Passion Parfums

Les sorties continuent et j’ai fait quelques découvertes. Nous terminerons donc ce deuxième trimestre 2022 par ce troisième volet. J’ai bien aimé me promener à nouveau dans ces découvertes. Je dois dire que je me suis fait plaisir. Je vais donc consacrer cet article à de vraies nouveautés mais également à des parfums qui auraient du sortir avant mais que je n’avais pas pu sentir. J’ai beaucoup aimé faire ce petit parcours et j’ai envie de vous en faire profiter une fois encore.

J’étais un peu passé à côté de « Déclaration Haute Fraîcheur » créé par Mathilde Laurent pour Cartier qui est sorti au tout début de l’année apparemment mais j’ai finalement mis mon nez dessus et je ne l’ai pas regretté. J’ai donc décidé de l’intégrer à cette sélection des nouveautés du second trimestre 2022 car vraiment j’ai bien aimé. Il m’a rappelé « De Bachmakov » que Céline Ellena avait créé pour The Different Company et que j’ai énormément porté. La marque le décrit ainsi : « Cette nouvelle variation nous montre une deuxième nature aussi végétale que vivante. Elle enrichit la palette de ce sillage épicé et boisé, emblématique et élégant, connu pour son intensité olfactive. Redonnant une vivacité inédite aux ingrédients originels de Déclaration Eau de Toilette, elle les fait éclore tel un nouveau printemps : le cèdre s’emplit de sève, les épices se font plus fraîches, les feuilles d’agrumes plus vertes et plus tendres… une explosion de vie ! Une fraîcheur dont Cartier traduit la beauté et la simplicité à travers une nouvelle coloration du flacon teinté d’un vert aux nuances de bleus et de gris, taillé à la mesure de ce sillage d’élégance. » En ce qui concerne les notes, la pyramide semble très simple : une envolée de feuilles de citronnier froissées, un coeur de cardamome et un fond de cèdre. À la vaporisation, je trouve que le parfum est très « herbe coupée ». Sur ma peau, l’évolution est assez limité mais une impression de fraîcheur et de printemps est particulièrement présente. J’ai beaucoup aimé ce flanker. Je le trouve assez éloigné de l’original mais vraiment il m’a plu.

« Un Cocktail lumineux et joyeux de fin d’après-midi. Niché entre Nice et Monaco, surplombant la Mer Méditerranée. Mediterranean Honeysuckle Mimosa est un parfum d’agrumes effervescent enveloppé de notes florales luxuriantes qui évoque les jours insouciants du Printemps et de l’Été. Une édition limitée au parfum floral de Méditerranée inspiré par le parfum de Mimosa ensoleillé, enveloppé dans un bouquet de Fleurs fraîches et d’Agrumes » tels sont les mots d’Aerin Lauder pour décrire la nouvelle création sortie dans sa très réjouissante marque. Je suis allé le sentir et j’ai vraiment beaucoup aimé l’équilibre entre les notes poudrées et la fraîcheur. Comme toujours, c’est un parfum facile à porter, extrêmement bien vu et quand même doté d’une vraie personnalité. Je trouve que, souvent les floraux Aerin sont très réussis et j’en parle finalement un peu trop rarement. L’envolée de pamplemousse, bergamote et cassis est indéniablement fraîche et oscille entre un côté acidulé, une douceur et une pointe d’amertume. Nous abordons alors des notes de coeur poudrées et florales de mimosa, chèvrefeuille et rose que je trouve presque un peu jasminé puis le fond de tubéreuse, vétiver et mousse pose une fragrance qui tient et qui est particulièrement élégante. C’est comme une explosion de fleurs qui gardent une fraîcheur incroyable. J’ai beaucoup aimé la dualité entre le côté poudré et floral. « Mediterraenan Honeysucle Mimosa » est une vraie nouveauté et pas un flanker de plus. Il a quelque chose de vraiment très agréable et sans prétention. Je pourrais tout à fait le porter.

