Téo Cabanel, un héritage parfumé
L’histoire de Teo Cabanel est celle d’un héritage qui a conduit à une renaissance. Si je connaissais les parfums, j’ignorais les détails de l’histoire de cette marque. Quoi de plus juste que d’aller sur le site de sa créatrice pour retrouver la genèse de ce beau projet qui est né en 2005 sous l’impulsion de Caroline Ilacqua qui hérite de la marque et va vouloir connaitre l’histoire de la famille Cabanel. Elle se plonge dans les 150 formules des parfums disparus de la maison et lui vient une idée, faire renaître Teo Cabanel à travers de nouvelles créations empreintes d’histoire, de beauté et, pourquoi pas d’une certaine modernité. Elle a également retrouvé nombre de photos d’archives, de témoignages de clientes et son envie devient irrésistible. C’est un paris risqué, ambitieux et il lui faut donc se rendre à Grasse et tenter de trouver le parfumeur avec lequel elle va inventer un nouveau partenariat pour que Teo Cabanel soit réinventé. C’est suite à une rencontre avec Jean-François Latty à qui nous devons de nombreux parfums mythiques tels Jazz d’Yves Saint-Laurent ou des classiques de Givenchy aujourd’hui disparus que le projet va prendre forme et que vont naître cinq parfums dont certains comme « Julia » et « Oha » sont inspirés des formules originales découvertes par Caroline dans les archives de la maison. Sur son site, elle rappelle l’histoire de cette famille et la naissance de la marque :
« L’héritage de notre maison remonte à la fin du XIXème siècle. C’est en 1893 que Théodore Cabanel alors médecin chimiste, se met à composer de précieuses Eaux de Cologne et Quintessences pour Mouchoirs. Il créé, avec l’aide de sa femme Méloé, des centaines de formules. Ils ouvrent ensuite une boutique à Paris et parfument les femmes les plus élégantes de la capitale. C’est ainsi que commence l’histoire de notre maison de parfum. »
Caroline Ilacqua
Je ne connais pas très bien tous les parfums de Teo Cabanel mais j’en ai sélectionné cinq qui sont très significatifs de la marque, en tout cas pour moi. Le premier est évidemment « Julia », lancé en 2005 et qui tend à retrouver l’esprit de la maison. Jean-François Latty a décidé de créer un féminin mais je pense qu’un homme audacieux qui aime les fleuris peut parfaitement le porter. Les notes de tête sont la mandarine, la rhubarbe et la cassis qui impriment une impression de parfum très fruité et facile à porter mais il est beaucoup plus que cela. Lorsqu’il évolue, il vient s’enrichir de notes délicates de jasmin et de jacinthe poudrées par une violette bien présente. Le fond de bois de santal, de muscs blancs et de ciste prend des accents d’encens et de framboise discrète. En 2005, les parfum fleuris et fruités n’avaient pas encore le succès qu’ils ont rencontré depuis et « Julia » était très novateur. De plus, on y retrouve la signature de Jean-François Latty et je trouve qu’il a tout pour être un beau classique.
Jean-François Latty
Le second parfum créé en 2005 est un floral épicé. Jean-François Latty a créé « Oha » je pense, en voulant réinventer le style. L’ouverture de bergamote et de thé noir est absolument magnifique et le coeur de rose, de jasmin et de cardamome le rend vraiment très original. Caroline Ilacqua le décrit plutôt comme un parfum du soir. Le fond poudré d’iris, de bois précieux, de fève tonka et de muscs blancs lui confèrent quelque chose d’ultra-chic. Plus moderne que « Julia », il s’affranchit des codes et va tout à fait plaire à différentes personnalités. Quand je l’ai senti, complètement par hasard, la première fois, j’ai été tout à fait séduit pas le départ et complètement surpris par l’évolution. « Oha » est, sans nul doute l’une des plus belles réussites de la marque car il allie une tradition du parfum floral à la française et une incroyable modernité qui. Le rend tout à fait intemporel. Pour moi, et même si je ne pourrais sans doute pas le porter car il est un peu loin de moi, « Oha » est vraiment une complète réussite.
Lancé en 2007, « Alahine » est le parfum oriental de la maison. Dans la plus pure tradition de cette famille olfactive, il coche toutes les cases : une envolée de bergamote et d’ylang ylang au départ, créant une dualité entre notes hespéridées et fleuries, un coeur de rose, de jasmin de fleur d’oranger et de poivre noir, et un fond d’iris, de ciste, de benjoin de patchouli, de bois de santal et évidemment d’une vanille omniprésente et en grande quantité. « Alahine » a aussi une facette un peu poudrée. Jean-François Latty s’est éclaté, c’est le moins que l’on puisse dire, en retrouvant tout ce qui avait fait son succès lorsqu’il a créé pour les grandes maisons de couture d’antan. Personnellement « Alahine » n’est pas la création que je préfère chez Teo Cabanel mais je reconnais qu’il est super beau et que c’est un classique incontournable de la parfumerie alternative.
Créé en 2013 toujours par Jean-François Latty, « Barkhane » est le premier parfum officiellement masculin de la maison Teo Cabanel. C’est un oriental épicé avec un fond de oud. Le départ de bergamote, le coeur de cumin, de géranium et de kaloupilé qui est une plante que je ne connaissais pas, est très original et, à un moment de son évolution, j’ai été vraiment attiré lorsque je l’ai essayé. Le fond, est plus classique et donc construit autour du oud avec des notes de ciste, de myrrhe, de vétiver, de fève tonka, de patchouli, de muscs blancs et de vanille. J’avoue que, vers la fin de son évolution, je ne l’ai pas trouvé pour moi. Il est trop « costaud » si l’on peut dire. Son sillage est incroyable et sa tenue très longue. Je ne regrette pas de l’avoir essayé car, c’est vrai qu’il aurait pu me plaire mais je ne suis sans doute pas encore assez audacieux pour ce genre de parfum.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 223 autres membres