Passion Parfums

 

 

Avec son amertume et son côté aromatique, la baie de genièvre est un ingrédient assez incontournable en parfumerie. Elle peut intégrer la formule de représentants de chaque famille olfactive. Avec son petit côté amer, elle évoquera assez facilement l’odeur du gin tonic et ce n’est pas pour me déplaire car c’est l’un des rares cocktails que j’aime. C’est en découvrant la toute dernière déclinaison de « Terre » d’Hermès qui en contient que j’ai eu l’idée de consacrer à nouveua un article à cette note sinueuse, étonnante, presque addictive pour moi et surtout très intéressante à sentir et à porter. Je vous emmène donc vous promener dans cinq parfums dans lesquels la baie de genièvre est utilisée, sinon en majeur, au moins en secondaire et auxquels elle donne toute sa personnalité.

La toute première création qui me vient en tête est le très beau « Noir Patchouli » réalisé par Gérald Ghislain et lancé en 2000 par la maison Histoires de Parfums. Je trouve qu’il a vraiment beaucoup de personnalité et j’aime bien le porter. « Le Patchouli, cultivé en Orient, exhale de ses feuilles un parfum intense et puissant. Ténébreux, captivant, Noir Patchouli déploie ses multiples facettes, tour à tour aromatique, floral puis oriental. Dans un souffle de mystère chypré boisé cet élixir profond éveille les sens ». Jamais je n’avais senti le patchouli traité comme ça même si je trouve qu’il y a souvent des similitudes dans la façon de l’interpréter dans cette marque. Après un départ très épicé de coriandre et de cardamome entourant le patchouli assez terreux voire même fumé, la note s’enrichit de notes fleuries et de baies de genévrier qui lui donnent son opulence et cette singularité qui se confirme lorsque le côté racinaire est adouci par les muscs, la vanille, la mousse d’arbre et le vétiver. Réinterprétation d’un chypre doux et profond à la fois, « Noir Patchouli » est, pour moi, l’une des plus belles réussites de cette collection. Je trouve que la dualité entre l’amertume de la baie de genièvre et du patchouli associé à un départ très bergamote et à un fond enrichi de mousse de chêne donne à ce parfum quelque chose d’unique, de diaboliquement contemporain tout en respectant à la lettre, les codes de la belle parfumerie à la française.

Créé par Adilson Rato en 2019 pour Maison Matine, « Into the Wild » est l’un de mes coups de coeur dans la marque. C’est un parfum unique, original, épicé et très facile à porter et à aimer. « Plonge dans une odyssée tropicale, Into the Wild est une invitation à voyager à travers la nature luxuriante et découvrir de nouveaux horizons.  « Découvre l’inconnu, ressens la nature sauvage qui t’entoure ». », tels sont les mots de la marque pour qualifier cette très belle création qui m’a vraiment séduit avec son départ très épicé de poivre noir, de baies de genièvre et de cardamome. Le coeur lumineux de fleur de frangipanier, de magnolia et de gingembre donne au parfum une dimension tout à fait différente car il se calme après quelques minutes et se fait enveloppant et particulièrement élégant. L’originalité se confirme avec ce fond de chocolat assez évidente. Plongée dans une jungle rêvée, « Into the Wild » est le parfum d’un Tarzan ou d’une Jane moderne et urbains. J’aime bien le côté poivré et amer conféré par la baie de genièvre associé à la douceur des fleurs et notamment de celle de la fleur frangipanier. Résolument exotique, « Into the Wild » est une très belle création que j’ai u peu tardé à l’identifier mais je pense que je vais y remédier en allent l’essayer une fois encore.