J’attendais beaucoup de « Soleil Vibrant » créé par Alexandra Monet et Nathalie Lorson pour la maison Lalique et qui est bien plus qu’un flanker de « Soleil » sorti en 2019. C’est un parfum à part entière contenu dans ce magnifique flacon éclatant. Dès l’envolée de poire enveloppée de clémentine et de bergamote, on sent le côté très juteux que va libérer le parfum et le coeur, construit autour d’un jasmin indien assez opulent contrebalancé par le safran et la fleur d’oranger plus « sèche » est particulièrement agréable puis, le fond, très naturel de cèdre et de vanille bourbon rehausse une fragrance qui est, pour une fois, un floral fruité que je trouve vraiment joli et réussi. Je dois dire que, sur la peau, son évolution est particulièrement intéressante. Le parfum se révèle délicat, très élégant et dans la lignée d’ « Amethyst » c’est à dire qu’il me ferait rentrer dans une famille olfactive qui n’appartient pas du tout à mon domaine de prédilection. Très franchement, j’aime beaucoup « Soleil Vibrant » qui est vraiment un parfum à part entière. La note de poire est très persistante et se marie parfaitement avec la facette jasmin et la vanille à la fois très naturelle et opulente. Sur le papier, « Soleil Vibrant » avait tout pour ne pas me plaire et pourtant, vraiment, je le trouve réussi et facile à porter.

Un flanker d’ « Habit Rouge » de Guerlain m’intrigue toujours. J’avais trouvé « Dress Code » plutôt pas mal il y a plusieurs années et je savais que Delphine Jelk préparait « Habit Rouge L’Instinct ». Je dois dire que j’étais curieux de le sentir voire même de l’essayer. J’avoue que je suis assez déçu et que, si je voulais absolument en parler, j’ai un peu de mal à savoir quoi en dire. Je crois qu’il est tout ce que je n’aime pas dans le sélectif. Un départ un peu vert mais assez amer et indéfinissable, un coeur cannabis (que je ne sens pas tellement) et de maté associé à la rose et un fond de cuir, de patchouli et de vanille. La marque parle d’un parfum cuiré, pour ma part, je le rapprocherait plutôt d’un boisé assez classique et qui n’apporte pas vraiment grand-chose de plus. Il faut dire que je ne suis clairement pas la cible. C’est une création sans aucune personnalité simplement un outil pour attirer une clientèle jeune et « renouveler le cheptel » si j’ose dire. Vraiment c’est une déception. J’ai aimé les anciennes versions d’ « Habit Rouge » aujourd’hui oubliées par un grand nombre et sans doute que je suis nostalgique et que je cherche sans arrêt à les retrouver mais là, je suis incrédule. Je ne vois pas de rapport entre l’original et ce flanker qui est, il faut le dire, complètement un autre parfum. Pour ma part, je passe mon chemin.

"Gris Charnel Extrait magnifie pour moi cette sensualité parisienne déjà présente dans Gris Charnel. La sensualité parisienne s'exprime de diverses façons. Je trouve ça passionnant de pouvoir imaginer toutes les formes de sensualité à travers les yeux des parisien.nes. Chacun.e en a sa propre définition et la vit avec une liberté fascinante" David Benedek. Pour être parfaitement honnête, je n’ai jamais été vraiment fan de « Gris Charnel » créé par Mathilde Bijaoui en 2019 pour BDK. Il est un peu trop éloigné de mes goûts. Je ne me suis donc pas précipité sur la version extrait sortie cette année. J’ai fini par la sentir et même par l’essayer. En fait, Mathilde Bijaoui n’a pas seulement forcé la concentration, elle l’a revisité et s’en exprime ainsi : « J’entretiens un lien singulier avec Gris Charnel. C’est pour moi la quintessence des notes, crémeuses et enveloppantes, que j’apprécie et aime travailler. On me demande souvent comment serait le parfum que je créerai pour moi. Et bien en fin de compte ce serait Gris Charnel, sans aucun doute. Revisiter un parfum qui a déjà trouvé son public est beaucoup plus difficile que de partir d’une page blanche. À travers ce second chapitre, j’ai souhaité magnifier la sensualité de la signature originale de Gris Charnel, sculpter un sillage, être encore plus magnétique et captivant à souhait ». Le départ d’essence de cardamome associé à un extrait de thé noir est vraiment très joli sur ma peau et élude un peu le côté figue qui pourrait me déplaire, le coeur d’iris marocain, de ciste de vétiver bourbon s’exprime beaucoup plus facilement et le fond de patchouli, de vanille, de santal de cèdre et de fève tonka se fait sophistiqué et finalement très différent de celui de l’eau de parfum. À franchement parlé, j’ai préféré, et de loin, cette version qui est une vraie réinterprétation.

