Osez Joséphine
Elle a, pour beaucoup d’entre-nous, le mystère exotique de sa naissance en Martinique, Marie Josèphe Rose Tascher de La Pagerie, dite Joséphine de Beauharnais (1763-1814) devenue impératrice des français en épousant Napoléon Bonaparte a inspiré les parfumeurs. Je connais au moins deux créations très différentes l’une de l’autres qui ont été imaginées dans deux marques différentes et qui se veulent être le parfum de cette impératrice aux multiples visages. Séductrices, ambitieuse, volontiers comédienne, attachante ou exaspérante selon les historiens, Joséphine semble avoir été nimbée de mystère et d’une élégance particulière. De la rose aux plus exotiques des fleurs, j’ai essayé d’imaginer quel avait pu être son parfum. J’avoue avoir un peu renoncé. J’ai donc laissé Jeanne Sandra Rancé et Marc-Antoine Corticchiato réinventer ce qu’auraient pu être les parfums de l’impératrice. Allez, je vous emmène sur ses traces.
« L'allure sensuelle et intemporelle de Joséphine, la femme la plus aimée par Napoléon, est l'âme de ces notes chaudes, mystérieuses et passionnées, que François Rancé lui a consacrées. L'intensité des fleurs de printemps, la séduction de notes exotiques, l'accord pénétrant des fruits et des bois, tout cela crée une composition qui est une invitation à la sensualité, dans une atmosphère de luxe et d’élégance. François Rancé a dédié ce parfum à la femme que Napoléon aima plus que tout. Aujourd’hui, Joséphine renaît dans une fragrance fleur orientale, intime et mystérieuse. En ouverture, la douceur enveloppante de la rose de Bulgarie se marie avec la violette dans un bouquet sophistiqué de fleurs fraîches, avec des accents de groseille. Dans le cœur, la fleur de vanille, chaude et enveloppante, se mêle à l’opoponax et au poivre rose, dans un mélange épicé à la saveur légèrement terreuse. Le fond de mousses, modulé comme un velours, est réchauffé par les tonalités boisées et résineuses de l’encens de l’Oman. Joséphine: tout le charme d’une femme brillante, joyeuse et sensuelle » tels sont les mots utilisés sur le site de la maison Rancé 1795 pour définir « Joséphine » dédié à l’impératrice et recréé en 2005 par Jeanne Sandra Rancé. Je l’ai découvert il y a peu et je dois dire que je l’ai trouvé un peu classique et peut-être un peu sage pour ce personnage historique un peu sulfureux même s’il est fort agréable. C’est ce qu’on appellerait aujourd’hui un floriental avec un départ d’aubépine, de groseille, de rose de Bulgarie et de violette, un coeur de vanille, de poivre rose et d’oppoponax et un fond ambré et construit autour de l’encens et des muscs blancs. Rond, agréable, très floral, il est, pour moi, celui qui se détache dans les quelques féminins de la maison que j’ai découvert. Je remercie au passage Florence de la boutique Arcane Majeur à Vichy de me l’avoir fait découvrir. Il a un petit côté suranné et une élégance un rien consensuelle. Avec cette création, la parfumeuse a inventé une valeur sure. J’ai bien aimé le côté très rassurant de ce fleuri un peu ambré et relevé d’une note de violette très présente. J’avais emporté la touche avec moi et je l’ai re-sentie plusieurs heures après la vaporisation donc j’ai constaté que, l’évolution était très plaisante. Je ne sais pas trop comment est le parfum sur la peau mais comme ça, il fait envie. Je n’aime pas genrer les parfums mais il a tout de la quintessence du féminin typique et je ne pourrais sans doute pas le porter quoi qu’il ne faille jamais dire jamais.
Parenté corse ou non, Marc-Antoine Corticchiato a créé la première fragrance de sa marque Parfum d’Empire en pensant à Napoléon Bonaparte, il l’a appelée « Eau de Gloire ». Il était donc assez logique qu’il pense à inventer son pendant qui lui serait inspiré par Joséphine. Ainsi est né « Eau Suave », l’une des plus belles roses chyprées qu’il m’ait été donné de sentir et aussi de porter car je l’ai faite mienne pendant plusieurs années. La marque en décrit l’inspiration ainsi : « C’est lors d’une visite au château de la Malmaison que Marc-Antoine Corticchiato trouve l’inspiration de son Eau Suave. Car c’est là que l’impératrice Joséphine, passionnée de botanique, a fait de la rose une fleur française en développant une collection extraordinaire dans ses serres, dont trois variétés créées expressément pour elle : la Rose Joséphine, la Rose Pourpre et la Rose de Vénus. C’est à cette collection aujourd’hui disparue que le créateur a voulu rendre hommage. Mais aussi, à la fleur la plus emblématique de la parfumerie, symbole de féminité, également prisée par les hommes au Moyen-Orient… Des variétés particulièrement incisives ont été sélectionnées pour cette fragrance à la fois moderne et intemporelle qui dévoile des aspects inédits de la rose. Les roses fruitées qui donnent à Eau Suave ses étonnants accents de pêche, framboise et abricot. Les notes sensuelles des roses épicées développent dans la fragrance leurs facettes coriandre, safran et poivre. Enfin, des notes de rose thé apportent leur légèreté. Ces pétales veloutés sont soutenus par une structure chyprée : mousse de chêne et patchouli pour la profondeur boisée, vanille Bourbon pour ses effluves des îles et musc blanc charnel pour la caresse… ». En opposition avec son inspiration, « Eau Suave est un chypre très moderne qui exploite des facettes surprenantes d’une rose fruitée et d’une rose thé musquée sur un fond de patchouli. Dès l’envolée, on se plonge dans une rose épicée de safran et de safran qui nous conduit sur une autre rose, hybride de thé, poivrée et fruitée par de délicates notes de pèche et de framboise pour se terminer sur un fond de mousse de chêne et de patchouli poudré par les muscs blancs. J’ai adoré ce parfum et je l’ai énormément porté. Je trouve qu’on est assez loin de l’exotisme qui, dans mon imaginaire, enveloppait l’impératrice mais je trouve que c’est une merveille et sans doute l’un des parfums de la marque que je préfère.
Lorsque j’ai cherché des parfums à découvrir pour écrire cet article, je pensais qu’il y aurait une Joséphine de Beauharnais dans la collection des parfums historiques de Nicolas de Barry mais je n’en n’ai pas trouvé. Ensuite, j’ai pensé à la rose qui porte le nom de l’énigmatique impératrice et que j’avais vue à la télévision mais dont je ne connais pas le parfum. Pour ma part, j’imaginais un ylang-ylang, une fleur de frangipanier ou de datura mais je crois que j’avais trop de clichés en tête. En tout cas, j’ai adoré mettre et remettre mon nez dans ces deux parfums un peu confidentiels et je dois dire qu’ils sont vraiment agréables pour moi. C’est donc un double plaisir d’avoir eu l’idée de cet article. Merci donc à Katharine qui vient très régulièrement sur ce blog, qui se reconnaitra, sur et qui, avec son petit humour tout britannique, m’a mis au défi de le publier.
Le rosier Joséphine de Beauharnais
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