci dit, il remplit son rôle et il est suffisamment consensuel pour plaire à un grand nombre. La marque le décrit ainsi : « Les rires qui fusent, les verres qui trinquent, les enfants qui courent dans le jardin de la bastide. A l’ombre de la tonnelle de Rose et Marius, un déjeuner d’été simple et joyeux comme les jours heureux d’un été en Provence ».

Vous l’aurez compris, je ne suis pas complètement séduit. J’ai trouvé que, si les parfums étaient tout à fait bien vus pour l’esprit qu’ils se veulent représenter, ils étaient un peu trop classiques pour la collection d’une marque de niche. Ils sont jolis mais ne me provoquent pas vraiment d’émotion. C’est une rencontre qui ne s’est pas complètement faite. Peut-être changerais-je d’avis dans l’avenir.