Elle devait sortir en avril mais c’est seulement le 2 mais que « Paris-Paris », la nouvelle Eau de Chanel va éclore. « Paris – Paris est une fragrance construite autour de la rose Damascena, une rose de caractère qui révèle une multitude de facettes. Sa fraîcheur pétillante est ravivée par le citron et la mandarine, ses notes épicées par le poivre rose, et son cœur boisé par le patchouli ». Dès l’envolée, on sent cette rose très versatile, épicée, boisée et très élégante avec une certaine légèreté. C’est une eau d’été qui garde quand même une certaine profondeur. Le fond très patchouli contrebalance et modernise une fragrance qui se veut très contemporaine. Olivier Polge a revisité complètement la rose et je dois dire que je la trouve très jolie. Je ne sais pas si je la porterai mais je trouve cette Eau de Chanel très réussie. Je crois que j’aime bien la rose de Damas travaillée avec le patchouli. Je trouve que, « Paris-Paris » a un petit côté agréable et cocon. Je n’en n’attendais pas moins du travail du parfumeur pour cette collection que je trouve décidément très agréable, un peu consensuelle mais parfaitement efficace.

La sortie d’un nouveau parfum chez Penhaligon’s est toujours une très bonne nouvelle mais je n’ai pas compris si « Sports Car Club » serait un éphémère ou s’il allait remplacer l’une des nombreuses références supprimées par la marque. L’avenir le dira. En tout cas, j’ai particulièrement aimé ce boisé aromatique qui m’a séduit au plus haut point sur la peau. Je ne connais pas les notes mais, pour moi, le départ est très « orange confite » avec des notes d’épices et de pin, un coeur sans doute de cypriol et un fond musqué et patchouli. Je trouve le parfum très équilibré et, sur ma peau, le côté un peu poivré ressort assez bien et s’intègre parfaitement aux facettes un peu suaves et résineuses, presque baumées. Le flacon est un hommage à la course automobile et il est évident qu’il s’adresse peut-être plus à des hommes mais, lorsque l’on sent le parfum, il y a quelque chose de vraiment très androgyne et je pense qu’il pourrait parfaitement s’adresser à une femme. La marque ne communique pas sur le parfumeur qui l’a réalisé et je le regrette toujours un peu surtout quand j’accroche vraiment sur une création. Je l’ai découvert et essayé en avant-première et je le considère comme sortant au deuxième trimestre mais je ne sais pas s’il ne va pas arriver en France seulement en juin. En tout cas, je l’ai trouvé fort séduisant et vraiment très bien construit. Sur ma peau, son développement est vraiment intéressant et je pourrais parfaitement le porter.

Parmi les nouveautés il en est une qui a été lancée par Byredo et créée par Jérôme Épinette. Elle intègre la collection des extraits sous le nom de « Vanille Antique » et la marque la décrit ainsi : « Vanille Antique est le premier parfum Byredo reposant sur la plus rare des matières premières de la parfumerie. Le parfum fumé de la gousse de vanille se charge d’histoire et de caractère, se transformant en une senteur inattendue, moins sirupeuse et plus nuancée. La douceur attendue de la vanille est bouleversée par des textures terreuses et sombres : un mélange chaleureux de bois de cachemire, de ciste et de musc forme un nectar enivrant ». J’avoue que j’ai été dubitatif car il m’a rappelé très vivement un ancien parfum de la marque qui a aujourd’hui disparu traité dans une concentration plus importante. Bon, je ne vais pas ergoter et me concentrer sur ce que j’ai senti. Je dois dire que, sur le papier, je m’attendais à être assez séduit en dépit de la note dominante que je n’aime pas tellement. J’ai beaucoup de mal à percevoir l’envolée de freesia et de prune et j’entre très vite sur le coeur ambre et bois de cachemire très enveloppant et le fond de vanille de Madagascar même si je ne sens pas le ciste. Je dois dire que je n’ai pas aimé ce parfum. Je le trouve trop gourmand, trop enveloppant et il m’a pas mal dérangé voire même écoeuré. Je pense qu’il plaira beaucoup aux amateurs mais, pour moi, il est trop difficile. Je crois que, résolument, je n’aime pas les vanilles gourmandes. Elles sont toujours très difficiles à supporter pour moi mais, dans le style, je l’ai trouvé plus qualitatif que beaucoup de parfums de la marque.

