Passion Parfums

 

 

 

C’est lors d’un séjour à Paris que j’ai découvert, il y a quelques années, dans un concept store niché au coeur de la rue des Blancs-Manteau, dans le Marais, les créations de Thierry Blondeau et j’avais été très séduit par l’univers particulièrement élégant, recherché et pourtant tout à fait facile à porter des parfums que j’avais pu essayer. Aujourd’hui, la marque compte neuf créations mais il me semble qu’à l’époque, il n’y en n’avait que six. En tout cas, quatre d’entre-elles me plaisaient et j’avais eu un beau coup de coeur pour « Narcisse Emoi » qui a été tout de suite mon préféré. Je me rends compte que je n’avais jamais fait d’article complet sur la marque éponyme d’un créateur qui travaille ses parfums tout en subtilité et en finesse. Je me suis dit qu’il fallait y remédier, d’autant que j’avais pris pas mal de notes à l’époque, alors je vous emmène dans l’univers « so chic » de Thierry Blondeau et je vais tenter de vous donner envie de découvrir son travail. Peut-être aurez-vous le même plaisir que moi, en tout cas, c’est tout le mal que je vous souhaite !

Thierry Blondeau

Bien évidemment, le premier parfum sur lequel je m’étais dirigé porte le nom de « Cuir des Sables » et Thierry Blondeau l’a créé en 2017. Il le décrit ainsi : « Tel un félin, il tend la main vers le flacon tant convoité. Odeur volée au soleil, sensuel, original et énigmatique, Cuir des sables, ou l’odeur d’une peau au teint hâlé chauffée par un vent de sable, évocation des embruns salés avec la mer comme horizon » et il n’en fallait pas plus pour m’intriguer. C’est un cuir rond, élégant, équilibré avec des notes d’amande, de poivre, de safran, d’ambre et de cuir. Je l’ai trouvé chaud, enveloppant, très addictif et il m’a fait penser effectivement à un désert mais qui ne serait pas hostile. Pour moi, c’est un parfum plutôt tendre et réconfortant, un peu sec. Sur ma peau, il s’est révélé épicé et, tout au long de son développement, il a su me convaincre. Mon premier essai a été un premier coup de coeur. De plus, je pense qu’il pourrait plaire à celles et ceux que la famille des cuirs peut effrayer un peu car, s’il est puissant, il revêt aussi une certaine douceur voire même quelque chose de presque gourmand. Vraiment, « Cuir des Sables » a fait mouche en ce qui me concerne.

 

Avec la rose, ça passe ou ça casse et là, on est dans le premier cas de figure ! « Jessy’s Rose » a été lancé en 2015 et il s’agit d’une très belle interprétation de la reine des fleurs, toute en finesse et en élégance mais tout en restant un peu un parfum impertinent et, finalement, assez inédit. « On oublierait presque le vrai parfum de la rose ? Jessy's Rose, c'est une vraie rose de jardin, fraîche, espiègle et veloutée, qui se gorge de fruits, et s'enroule dans un accord chypré moderne, soutenu de santal et de patchouli. Une rose fraîche, pétillante, espiègle et veloutée, qui se joue au féminin comme au masculin ». C’est un faux solinote, bien plus complexe et inattendu qu’il y parait à la vaporisation. Le départ de verveine se fait velouté avec un coeur de pêche, de rose et de pivoine et la douceur du santal s’oppose, au fond, à la force du patchouli. Très franchement, je me suis fait plaisir à poser ce parfum sur ma peau quand je l’ai découvert. Je ne l’ai pas vraiment porté autour de moi comme « Cuir des Sables » ou « Narcisse Émoi » mais vraiment, je l’avais trouvé velouté, ciselé, confortable mais pas trop, avec un côté un peu frais qui venait me surprendre. Je pense que ce que j’avais noté à l’époque, traduit très bien mon impression générale.

Si je veux être honnête, je n’avais pas vraiment adhéré avec « Alea Jacta Est » comme parfum pour moi mais je comprenais très bien et j’identifiais la démarche artistique. Sorti en 2015, ce parfum est le plus atypique de ceux que je connais, enfin il me semble. Singulier, audacieux, il surprend dès les notes de têtes d’aldéhydes et de fleur d’oranger qui nous emmène sur un coeur de tubéreuse poudré par l’iris et la sensation s’accentue avec un côté cacao. J’ai un peu de mal à décrire ce parfum aujourd’hui en faisant appel à mes souvenirs car je ne l’ai pas senti depuis fort longtemps mais je dois dire qu’il m’avait surpris. Thierry Blondeau exprime ainsi l’inspiration de son interprétation de la tubéreuse : « Tel Jules César en longue cape s'élançant à la conquête du Rubicon, la fleur de tubéreuse narcotique enivre les sens et envoute là où elle passe. Fleur d'oranger, cèdre, patchouli et chocolat donnent à Alea Jacta Est une signature unique. Le sors en est jeté , qui sait ce qui peut arriver ? Une fleur de tubéreuse narcotique, troublante et enivrante, qui vous dévore et vous envoute : tel Jules César qui s'élance à l'assaut du Rubicon, le sors en est jeté ! » et il en parle bien mieux que moi. Alea Jact Est n’est pas le parfum de tout le monde. C’est une « grande » tubéreuse, étonnante, clivante et particulièrement bien réussie. Si je croise sa route à nouveau, il est bien possible que je revienne vous en parler.

« Narcisse Émoi » est sans conteste mon coup de coeur même si mon coeur a un peu balancé avec « Cuir des Sables ». Il est parfois des parfums qui, lorsqu’on les découvre, vous semblent comme une évidence et c’est, dans ce cas précis, ce que j’ai ressenti. Je n’ai donc pas été long à me l’approprier. « Une clairière de narcisses au parfum d’herbes amères réchauffées par les rayons du soleil. Est-e là que Narcisse se serait penché pour y voir son reflet ? Narcisse et moi ou emoi ? Serez vous plutôt mythe ou empli d'émotions ? Un parfums de contraste, à la fois pétillant et chauds, doux et amer, troublant par sa structure. Pamplemousse, gentiane et narcisse jouent de complicité avec l'orchidée blanche et le miel. Narcisse Emoi, tel un nectar ! ». Là encore, Thierry Blondeau joue sur les oppositions entre l’amertume du pamplemousse et de la gentiane (finalement assez peu utilisée en parfumerie) et la douceur de l’orchidée blanche et du miel qui entourent ce narcisse à la fois vert, un peu poudré et presque cuiré. « Narcisse Émoi » est comme une multitudes de petites facettes qui vont et viennent sur la peau dans un matin ensoleillé de printemps après un hiver un peu long. C’est d’avoir eu envie de porter ce parfum que j’avais un peu mis de côté qui a attiré mon attention sur le fait que je n’avais jamais consacré d’article entier à Thierry Blondeau.

J’ai pris beaucoup de plaisir à reprendre les notes que j’avais prises pour écrire cet article que je n’avais jamais fait. Je n’ai pu re-sentir que « Cuir des Sables » et « Narcisse Émoi ». J’ai vu, en préparent cette revue, que, sur son site, Thierry Blondeau déstockaient ses parfums. J’espère que ce n’est que temporaire et que tous seront bientôt à nouveau disponibles. En tout cas, c’est une petite marque éponyme et tout à fait à découvrir… et redécouvrir !