Passion Parfums

 

 

Vous le savez, je ne suis pas spécialement fan de la maison fondée par Kilian Hennessy. Je trouve même l’univers assez bling-bling et les jus d’un intérêt un peu limité par rapport au prix du flacon. Ce n’est que mon opinion et, une fois encore, cela n’a absolument pas valeur de critique. J’essaye donc toujours de garder l’esprit et l’odorat ouvert. Nous avons la marque au Printemps de Lyon et la collection The Liquors était mise en avant cette semaine, sans doute en prévision de la sortie d’une nouveauté que je ne connais pas encore. Le flacon est très attractif et je suis allé y remettre mon nez. Encore une fois, je ne trouve pas forcément le prix adapté à la qualité des parfums mais sur les cinq parfums que j’ai redécouvert, il y en a au moins deux que j’ai trouvé assez jolis. Je vais donc revenir sur cette collection et tenter de vous donner mon ressenti avec le plus d’objectivité et d’impartialité possible.

J’ai commencé à par celui qui m’avait le plus plu à sa sortie en 2020 et il s’agit de « Roses on Ice » créé par Frank Voelkl. La marque le décrit ainsi : « Des roses, du concombre, et quelques notes de gin distillé sont mises à l’honneur. Le parfum Roses on Ice s’ouvre sur la fraîcheur aquatique du concombre et l’effervescence aromatique des baies de genévrier, créant une sensation glacée, qui s’arrondie dans un accord voluptueux de Rose Centifolia. Avec ses notes de fond de bois de santal et de musc, la fragrance exprime le caractère vif mais profondément infusé du gin ». Le moins que l’on puisse dire est qu’il est, sur ma peau, très agréable à défaut d’être vraiment original. Il s’ouvre avec des notes fraîches et presque minérales de concombre et de baies de genièvre avant d’évoluer sur un très joli coeur de rose de main. La marque ne communique pas sur les notes de fond mais je les crois assez synthétiques ce qui n’est pas vraiment un problème car, très discrètes, elles conservent la fraîcheur du parfum. Il ne me fait pas vraiment penser à un cocktail à base de gin mais plutôt à une promenade dans un jardin au premières heures du mois d’avril et surtout à l’heure de la rosée. La note de concombre en parfumerie est plaisante pour moi. J’ai d’ailleurs porté plusieurs créations dans laquelle elle était présente. Je lui trouve un côté frais, juteux, croquant mais aussi, je le disais, presque minéral. J’aime bien « Roses on Ice », s’il avait été vendu à un prix moins élevé, je me serai posé la question de savoir si je pourrais le porter mais 220 euros les 50 ml est un peu trop pour moi. Je ne l’aime pas assez pour franchir le pas.

« Roses on Ice » est sorti en même temps que « Angel’s Share », créé par Benoît Lapouza, qui est, je pense, le best de la collection. La marque en décrit ainsi l’inspiration : « Tout comme un maître-parfumeur élabore les accords et les essences d’un parfum, un maître-mélangeur combine des eaux-de-vie dans des proportions parfaites pour créer un cognac d’exception. Le parfum Angels’ Share contient de l’essence de cognac extraite pour offrir au parfum une couleur caramélisée naturelle. S’ouvrant sur l'huile de cognac avec un mélange d'absolu de chêne, d'essence de cannelle et d'absolu de fève tonka, les notes persistantes de bois de santal, de praline et de vanille offrent une finition délicieuse à cette fragrance : un élixir rare qui devrait être réservé aux anges ». Il est basé sur une association de bois de chêne, de cognac, de fève tonka et de vanille. Je dois dire que je ne comprends pas trop l’engouement pour ce parfum. Il ne me parle pas vraiment. Je le trouve vraiment « too much » et je dois admettre qu’il m’écoeure un peu. Il est vrai qu’il s’avère très gourmand et que ce n’est pas ce que je préfère hormis, c’est vrai, quelques exceptions. « Angel’s Share » est dans l’air du temps. Il allie notes liquoreuses, boisées et vanillées. J’ai toujours eu du mal avec ce genre de parfum surtout que je ne le trouve pas d’une finesse extrême. Dans le genre, et même si je n’arrive pas à le porter, je préfère, et de loin, « Baraonda » créé par Alessandro Gualtieri pour sa maison Nasomatto.