C’est la saison des flankers et je dois dire que je n’attendais pas grand chose de « Terre d’Hermès Eau Givrée » que la marque décrit ainsi : « Terre d'Hermès Eau Givrée, la chaleur de la glace. Une nouvelle Eau de Parfum à la fois fraîche et intense. Créée par Christine Nagel, parfumeur d’Hermès, Terre d’Hermès Eau Givrée allie la vigueur du cédrat et la fraîcheur incisive du genièvre à la puissance du poivre Timut. La sensation saisissante d’un souffle glacé y côtoie la générosité des notes minérales et boisées typiques de Terre d’Hermès ». Avec une ouverture d’écorce de cédrat, un coeur de baie de genièvre et de poivre timut, ce parfum est assez différent de « Terre d’Hermès » même si l’on en retrouve un peu la colonne vertébrale. Je dois dire qu’il m’a évoqué un gin tonic, qui est l’un des rares cocktails que je peux boire à l’occasion. Je trouve que c’est une jolie création et Christine Nagel a voulu rafraîchir plus que vraiment s’éloigner de « Terre d’Hermès ». Le côté très « zest » me plait beaucoup et s’harmonise bien avec les notes poivrées et épicées. En tout cas, il m’a bien plu.

Lorsque Jean Jacques est devenu le parfumeur de Caron, j’en attendais beaucoup car je connaissais le merveilleux travail qu’il avait fait pour Isabey mais force m’est de constater que je n’arrive pas du tout à adhérer à ses créations et re-créations pour la marque. Ceci dit, ayant été un grand amateur de « Pour Un Homme », je suis quand même allé sentir les deux flankers qui viennent de sortir, « Pour Un Homme le Matin » a été le premier que j’ai découvert. La marque le décrit ainsi : « Le matin est une promesse et évoque le dynamisme d’une nouvelle journée qui commence. Pour Un Homme de Caron Le Matin, un parfum vivifiant, qui offre une nouvelle fraîcheur à la lavande iconique de Pour Un Homme de Caron. Jean Jacques, parfumeur de la Maison Caron, s’est donné un défi : faire vivre l’univers de Pour Un Homme de Caron en respectant l’esprit d’origine. Mettre l’esprit d’innovation au service de la tradition. Pour cela, il a mêlé du lavandin provençal, poussant à basse altitude et issu d’une filière traçable, à un extrait de gingembre CO2 obtenu par une technique réalisée à froid, très respectueuse du végétal et permettant de restituer un parfum plus fidèle qu’avec les extractions traditionnelles. Un art subtil de la variation » et c’était plutôt alléchant. Je dois dire que je n’ai pas du tout été convaincu. Je crois même que je me suis senti un peu dérangé par son évolution. Je n’arrive pas tellement à sentir la lavande, colonne vertébrale de l’original, pas plus que le gingembre ou le coeur de patchouli. J’ai bien identifié le départ de bergamote et de petit grain de citronnier mais, très vite le parfum se fait très boisé et relativement synthétique. Je le trouve très aromatique fougère du tout-venant. Je ne vais pas développer plus mais vraiment, en dépit de son très joli flacon, j’ai vite remis « Pour un Homme le Matin » sur l’étagère de la parfumerie et je suis passé à autre chose.

