Sophie Labbé, élégance et originalité pour credo
Inventive, innovante, original, tel est le travail de Sophie Labbé dont j’aime bien souvent les créations. Pour moi, elle fait partie de ses parfumeurs qui mettent à l’honneur des matières premières peu utilisées ou même complètement oubliées et qui en font de l’or olfactif. Qu’elle travaille pour la parfumerie de masse, du sélectif ou pour un circuit plus confidentiel, elle va toujours chercher des idées dans le coin de sa tête et de son nez pour proposer des jus complètement différents et pourtant, la plupart du temps, faciles à s’approprier. L’originalité oui, la simplicité non car chacun des parfums qu’elle a composé est finement travaillé. Je n’avais jamais consacré de revue au travail de Sophie Labbé et il était grand temps que cette lacune soit comblée. Allez, je vous emmène dans un univers parfumé moderne, avant-gardiste et vraiment bien imaginé.
C’est avec « Organza » de Givenchy, qu’elle a créé en 1996 que j’ai découvert le travail de Sophie Labbé. J’ai toujours adoré ce parfum que je trouve intemporel et finalement encore moderne à l’heure actuelle. Il a tout ce que j’aime, un départ de bergamote, de noix de muscade et de gardénia, un coeur de tubéreuse, de jasmin, de chèvrefeuille, d’iris et de pivoine et un fond ambré et vanillé. C’est le chic Givenchy par excellence et je trouve qu’il n’a décidément pas pris une ride. Je l’imagine porté par une femme très « couture ». Je crois qu’il aurait ravi les stars de l’âge d’or d’Hollywood autant qu’il peut être porté avec chic par une jeune femme audacieuse et élégante. C’est une pépite dans le sélectif. Il est un peu oublié et c’est bien dommage.
Le second parfum qui me vient à l’esprit est extrait de la collection Graines Vagabondes de Memo et il s’agit de « Tamarindo » que Sophie Labbé a imaginé en 2018. Le départ est très original puisqu’à la. Bergamote sont associées des notes de mandarine, d’orange et également de bergamote. Le coeur est un duo de jasmin et d’ananas et le fond, profond, de patchouli et de vanille est rendu dense par des notes de benjoin. Pour moi, Tamarindo est un voyage exotique au coeur d’un été chaud et calme, en bord de mer, sur une île de la Méditerranée. Son sillage est très original et sa tenue parfaite. Je l’ai essayé complètement par hasard et je n’ai eu aucun mal à me l’approprier. C’est un parfum à la fois floral, fruité et presque « torréfié ». Je me suis fait plaisir à l’essayer et nul doute qu’il pourrait faire partie de mes projets pour un été, deux étés voire même plus. Il faudra que je ressorte mes doses d’essai aux beaux jours pour confirmer mon impression.
C’est cette année, en 2020, que Sophie Labbé a signé une collaboration avec Jo Malone London en composant « Cypress & Grapevine », l’un des nouveaux intenses de la collection et qui est un boisé résineux très classique, linéaire qui fait la part belle au cyprès. Très difficile à classer, il est à mi-chemin entre un parfum boisé et aromatique. Sur le moment, il n’a pas vraiment retenu mon attention mais c’est en le sentant et en le portant que j’ai remarqué que son évolution vers un côté « vigne vierge » comme sur les murs d’une maison m’a interpellé. J’ai bien aimé. C’est résolument un masculin (même si je connais des filles audacieuses à qui il pourrait plaire) et c’est le premier parfum de la collection intense de la marque que je trouve vraiment classique avec, quand même un petit twist à la Sophie Labbé qui le rend très attirant.
C’est vrai qu’il n’existe plus mais je ne me voyais pas retracer le travail de Sophie Labbé sans évoquer la « Cologne du 68 » qu’elle a créé pour Guerlain en 2006 et que j’ai vraiment beaucoup aimée. Cet hommage à l’adresse mythique de la marque qui se situe au numéro 68 de l’avenue des Champs Élysées était une profusion d’agrumes, d’herbes aromatiques et de fleurs et je regrette vraiment qu’elle ait été supprimée du catalogue. Riche, facettée, cette « cologne » qui était en fait une belle eau de toilette me plaisait vraiment beaucoup. On y retrouvait, entre-autres, et sur le même plan, des notes d’agrumes, d’iris, de sauge, de fleur de tilleul, de petit grain d’ylang ylang, de rose, de muguet et de feuille de violette, le tout construit autour d’un coeur de freesia et de fleur de frangipanier. C’était un parfum riche, plein de surprises et dont l’évolution était très longue et très variée. Je n’imaginais pas que la marque allait l’arrêter sinon, j’aurais fait du stock. J’ai beaucoup aimé « Cologne du 68 ».
J’ai déjà beaucoup parlé de « Sésame Chân » d’Anima Vinci et de « Rose Magnétic » d’Essential Parfums qui sont deux créations que j’aime beaucoup donc je vais faire l’impasse à mon nez défendant mais je vais revenir sur la belle collaboration de Sophie Labbé avec la marque Floraïku en revenant sur « The Moon and I » qu’elle a créé en 2017 et que je trouve très « spirituel ». C’est un travail très profond autour du maté grillé, du thé noir et du cèdre. J’ai adoré ce parfum lors de ma découverte de la marque. Il a ce côté ethnique que j’aime particulièrement et j’avoue qu’il fait partie de mes préférés dans la marque. Le prix est très élevé et il faut vraiment en avoir envie mais j’admets très volontiers que j’ai adoré l’essayer et que sur ma peau, il ne ressemble à rien d’autre. J’ai vraiment accroché même si, pour moi, le chef d’oeuvre de Sophie Labbé reste, à ce jour, « Sésame Chân » qui n’est pas forcément pour moi mais dont je suis attiré par l’effluve.
Il existe de nombreuses autres merveilles dans le portefeuille de Sophie Labbé et un article ne suffirait pas à en faire le tour. Me concentrer sur cinq jus a été très difficile tant il y en a que j’aime mais j’espère vous avoir montré plusieurs facettes de son talent et vous avoir donné envie d’aller les découvrir ou les redécouvrir. J’aime vraiment beaucoup son travail et je me devais de le saluer.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 226 autres membres