En 2021, sont nés deux nouveaux parfums de la collection The Liquors. Le premier sur lequel j’ai remis mon nez est « L’Heure Verte » créé par Mathieu Nardin. « La fragrance s’ouvre sur l’essence d’absinthe soutenue par la feuille de violette et la racine de réglisse. Son fond s’articule autour d’une matière première unique, le patchouli, essence, absolu et fraction. Il résonne tout au long de la fragrance, pour venir se fondre dans une marqueterie de notes boisées composée autour du vétiver et du bois de santal. Fièvre Verte by Kilian est un hommage à la fête et aux plaisirs Parisiens ». Le parfum s’articule autour d’une colonne vertébrale absinthe, feuille de violette et patchouli avec un côté aussi vétiver. Pour moi, il s’agit-là d’un parfum vert mais liquoreux avec une forte dominance de notes anisées travaillées en majeur. Je dois dire que, là encore, ce n’est pas ce que je préfère en parfumerie. Son effluve me fait penser surtout à un ouzo hellénique que j’ai essayé sans succès de boire, il y a longtemps, lors d’un séjour en Grèce. « L’Heure Verte » a un peu tendance à me retourner la tête. Je ne pourrais absolument pas le porter mais, si je veux rester objectif, je dirais que pour les amateurs de parfums dans lesquels l’absinthe est travaillée en majeur, il est assez bien réussi. Je suis plutôt un adepte des parfums verts, j’en ai porté pas mal, mais je les préfère frais et aériens plutôt que liquoreux et, j’ose le dire, un peu plombants. Vous voyez, je ne suis pas toujours consensuel et je donne honnêtement mon ressenti (private joke)…

La même année, Sidonie Lancesseur a composé « Apple Brandy on the Rocks » que je trouve assez étonnant. « Cette ouverture pleine de fraîcheur, dévoile la personnalité profonde du parfum : un accord marqué d'eau-de-vie de pomme, dans lequel se glisse un mélange à la fois fruité et craquant qui s’harmonise parfaitement avec le Brandy - mélange recréé à partir de notes de rhum pour donner un aspect liquoreux, mousseux et aux notes de vanille. La structure de son essence de bois de cèdre et d’ambroxan, plongent ce parfum dans un univers sophistiqué et festif. Apple Brandy on the Rocks capture cette réincarnation perpétuelle et cette élégance incontestable propre à New York, «The Big Apple» - et plus particulièrement, à sa mythique vie nocturne ». Je ne l’avais pas vraiment remarqué à sa sortie mais, finalement, je trouve qu’il gagne à être mis sur peau. Avec des notes de bergamote, d’ananas et de cardamome, il est sans doute le plus original de la collection. Sur la touche, je le trouvais très liquoreux et vanillé donc je n’avais pas vraiment envie de le poser sur ma peau mais je dois dire que j’ai été surpris par son évolution qui révèle une certaine élégance. Je pense qu’il m’entêterait et que je ne pourrais pas le porter mais je lui reconnais des qualités, notamment une certaine singularité qui, pour une fois, me fait penser à une certaine parfumerie d’auteurs qui tend à être noyée dans la masse aujourd’hui.

Je ne vais pas revenir sur « Blue Moon Ginger Dash » sorti en 2023 et créé également par Sidonie Lancesseur car, apparemment, il est déjà supprimé. Peut-être était-il un éphémère ? Je ne le sais pas. Pour le reste, je reste sur ma première impression et mon préféré est toujours « Roses on Ice ». Je ne suis pourtant pas vraiment très emballé par la collection. C’est ainsi. Le ressenti en parfumerie est vraiment très subjectif et je respecte l’engouement des passionnés mais je ne suis toujours pas assez touché pour franchir le pas.