Séquence nostalgie : "Cuir"
Nathalie di Orio alias Mona di Orio (1969-2011) était une créatrice de génie. Elle nous a quitté il y a déjà dix ans et, c’est à travers l’une de ses merveilleuses créations dans la collection Les Nombres d’Or que j’ai décidé de lui rendre hommage. Elle est partie bien jeune mais elle a pu non seulement créer des parfums magnifiques mais surtout, et je le dis toujours, ériger une oeuvre d’art olfactive à travers ses fragrances. Deux collections, les Eaux de Parfums qui ont été en partie discontinuées et les Nombres d’Or constituent un parcours olfactif hors du commun pour le perfumistas. Mona avait fait ses classes avec le maître, père de la parfumerie moderne, Edmond Roudnitska à Cabris dans le sud de la France mais elle a su très vite s’affirmer et imposer sa propre signature, son exigence dans le choix des matières premières naturelles et synthétique et tout simplement son talent et sa créativité. Je suis complètement amateur de son travail et j’ai porté plusieurs de ses créations y compris certaines qui n’existent plus aujourd’hui. J’en profite pour remercier chaleureusement sa maman, Bernadette qui m’a permis de découvrir des parfums aujourd’hui disparus et même de pouvoir les porter. J’ai pour Mona di Orio une admiration immense et je me dois de dire que je suis vraiment sous le charme à chaque fois que je mets mon nez dans l’un des jus qu’elle a inventé. Avec « Carnation » qui a été, pour moi, l’un des plus beaux parfums du marché, elle a réussi à me réconcilier avec l’oeillet qui demeure, en principe, une matière première que je n’aime pas, avec « Musc » elle m’a enveloppé d’un voile poudré et chaleureux qui me réconforte au plus profond de l’hiver. J’ai eu également l’occasion de porter « Vétyver », « Ambre » et « Vanille » qui sont trois autres créations de la collection des Nombres d’Or que j’ai particulièrement aimé ainsi que « Amyitis », un boisé irisé et épicé sublime et « Oiro », une tubéreuse ultra moderne. Ces deux parfums n’existent plus mais il m’en reste quelques gouttes que je remets sous mon nez régulièrement. J’avais consacré à Mona di Orio un article au tout début de l’écriture de ce blog et j’ai parlé bien souvent de ses créations dans la rubrique Mes Parfums Préférés ou dans d’autres articles mais je voulais revenir, encore une fois en forme d’hommage, sur une des créations que j’aime depuis longtemps et qui appartient également aux Nombres d’Or. Il s’agit de « Cuir » qui avait été lancé en 2010 et qui existe encore, dans sa formule d’origine, dans un packaging revisité. Hélas, les points de vente s’amenuisent en France et il devient difficile à trouver mais j’ai pu y remettre récemment mon nez grâce à Antonio de la parfumerie Marie-Antoinette à Paris que je remercie chaleureusement.
Après une envolée de cardamome et d’absinthe, le parfum se développe avec des notes de cuir renforcées par la résine d’opoponax et d’un accord castoreum puis les notes de fond sont renforcées par du vétiver d’une très belle qualité. La marque le décrit ainsi : « À cheval sur la frontière entre le motard et le sac Birkin, le cuir est presque charnel dans sa profondeur. En ces temps d'odeurs anodines et de mode sans saveur, c'est une promenade fort bienvenue du côté sauvage qui serait merveilleuse pour un homme ou sur une femme . Une seule façon de le dire : Cuir est impitoyablement chic ». Pour moi, il est unique. Il ne ressemble pas du tout à un cuir de Russie goudronné ou à une création plus ronde obtenue par des notes d’osmanthus ou encore de ciste labdanum. Il est profond tout en restant discret et presque « translucide ». Subtilité est le maître mot. À mille lieux des cuirs d’Hermès ou de L.T. Piver, ce parfum est sec mais enveloppant et l’apport du bois de cade lui donne ce côté totalement singulier qui m’a séduit dès que je l’ai senti. Quand il a commencé à être dur à trouver, j’ai cherché sans succès un parfum qui puisse, sinon lui ressembler, au moins rester dans cet esprit-là. Cela m’a permis d’autres coups de coeur comme « Cuir Velours » créé par Julien Rasquinet pour Naomi Goodsir et dont je parle souvent mais ce n’est pas encore ça. Je suis complètement fan de « Cuir » de Mona di Orio et je le porterai aussi longtemps que je pourrais. Je sais que maintenant la société est basée en Hollande et qu’elle mise beaucoup sur l’ouverture d’une boutique en nom propre à Amsterdam mais je regrette vraiment que ces parfums n’aient pas plus de visibilité en France. Certes, certains ont subi des reformulations un peu décevantes mais « Cuir » fait partie de ceux que je retrouve complètement lorsque je le sens sur ma peau. C’est un second épiderme, sans concession, sans aucun compromis mais avec une élégance difficile à égaler. Vous l’aurez compris, il est le cuiré de mes rêves et il le restera, je pense, bien longtemps. « Cuir » avait plus que sa place dans ma séquence nostalgie. C’était une merveille et j’enrage que la marque n’existe plus. J’ai du stock mais, vraiment, je suis triste qu’un tel parfum ne soit plus commercialisé.
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