« Pour Un Homme de Caron Le Soir, un parfum envoûtant, qui sublime la facette sensuelle de la lavande. Jean Jacques, parfumeur de la Maison Caron, a joué en surdose un duo d’essences de lavandes provençales et bulgares pour révéler leur intensité. Pour sublimer la sensualité de la lavande, le parfumeur a sélectionné une essence très particulière de bois de chêne. Issue de la fabrication de fûts de cognac, cette essence de bois de chêne est chargée de senteurs fumées, boisées, enivrantes. Les effets amandés de la fève de tonka et les notes épicées de l’encens composent ce sillage intense et envoûtant ». Si j’ai trouvé « Pour un Homme le Soir » plus luxueux, je n’ai pas vraiment adhéré non plus. Je retrouve bien la lavande de l’original mais les notes d’encens froids et de fève tonka associées à des notes d’iris et de violette m’ont quelque peu déroutées. Au bout de quelques minutes, je ne sens plus que les notes boisées et l’ambroxan et je ne suis pas du tout amateur. L’originalité du départ, à mon sens, s’éteint bien vite et « Pour un Homme le Soir » se fait un peu quelconque. Je dois dire que je n’ai pas aimé non plus. Je crois que, sauf s’il subit une reformulation sauvage, je resterai fidèle à l’eau de toilette originale que j’aime depuis longtemps, et que je ferai l’impasse sans aucune hésitation sur ces deux flankers qui, de mon point de vue mais ça n’engage que moi, n’apportent pas grand-chose et ne me séduisent nullement.

Le moins que l’on puisse dire c’est que « Encelade », le nouveau parfum créé par Quentin Bisch pour Marc-Antoine Barrois sort des sentiers battus. « Jungle fraiche à flanc de volcan, Encelade est un parfum puissant et envoûtant. Ambivalence d’un parfum d’ombre et de lumière qui se joue avec délice de ses paradoxes. L’accord primordial rhubarbe, cèdre et vétiver exprime l’odeur de la terre, de la sève, l’image d’une nature luxuriante. Des notes vertes et boisées auxquelles vient se mêler le fracas du cuir fumé et animal. Bois de santal lacté et fève tonka ajoutent sur la peau sensualité et addiction. La séduction à l’état pur d’un parfum au magnétisme sauvage ». La marque communique peu sur les notes mais c’est vrai que je sens bien le départ un peu galbanum et rhubarbe, le côté rond de la fève tonka et le fond à la fois lacté par le bois de santal, boisé par le cèdre et le vétiver. Tout au long de son évolution, le parfum prend des accents à la fois cuirés et résineux, enfin pour moi. Je ne saurais pas dire s’il me plait ou non mais je le trouve parfaitement hors-norme et il y a une chose dont je suis certain, c’est qu’il va ravir un public amateur de fragrances originales et pas senties. Pour ma part, ma conviction est faite, je ne pourrais pas le porter même si je trouve que, à l’instar des autres parfums de la marque, je le trouve intéressant.

 

 

« La coriandre est à la fois épicée et aromatique, acidulée et fusante, elle offre une fraîcheur inégalée en tête. Soutenue par la cardamome, elle sublime l’iris en cœur. Les notes boisées, ambrées en fond viennent soutenir l’ensemble pour un sillage sensuel et charnel. » tels sont les mots de Laure Emmanuelle Hermay pour évoquer sa nouvelle création « Bois Iris Coriandre » pour la Closerie des Parfums. J’ai eu l’occasion de l’essayer très largement et je dois dire que je l’ai bien aimé. Je suis toujours un peu ambivalent lorsque l’iris est travaillé en majeur, je peux accrocher comme être rebuté et la facette gourmande de ce parfum aurait pu me faire fuir. Il n’en n’a rien été. Je l’ai trouvé très intéressant. Le départ presque acidulé de coriandre que j’identifie parfaitement s’allie très bien à la douceur de la bergamote pour nous emmener sur le coeur poudré et cuiré d’iris de violette et d’osmanthus qui s’enrichit de notes de muscs blancs, de graine de carotte, de vanille, d’ambre et de fève tonka qui lui confère quelque chose de rond et enveloppant. Sur ma peau, le côté poudré de l’association iris et violette est très présent et, même si l’effet boisé perdure un peu, le parfum s’arrondit beaucoup. Il est travaillé en légèreté et, de ce fait, il n’est jamais entêtant. J’aime bien l’équilibre de cette composition mais ce n’est pas un vrai coup de coeur. Il lui manque un je-ne-sais-quoi de singulier qui aurait pu m’attirer davantage.