Le troisième parfum que j’ai choisi de remettre à l’honneur, je l’ai pas mal porté à sa sortie en 2018 et l’année qui a suivi. Il s’agit bien évidemment de « Acqua di Scandola » créé par Marc-Antoine Corticchiato pour la collection corse de sa marque Parfum d’Empire et qu’il décrit ainsi : « Salin et solaire. Scandola est une presqu’île corse accessible uniquement par la mer. Acqua di Scandola, c’est le défi d'un parfum marin grâce à un extrait d'algue inédit, aux facettes claires et salines comme l’eau turquoise. Iodé, aromatique et minéral, purement méditerranéen, exclusivement Corse ». Ce parfum, je l’aime il n’y a pas de doute. Il m’a réconcilié avec les salins et m’a donné des envies d’embruns et de brise marine. Je n’étais pas du tout attiré par les marins du sélectif avec cette note de calone certes très utile mais qui ne m’évoque ni la mer ni les vacances. Je leur préfère la simplicité de ce parfum qui s’ouvre avec la baie de genévrier, puis évolue vers un coeur et un fond construit autour d’un extrait d’algues et de mousse de chêne. Je trouve que l’amertume de la baie de genièvre s’associe merveilleusement avec côté salin qui prend place durant l’évolution. Pour moi, entre gin tonic et balades sur le littoral, « Acqua di Scandola » est le type même du parfum de vacances rafraîchissant et pourtant enveloppant.

J’ai choisi des parfums classiques mais aussi des modernes. C’est le cas de « Hors-Piste » créé par Anne Flipo et Paul Guerlain pour Bastille en 2020 et qui est clairement inspiré des effluves du gin tonic. « Hors-Piste est la cologne moderne et impertinente de ceux qui aiment surprendre. D'abord vient la fraîcheur de la mandarine italienne, puis la pointe d'amertume du maté. Enfin, l'éclat du genièvre, ingrédient principal du gin tonic que Hors-Piste recrée à la perfection. Faussement sage, on a presque envie de dire : comme vous ! ». Avec son envolée de mandarine et de baie de genièvre, son coeur de maté et de gingembre et son fond d’ambroxan et de cèdre, ce parfum est une véritable plongée dans l’été mais version chic. En effet, j’imagine de jeunes britanniques, très pop rock, de n’importe quelle époque, porter ce parfum que je trouve vraiment très élégant tout en restant un peu subversif. En tout cas, sur ma peau, il se fait à la fois doux et amer comme la baie de genièvre « en vrai ». J’ai beaucoup aimé l’essayer et je pourrais tout à fait le porter. C’est une des belles trouvailles de ces derniers mois. Résolument moderne, il plaira à une certaine frange très dynamique de toutes les générations.

 

 

Créé ou plutôt recréé par Henri Giboulet, qui avait du composer l’original, en 2009, « Gin Fizz » de Lubin est l’illustration parfaite de ce que doit être un vrai parfum d’été avec tenue et sillage. Je ne pouvais pas passer à côté pour évoquer la baie de genièvre. « En 1955, une star fascine les foules : elle incarne une Amérique élégante, dans les films d’Alfred Hitchcock ou de John Ford, aux côtés de James Stewart et de Cary Grant. Son charme mystérieux va même conquérir le cœur d’un Prince. Une Eau de Toilette très chic, pétillante et fraîche, qui évoque le cocktail en vogue cette année là dans les “bars américains“ de Paris, Gin Fizz ». Il revêt la complexité des parfums de l’époque avec son départ de bergamote, mandarine, baie de genièvre et citron puis il se construit autour d’un coeur assez vert de fleur d’oranger, de jasmin poudré par l’iris et la rose et il est soutenu par un fond de vétiver, de lys, de musc, de benjoin et de mousse de chêne. Un rien vintage, « Gin Fizz » est réputé non seulement pour avoir été inspiré par le cocktail dont il tire son nom mais aussi pour être un grand féminin frais. Pour ma part, je le vois tout aussi bien porté par un homme et peut-être qu’il aurait pu plaire à des personnages de fiction aussi différents que James Bond ou Hercule Poirot. Infiniment élégant, il me plait beaucoup mais je ne sais pas si je pourrais le porter. Peut-être est-il l’un des plus beau parfum de la collection.

J’aurais bien évidemment pu citer une fois encore « K » de Dolce & Gabbana, « Paris-Edimbourg » de Chanel ou encore « Juniper Sling » de Penhaligon’s mais mes envies du moment sont celles-là et je dois dire que j’ai eu un petit coup de coeur pour ces cinq créations qui sont idéales pour ce retour en force des douces voire chaudes journées de printemps. Rafraîchissants et dotés de cette amertume reconnaissable et particulière, ces parfums pourront vous plaire aussi. J’espère vous avoir donné envie de les sentir voire même de les essayer.