Sa Majesté Jasmin
Qu’il soit faussement solinote ou travaillé de manière plus complexe, le jasmin est une fleur incontournable en parfumerie. En écrivant cet article, je n’ai absolument pas la prétention de dresser une revue exhaustive de tous les parfums qui en contiennent mais plutôt de revoir ceux qui m’ont plu et peut-être les classer en différentes catégories. Le jasmin (particulièrement celui de Grasse qui est très différent de celui cultivé en Inde par exemple) est une matière première qui vaut de l’or et qui permet un éventail de compositions diverses et variées.
Le plus mythique est sans doute « Joy », créé par Henri Almeras pour le couturier Jean Patou en 1930. On le disait « le parfum le plus cher du monde » et ce bouquet floral dominé par le jasmin de Grasse a été porté par nombre de stars. Dans ses mémoires, « Marlene D par Marlene Dietrich », l’actrice hollywoodienne mythique l’évoque d’ailleurs à plusieurs reprises en le qualifiant de vêtement à part entière.Parlons également de ceux qui m’ont plu par leur apparente simplicité et l’impression de pureté qu’ils dégagent. Le premier, je l’ai souvent dit, est « Madagascan Jasmine », créé par Michel Roudnitska pour la marque australienne Grandiflora. Je l’ai aimé dès que je l’ai senti. Dès les premières vaporisation, s’associe au côté très floral auquel on s’attend une note verte tout à fait formidable et addictive. De plus, sa tenue est absolument incroyable puisque je le sens encore sur mes écharpes deux ou trois jours après que je l’ai porté. Ensuite, j’ai eu un coup de coeur l’an dernier pour « Jasmin de Pays » créé par Jean-Claude Ellena pour Perris Monte Carlo que je trouve vraiment très « fleurs coupées » avec, tout de même des notes qui, sur moi, sont amandées. J’ai eu l’occasion de l’essayer à plusieurs reprises et mon impression s’est confirmée, j’aime beaucoup la qualité de sa création et également, et c’est évident lorsque l’on se sent, celle des matières premières utilisées.
Je peux citer aussi deux autres créations que j'aime. Tout d'abord "la Reine Margot" chez Nicolas de Barry, très fleuri, qui s'inspire de ce qu'on sait que pouvait porter Marguerite de Valois. Nicolas de Barry s'est fort d'interpréter comme une partition sa vision de ce parfum. Également très intéressant et très délicat, "Jasmin de Nuit" créé par Celine Ellena Nezen pour The Different Company et qui est, pour moi, un exemple de subtilité et d'élégance qui porte très bien son nom. Il est, pour moi, un parfum de soirée idéal, plein de chic et d'une fausse simplicité que j'aime par-dessus tout.
Ensuite, il y a ceux qui mettent le jasmin au coeur d’une composition opulente, préférant le jasmin sambac, plus rond, et en l’associant à d’autres fleurs reines de la parfumerie pour créer un sillage réconfortant, enveloppant mais tout de même élégant. C’est le cas de « Jasmin Yang » créé par Thomas Fontaine pour Anima Vinci. Le jasmin est ici développé avec un « binôme » qui est l’ylang ylang pour créer un parfum doux qui nous enveloppe de bien-être. C’est un peu le même principe qu’ont appliqué Céline Roux et Mathilde Bijaoui pour « Jasmine Sambac & Marigold » de Jo Malone London qui se distingue aussi par ses notes de soucis en tête.
Pour finir, il y a les « excentriques ». Je pense à deux parfums en particulier. Tout d’abord le très floral « À la Nuit » de Serge Lutens, très facetté et qui oscille entre jasmin franc, lilas blanc et d’autres fleurs que je n’identifierai pas tant la marque communique peu sur les notes. Pour ma part, je l’ai toujours trouvé à mi-chemin entre originalité et classicisme forcené presque « à l’ancienne ». Enfin, il fallait bien citer « Jasmin et Cigarette » créé par Antoine Maisondieu pour État Libre d’Orange que je trouve absolument hors norme. Comment le décrire sinon en disant qu’il associe un jasmin très pur avec la fumée d’une cigarette. Le story telling était un hommage à Marlene Dietrich (encore elle) ou Greta Garbo et à ces femmes libres des années trente qui, même si elles aimaient s’entourer d’odeurs de fleurs, étaient assez indépendantes pour fumer des cigarettes américaines. Je l’ai senti à nouveau il y a quelques temps et je trouve qu’il a, outre une excentricité évidente, un petit côté agréable.
Il y a de nombreux autres parfums « jasmin » mais je pense que si je continue un peu trop, vous allez décrocher. J’espère que j’aurais un peu excité votre curiosité et que vous aurez envie de découvrir quelques interprétations de cette fleur mythique.
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