 

 

« Nous pouvons traduire ce parfum comme un macération de patchouli avec deux qualités de poivre : le poivre noir dense et épicé et le poivre de Sichuan, citronné et épicé, légèrement aromatique et fusant. » explique Corinne Cachen pour présenter « Ambre Patchouli Sichuan », sa nouvelle composition pour La Closerie des Parfums et je dois dire que dès la vaporisation, je suis séduit. L’envolée de poivre noir de Sichuan très particulier, d’orange amère et de citron pétillant amène tout en contraste le coeur à la fois aromatique de lavande et de géranium qui fait une vraie sortie de route avec la facette poudrée de feuille de violette. L’effet se confirme avec un fond de patchouli très présent, arrondi par des muscs, de la fève tonka, du benjoin et de la vanille. Ce parfum, même s’il ne lui ressemble pas complètement, m’a évoqué une ancienne version de « Habit Rouge » de Guerlain que j’ai porté il y a bien longtemps. Très honnêtement, « Ambre Patchouli Sichuan » aurait pu être un énorme coup de coeur car, à tous les stades de l’évolution sur ma peau, il est vraiment magnifique. Il y a malheureusement un bémol. Sa tenue, à l’instar des autres patchoulis de la marque, est quand même limitée. Je ne suis pas complètement convaincu même si la tenue n’est pas toujours un critère. Je le réessayerai en forçant un peu la vaporisation pour voir comment ma peau réagit car la création est vraiment belle et me réconcilie un peu avec ce type de patchoulis vanillés.

 

 

 

 

 

Sophistiqué et frais tel est la nouvelle création de Sidonie Lancesseur pour Olfactive Studio : « Dancing Light apparait dans un souffle épuré de fleurs couleur de neige. Presque glacé.  Parfum contrasté et vibrant, Dancing Light est à l’image des aurores boréales qui l’ont inspiré. La Menthe Glaciale et les Aiguilles de Pin de Sibérie soufflent le froid puis un bouquet de fleurs blanches (Jasmin, Néroli, Seringa) danse en coeur, réchauffé par du bois de Santal ». L’envolée est assez étonnante avec l’association de la menthe glaciale, de la bergamote et de la cardamome enrichies de baies de l’océan indien que je n’ai pas pu identifier, de lavandin et d’ananas. Le coeur de jasmin d’Égypte est rehaussé de seringa, de freesia, d’aiguilles de pin et surtout enveloppé de la fraîcheur du néroli. Le fond de santal et de cèdre se fait musqué et boisé avec une facette mousse. Sur ma peau, ce qui prime, il faut le dire c’est le versant menthe. J’aime bien l’idée de cette fraîcheur élégante et étonnante. Curieusement, et malgré l’abondance de notes révélées par la marque, je le trouve assez peu évolutif mais ce n’est pas nécessairement un défaut. Je trouve que c’est un excellent parfum d’été. Il devait sortir l’an dernier mais il a été édité seulement en avril. Je viens de le découvrir et j’ai bien aimé le porter autour de moi.

 

 

Composé par Fanny Bal, « When the Rain Stops » a du sortir déjà il y a quelques mois mais j’étais passé à côté donc je vais considéré qu’il fait partie des sorties de ce second trimestre 2022. Comment le décrire sinon en disant qu’il est aromatique et aqueux à la fois. La marque en décrit ainsi l’inspiration : « When the Rain Stops, la nouvelle eau de toilette évoquant une parenthèse orageuse printanière. Puis soudain, le ciel décide de se calmer, les nuages disparaissent, laissant place à de timides rayons de soleil. Après l’orage, seules persistent et subsistent les gouttes d’eau rondouillettes déposées à tout va, les flaques d’eau parsemées et l’odeur fraîche et si reconnaissable de la pluie ». L’envolée est assez étonnante avec cet accord végétal associé à la bergamote et au poivre rose puis le coeur, construit autour de molécules de synthèse qui donnent une impression aquatique associées à la rose et au jasmin ne m’a guère convaincu. Je l’ai laissé évoluer et je suis arrivé sur un accord très aromatique de pin. La marque parle de patchouli mais je ne le sens pas du tout. La toute fin, lorsque la peau a séché est une avalanche de muscs blancs. Je dois dire que j’ai été peu séduit par ce parfum que je trouve un peu trop « chimique » et qui ne m’a absolument pas évoqué un côté « après la pluie ». J’en resterai donc, si on parle de cette inspiration, à « Un Matin d’Orage » en eau de toilette d’Annick Goutal.

