The Merchant of Venice, sur les bords de la Lagune
Née en 2013, la maison The Merchant of Venice est supposée figurer l’art de se parfumer au bord de la lagune dans l’une des villes les plus romanesques du monde. Elle compte pas moins de neuf collections qui ont vu le jour depuis sa fondation et il m’a été proposé de pouvoir survoler quelques fragrances de cette gamme importante dans laquelle, je dois l’admettre, je me perds parfois un peu. La marque ne communique pas sur les parfumeurs qui ont composé leurs créations mais simplement sur les notes et l’univers de chaque flacon dont la plupart sont fait en verre de Murano. Il y en a pour tous les prix, pour tous les goûts et j’en ai retenu cinq qui m’ont plus ou tout du moins intéressé mais cela n’a pas été facile tant le nombre de doses d’essai que j’avais était important. Je vais essayer, tant bien que mal, de vous emmener avec moi dans cet univers parfumé et coloré visuellement qu’est The Merchant of Venice.
« Byzance Saffron s'inspire de la Muda della Tana e di Romania. Le Muda della Tana e di Romania longeait les côtes grecques, faisant escale dans les villes d'Athènes puis vers Constantinople et la mer Noire. Parmi les principales matières premières commercialisées dans cette région, particulièrement importantes pour le marché vénitien, figuraient le musc, la muscade, le safran. et de la résine de benjoin ». Lancé en 2013, « Byzantium Saffron » est, je crois, le premier que j’ai découvert et sans doute l’un de mes parfums préférés. Il m’emmène dans un univers un peu suranné entre un exotisme qui me rappelle les films d’aventures en noir et blanc des années trente et un classicisme des cuirés boisés de la parfumerie à l’italienne. Il s’ouvre sur des notes de thym et d’un saffran bien présent avec des accents de poivre puis évolue sur un coeur de lys blanc, de suède et de bois de cèdre avant de se poser sur un fond musqué, finement vanillé entouré d’une belle qualité de patchouli. C’est un cuiré comme je les aimes, avec twist un peu épicé. « Byzantium Saffron » n’est pas d’une folle originalité mais c’est une seconde peau plutôt élégante et profonde. Je dois dire que je suis assez séduit par cette création que je trouve facile à aborder à porter même si la tenue est un peu limitée. Elle se présente dans un très beau flacon rouge striée et fait d’ailleurs partie de la collection Murano.
« Blue Tea » est, à ce jour le seul parfum de la collection Asia Land et est sorti en 2018. Il est, je dois le dire, celui que j’ai essayé qui m’a le plus séduit. En effet, avec son départ de thé oolong et de pamplemousse rehaussé de noix de muscade, il m’accroche directement. Le coeur de magnolia et de néroli est vraiment très agréable et enrobe une rose délicate et discrète pour nous emmener sur un fond de vétiver et de muscs blancs très « propre ». Je dois dire que sur ma peau, le développement est vraiment joli et que je l’ai bien porté lorsque je l’ai essayé. La marque le décrit ainsi : « Explorant la richesse du thé régénérant, la fragrance évolue autour d'un accord poétique de thé bleu et de bouquet floral de rose, de magnolia et de néroli. Le cœur s'épanouit au contact de ces différentes facettes, suave, frais et parfois légèrement fruité. Des notes de fond de vétiver texturé arrondies par des muscs soutiennent la touche verte rurale et stimulante ». Il réunit beaucoup de notes que j’aime et elles s’agencent de telle manière que je ressens une sensation de bien-être lorsque je le porte. Il me ferait facilement craquer je dois le dire surtout lors d’une journée d’été chaude mais pluvieuse tant il est élégant et réconfortant.
Lancé en 2015, « Rococo » fait partie de la collection Murano exclusive et son prix est vraiment dans une fourchette haute mais il m’a bien plus donc pourquoi ne pas en parler. La marque le décrit ainsi : « Intime et enveloppante, cette fragrance est le parfait symbole d'une harmonie des contraires. L'association inattendue des notes sombres et mystérieuses de l'encens avec la fève Tonka lumineuse et douce, est le cadre idéal pour embellir cette structure olfactive, savamment formulée autour d'une matière première précieuse, le cacao. Avec son léger caractère poudrè, le cacao est ensuite embrassé par des notes délicates de jasmin et des touches d'agrumes de bergamote ». Ici, en haute voire en très haute concentration, on retrouve un travail autour de la fève tonka ronde et poudrée qui apparaît en fond avec des notes de cacao et de fleur de pommier mais, le parfum, relativement linéaire s’ouvre sur une note de bergamote douce avant de passer par un coeur de clou de girofle, de jasmin et d’une fleur d’héliotrope très amandée. Complexe, étonnant, voire un peu clivant, c’est une fragrance vraiment sophistiquée et contemporaine contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire. Sur ma peau, « Rococo » est un peu trop capiteux il faut bien l’avouer mais je reconnais qu’il est envoûtant et particulièrement intéressant. Ce n’est pas un parfum pour moi mais je suis content de pouvoir le citer dans cette sélection car je le trouve vraiment réussi.
