Sandrine Videault, une étoile filante
* Article enrichi
Tout comme Mona di Orio elle a été l’élève d’Edmond Roudnitska et tout comme elle, Sandrine Videault nous a quitté prématurément. C’était en 2013 et elle n’avait que 44 ans. Talentueuse, inspirée et intellectuelle, elle a créé lors de sa bien trop courte vie, quelques parfums incontournables. Elle disait : « "L'olfaction est quelque chose de très cérébral, je me considère comme un écrivain de l’odeur ». J’ai eu tellement de plaisir en découvrant ses créations que je me devais de lui rendre hommage. Une petite marque d’admiration et de respect à une parfumeuse dont j’admire profondément le travail. Michel Berger aurait écrit « Comme un papillon à une étoile ». C’est un peu lyrique mais ça traduit assez bien ma pensée. L’amateur de parfums que je suis ne pouvait pas passer à côté du talent d’une parfumeuse qui avait choisi la Nouvelle Calédonie comme cadre de vie pour inventer des parfums. Je vais vous parler de deux fragrances, mieux de deux chefs d’oeuvre de la parfumerie indépendante hélas un peu difficiles à trouver mais c’est aussi pour ça que j’ai créé ce blog, pour vous dénicher des pépites.
Je vous ai déjà parlé de la marque Les Nez Parfums d’Auteurs dans mon article sur Isabelle Doyen. Cette marque indépendante que j’ai découvert, de manière un peu trop fugace mais efficace lors d’un passage à la boutique Théodora à Genève, a, à son catalogue, des jus uniques, très originaux et tout à fait magnifiques. « Manoumalia », créé en 2012 par Sandrine Videault est l’un de ceux-là. Pour certains amateurs de parfums, il est sans aucun doute le fleuron de la marque. Mon avis n’est pas aussi tranché car je trouve qu’il y a d’autres belles choses dans cette maison mais c’est vrai qu’il est sans aucun doute l’un des plus beaux ambrés fleuris qu’il m’ait été donné de sentir. D’une part, ce n’est pas forcément ma famille olfactive de prédilection mais, d’autre part, j’en ai découvert beaucoup. L’ouverture est complètement florale, intense, très capiteuse avec une fleur de tiaré bien présente. Le coeur de vétiver et de santal est complètement surprenant et le fond d’ylang ylang et d’ambre pose le parfum définitivement. Je suis tombé sur une dose d’essai que l’on avait du me donner de ce parfum et je le redécouvre en écrivant. Il est incroyable. D’Edmond Roudnitska, Sandrine Videault a appris à écrire un parfum à travers une formule épurée, courte, presque simple mais, de ce qui ne devrait être qu’une petite mélodie, elle a fait une symphonie. Explosion exotique et élégante de fleurs et de bois doux, « Manoumalia » est exceptionnel. Je sais qu’il est très difficile à trouver mais si vous avez la moindre occasion n’hésitez pas à le découvrir. C’est un parfum doux, suave et pourtant qui ne manque en aucun cas de caractère.
C’est après la disparition de Sandrine Videault que Saskia Havekes lance, en 2013, sa marque Grandiflora nous l’avons vu. Je vous ai déjà parlé de « Magnolia Sandrine » que la parfumeuse a créé et vous ait déjà dit à plusieurs reprises combien je trouvais qu’il était une réussite mais ce n’est pas une raison pour ne pas y revenir encore une fois dans cet hommage. Aquatique, presque salin, profond et pourtant tout en transparence, c’est un parfum unique. Je n’avais jamais rien senti de pareil. L’envolée de citron et de pamplemousse est renforcé par des notes vertes que j’ai du mal à identifier mais qui ont presque un côté herbes coupées. Le coeur, poivré et boisé est particulièrement lumineux et le fond, salé, aquatique et musqué est de toute beauté. J’aime tous les parfums de la marque je vous l’ai souvent dit et « Magnolia Sandrine » est en bonne place dans ma tête et dans mon coeur car, pour l’avoir essayé souvent, je me suis rendu compte combien il était un interprétation inspirée du magnolia, cette fleur presque aquatique et marine aimée en parfumerie et souvent utilisée sous sa facette presque jasminée. Sandrine Videault avait pris le contrepied en en donnant une lecture pétillante, rafraîchissante, comme une brise marine sous les niaoulis de sa Nouvelle Calédonie. J’ai adoré ce parfum. Si vous tombez dessus, n’hésitez pas à le sentir. C’est un chef d’oeuvre.
Je ne connais hélas pas d’autres réalisations de Sandrine Videault et je le regrette bien car ces deux-là m’ont particulièrement inspiré et séduit à la fois. Je trouve qu’elle avait un univers singulier, lumineux, jeune et particulièrement pétillant. Ces deux réalisations sont toujours dans un coin de ma tête. Elles sont, pour moi, la preuve que l’on peut créer des parfums loins des sentiers battus et pourtant tout à fait faciles à porter et dans des univers différents. Les deux sont très floraux mais si l’un est opulent, exotique, presque vénéneux, l’autre est limpide, aérien et pourtant tenace. Ah ça, elle avait du talent Sandrine Videault et, plus de sept ans après sa disparition, je suis heureux de lui rendre hommage et de parler de son travail que j’ai aimé tout de suite et qui continue de me fasciner.
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