 

Je ne suis pas du tout amateur de la maison Atelier des Ors que je trouve trop éloignée de mes goûts donc je n’attendais rien de « Riviera Sunrise » qui vient de sortir et qui est créé par Marie Salamagne et c’est, ma foi, une très belle surprise. Je suis content de l’avoir découvert. La créatrice décrit comme cela sa réalisation : « Je souhaitais exprimer l'énergie solaire qui émane de la French Riviera. J'ai décidé de travailler toutes les facettes de l'orange, fruit qui symbolise pour moi le soleil et la Méditerranée. Je voulais une fragrance comme un shot radieux et fruité capturant ainsi cette atmosphère vibrante, inspirante et solaire » et la marque : « Riviera Sunrise est une fragrance évocatrice de la lumière dorée du soleil Méditerranéen. Les rayons du soleil embrassent la cime des orangers centenaires et se mêlent aux flots dorés comme une danse parfumée. Une atmosphère qui oscille entre le charme de la fraicheur des matins calmes et une explosion d’énergie solaire ». L’envolée de citron, de mandarine et d’orange est comme une explosion de fraîcheur vivifiante qui s’enrichit d’un coeur construit autour de la fleur d’oranger avec des notes vertes de basilic et de feuille de figuier puis le parfum se pose sur un fond de vétiver, de cèdre et de muscs blancs. Estival en diable, « Riviera Sunrise » est le parfum d’été et de vacances par excellence et sans doute une alternative aux salins qui fleurissent dans beaucoup de marques depuis quelques années. Sur ma peau, il évolue vraiment bien et reste d’une fraicheur absolue tout en ayant une tenue que je trouve presque surprenante pour ce style de fragrance. Je trouve, en revanche, que son prix est un peu élevé mais j’aime beaucoup l’idée.

Comme l’an dernier, Nina Ricci sort un flanker de « L’Air du Temps » en partenariat avec la maison Antoinette Poisson et je dois dire que j’étais pratiquement passé à côté car je pensais que seul le flacon changeait. C’est grâce à la chaîne YouTube Mon Osmothèque que j’ai su qu’il s’agissait d’une création différente du parfum iconique créé par Francis Fabron après guerre. Je suis passé à côté de la version 2021 créée par Calice Becker mais j’ai tenté celle de 2022 composée par Louise Turner et Natalie Gracia-Cetto et je dois dire qu’elle est assez jolie et, c’est vrai, complètement différente de l’original que j’aime beaucoup au demeurant. L’envolée de petit-grain de bigarade, de mandarine et de bergamote nous entraîne sur un coeur de fleur d’oranger et de mimosa puis sur un socle de muscs blancs arrondis par la fève tonka et par une note miellée, le tout présenté dans un superbe flacon imitant une porcelaine sur laquelle serait peinte une toile de Jouy. Cette édition limitée est jolie mais, pour une fois, et je dois le dire, c’est surtout le flacon qui me séduit. Je pense qu’elle sera vite épuisée et va devenir, comme celle de 2021, parfaitement collector. Je n’avais pas prévu de l’intégrer dans cet article mais le visuel du flacon me plait alors je l’ajoute avec plaisir.

 

Voilà pour ces sorties de la fin du mois d’avril et du mois de mai. J’ai eu la chance de pouvoir y avoir accès facilement. Les lancements sont nombreux que ce soit dans les marques du circuit sélectif ou dans celles, plus confidentielles, que l’on peut trouver dans les parfumeries indépendantes ou sur les rayons des grands magasins. Cette année 2022 est riche en lancements et ce n’est pas fini. Outre mon coup de coeur pour « Figuier Noir » d’Houbigant, j’ai eu de belles surprises et largement de quoi constituer mon top 20 du mois de décembre. Je dois dire que je prends vraiment plaisir à faire des découvertes.