Scottish Odyssey, une promenade en Écosse à la manière de Euan McCall et de Jorum Studio
* Réédition
J’avais été très surpris voire impressionné par les précédentes collections de Jorum Studio composées par le parfumeur écossais Euan McCall dont, décidément, je reste bluffé par l’originalité et par la faculté qu’il a de casser les codes. J’avais une envie irrépressible de découvrir les quatre nouveautés à travers lesquelles le parfumeur rend hommage à son pays. Je remercie chaleureusement Fabien de la boutique Yuminoki d’avoir rendu ça possible. Je voudrais aussi mentionner la vidéo qu’Isabelle, de la chaîne YouTube Espace Passion Parfum a consacré à Scottish Odyssey, cette toute nouvelle collection de quatre parfums. Je vous indiquerai le lien en fin d’article afin que vous puissiez visionner la vidéo. Allez, je vous emmène dans cette Écosse que j’ai eu la chance de visiter plusieurs fois et qui est une partie du Royaume Uni particulièrement étonnante et différente, au climat rude, empreinte de traditions et au paysage à couper le souffle. Des grandes villes aux Higlands en passant par les îles, nous voilà partis en voyage.
Euan McCall
Le premier parfum que j’ai essayé est « Rose Highland » dont l’inspiration est une rose sur un littoral un peu sauvage, presque froid et très iodé. J’avoue que je ne suis, en général, rarement vraiment attiré par les créations dans lesquelles la rose est vraiment mise en avant mais il y a des exceptions et en voila une. Certes, la reine des fleurs est vraiment travaillée en majeur mais elle est associée à des notes d’azalée, de basilic, de poivre noir, de clou de girofle, de primevère et de plusieurs autres plantes ou fleurs peu utilisées en parfumerie mais, autour de la rose, du géranium et du jasmin, le parfumeur a utilisé des extraits de chêne, de l’iris, du vétiver et un accord minéral qui vient rehausser un fond d’ambre gris. Ce parfum est présenté, à l’instar des autres, en version extrait et je dois dire que c’est vraiment la concentration qui convient à cette fragrance très facettée, qui nous entraîne dans une roseraie battue par les vents et par les mers. Ce n’est pas une rose charnue, truffée comme souvent nous avons l’habitude d’en sentir en parfumerie mais, au contraire, cette fleur décembre cachée sous la neige du jardin au bord de la mer du nord. J’ai beaucoup aimé essayer « Rose Highland » et je pourrais le porter très facilement. J’aime particulièrement la dualité, au fond, de la rose et de l’ambre gris qui exprime toutes ses facettes.
Littéralement « les baies de la guérison », « Healing Berry » est mon second essai et je dois dire que c’est un coup de coeur. En général, j’ai horreur des fruits rouges et particulièrement des notes de fraise ou de framboise en parfumerie car je trouve qu’il y a toujours un côté cheap alors que dans cette création, Euan McCall a vraiment réussi à recréer l’impression d’un verger dans la vallée de Strathmore, entre odeurs de fruits, de feuilles et de baumes. Le parfum s’ouvre sur un absolu de cassis absolument bluffant, des notes d’armoise et de feuille de fraisier, ainsi que de menthe sauvage. Le coeur d’absolu de rose s’enrichit d’un prune un peu acidulée et de feuille de violette un peu poudrée associée au beurre d’iris et le fond, construit autour du baume de l’Himalaya est surtout que comme un liant pour les autres notes. Bien évidemment, Euan McCall utilise toute la palette du parfumeur mais, pour ma part, j’ai un vrai coup de coeur pour le côté naturaliste de cette fragrance apaisante, réjouissante. De quoi me réconcilier avec les notes de fruits rouge et je peux dire que, d’emblée, ce n’est jamais gagné. « Healing Berry » m’entraine vraiment dans cette vallée un peu protégée dans laquelle la végétation pousse tout de même très bien malgré un climat rude. Pour moi, c’est une complète réussite.
Les ajoncs de « Gorseland » me semblent tout à fait urbains et je crois qu’il fait référence à Salisbury Crags, ces rochers qui jouxtent Edimbourg. C’est un aromatique mais à la manière d’Euan McCall, c’est à dire qu’il casse tous les codes. Je le crois vraiment unique. Il s’ouvre avec des notes huileuses d’ananas, de néroli et de citron qui se posent sur un coeur d’absolu de lavande et de camomille. Le fond boisé me semble tout à fait discret. Pour moi, « Gorsland » est comme une lavande rêvée, je me sens un peu à mi-chemin entre les odeurs de la ville, les parfums des hommes en kilt et des femmes en tweed. Pour moi, c’est une création onirique inspirée d’une Écosse rêvée entre grand air et cité ancienne. Je dois dire que je suis assez emballé alors que je n’aime pas spécialement les aromatiques en règle générale. Pour moi, « Gorseland » est vraiment un parfum facile à aborder au départ mais il se corse, prend de l’ampleur, voire même de l’amplitude tout au long de son évolution et affirme sa personnalité et sa singularité. Je pourrais tout à fait le porter. Il est vraiment très élégant, contemporain et ancré à la fois dans une certaine tradition de la parfumerie. Pour moi, c’est une création vraiment aboutie. Je ressens tout le savoir-faire d’Euan McCall en le portant. Vraiment, et même s’il n’est pas forcément pour moi, je le trouve incroyable !
Avec le dernier parfum, nous voici partis sur l’île de Jura. Imaginons une mer agitée, des bois, des notes de thé noir, de baie de genièvre venant enrichir une envolée de pamplemousse et de gingembre, un coeur d’osmanthus et un fond boisé, cuiré, avec des notes de labdanum associées au côté sombre et goudronné du bois de bouleau, au vétiver et à un accord de tourbe. Quand je sens ce parfum autour de moi, je ne peux m’empêcher de penser à « Vi et Armis » de Beaufort London. Il ne lui ressemble pas complètement, il a un côté presque iodé et résineux et j’en comprends tout à fait l’inspiration un peu poétique : « Dansons autour d'un feu de joie de plage enfumé, la peau ointe d'omble aux agrumes collants ». Je trouve que Euan McCall a vraiment su recréer le côté feu de bois au bord de la mer, un soir un peu clément. J’ai adoré « Firewater », c’est le nom de ce parfum incroyable. Je ne sais pas si je pourrais le porter mais vraiment, je le trouve complètement addictif et j’aime profondément le sentir. Pour moi, il est vraiment dans la lignée de ce que j’aime de plus en plus au fur et à mesure que je m’intéresse à la parfumerie. Attention, ce n’est pas un parfum facile à porter, il faut l’occasion, mais vraiment, artistiquement, c’est un chef-d’oeuvre.
Je dois dire que, vraiment, j’ai adoré la découverte et je crois que j’ai aimé chacun des parfums de cette collection. Scottish Odyssey est, il faut le dire, vraiment la série de Jorum Studio que je préfère. C’est une vraie plongée en Écosse et un vrai hommage rendu par la parfumeur à cette contrée mystérieuse et fascinante. On s’y croirait et, en même temps, c’est comme si on emmenait un peu de ce pays sur nous lorsqu’on porte les parfums. Pour moi, c’est vraiment le grand chelem et je dois dire que je remercie chaleureusement Fabien de m’avoir fait faire de telles découvertes.
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