Trois oud dans la collection L'Art et la Matière
C’est à Delphine Jelk et Thierry Wasser que nous devons les trois nouvelles interprétations du oud dans la collection L’Art et la Matière de Guerlain. Je les ai découverts sans vraiment en attendre grand-chose car ce n’est pas, c’est vrai, une matière première que j’affectionne. Je le trouve souvent trop animal, trop sombre pour moi. De plus, j’ai eu l’occasion de sentir le oud du Laos comme matière première lors d’une conférence et j’ai trouvé l’odeur difficile. Peut-être que ça m’influence un peu. J’ai donc essayé de garder une certaine objectivité et je dois dire qu’il y a dans les trois parfums que j’ai pu découvrir, quelque chose d’assez délicat et relativement facile à porter. Je vais essayer de décrire de mon mieux mon ressenti en passant en revue cette nouvelle partie d’une collection que je trouve, je l’admets volontiers, un peu « fourre-tout » et dans laquelle, entre nouveautés et anciens parfums ayant changé de nom, j’ai beaucoup de mal à me retrouver.
Le tout premier parfum que j’ai pu découvrir est « Oud Nude » décrit ainsi par la marque : « Dénuder le bois de oud pour en révéler la douceur. A l’opposé de son intense noirceur, Delphine Jelk a travaillé un bois de oud lumineux tout en finesse. Dévoilée, la matière s’apprivoise au contact des bois clairs et exprime ses facettes les plus délicatement sensuelles. « Si Oud Nude était une couleur, le nude de Constantin Brancusi. » Selon Delphine Jelk, le sillage de Oud Nude pourrait évoquer la sensuelle épure d’une sculpture de Constantin Brâncuși, aux tons clairs et nude. Épures, galbes, rondeurs qui subliment la forme… À la manière de l’œuvre de Brâncuși qui exalte l’ondulation du bois, la fragrance dévoile un bois de oud abstrait, minimaliste et pourtant profondément sensuel ». Dès l’envolée, on arrive à sentir très bien le la dualité entre l’amande et le cumin. Je dois dire que je regrette un peu le côté fugace du top note car je suis un peu moins séduit par le coeur de cèdre de l’Atlas enveloppé d’un accord framboise qui me dérange toujours un peu. Le fond est très doux curieusement et le oud est il est contrebalancé par des notes de santal et de vanille. Finalement, lorsqu’il se développe, « Nude Oud » n’a rien d’un oud nu. Il est très doux, très facile d’accès même pour moi. C’est, pour moi, un point positif. En effet, je le trouve plutôt consensuel et il séduira, je pense, un large public.
« Dévoilant ses facettes carmin les plus ravageuses, le bois de oud noir se laque d'une note rouge cerise. Entre le rouge et le noir, une couleur olfactive inédite et puissante qu’exalte un duo de roses au cœur de la fragrance : un absolu de rose turque miellé et une essence de rose bulgare fruitée. Effleurée par un ténébreux accord cuir, la rose s’assombrit comme pour mieux succomber au charme sulfureux du bois de oud. Une rencontre chromatique vibrante, entre le mystère du noir et la puissance du rouge ». J’ai assez aimé « Cherry Oud » que je trouve plus cuiré que réellement oud mais avec un côté un peu rond sans jamais être liquoreux. Le départ est très épicé avec des notes de cannelle et de cardamome, le coeur se profile, constitué de deux variétés de rose, de Turquie et de Bulgarie, assez nuancées et le fond, plus sombre, m’a fait pensé à une note de oud subtilement enveloppée d’un accord cerise profond et d’un autre, plus cuir, un peu sombre. Quand il se développe, le parfum devient très équilibré. Il n’est jamais gourmand, jamais trop animal non plus. C’est une création subtile. Je pourrais être séduit mais, et je ne sais pas pourquoi, il y a un moment dans l’évolution qui me plait moins. Il n’en reste pas moins que c’est un parfum très agréable.
« Oud Khôl » est sans doute le parfum de cette série qui demeure le plus original. « Célébration du noir en parfum, Oud Khôl révèle les plus belles facettes du bois de oud noir. Comme ce khôl qui purifie l’œil autant qu’il intensifie le regard, le bois de oud permet au Maître-Parfumeur Guerlain Thierry Wasser d’atteindre le noir absolu. Magnifié par l’exhausteur des aldéhydes, Oud Khôl bascule dans un accord cuiré et charbonneux, comme pour assombrir encore davantage le bois de oud. Un accord mousse aux reflets carbone et le délice inattendu d’une note praline caramélisée viennent enrichir cette palette. Hypnotique, le noir sait se faire fascinant ». Je dois dire que cette création a vraiment su me surprendre car elle exhale une association de matières premières que je ne voyais pas cohabiter ni encore moins se mélanger. Il s’ouvre sur une envolée d’aldéhydes qui vont, après s’être calmées, revenir en force dans le fond mais j’anticipe. Le départ a quelque chose d’un peu frais et sec et le coeur, cuiré, avec un accord de praline surprend et arrondit un peu le côté « pressing » de l’ouverture. Le fond de oud est, pour moi, de ce fait, un peu rafraîchi et plus facile d’accès. Il y a quelque chose d’assez singulier dans ce parfum. Je ne sais pas si j’aimerais le porter mais, il faut bien le dire, je trouve qu’il y a quelque chose d’intrigant dans son développement.
J’ai, finalement, pris un certain plaisir à découvrir ces trois créations même si je ne suis pas complètement séduit car ils sont assez éloignés de mes goûts. Le seul reproche que je pourrais leur faire, et il est de taille, est leur prix. Il faut avoir vraiment envie de ces parfums pour franchir le pas. Je trouve cette collection, dans laquelle on retrouve des bouts d’autre séries qui étaient, il n’y a pas si longtemps, vendus à un prix raisonnable, très surévaluée. Alors peut-être que c’est un peu moins vrai avec les ouds mais il n’en reste pas moins que je demeure un peu réfractaire à la politique du groupe qui gère la marque.
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