Dans la collection Nobil Omo, j’ai retenu « Damascus Desert » lancé en 2020. « Brisons les codes avec un parfum audacieux d'une originalité fascinante. Des notes de tête pétillantes d'agrumes et de gingembre donnent le ton avec une finale vivifiante. La note d’iris joue avec de nouvelles frontières, exaltée par un puissant duo de mélange boisé et ambré chaud qui rehausse son caractère pour donner un sillage incroyablement texturé. Chic non conventionnel mais contrasté ! » tels sont les mots de la marque pour le décrire et je trouve qu’on y est. Le départ est franchement frais avec des notes de citron et de bergamote rehaussée d’un gingembre que l’on retrouve aussi au coeur qui est un duo entre l’iris poudré et un géranium légèrement mentholé pour aboutir sur un fond de bois de cèdre, de musc et de patchouli construit autour d’un vétiver bien présent. On pourrait penser, à la vue des notes et de la manière dont elles composent la fragrance qu’il s’agit d’un parfum exclusivement masculin mais je ne trouve pas. Il a quelque chose de très androgyne et une fausse simplicité apparente qui, au cours de son évolution, révèle une certaine sophistication. Vraiment, il m’a bien plu et je pense que je pourrais tout à fait le porter.
Pour le cinquième choix, j’ai hésité entre « Mandarin Carnival » mais je n’ai pas eu l’occasion de le redécouvrir car il ne faisait pas partie des doses d’essai que j’avais entre les mains mais je l’avais essayé il y a quelques années, et « Imperial Emerald », qui fait encore partie de collection privée Murano, et qui a été lancé en 2019. La marque le décrit ainsi : « La tête est joyeuse, avec de splendides agrumes modernes facettant le parfum de la tête au fond comme un frisson caressant pour accompagner un poudre d'iris et de poivre rose dans un crescendo passionné. Au milieu, un tremblement amoureux, l’ylang-ylang et une opulente rose du Chili, sont rejoint par un merveilleux bouquet de muguet tintant avec toute la magnificence du jasmin nocturne, de la tubéreuse et des fleurs d'oranger. Le fond est chaud et riche d'ambre blanc et de benjoin précieux enlacés passionnément dans une danse séduisante. Une vanille crémeuse et les muscs les plus enveloppants accompagnent un patchouli innovant pour un sillage de longue durée inoubliable, pour une femme qui laisse sa trace et est, comme son émeraude impériale, à jamais ». Si je n’aime pas genrer les parfums, je trouve que celui-ci est tout de même un peu plus féminin il faut le dire mais je l’ai beaucoup aimé sur ma peau. L’envolée de bergamote, d’iris, de fleur d’oranger et de poivre rose est très fugace et le coeur floral avec un absolu de lys et des notes de muguet, de rose, de tubéreuse et d’ylang-ylang prend toute sa place pour s’arrondir avec la fleur de pommier. Le fond est plus oriental mais se fait discret. Il est construit autour du patchouli avec des accents légèrement vanillés et des muscs blancs bien présents. C’est un parfum ambigu, entre fraîcheur des bords de la lagune et chaleur des fleurs écloses au soleil. Je le trouve vraiment très intéressant même s’il n’est pas forcément pour moi.
Les créations de The Merchant of Venice ne sont pas les plus dingues qu’il m’ait été donné de sentir mais plutôt des classiques de la parfumerie d’inspiration italienne avec un twist soit suranné soit complètement contemporain. La gamme est tellement importante qu’il est difficile de ne pas en extraire des parfums qui pourront plaire à tout un chacun et je me suis laissé porter par mes goûts pour vous faire cette présentation de la marque. Je n’ai pas voulu trop m’éparpiller et j’ai choisi vraiment des créations qui sont, de prêt ou de plus loin dans ma zone de confort. En tout cas, je dois dire que le plaisir est presque plus visuel qu’olfactif pour moi car les flacons sont assez étonnants. En tout cas, c’est une maison à découvrir en tout ou en partie car elle n’est pas très semblables à ce que l’on a l’habitude de voir en parfumerie. Elle est assez mal distribuée en France mais, pour ma part, je les avais découvert à l’origine dans les parfumeries April que l’on trouve dans certaines villes moyennes et qui proposent, à côté de marques traditionnelles, quelques maisons un peu hors des sentiers battus.
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